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Citations de Gustav Meyrink (58)


La vie entière n'est rien d'autre que des questions devenues formes qui portent en elles le germe de leurs réponses, et des réponses grosses de questions. Celui qui y voit autre chose est un fou.
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Gustav Meyrink
Les influences qu'on n'arrive pas à discerner sont les plus puissantes.
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Il fit un signe de tête vers ses pantoufles ornées de têtes de tigre et de guirlandes de myosotis.
- Je les ai choisies aussi vulgaires que possible pour pouvoir me persuader que c'était un cadeau? J'avais cru pouvoir de la sorte apporter dans ma chambre l'intimité d'un foyer. O Dieu ! Comme je me suis trompé ! Et il songea avec tristesse à cette soirée d'hiver solitaire où, dans une velléité d'émotion, il s'était donné lui-même à l'Enfant-Dieu...
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- L'image de son âme est devenue des spectres qui font maintenant leur oeuvre en bas, se dit Polyxena, et un instant elle eut l'impression très nette d'en être détachée, et de pouvoir être pendant un certain temps son propre Moi.
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Ce n'est point par hasard ni arbitrairement que l'homme a choisi l'expression "arbre généalogique" pour désigner l'ensemble de ses générations successives ; il s'agit bien effectivement d'un "arbre" qui, après le long sommeil hiverna, avec les changements continuels de teinte de son feuillage, produit toujours à nouveau un même rameau.
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Mais celui en qui est entrée une fois la joie gratuite, la joie sans cause, celui-là a désormais la vie éternelle parce qu'il ne fait plus qu'un avec le Moi, qui ne connaît point la mort, celui-là est dans la joie sans cesse, quand bien même il serait aveugle et infirme de naissance. Mais la joie, il faut l'apprendre, il faut la désirer - seulement, ce que les hommes désirent, ce n'est pas la joie, mais... le motif de la joie.
C'est cela qu'ils convoitent, mais pas la joie.
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   je gardai la conscience du visage
  
  
  
  
   Et cependant — comme jadis — je gardai la conscience du visage.

   Et j'étais devenu moi-même ce visage, et j'étais là dans les bras de Vrieslander en train de regarder tout autour de moi.

   Mes yeux naviguaient à travers la pièce et une main étrangère faisait bouger ma tête.

   Je vis alors tout à coup l'air effaré de Zwakh et l'entendis me dire : « Mon Dieu, mais c'est le Golem ! »

   Il s'ensuivit une lutte brève, les autres voulaient arracher la tête la tête sculptée des mains de Vrieslander Celui-ci se défendait et s'écria en riant :

    « Qu'est-ce que vous me voulez, il est complètement raté ! » Il se dégagea, ouvrit la fenêtre et lança la tête dans la rue en dessous.

   À cet instant précis je perdis conscience et plongeai dans de profondes ténèbres tendues de fils d'or scintillants. Quand je me réveillai au bout d'un temps extrêmement long, à ce qu'il me sembla, j'entendis seulement le bout de bois retentir sur le pavé.

… / …


/ traduction de l’autrichien par Jean-Pierre Lefebvre
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   Entendre ce bruit me faisait presque mal  
  
  
  
… / …
   Vrieslander était encore en train de travailler à sculpter la tête, et le bois crissait sous la lame.

   Entendre ce bruit me faisait presque mal, et e le regardai comme pour lui demander si ça allait durer encore longtemps.

   À voir la tête tourner et retourner dans la main du peintre on aurait dit qu'elle était douée de conscience et inspectait tous les coins et recoins de la pièce. Puis ses yeux finirent par s'arrêter longuement sur moi, satisfaits de m'avoir enfin trouvé.

   Moi non plus je n'arrivais pas à détourner mes regards et je fixais continûment le visage de bois.

   L'espace d'un instant le couteau du peintre sembla chercher quelque chose en hésitant, puis il entailla résolument une ligne dans le bois, et les traits de la figurine soudain animés d'une vie effrayante.

   Je reconnus le teint jaune et le visage de l'inconnu qui m'avait apporté le livre autrefois.

   Après quoi je e parvins plus à rien distinguer ; la vision n'avait duré qu'une seconde, je sentis mon cœur qui cessait de battre, en proie à des contractions angoissées.



/ traduction de l’autrichien par Jean-Pierre Lefebvre
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Qu’est-il advenu du trône de Grœnland et de ces États de l’Ouest qui portent aujourd’hui le nom d’un matelot râpé, Amerigo Vespucci ?
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« Le voyage sur la grand-route blanche, il faut l’entreprendre pour le voyage lui-même, pour la joie du voyage, et non dans le but d’échanger un repos éphémère contre un autre.
La paix – et non le « repos » - ne se trouve que dans le soleil sur la montagne. Il demeure immobile, et tout gravite autour de lui. Déjà l’aurore, qui est le signe avant-coureur, a un rayonnement d’éternité ; c’est pourquoi les scarabées et les mouches se tiennent suspendus dans l’air, immobiles, en adoration, jusqu’à ce que le soleil paraisse.
C’est pourquoi aussi tu n’as ressenti aucune fatigue en gravissant la montagne.
As-tu… me demanda-t-il brusquement avec un regard perçant, as-tu vu le soleil ?
- Non père, je suis redescendu avant qu’il soit levé. »
Il hocha la tête avec satisfaction :
« Tant mieux. Autrement, tout aurait été fini entre nous, ajouta-t-il tout bas. Et ton ombre allait devant toi pendant que tu descendais ?
- Oui, naturellement … »
Il fit mine de n’avoir pas entendu ma réponse étonnée.
« Celui qui voit le soleil, c’est celui qui n’a plus que le désir de l’éternité. Il est perdu pour le voyage. C’est le cas des saints de l’Eglise. Lorsqu’un saint passe dans l’autre monde, ce monde-ci et l’autre aussi sont perdus pour lui. Mais aussi, ce qui est pire, le monde l’a perdu, lui ; le monde est orphelin !
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Un rire de femme joyeux traversa le mur de l’atelier voisin et parvint jusqu’à moi. Un rire, dans ces maisons, un rire joyeux ? Dans tout le ghetto, il n’y a personne qui puisse rire joyeusement. Je me souvins alors que quelques jours auparavant, Zwakh, le vieux montreur de marionnettes m’avait confié qu’un jeune homme distingué lui avait loué l’atelier pour un bon prix, assurément dans l’intention de retrouver l’élue de son cœur à l’abri des indiscrétions.
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Je suis le seul miséricordieux entre les dieux. Il n'est de vœu que je n'entende et n'exauce sur le champ.
Mais je n'entends et n'amène au jour que les vœux des âmes. C'est pourquoi je m'appelle Luci-fero.
Mon oreille demeure sourde aux vœux qui sont formulés par les lèvres des cadavres ambulants... C'est pourquoi ces "morts" ont peur de moi.
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"Faire quelque chose, n'importe quoi : la vie, la vie atroce a desséché nos âmes, nous a volé notre moi le plus intime, ce qui en nous est le plus profondément nous-mêmes. Afin de ne pas hurler sans cesse notre douleur nous poursuivons des marottes puériles, pour oublier ce que nous avons perdu. Seulement pour oublier. Soyons sincères envers nous-mêmes !"
Personne ne lui répondit.
- Mais il s'y cache encore un autre sens. Soudain il fut saisi d'une nervosité extrême.
"Je veux dire que nos marottes ont un sens caché. Peu à peu j'ai compris : un instinct très subtil me dit que tout ce que nous accomplissons renferme un double-sens magique. Nous sommes incapables d'accomplir un acte dépourvu de signification magique. Je sais parfaitement pour quelle raison j'ai fait ces travaux de sondage durant la moitié de ma vie."
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[...] l'enchaînement des évènements de la vie est une impasse, si large et si praticable qu'elle puisse paraître. Ce sont les petits sentiers cachés qui ramènent dans la patrie perdue : ce sont les messages gravés dans notre corps en lettres microscopiques, à peine visibles, et non pas les affreuses cicatrices laissées par les frottements de la vie extérieure qui contiennent la solution des ultimes mystères.
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« Tous les hommes connaîtraient cette expérience s’ils possédaient la clef. Or la seule et unique clef, c’est que l’on prenne conscience dans le sommeil de la forme de son Moi, de sa peau pourrait-on dire, que l’on trouve les interstices étroits par lesquels la conscience se glisse entre veille et sommeil profond.

« C’est pourquoi je vous ai dit tout à l’heure, j’erre et non pas je rêve.
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En ce qui concerne les mots, ils ne sont pas seulement un instrument de communication entre personnes en mal de bavardage, mais quelque chose de beaucoup plus important, et également de beaucoup plus dangereux ! Ils peuvent à la fois générer et détruire, ou tout au moins créer les conditions rendant possible l'une ou l'autre de ces actions.
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Je regarde autour de moi : il n'y a que des livres. Ils se sont multipliés, rassemblés les uns contre les autres comme les heures de ma longue vie. Vaine érudition ! Ce sont comme les barreaux d'une cage que j'ai moi-même installés tout autour de moi. Je les bénis ; ils m'ont appris ce qu'il n'est pas nécessaire de savoir, mais leur souffle délétère, asphyxiant toute vie terrestre, a donné des ailes à mon âme.
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Et je rêvais les yeux ouverts. Les pierres précieuses sur la table grossissaient, grossissaient et faisaient ruisseler tout autour de moi des cascades multicolores. Des arbres d'opale groupés en bosquets réfléchissaient les ondes lumineuses du ciel, leurs bleus scintillaient comme les ailes d'un gigantesque papillon tropical, gerbes d'étincelles au-dessus des prairies pleines des chaudes senteurs de l'été. J'avais soif et je rafraîchissais mes membres dans le bouillonnement glacé des ruisseaux qui bruissaient sur les blocs de rochers en nacre. Un souffle torride passé sur les pentes recouvertes de fleurs m'enivrait du parfum des jasmins, des jacinthes, des narcisses, des daphnés...
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J'entendis derrière moi le soupir du tambour lorsque la porte de l'église m'accueillit et je fus englouti par l'obscurité ; figé dans la sérénité, l'autel doré scintillait de son haut à travers les lueurs vertes et bleues de la lumière mourante qui passait dans les vitraux et tombait sur les prie-Dieu. Des étincelles jaillissaient de lampes en verre rouge. Odeur flétrie de cire et d'encens.
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il est accroupi dans le coin et il me regarde avec mon
propre visage.
Je restai là des heures et des heures, immobile,
dans l’angle de la pièce, carcasse paralysée par le
froid dans un vêtement étranger, pourri !
Et lui, en face : moi-même. Muet et immobile.
Nous nous regardions ainsi les yeux dans les
yeux, l’un épouvantable reflet de l’autre...
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