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Critiques de Gustave Doré (118)
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Contes de Perrault

On trouve généralement regroupés, dans les diverses éditions disponibles, sous l'appellation " contes ", en ce qui concerne Charles Perrault les 8 contes en prose avec morale en vers qui constituent Les Contes De Ma Mère L'Oye auxquels viennent s'adjoindre un (rare), deux (fréquent) ou trois (rare) contes en vers qui sont légèrement antérieurs aux huit précédents.

Les deux contes en vers les plus fréquemment inclus sont évidemment Peau D'Âne et communément Les Souhaits Ridicules. On rencontre parfois Griselidis mais pas à chaque fois, et je dirais même, pas très souvent.

Les huit contes en prose sont bien évidemment La Belle Au Bois Dormant, Le Petit Chaperon Rouge, La Barbe Bleue, Le Chat Botté, Les Fées, Cendrillon, Riquet À La Houppe et Le Petit Poucet.

Pratiquement tous ces contes peuvent aussi se trouver à l'unité chez une myriade d'éditeurs jeunesse, sauf peut-être Les Souhaits Ridicules. Voilà pourquoi je vais commencer par vous parler de ce conte.

C'est une forme encore très bâtarde, à mi-chemin entre la fable de type La Fontaine et le conte, qui prendra une forme canonique traditionnelle et dont Le Petit Poucet pourrait être cité à titre d'exemple typique.

D'ailleurs, l'amorce des Souhaits Ridicules rappelle beaucoup la fable intitulée La Mort Et Le Bûcheron. On y rencontre donc un misérable bûcheron, gémissant et courbé, marchant à pas pesants. Quel plaisir a-t-il eu depuis qu'il est au monde ? Je vous le demande : rien ! nada ! que dalle ! peau de zobi !

Il peste contre le sort et la malchance qui s'acharnent sur lui. Si seulement un jour il avait de la chance !

Or, par une entremise céleste, sa requête va être entendue et il lui sera permis de formuler trois vœux, mais trois seulement. Passée cette triple aubaine, il devra retourner à la vie sans sortilèges.

La bonne affaire, vous dites-vous ? Sans doute, mais voilà déjà un vœux de grillé en boudin, parce que le vieux voulait se taper du boudin à tout prix.

Imaginez le sourire de sa bergère quand elle apprend comment son idiot de mari gaspille ses vœux en aune de boudin !...

Bref, un conte drôle et très atypique loin du canon initié par Peau d'Âne. L'histoire de Peau D'Âne, battue et rebattue, narre les déboires d'un couple royal dont la sublime reine se meurt et sur son lit de mort fait jurer à son royal époux de ne point se remarier avec une quelconque prétendante dont la beauté serait inférieure à la sienne, espérant par là qu'il ne se remarierait point tout court.

Après une brève période de deuil, le fougueux monarque se sentant du feu dans les veines et peut-être même ailleurs se lance en quête d'une digne prétendante mais... en vain.

Le subtil stratagème de la défunte épouse serait presque imparable si elle n'avait au préalable donné naissance à une fille en tous points semblable à elle et, de l'avis de tous, supérieure encore.

Peu regardant sur les risques héréditaires d'un tel appariement incestueux, le roi est tout disposé à épouser sa propre fille, laissant la frêle jeune femme dans un effroi sans nom.

L'adorable enfant se rend alors près d'une marraine, sans doute un peu foraine, un peu bohème et un peu magicienne. Cette dernière conseille à la princesse de demander au roi des robes d'une étoffe telle qu'il ne s'en peut trouver.

Mais, fort d'une richesse sans borne issue de l'anus luxuriant d'un quadrupède à longues oreilles dont les fientes à haute valeur vénale ne font braire personne, le roi parvient sans peine à accéder à chacune des demandes de sa fille en matière textile, quelque improbable qu'elle soit.

La marraine, devant ces échecs stratégiques à répétition, conseille alors le tout pour le tout, demander carrément la toison de l'âne pondeur aux vertus alchimiques intéressantes, certaines que le roi hésitera à sacrifier sa source unique de guano d'or.

Or (c'est le cas de le dire), si elle manie fièrement la baguette, cette fée ne vaut pas la première boulangère venue quant à la psychologie humaine et royale en particulier car le magnanime souverain n'hésite pas à faire remettre à sa fille la crasseuse peau du baudet au croupion fertile quitte à y perdre du même coup l'opulence dont il parait sa cour.

Fuir ! Fuir ma belle ! Voilà ce qu'il te reste à faire si tu ne veux pas coucher avec ton géniteur.

Fuir, couverte de son drap de honte ; fuir, couverte de cette vilaine Peau d'âne qui la dissimule aux regards ; fuir le plus loin possible au plus sombre de n'importe quel bouge infâme quitte à se faire traiter de souillon.

La semaine durant elle laisse les senteurs troubles autant qu'animales envelopper son corps pour dissuader quiconque de risquer une approche. Mais les dimanches venus, recluse au fond de sa chambrette glauque, après un brin de toilette elle revêt les joyaux de ses plus belles parures, si péniblement acquises...



Les huit autres contes regroupés sous l'étiquette Contes De Ma mère L'Oye ont pris depuis le seconde moitié du XIXème siècle une telle importance dans l’imprégnation de la culture littéraire enfantine qu'il est difficile de rencontrer un seul enfant qui n'ait jamais entendu parler, de près ou de loin, de tout ou de partie d'au moins l'un d'entre eux.

C'est donc devenu un patrimoine commun de la culture occidentale et désormais mondiale en raison des productions de films d'animation largement diffusés qui s'en inspirent.

Les Contes De Ma Mère l'Oye sont souvent assimilés ou désignés comme l'archétype du conte " de fées ", au sens que ce mot avait à l'époque, c'est-à-dire, faisant appel à la magie, au surnaturel. Par exemple la clef de Barbe-bleue ou les bottes de l'Ogre dans le Petit Poucet peuvent être désignées comme étant " fées ". La forme ancestrale de Peau D'âne, c'est-à-dire une structure rimée ne figurera plus désormais dans le canon des contes.

On rencontre quelques constantes dans ces huit contes :

- un héros apparemment désavantagé mais qui saura tirer son épingle du jeu grâce à certaines qualités jugées essentielles (ruse, droiture, beauté, gentillesse, générosité) ou grâce à l'entremise d'un tiers doué de certains pouvoirs.

- un personnage masculin (plus rarement féminin) terrifiant ou brutal ou inflexible (lequel personnage aura plutôt tendance à être plus fréquemment une femme dans les contes des frères Grimm) qui souhaite s'en prendre à l'infortuné héros.

- un personnage ou un objet doué de pouvoirs surnaturels qui peuvent être bénéfiques ou maléfiques.

- un rôle de la famille parfois très trouble voire malfaisant et dont le héros a souvent bénéfice à s'extraire pour faire sa voie par lui-même dans le vaste monde.

- un destin qui n'est jamais totalement définitif, malgré les apparences, et qui peut toujours être infléchi.



En somme, cet ensemble de contes doit servir à l'édification des jeunes âmes qui les lisent et les inviter à s'émanciper. Ces contes les avertissent que le monde qui les attend sera semé d'embûches et d'adversaires parfois tenaces, qu'il ne leur faudra pas forcément compter beaucoup sur le secours de leur famille mais plutôt sur leurs qualités propres et, plus que tout, s'attendre à ce que la chance, à un moment se présente, et donc à ne pas rater l'occasion de s'en saisir à cet instant-là. Il faut seulement qu'ils abordent l'avenir avec confiance et qu'ils croient en eux-même.

À cet égard, il est à noter cinq contes semblent plus particulièrement s'adresser aux jeunes filles (La Belle Au Bois Dormant, Le Petit Chaperon Rouge, La Barbe-bleue, Cendrillon et Les Fées) et les trois autres plus spécifiquement aux garçons (Le Chat botté, Riquet à la houppe et Le petit Poucet).



Bref, un pan entier de notre patrimoine culturel — irremplaçable — soutenu par des tirades intemporelles du genre " C'est pour mieux voir, mon enfant. ", " Anna, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? ", " Tire la chevillette et la bobinette cherra. ", sans compter que nombre d'entre eux ont été ré-assaisonés par les frères Grimm pour en faire d'autres contes eux-aussi hyper connus comme Hansel et Gretel ou Blanche-Neige, par exemple. Je ne vous cache pas que tant le fond que la forme ont beaucoup vieilli et ne sont quasiment plus accessibles directement par des enfants moyens du XXIème siècle et nécessitent de sérieux remaniements pour refleurir à chaque saison sur les étal de nos libraires dans des formes digestes à nos chers bambins. Donc, un incontournable, certes, mais qui sent tout de même assez fort la naphtaline en l'état et qui nécessite un bon dépoussiérage. Nonobstant, ce n'est que mon misérable avis blottit dans les buissons d'une immense forêt habitée par un ogre ÉNORME, GIGANTESQUE, SANGUINAIRE, BRUTAL, FATAL, c'est-à-dire, pas grand-chose (à moins qu'il ne découvre très vite une paire de bottes à sa taille ou, à défaut, une petite pantoufle de verre).
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Contes de Perrault

Ma critique portera ici sur "Le Chat botté" :



Quel plaisir de se replonger dans ce conte ! Et j'y ai pris d'autant plus de plaisir que je ne m'en souvenais plus. C'est donc avec un œil neuf, ou presque, que j'ai relu ce court texte mettant en scène un chat et son propriétaire, surnommé Le Marquis de Carabas par le félin. L'histoire en est simple : le chat, qui est l'unique héritage du dernier fils d'un meunier, veut faire épouser à son maître la fille du Roi. Il parvient même à bout de l'ogre dont la taille physique n'est en rien comparable à la petitesse du cerveau.



La morale en est la suivante : rien n'est plus important que le savoir-faire et l'ingéniosité. Ces deux aspects sont représentés ici par le chat qui mettra tout en oeuvre pour arriver à ses fins. Cependant, est-ce vraiment une morale ? On peut se poser la question. Car le chat utilise le mensonge pour que son maître devienne un grand de ce monde. Serait-ce une critique cachée de la bourgeoisie ?



Ce conte est apparu dans le recueil des "Contes de ma Mère l'Oye", en 1697. On peut y reconnaître les statuts sociaux de l'époque : le Roi (guère plus futé, finalement, que l'Ogre) représente le plus haut rang de la société, la noblesse incarnée. Sa fille n'est ici décrite que physiquement. Elle n'a pas vraiment de rôle dans le conte. Comme dans la société, elle est "la fille du roi" et rien d'autre. Le fils du meunier est le symbole du "petit", celui à qui on ne laisse pas la parole. Les personnages humains sont dépassés par le chat qui démontre que l'on peut survivre dans ce bas monde grâce à la feinte, à la ruse, à l'escroquerie. Alors, le Chat botté est-il un conte amoral ?
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Contes de Perrault

La Belle au bois dormant est l'un des plus célèbres contes de Charles Perrault. On y lit qu'un roi et une reine désespèrent d'avoir un enfant. Enfin, vient le temps où ils accueillent la plus jolie des petites filles sur qui les sept fées vont se pencher et accorder de nombreux dons de sorte qu'elle puisse incarner la perfection dont la grâce, la beauté, l'intelligence, les talents musicaux. Cela se fait lors d'une fête somptueuse. Mais l'une d'elles la huitième, a été invitée tardivement et c'est là que le bât blesse. Après les offrandes des bonnes fées vient celle de la vieille fée mécontente de ne pas avoir été invitée à temps et de ne pas manger avec des couverts en or.

Elle jette alors un mauvais sort à la jeune fille ; lorsque la princesse atteindra l'âge de 16 ans, elle se piquera avec un fuseau et en mourra, mais une jeune fée atténue ce maléfice en plongeant la jeune fille dans un profond sommeil qui durera cent ans, un prince viendra l'en sortir. le roi quant à lui supprime tous les fuseaux du royaume.

Lorsqu'elle atteint ses seize ans, la jeune fille monte dans un donjon où une vieille femme est entrain de filer une quenouille. La princesse éprouve de l'intérêt à cette activité et souhaite en savoir davantage. Elle se pique le doigt, la prédiction se réalise. Une fée plonge tout le château dans un profond sommeil afin que tous puissent servir la princesse du mieux possible lorsque celle-ci s'éveillera. Au bout de cent ans un jeune prince arrive poussé par le désir de gloire et l'amour, il rejoint la jeune fille. Il entre dans le château endormi. Devant cette beauté, il est émerveillé. La princesse s'éveille et ils s'éprennent l'un de l'autre.

Une fête somptueuse a lieu et ils se marient dans une chapelle. Ils vivent deux ans ensemble et ont deux enfants, la fille est prénommée l'Aurore et le garçon le Jour. Ceci reste secret pour les parents du prince. La mère de celui-ci, en effet est une ogresse ; la rumeur dit qu'elle mange les enfants… le prince s'en va à la guerre.

Le reste de l'histoire confirme les dires de la rumeur malheureusement, La Belle au bois dormant de Perrault, n'est pas le conte que nous présente Disney qui est seulement un résumé et une version adaptée de la première partie du conte de Perrault. La version de Disney est vraiment plus romanesque, colorée et édulcorée ; la princesse ne s'appelle pas Aurore, le prince n'est pas seulement celui qui embrasse même s'il est aimant et charmant, d'ailleurs il ne s'appelle pas Charmant, il n'y a aucune hésitation sur la couleur de la robe de la princesse (bleu ou rose ?), la méchante fée ne se nomme pas Maléfique. le conte de Perrault, ne correspond pas non plus à la version adaptée des autres contes pour enfants. Celui de Perrault est plus cruel dans la dernière partie que je ne raconterai pas et que je laisse découvrir car elle est moins connue et la morale à la fin est toute autre que celle que l'on connait.



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Fables de Jean de la Fontaine : Illustrées pa..

Question : où sont les progrès éthiques depuis ce poète ?

Et je dirai même plus : où sont les progrès éthiques depuis Esope ?

Jean de la Fontaine est un poète très important pour moi.

Déguiser sa pensée pour ne pas "se faire attraper" n'a pas été l'idée de Thomas More qui a fini sous la hache d'Henry VIII.

Ce sont, dans mon livre, des fables choisies ; il y en a une centaine ? J'en connaissais la moitié.

Le Chêne et le Roseau est une de mes préférées ;

"Je plie, et ne romps pas" est devenu ma mantra lorsque j'étais adolescent.



L'Avare qui a perdu son Trésor :

« Ne possédait pas l'or, mais l'or le possédait. »



« Je n'y touchais jamais. Dites-moi donc, de grâce,

Reprit l'autre, pourquoi vous vous affligez tant,

Puisque vous ne touchiez jamais à cet argent :

Mettez une pierre à la place,

Elle vous vaudra tout autant. »



Logique imparable. le Savetier est sur la même morale.



La Grenouille qui se veut faire aussi grosse que Le Boeuf me fait rire à chaque fois. C'est également une fable redondante.



Maître Corbeau, bien sûr ;



La Laitière et le Pot au lait : dans « La comtesse de Clermont », Jean de la Fontaine fera celle-ci pour Louise. La laitière et le Pot au lait est une fable redondante, mettant les gens en garde contre les projets grandiloquents.



J'aime beaucoup le Coche et la Mouche.



Le Chat ( chattemite ), la Belette et le petit Lapin, fable prouvant qu'il faut mieux régler, si possible, ses affaires avec l'autre qu'avec une tierce personne. Cette fable me fait penser à la belle chanson bretonne, La blanche Hermine de Gilles Servat, dont les paroles n'ont rien à voir :)



La Cour du Lion est mi-figue mi-raisin, La Fontaine ayant été protégé par le roi après que celui-ci déchut Nicolas Fouquet.



Le deux Taureaux et une Grenouille est, elle aussi, très humaniste :

« Hélas, on voit que de tout temps

Les petits ont pâti des sottises des grands. »



Le Chien et le Loup :

"Attaché ? dit le Loup : vous ne courez donc pas

Où vous voulez ? Pas toujours, mais qu'importe ?

Il importe si bien, que de tous vos repas

Je ne veux en aucune sorte,

Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor.

Cela dit, maître Loup s'enfuit, et court encor."

Liberté, liberté chérie !



Les Animaux malades de la Peste.

"Un Loup quelque peu clerc prouva par ſa harangue

Qu’il faloit dévoüer ce maudit animal,

Ce pelé, ce galeux, d’où venoit tout leur mal.

Sa peccadille fut jugée un cas pendable.



Manger l’herbe d’autruy ! quel crime abominable !

Rien que la mort n’eſtoit capable

D’expier ſon forfait : on le luy fit bien voir.

Selon que vous ſerez puiſſant ou miſerable,

Les jugemens de Cour vous rendront blanc ou noir."



Ah, cette justice à deux vitesses !

Nota, comme j'aime le Loup, vilipendé jusqu'à récemment, je le remplace par un autre animal pour attaquer l'âne paisible.



Et il en va ainsi tout du long, avec une « morale », mais après avoir lu mon inévitable Nietzsche, je dirai plutôt une éthique digne d'un vrai philosophe ; aussi, je rangerai Jean dans cette catégorie. Comme plusieurs poètes avant lui, il a été inspiré des fables en prose d'Esope, Grec du VI è siècle avant JC, dont se serait aussi servi Socrate dans ses apologues.



J'ai une belle édition des Vieux Tiroirs !
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Les contes drolatiques colligez ez abbayes ..

Oserais-je le reconnaître ici ?

Voici un livre que tout jeune adolescent, j’allais subrepticement feuilleter dans la bibliothèque familiale me régalant de ces contes qui m’emplissaient de fantasmes érotiques.

À la mort de mes parents, voilà cet ouvrage qui m’est revenu et que je relis à nouveau !



Il n’a plus l’attrait de l’interdit, plus de quoi troubler ma libido - on trouvera sans peine aujourd’hui des lectures plus osées - mais je viens de le relire avec un certain plaisir !



Tout d’abord, il me faut souligner le tour de force dénoté par Honoré de Balzac en nous offrant, ces contes écrits sur plus de 600 pages, en un simulacre vieux français - la simple transcription d’une citation de quelques lignes m’a pris du temps (et mon correcteur orthographique ne m’a pas facilité la tâche, bien au contraire !).

Le livre fourmille de mots artificiellement vieillis, réinventés, de « paléologismes » habilement trouvés, de tournures de phrases désuètes, l’imagination de Balzac est fertile !

Cela ne facilite pas la lecture mais ne l’a pas altérée, avec un peu d’acclimatation, j’y ai pris goût !



La référence avec le Décameron de Boccace ou avec les fabliaux français du moyen-âge s’impose de suite, mêmes types de situation, même obscénité, même humour, les femmes mènent la danse, elles nous émoustillent et se jouent de nous, hommes ne désirant que de les posséder.

Beaucoup de grivoiserie évidemment dans ces contes, parfois des situations choquantes tels ces viols commis par des évêques. Beaucoup d’hommes d’Eglise peu attachés à leur vœu de chasteté également.



Tout cela se déroule dans un arrière-fond historique, mais parfois quelque peu anachronique, le XV ème siècle, période difficile où les rivalités de la France avec la Bourgogne, les luttes au nom de la religion sont omniprésentes. Il y sera mention des rois Louis XI et François Ier



Les Contes drolatiques ne surpassent pas toutefois à mon avis le Decameron qui est plus habilement construit et plus léger.



Impossible toutefois de ne pas mentionner les multiples dessins de Gustave Doré (il y en a 425 !) présents à quasi chaque page.



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Don quichotte : 120 illustrations et extraits

Il s'agit d'une version très abrégée du chef-d'oeuvre de Cervantès, puisqu'on compte une petite centaine de pages de texte en gros caractères.



C'est presque un résumé des deux tomes du roman original à base de morceaux choisis dans la traduction française de Ch Furne.



Cependant l'intérêt est ailleurs, il réside dans les illustrations, les magnifiques gravures du génial Gustave Doré, cent-vingt en tout !



Ainsi par exemple : la première gravure représente l'ingénieux hidalgo lisant un roman de chevalerie en brandissant une épée, il est entouré des personnages de ses rêveries livresques, de belles dames en danger, un basilic, des chevaliers en armure...



Dès cette première image on comprend la folie de Don Quichotte, Doré dont le talent immense a tant inspiré d'illustrateurs jusqu'à nos jours comme l'américain Bernie Wrightson, déploie sous nos yeux les paysages réels et imaginaires des aventures de l'hidalgo.



Cet ouvrage date de 1983, j'ignore si il est réédité, si ce n'est le cas, il serait bon de le proposer à nouveau au public !
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Histoire pittoresque, dramatique et caricat..

Récit anecdotique et humoristique de 125 pages, ouvrage illustré de 500 dessins et préfacé par Jean-François Revel, « L'Histoire Pittoresque, dramatique et caricaturale de La Sainte Russie d'après les chroniqueurs et historiens Nestor, Nikan, Sylvestre, Karamsin, Ségur, etc. » est un livre de Gustave Doré, recomposé et réédité en 1996 par Hermann, Éditeurs des Sciences et des Arts.



De quoi s'agit-il ? D'une histoire très particulière de la Sainte Russie, qui interpellera le lecteur à plus d'un titre. D'abord, parce que l'auteur est un graveur talentueux qui utilise ici, avec la gravure sur bois, une des plus anciennes techniques de gravure de reproduction, ce qui n'est pas banal. Ensuite, parce que l'auteur en est, en 1854, à son quatrième ouvrage quand il croque ainsi ces scènes de la Sainte Russie, inscrivant son ouvrage dans une production qui dépasse le simple péché de jeunesse ou la création occasionnelle. Puis, parce le texte de l'auteur s'impose d'emblée par une violence continue et incompréhensible (les protagonistes n'ayant de cesse de trucider leurs semblables à qui mieux-mieux) mais aussi par son côté satirique, matérialiste, patriote en diable, radical, exubérant, caricatural de la société russe (depuis la supposée naissance du premier russe, issue de la rencontre fortuite d'un ours polaire et d'une marsouine, jusqu'à la guerre de Crimée -contemporaine de la composition de l'ouvrage- qui opposa les forces russes à une coalition turco-franco-anglaise). Enfin, par la relation toute spécifique des faits historiques, l'auteur ne se privant pas de prendre quelque liberté avec l'histoire en marche, mêlant aux évènements des légendes tantôt vraies ou tantôt imaginaires, insistant ici ou là sur des détails souvent sortis tout droit de son esprit débridé, et ajoutant à l'envi de pseudo-citations en latin, souvent de cuisine, imitant en cela Rabelais et sa production littéraire. Et pour terminer, parce que le traitement des dessins fait penser, bien avant l'heure, à une bande dessinée : le lecteur y voit des dessins noir et blanc de toutes dimensions, un savant dosage des dégradés de gris, une illusion de mouvements, une grande variété dans les expressions des protagonistes, l'usage de formes soit très précises, soit estompées, parfois des rectangles complètement noirs ou entièrement blancs, des légendes parfois décalées par rapport aux dessins, tantôt ultra-courtes, tantôt tenant sur plus d'une page, le tout plus ou moins structuré et témoignant de l'inventivité de ce surdoué du crayon (Gustave Doré commença sa carrière de caricaturiste à l'âge de quinze ans).



Cette histoire, délibérément populaire, de la Sainte Russie plaira probablement à la majorité des lecteurs. Certains pourraient toutefois être gênés par l'anticléricalisme primaire de l'auteur (l'orthodoxie en prend pour son grade), par le déchainement tout à fait gratuit d'actes de violence et de barbarie, par l'usage immodéré de ce pseudo-latin, par des procédés comiques relevant de la « grosse ficelle », par de nombreuses répétitions (dessins, thèmes, situations) confinant à la saturation, et par une fin assez surprenante qui met en scène un soldat nommé Champavert.



Pour cet ouvrage singulier, corrosif, débridé voire outrancier mais assez peu lu, je mets quatre étoiles et recommande tout à la fois aux spécialistes de la gravure sur bois, aux historiens, aux admirateurs de Gustave Doré comme de Rabelais, aux latinistes, aux civils comme aux militaires, aux étudiants en médecine (avec spécialité coliques néphrétiques) ainsi qu'aux caricaturistes et pamphlétaires en herbe ou confirmés.
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Contes de Perrault

A l'orée de la période de Noël j'ai décidé de lire les Contes de Perrault afin de la saupoudrer d'un peu de ce merveilleux désormais tapi derrière l'Ogre Consumériste (auquel je cède volontiers).

Bon, pour le merveilleux ça n'a pas marché. Il faut l'avouer, mes souvenirs de Cendrillon ou de la Belle au Bois Dormant proviennent avant tout des dessins animés Disney, où les gentils sont vraiment gentils, les méchants très méchants, les animaux rigolos et où la joie explose à la fin. Je ne raille pas, j'adore ces dessins animés et le merveilleux des contes y est pour moi associé, c'est comme ça.

Ici la structure même du livre (éditions Livre de Poche) s'oppose à une lecture purement "merveilleuse". La présentation des contes par Catherine Magnien est très intéressante (quoiqu'un poil longue). La biographie de Perrault, la guerre des Anciens et des Modernes (Perrault est un Moderne), l'insertion des Contes dans leur temps, la recherche des sources, tout cela est agréable à lire pour qui aime un tant soit peu l'Histoire. Mais cette forme "historisante" s'étend ici au sein même des contes: de nombreuses notes de bas de page - bien que très intéressantes comme celle qui rappelle la valeur accordée aux miroirs au XVIIe siècle - parasitent le récit. On est invité à en sortir régulièrement pour examiner le texte d'un point de vue extérieur. Sur des textes aussi courts l'impact est important.

Ceci dit je ne connaissais pas plusieurs de ces Contes comme Griselidis ou Riquet à la houpe. Notre amie NastasiaBuergo a bien raison de dire qu'ils "doivent servir à l'édification des jeunes âmes". Avec le recul des siècles cependant, certaines morales peuvent faire tiquer. Je pense en particulier à la place qu'à l'époque une honnête femme doit occuper. Les pauvres en prennent quand même plein la figure. Dans Griselidis le roi, pour éprouver l'amour de sa femme, la répudie, la remplace par une plus jeune, la prive de ses enfants. Elle supporte tout cela sans jamais éprouver de haine. Convaincu le roi la reprend et lui rend ses enfants et la morale nous dit que c'est là le comportement digne d'une honnête femme. Dans Peau d’Âne la princesse doit fuir le roi son père pour éviter l'inceste et se cacher sous des haillons et aucune morale ne s'attache au comportement du roi. Dans le Petit Poucet la femme de l'Ogre craint en permanence d'être battue. Dans les Souhaits Ridicules c'est la femme du bucheron qui subit les désagréments des souhaits émis par son mari. Pauvres femmes de toutes conditions dans la France du XVIIe siècle.



Pour résumer, j'ai pris plaisir à ce livre mais plus sous l'aspect historique qu'il véhicule.
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Contes de Perrault

L'édition Pocket que je conseille a été prévue pour un ancien programme du bac, et contient aussi les illustrations de Gustave Doré pour les Contes de Perrault, ainsi que de nombreux commentaires et surtout textes parallèles. Cela permet de se livrer au charme des Contes, puis de revenir dessus afin de mesurer quels chefs-d'oeuvre littéraires ils sont : toujours à double entente, à double public, ils donnent du plaisir à l'enfant et à l'adulte, pour des raisons diverses et parfois opposées. Mais à la manière des Fables de la Fontaine, ils sont une source inépuisable de plaisir lettré, comme la lecture des pages en regard, des textes parallèles et des échos, le révèlera au lecteur étonné. L'une des surprises de cette édition sera de découvrir quelle importance avait le public féminin à cette époque du règne de Louis XIV finissant, ce qui nous permet d'originales observations sur "le genre" dans les contes apparemment misogynes de Perrault.

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Contes de Perrault

Charles Perrault, les Frères Grimm... ou la pierre angulaire d'une littérature enfantine occidentale dans tout ce qu'elle a de plus authentique.



Qui n'a jamais repris les contes de Perrault ou des Grimm? Qui n'a jamais parodié, illustré, tordu, représenté, imaginé, réecrit ces contes d'autrefois? Ou tout simplement, qui n'a jamais lu d'histoire de ces pères bienfaiteurs de nos nuits enfantines?



Une belle preuve que les produits d'antan, faits maison et sans arômes artificiels, sont les plus à même de subsister à travers une société de consommation de masse où la Littérature ne fait malheureusement pas exception...
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Contes de Perrault

Recueil regroupant 5 contes de Charles Perrault, à l'usage des élèves de collège de classe de 6 ème. Ces histoires sont de grands classiques, trois sont écrites en prose : Le Petit Poucet ; La Barbe Bleue et Les Fées, et les deux dernières en vers : Les Souhaits ridicules et Peau d'Ane. Né sous le règne de Louis XIII l'auteur a écrit ces histoires à la fin de sa vie. "Les personnages de Charles Perrault sont des symboles de notre culture littéraire et populaire. Ces textes ne sont pas seulement des histoires destinées à amuser, ils ont - comme tous les contes - la mission de nous amener à nous interroger sur l'âme humaine afin de nous rendre meilleurs.

Même si ces histoires sont totalement décalées, démodées même, elles peuvent avoir une utilité à notre époque car elles sont porteuses d'une morale.
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Les travaux d'Hercule

Surtout connu pour ses talents d'illustrateur d'oeuvres de Balzac, Rabelais, Poe, John Milton et de bien autres auteurs, Gustave Doré l'est moins pour ses propres œuvres. En 1847, le jeune Gustave - il n'a que 15 ans - publie dans la collection des « Jabots », Les travaux d'Hercule.



Influencé par Rodolphe Töpffer, considéré comme l'inventeur de la bande dessinée, cet album est la vision personnelle - les douze travaux sont plus ou moins longuement traités : l'Hydre de Lerne court ainsi sur 12 planches quand d'autres travaux sur 1 ou 2 planches - de Gustave Doré des douze travaux d'Hercule. Dans cette oeuvre, Gustave Doré « narre les aventures explosives d'un Hercule bonhomme et ventripotent lointain ancêtre d'Obélix, Popeye et Superman et signe là son premier chef d'oeuvre » (4ème de couverture).



En 46 planches de 3 cases brièvement légendées, Gustave Doré livre une vision dynamique empreinte d'humour et d'une très grande modernité. La version à l'italienne que propose les Éditions 2024 (Tom Gauld, Simon Roussin, Clément Paurd,...) n'est pas l'exact fac-similé de l'oeuvre originale de Gustave Doré : pour faciliter la lecture du lecteur de 2019, certains textes ont été agrandis ou recomposés. Dans une postface bienvenue, Antoine Sausverd, créateur du site Töpfferiana* qui « s'intéresse aux histoires en images et autres littératures graphiques du XIXe siècle, depuis Rodolphe Töpffer jusqu'au début du XXe siècle » revient sur les travaux du jeune Gustave Doré en les mettant en perspective par rapport à d'autres de ses oeuvres cette oeuvre de jeunesse par rapport à d'autres de ses oeuvres, à certains de ses contemporains et continuateurs.



Une très belle pioche que Les travaux d'Hercule du jeune Gustave Doré et une très belle version - a fortiori, pour ceux qui l'aime à l'italienne - des Éditions 2024.



* http://www.topfferiana.fr/
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Contes de Perrault

Qui n'a pas lu ou entendu les récits de contes de Perrault.

C'est un classique de la littérature enfantine et cet ouvrage est très bien illustré. Je ne vais pas vous faire un résumé des histoires qu'il contient, car je pense que tout le monde les connaît. Dans cette édition, nous retrouvons les contes suivant :

- La Belle au Bois Dormant,

- Les Fées,

- Cendrillon,

- Barbe-Bleu,

- le Petit Poucet,

- le Chat Botté,

- Riquet à la Houppe.

A vous d'en découvrir le contenu.



A lire, à relire ou à conter le soir à vos enfants pour qu'ils puissent s'endormir en faisant de jolis rêves. !!

Bonne lecture à vous.



J'ai bien aimé.

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Fables de Jean de la Fontaine : Illustrées pa..

Les éditions Chêne proposent une édition originale des Fables de Jean de la fontaine qui mérite le coup d’œil, bien qu’elle peine à convaincre. Elle fera en revanche une idée cadeau pour une amatrice ou un amateur de belle littérature et n'ayant plus beaucoup de place dans sa bibliothèque.



En apparence, ce livre ne paie pas de mine : couverture verte, forme plutôt volumineuse pour un format réduit (difficile de parler de parler de livre de poche), pas d’illustration, sinon sur un support amovible. Et pourtant, il va réserver de belles surprises : une quarantaine d’illustrations de Gustave Doré ainsi qu’un papier de grande qualité.



Hélas, si le livre est plaisant, il peinera à trouver sa place, d’autant que l’éditeur a d’abord édité un grand format, aujourd’hui épuisé. Si la lecture est confortable, le support se révèle perfectible : la numération n’est pas exhaustive et est plutôt mal fichue. Par ailleurs, il n’y a aucune note de lecture, ni de préface ou d’explications. Autrement dit, il faudra se reporter à un autre ouvrage pour avoir davantage d’informations.



Les illustrations sont sympathiques mais assez peu nombreuses et essentiellement placées en début d’ouvrage. L’espacement ira grandissant au fil des pages. Si la lecture demeure confortable, cette absence d’images (pourtant promises par la quatrième de couverture) est quelque peu décevante.



Pour le texte, il s’agit d’une lecture indispensable : Jean de la Fontaine est souvent présenté comme notre Homère national. La lecture d’un seul trait n’est pas des plus aisées, mais chacun trouvera ici un rythme qui lui conviendra et le livre le lui rendra bien.



Si la lecture des Fables est un incontournable, la lecture de cette édition en particulier ne l’est pas forcément…
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Contes de Perrault

L’agrégation me fait renouer avec la lecture de Perrault, ayant délaissé cet auteur depuis quelques années, auteur que j’ai, surtout lu je l’avoue, dans un but professionnel, en lien avec mes cours de sixième. Je lisais, en effet, plutôt les contes des frères Grimm ou d’Andersen que j’étais enfant.



Et pourtant, c’est un auteur qui a une certaine virtuosité narrative, en vers comme en prose, et dont le côté un peu désuet, très mondain, du XVIIème siècle, garde un certain charme, si l’on excepte les qualificatifs profondément misogynes essaimant l’œuvre, comme bien souvent à l’époque classique. Charme des différents niveaux de lecture tout d’abord, qui font osciller les contes entre légèreté enfantine et merveilleuse, sérieux beaucoup plus adulte, moins lisible pour les plus jeunes, et références beaucoup plus obscures à la société de cour dont faisait partie Charles Perrault – niveau de lecture auquel j’ai hâte de m’atteler plus en profondeur cette année -. Charme également des petites pointes, parfois lyriques, parfois dramatiques, parfois humoristiques, qui parsèment les histoires de nos divers personnages, manichéens certes, mais malgré tout intéressants dans leur symbolisme servant au mieux la morale de ces mêmes histoires. Dans tous les cas, des contes que j’ai apprécié relire, et sur lesquels je vais apprécier travailler.
Lien : https://lartetletreblog.com/..
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Histoire pittoresque, dramatique et caricat..

Ce livre de Gustave Doré (illustrations bien sûr, mais aussi texte), a été réédité en 1996 (la première édition est de 1854), et c’est une réédition bien méritée : à cette époque il est un jeune caricaturiste de vingt-deux ans, déjà bien connu. Ici il utilise une très vieille technique de gravure, la gravure sur bois, pour environ 500 dessins qu’il assemble en un ouvrage très original. Il y a de la BD là-dedans, même s’il n’est pas le premier à associer texte et dessins. Les dessins sont de toutes dimensions, il y a même une page avec des cases blanches (alors que dans l’ensemble ce sont des planches sans cases), une autre avec une gigantesque tâche rouge, les textes sont aussi de toutes longueurs. Cela paraît à nos yeux complètement déstructuré tant cela s’adapte à son propos et non à des conventions de genre. Le contexte historique est important pour comprendre le texte vraiment très à charge contre la Russie : c’est l’époque de la guerre de Crimée qui oppose les Russes à une coalition turco-anglo-française. C’est on ne peut plus patriote avec même la défaite de 1812 quasi invisible pour passer la censure. Gustave Doré est aussi l’auteur des textes, avec même une parodie style guinguette sur l’air du bon roi Dagobert. Il se permet pas mal de liberté avec l’histoire tout en se montrant très fin connaisseur de l’histoire de la Russie. Rien ne lui échappe, ou alors volontairement, c’est caricatural, mêlant légendes et réalité, ajoutant des détails de son invention et décorant le tout de fausses citations avec des ajouts rabelaisiens en latin de cuisine. C’est satirique, corrosif, très violent, exubérant, bref, caricatural, et anticlérical en prime (perso, ça ne me gêne pas). Enorme et jubilatoire, à cent mille lieux du Gustave Doré illustrateur, mais avec la même qualité de coup de crayon.
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Histoire pittoresque, dramatique et caricat..

1853. La guerre de Crimée fait rage, et l'alliance franco-russe n'est encore qu'une vision idéaliste. Un jeune caricaturiste de vingt-deux ans du nom de Gustave Doré se dit que c'est l'occasion ou jamais de laisser libre cours à son goût de la satire. Comme beaucoup en ces temps de censures, il va utiliser le patriotisme ambiant pour se moquer des puissants tout son soûl – et recevoir des encouragements pour le faire !



On raconte qu'en Suisse un certain Töpffer s'amuse avec des histoires qu'il dessine, en écrivant le texte en dessous. Pourquoi ne pas faire pareil ? Voyons, il faut un beau sujet... Tiens un manuel d'histoire...



Sa satyre de la Russie est absolument jouissive. Ses moqueries sont énormes, sanglantes. Au sens propre d'ailleurs, car il brocarde férocement les tendances répressives des tsars, n'hésitant pas à dépeindre Ivan le terrible en psychopathe absolu, esthète des instruments de torture. Les commentaires accompagnant les illustrations sont d'une terrible ironie. La construction de Saint-Pétersbourg par Pierre le Grand vaut le détour. Il va jusqu'à critiquer la condition de la femme en Russie – qui il est vrai était partie de vraiment TRES bas.



Les polémistes de l'époque ne s'embarrassaient pas de légèreté. Gustave Doré ne fait pas exception à la règle, et y va carrément. Vous apprendrez donc que pendant longtemps les tsars mourraient tous de la même façon – très élégante.



Son interprétation de la campagne de Russie napoléonienne est une hallucinante ellipse, réussissant en trois dessins à donner le beau rôle aux français – et conséquemment à éviter la censure, et à faire compliment à Napoléon III pour les actions de son tonton.



On découvre là également l'un des ancêtres de la bande dessinée. Dans la forme on n'est pas si loin de Bécassine – mais dans le fond énormément ! Les dessins sont rapides, vigoureux, jouissifs. On est assez loin du style qui fera son renom, mais on y voit déjà un formidable talent, s'exprimant avec une liberté insolente.



Le plus étonnant reste néanmoins que, globalement, Gustave Doré semble plutôt bien renseigné. Il invente un peu certes, déforme beaucoup, mais en même temps manifeste une véritable connaissance de l'histoire russe. Ce qui n'en rend sa satire que plus redoutable !
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Contes de Perrault

J'avais très envie de découvrir les vrais contes de Charles Perrault. Et quel plaisir! Certains sont écrits en vers, d'autres en prose. Mais toujours une langue riche et succulente, surannée mais envoûtante! Un vrai régal. Ils sont courts et finissent mieux que je pensais. Et j'aime bien la petite morale associée même si vraiment vieillote. Barbe Bleue, Cendrillon, Riquet à la houppe, le petit poucet... Tant de personnages si familiers!

A découvrir!
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Contes de Perrault

Magnifique recueil des plus célèbres contes de Charles Perrault à savoir La belle au bois dormant, Le petit chaperon rouge, La Barbe bleue, Le Maître chat ou le Chat botté, Les Fées, Cendrillon ou la petite pantoufle de verre, Riquet à la houppe et enfin La Petit Poucet. Certes, nous en avons tous entendu parler mais avez-vous vraiment pris le temps de les lire ? Moi la première à vrai dire, je ne les ai réellement découverts qu'il n'y a peu. Je connaissais bien sûr les célèbres adaptations de Walt Disney ou encore les histoires pour enfants dans lesquelles tout est bien qui finit bien mais quelle n'a été ma surprise en découvrant que certains des contes de Perrault sont parfois cruels !

L'écriture n'en reste pas moins sublime et chaque histoire est accompagnée d'une morale qui invite le lecteur à réfléchir et lui apporte des leçons de sagesse !



De plus, cet ouvrage est illustré par de magnifiques gravures et d'une présentation de l’œuvre et de son auteur rédigée par Nadine Jasmin qui est maître de conférences à l'Université de Strasbourg et qui est elle-même auteur.

Bref, un conseil, prenez le temps de relire ces bons vieux classiques qui, contrairement à ce que l'on pourrait penser, ne sont pas réservés uniquement aux enfants !
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Contes de Perrault

Les contes de Perrault illustrés par Doré - Charles Perrault



Voilà un très beau livre que j'ai trouvé au pied du sapin à Noël dernier.



C'est une très belle édition, c'est un livre relié avec une couverture cartonnée épaisse, le titre est imprimé en rouge sur un dessin en noir et blanc et la quatrième de couverture est rouge avec les portraits de Perrault et de Doré.



Après une préface de Marc Fumaroli et une présentation de Jean Marc Chatelain arrive enfin les contes, ils sont au nombre de 9 :

- Le petit chaperon rouge

- Le Petit Poucet

- La Belle au bois dormant

- Cendrillon ou la petite pantoufle de vair

- Le Maître chat ou le Chat Botté

- Riquet à la Houppe

- Peau-d'Ane

- Les Fées

- La Barbe-Bleue.



C'est un vrai régale, je me suis plongée avec délices dans ces histoires. Elles sont écrites dans la langue du XVII ème siècle avec ses tournures et ses mots qui aujourd'hui nous semblent vieillots.

Elles comportent toutes une voire deux morales à la fin de chaque histoire, sauf la première qui n'en a pas et qui m'a surpris parce que j'étais persuadée que les chasseurs arrivaient à temps pour sauver le petit Chaperon rouge et sa mère-grand, eh bien non elles se font dévorées par le loup et on en parle plus.

Quant aux illustrations, sur fond bleu au début de chaque conte, elles sont toutes en noir et blanc à l'intérieur de chaque histoire, le chat Botté est magnifique, le loup déguisé en Mère-grand est effrayant.

C'est vraiment un livre splendide. Si vous le croisez, arrêtez vous ne serait-ce que pour le feuilleter, je suis sure que vous ne le regretterez pas.
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