Enfin, les ordinateurs peuvent supprimer les emplois liés à l'activité de l'hémisphère cérébrale gauche, ils ne remplaceront pas ceux liés à l'activité de notre hémisphère droit, siège de nos facultés intuitives et créatives. Bien au contraire, en nous déchargeant de toutes les tâches répétitives et routinières, ils vont libérer notre énergie pour nous permettre de développer notre créativité, ce qui contribuera à donner à notre environnement sa diversité et sa beauté.
La concurrence de fait qui s'est créée entre l'homme et la machine s'est trouvée renforcée par une dimension économique.
La créativité intervient lorsque l'on se trouve face à une contradiction, face à un problème insoluble. Ainsi, lorsque le mécanisme logique est bloqué, 'il faut chercher ailleurs'. Cet 'ailleurs', c'est la créativité qui permet de l'explorer, en oubliant les lois de la logique. Le mathématicien Hadamard, qui s'intéressa à la créativité dans son domaine, précise avec insistance "qu'il est nécessaire à certains moments de voiler la conscience pour pouvoir prendre une bonne décision".
Depuis que 'je fais de la créativité', j'ai toujours ressenti ce sentiment de confiance absolue consistant à se dire à propos de n'importe quel sujet qui nécessite des solutions nouvelles : "Il n'y a qu'à faire un groupe", comme si notre attirail conceptuel bricolé et l'énergie d'un petit groupe étaient capables de résoudre n'importe quel problème demandant des idées nouvelles.
Et en plus, c'est vrai : essayez !
l'expérience montre que l'idée n'est qu'une toute petite partie d'un processus complexe d'innovation. Selon le regard, l'idée est tout ou elle n'est rien. Dans la réalité, l'idée n'est rien si elle n'est pas précédée par un lent processus de formulation et de reformulation du problème, de cadrage de la recherche, qui garantit que l'on ne va pas faire du génie à côté du sujet. [...] L'idée n'est rien si elle n'est pas suivi par un lent travail d'évaluation, de raffinage, si elle n'est pas encadrée - en amont et en aval - par un processus méthodique de maturation [...] L'idée n'est qu'une phase du processus d'innovation, à la fois décisive et dérisoire.
Je pense que composer le groupe de production d'idées c'est important. Je crois beaucoup au principe de réunir des gens "incompétents", je veux dire qui ne connaissent rien au sujet que l'on traite. On suppose qu'ils ne sont pas conditionnés par les habitudes de pensée des spécialistes donc qu'ils iront plus facilement batifoler sur des voies annexes. Et ensuite, de créer entre eux un sentiment de confiance qui va leur permettre de se laisser aller. Mais par contre, s'ils ne connaissent rien du sujet, il faut qu'ils connaissent bien les règles de la valse à trois temps.
Avant d'être le reflet de la personne, la parole, (surtout en public) est le miroir d'une culture qui contraint la pensée et l'affectivité au souci de se faire comprendre et accepter. (Et encore je ne parle pas du mensonge... !). Fabuleux moyen au service de la société, le langage, par ailleurs, se révèle imparfait pour exprimer ce qui est individuel, privé, secret, marginal, inconscient, vague, imprécis, refoulé, c'est-à-dire la motivation inconsciente.
À l'opposé de la magie mystérieuse du créateur solitaire dont on attend qu'il sorte une idée d'une boule de cristal, appelée intuition, inspiration, 'faire de la créativité' (étrange expression, un peu triviale, incorrecte, mais qui désacralise), nous apparaissait comme une démarche vers l'autonomie, et les techniques comme des instruments de pouvoir et de confiance en nous-mêmes.