La course à la modernisation, par le biais des subventions, a entraîné la surproduction souhaitée mais aussi un surendettement dramatique des paysans et un déluge de contraintes administratives.
Le salaire...Oublions-le ! Il me permet de vivre correctement, sans plus. De toute façon, on ne fait pas la fine bouche quand le marché du travail est aussi difficile, quel que soit le diplôme. la preuve en est que la recherche d'emploi a amené certains de mes amis à vendre leur âme.
La vie semble longue quand on est jeune et si courte quand on arrive au bout du chemin.
Avant, conclut le vieux, mélancolique, la vie était plus dure parce qu'on ne travaillait qu'à la force des bras et qu'on ne comptait pas ses heures comme aujourd'hui. Mais elle était plus facile aussi dans la mesure où nous avions moins de besoins. Du moment qu'on gagnait assez pour manger, pour s'habiller et envoyer les gamins à l'école, on ne demandait pas plus. La télé, le frigo, le lave-linge et la voiture faisaient notre bonheur et nous donnaient le sentiment d'être riches. Aujourd'hui, si tu n'as pas le dernier machin phone, l'ordinateur et l'écran plat, tu as l'impression que tu n'es rien. Je trouve que c'est triste.
Ma formation et mes différents CDD m'ont amenée à me poser de sérieuses questions sur la politique agricole de nos gouvernements successifs. Non contents d'avoir complexifié à l'envi tout ce qui touche au travail de la terre, ils semblent mépriser - ou ignorer dans le meilleur des cas - les solutions qui permettraient de produire moins cher et de façon plus saine.
page 45 première phrase
- Dire que sur Terre, et même dans les colonies, chaque appartement a au moins une salle de bain et un w.c. ! alors que nous sommes obligés de faire ça dans des sceaux ! Comme au moyen âge !
Leur secret n'en est pas vraiment un. Cela fait des années qu'ils sélectionnent les graines des végétaux les plus robustes et les plus résistants. Ils les sèment ensuite dans des jardinières reposant sur du fumier en décomposition. Cette technique, dite de la couche chaude, est très ancienne. Ils n'ont rien inventé, ils se contentent de travailler comme nos aïeux.
Le plus drôle, c'est que d'un côté les chercheurs de l'infra s'intéressent à leurs résultats alors que de l'autre le service de la répression des fraudes leur reproche environ quatre-vingt-dix infractions. Cet étonnant couple commercialise en effet des semences non inscrites au catalogue officiel des espèces et variétés végétales du GNIS.
Il aurait pu parler des chambres sans chauffage, des douches à l'eau froide, de l'électricité qu'il fallait économiser, des vêtements achetés au marché aux puces de Montpellier. Mais une telle description aurait semblé plus misérabiliste qu'elle ne leur paraissait alors. Comment faire comprendre à son fils - qui avait grandi dans l'aisance - qu'ils n'avaient pris conscience de leur pauvreté qu'au lycée, quand ils avaient côtoyé des enfants de notables et de commerçants, qui possédaient un cyclomoteur, qui disposaient chez eux d'une chaîne hi-fi, d'une télévision couleur, du téléphone?
"Combien de pauvres ont laissé leur peau là-bas, dans ces putains de tranchées ? Combien de gamins qui auraient pu être ingénieurs, professeurs, médecins ou que sais-je encore? Combien de temps faudra-t-il pour oublier cette hécatombe?"
Extrait du roman La Blessure
Il ne me laisse pas poursuivre. Il pose une main sur ma nuque. Il m'attire à lui et il m'embrasse. Après ça, je ne sais plus quoi dire. De toute façon, je ne peux plus parler.