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Critiques de Guy Féquant (5)
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Les blancs chemins : A pied jusqu'à Vézelay à tra..

Dans Les Chemins blancs, Guy Féquant écrit son périple de quatre cents kilomètres, à pied, entre la falaise crayeuse d’un village des Ardennes, jusqu’à la « colline sacrée » de Vézelay. Une balade « juste pour respirer le monde » un élan, « une mystique au ras des talus et une rencontre avec mes frères humains. »



Le (faux) départ. Château-Porcien. Un chemin de halage. Mais « rectilignes et ombragés ils n’ont que l’inconvénient de générer un certain ennui. » La perspective aspire. Les bruits de la campagne surprennent. Par exemple les clochent qui sonnent. Et qui répètent. Là, un bac à fleurs en ciment avec une inscription intime. Le marcheur a toujours les sens en éveil. « Marcher incite certes à une philosophie de la distanciation et de la sérénité, mais rien n’est plus faux que de croire qu’on progresse dans une bulle éthérée. » Le marcheur passe à Orainville, sur les pas de Jünger et de ses Orages d’acier. Moment d’Histoire. Puis une blessure le renvoie à son point de départ.



Un an plus tard, le deuxième et vrai départ. Guy Féquant est alors tout « jeune retraité » (oxymore ?) La pérégrination débute par quelques souvenirs. « Un de mes plus beaux voyages d’enfance ne dépassa pas les cinq cents mètres aller-retour. » Mais aujourd’hui ? Pour se motiver il cite ce mot de Paul Morand : « Il faut aimer l’avenir, parce qu’on y passera le reste de sa vie. » Alors : en route. A travers les vignobles champenois, à l’orée des forêts, de moulins en églises. Partir. Marcher. Ici (Épernay) on croise Montaigne. Là des motards wallons avec qui on discute de Spinoza… dans une fraternité toute lotharingienne. Vitry-le-François, Brienne-le-Chateau, le « Versailles de l’Aube », et sa statue de Bonaparte écolier. A Langres on croise Jehan, sire de Joinville et Denis Diderot. « Quatre siècles en soixante kilomètres. » Le voyage est souvent bucolique et apaisé. « Je franchis le pont à la sortie de Dienville et là, à nouveau, je m’émerveille. Rien ne coupe le souffle, rien n’écrase le site, mais tout est beau. » Mais parfois la route passe au-dessus de l’autoroute, et là des quads assourdissent et asphyxient le marcheur. A partir de Tonnerre – où est né le chevalier d’Éon – c’est la « sainte montagne ». Enfin, Vézelay, « sous un soleil de juin bien matineux » et, après un dernier détour dans les bois « elle apparaît au sud. Elle : la Noble Dame vers qui je monte, la basilique de Vézelay. Encore lointaine, certes, mais présente, paisible, irradiante. »



Guy est un voyageur qui aime la solitude « ferment de toute liberté intérieure », qui pense que « peu importe le but qu’on assigne : l’essentiel est que chaque pas rapproche de l’horizon qui sidère, de la transfiguration. » Il a sa conception du voyage : « Voyager, marcher, être en baguenaude, c’est moissonner maints détails et c’est élargir le champ. Ce qui évase ne s’envase pas. Il faut toujours zoomer. Sur les remparts de Langres, par matin clair, observer les lézards. Et puis chercher le Mont-Blanc. » Les blancs chemins : un livre très agréable à lire, à la langue recherchée, au style travaillé. Un récit de voyage au long cours très bien documenté, avec la petite et la grande histoire, et qui sait nous monter les belles choses à voir ou à entendre ou à lire. Beaucoup de réflexions sur le voyage et sur un certain style de vie, placide, libertaire, buissonnier. Buissonnier comme ce récit, loin des contraintes, des difficultés, de la sueur, des exploits que l’on peut lire parfois. Les photographies de Jean-Marie Lecomte apportent une touche – souvent géométrique – et, dans ce livre, se marient très bien avec le texte. Vraiment une très agréable promenade géographique et littéraire.

L.B.
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Les blancs chemins : A pied jusqu'à Vézelay à tra..

L’épure du chemin.

Site antique inspirant, Vézelay, bourgade de l’Yonne, catalyse l’allant de Guy Féquant quand il entreprend son voyage pédestre de quatre cents kilomètres à travers la Champagne et la Bourgogne. Son journal, mémoire du chemin, témoigne de ses pérégrinations au printemps 2010 après un départ avorté en 2009 par des ampoules invalidantes. Suivant un déroulé chronologique, l’auteur égrène son parcours par étape, l’émaillant d’érudition locale et de réflexions personnelles, de descriptions évocatrices et d’observations vivantes jusqu’à composer un patchwork saisissant « qui ajuste les uns aux autres les espaces parcourus ». Néanmoins, la relation de voyage est placée dès l’entame sous la lumière diffuse de la fuite du temps, sublimée, entre lyrisme retenu et réalisme métaphorique : « On sent s’instiller en nous la mélancolie des années qui passent, du lancinant néant des choses… Le monde chatoie et sonne le creux ». Voilà bien de solides assises pour traverser et dévoiler les paysages ! Des photographies couleur scandent le texte toutes les trois pages. On peut regretter qu’elles ne soient qu’illustratives et n’apportent pas un autre regard en écho au texte. En picorant et en collectant des ambiances et des impressions en chemin, Guy Féquant partage sans fard mais avec retenue son intimité et sa présence au monde. Avec ses carnets de voyages, légers et incisifs, personnels et enlevés, il donne à voir sa vision nourrie d’une expérience passée au trébuchet de la vie. Cheminer en sa compagnie demeure un plaisir non frelaté, une rusticité sublimée : « […] les ceps alignés s’enracinent dans une pierraille blanche qui sonne sous mes pas. La réverbération du soleil confère à la vigne cette netteté ligneuse et foliaire, comme gravée à l’eau forte, qui témoigne de son ascèse, de sa participation têtue à l’intelligence universelle. […] Et dans ce friselis bleuté qui atténue l’incandescence de la colline, buvant à ma gourde d’eau, je tente de retrouver par ma mémoire gustative la minéralité du vin ».
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Le passant du soir

L’alambic des rêves.

Journal d’humeurs vagabondes, d’observations glanées dans les villes, à la campagne, en pleine nature, « Le passant du soir » égrène ses notes graves et légères au fil de déambulations enchantées bien que le jour décline avec ses lumières rasantes, allongeant les ombres, accusant un peu plus « la superficie des noirceurs ». Des énervements, de l’humour, des émerveillements, une érudition savamment distillée s’entortillent à un phrasé musical limpide et sonore, scandé harmonieusement et composent le caducée d’un pèlerin géographe pétri d’histoire. Guy Féquant est sensible à l’esprit des lieux, à la beauté des rencontres et, en bon artisan du verbe, à travers une écriture au « débotté », affûte ses regards posés sur le monde. Ses notes de voyage, classées chronologiquement en majeure partie, débutent en 1984 avec un court texte puissant et fondateur [déjà publié dans un ouvrage précédent] relatant une observation du grand tétras dans la forêt vosgienne du Schneeberg. En cinq pages vivantes, claires et touchantes, Guy Féquant déploie un savoir de conteur et de poète : « Nous ressentions jusqu’à la moelle des os l’affrontement des deux nuits : celle de la sapinière, remplie de souffles violents et de craquements ; celle du ciel, luisant, avec des brillances d’anthracite ». Avec une telle entrée en matière, rugueuse et transcendée, le lecteur ne peut que continuer l’aventure par procuration mais aussi par réminiscences puisqu’il est loisible de calquer son propre vécu sur les carnets de terrain et de vie de l’auteur. L’île de la Réunion, amoureusement arpentée, tient une place centrale et récurrente et qui, avec la région ardennaise des origines constituent la géographie biface d’une errance rimbaldienne, qu’elle franchisse l’Hyperborée, passe par l’île de Candie, l’Afrique australe, Madère ou Maurice. Aimantation native, toujours l’antique Ardenne retient le marcheur dans sa sylve et ses lumières jusqu’à le propulser vers de nouveaux départs « dans l’affection et le bruit neufs ».
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Carnets Nomades - 2014-2019

« L’écart est un privilège inestimable ».

Si l’écrivain Guy Féquant est Barbyon de naissance, il ne renie pas ses racines ardennaises mais il sait se désirer joyeusement ailleurs afin d’inventer sa vie à mesure qu’elle s’écoule, dans la majesté des arbres et la fraîcheur des sources : « Rien n’est à renier mais tout est à dépasser ». Ses « Carnets nomades » griffonnés au coin d’une table ou sur les marches d’une église, entre 2014 et 2019, relatent des pérégrinations fécondées par le songe qui n’est pas un rêve, trop « nunuche » au goût de l’auteur, trop « divaguant » mais une pensée en mouvement nourrie par l’imaginaire et le réel entrelacés : « Le songeur chemine dans sa pénombre avec un flambeau allumé ». Au « Journal des clairières » en trois parties constituant l’ossature des « Carnets nomades » s’adjoignent des textes plus éloignés dans la chronologie « Jours anciens à l’île Bourbon » (1995) ainsi que des « Notes perdues puis retrouvées » (1977-2010). D’autres textes épars s’insèrent dans le corpus et voguent de l’Italie toscane aux Pyrénées béarnaises, de Megève au Cantal, de Prague à Barby, en Ardennes, dans un texte inaugural particulièrement touchant car l’auteur y relate en mots simples son enfance et son désir d’ailleurs déjà. Son éducation par le garde champêtre du coin, tour à tour sonneur des cloches et fossoyeur, est décisive. La culture prodiguée par le « surveillant du bocage » à l’enfant tout ouïe n’entrave pas le travail manuel : « On voyageait ensemble au cimetière. Et pendant ce temps le trou s’approfondissait ». Le dilemme est posé : étudier et tourner le dos à la vie ou plonger à corps perdu dans l’existence car le temps a l’allant d’un compte à rebours. Comment être présent au monde ? Si cette antienne est vieille comme l’humanité, elle n’en constitue pas moins le sel de l’œuvre du professeur d’histoire retraité, ébloui par l’île de la Réunion découverte dans son parcours professionnel. L’île volcanique posée dans l’Océan Indien ne peut laisser personne indifférent : paysages, lumières, histoire, odeurs, couleurs, rencontres, etc. Inévitablement, l’imprégnation fait le lit de la nostalgie. Guy Féquant sait heureusement faire feu de tout bois et trouver sa provende dans tous les lieux enchantés qu’il traverse et nourrit de son regard habité : « Au loin, l’horizon marin était vert, exactement de la couleur des toitures de la cathédrale de Chartres quand on les observe sur fond de ciel orageux ». En mettant en sourdine ses voix intérieures pour s’imprégner du silence de la nature, en simplifiant ses mots pour atteindre une véracité qui tienne la route, loin des écrits ineptes et vains de sa jeunesse : « J’étais lourd et je me croyais brillant », Guy Féquant acquiert « l’opacité de la transparence » et aimante le regard fraternel du lecteur dans l’incise de ses trajectoires éphémères.
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La lampe d'argile : carnet d'un marcheur

« J’ai épongé l’ondée »

Poète, écrivain et enseignant d’histoire géographie maintenant retraité, Guy Féquant, né en 1949 en Champagne-Ardennes, déplie ses compas de marcheur sur la boule terrestre, à la recherche de lieux vibrants et habités, formulant ses vues et ses humeurs dans un style fluide, aéré et nourri aux textes antiques et cosmiques à l’exemple de ceux de Saint-John Perse auquel il a consacré un essai. L’avant-dernière phrase du discours de réception du poète nobélisé en 1960 est mise en exergue et donne le titre de l’ouvrage.

« La lampe d’argile » publié en 1992 rassemble en 73 pages souvent émouvantes des proses poétiques et des vers libres tirées du carnet de marcheur de Guy Féquant. Les connaissances ornithologiques de l’auteur s’y déploient en majesté. Trois courts chapitres composent le recueil : « Régions cardinales » ; « Dits de morte saison » ; « Hautes épousailles ». Le premier texte de quatre pages ouvrant le recueil intitulé « Marcher dans l’aurore du monde » introduit une pensée en mouvement, rythmée par la marche et fécondée par les rencontres que l’écriture transcende. Des idées maîtresses s’énoncent au détour d’une phrase : « L’aliénation moderne… étend ses ravages parce qu’elle s’acharne contre le Sacré et contre les grands espaces où l’homme en recevait la révélation. C’est une déchéance d’ordre métaphysique… la liberté a cessé d’être une étoile ». La page suivante, on peut encore lire un principe élémentaire devenu inaccessible : « […] simplement revendiquer, comme cadre et support de la liberté intellectuelle, une liberté sensitive qui exige une certaine paix, un certain vide, une certaine harmonie des lointains que l’on voudrait atteindre avant la nuit ». Dans ce texte inaugural, crépusculaire et souvent poignant, des bribes de phrases irradient : « […] l’océan d’herbe que le suroît moire et creuse ». La phrase, simple et balancée est faite de mots précis qui restituent au plus près la vision du piéton céleste. Le texte ultime intitulé « La lampe d’argile » revient sur l’objet symbolique « à la fois lumière et terre cuite, vie et mort ». Les autres textes, proses densifiées en aphorismes et poèmes ramassés, possèdent tous des gemmes irisées à tenir au creux de la main comme viatique pour le voyage, chaque lecteur y puisant sa provende.
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