En chacun de nous, peur et mémoire s'entrelacent en des dessins complexes et changeants. Parfois, c'est ce qu'on n'a pas vu qui s'attarde et nous épouvante longtemps après. Cela se glisse dans les rêves, depuis les frontières confuses de la conscience, ou émerge, peut-être lorsqu'on est seul, au réveil, tôt, à la palissade d'une cour de ferme, ou au périmètre d'un campement, à l'heure brumeuse où l'idée du matin ne s'est pas encore incarnée à l'est. Ou encore, cela nous est asséné à midi, dans l'éclat d'un marché bondé. Nous ne nous libérons jamais entièrement de ce qui nous a causé une mortelle terreur.