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Citation de NATB


Demain matin à 4 h, je serai fusillé, si je n'ai pas la grâce. Je vais essayer d'analyser l'état d'esprit d'un homme près de la mort, près d'elle que vous redoutez tant.Tout d'abord je remarque que ceux qui pensent aux condamnés à mort comme j'y pensais ont une tout autre idée de la réalité.Ils se figurent que les dernières heures des condamnés doivent être terribles.Eh bien, non ! l'homme est né pour survivre et sa nature s'adapte à toutes les situations. On a comme une sensation de vide autour de soi. On sent qu'on n' appartient plus à la terre. La voix humaine, les bruits, la vie, quoi ! ne produisent pas sur nous les mêmes effets.L'impression nette que vous êtes coupé, que tout ce qui vous retenait à la vie a été dépassé, tous les fils de communication étant coupés, il est clair que vous ne ressentez plus rien; vous êtes sur du vide, du vide autour de vous, et les bruits vous semblent venus d'un autre monde...Il semble que la grande sagesse est dans les choses, dans les choses mortes, et je classe l'univers, en ce qui concerne la sagesse ainsi : les choses inertes, les plantes, et enfin ces êtres drôles qui remuent, gesticulent, parlent et qu'on nomme les hommes.Ils ne comprennent rien à la vie et sûrement que ces peuples de l'Inde qui cherchent l'immobilité sont près de la grande sagesse...
Extrait de la lettre de Jean Nicolini (décapité dans le"carré des fusillés" de Bastia le 30 août 1943) à ses camarades et à ses enfants
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