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Citation de Florel


L'incompétence et le parti pris de Jack Goody éclatent une fois encore sur ce point de l’art et de la sculpture. Comme pour légitimer la position négative et stérilisante de l’islam face aux arts plastiques, il cherche à laisser entendre que la création artistique n’est pas un phénomène naturel propre à l’homme, et pour étayer ce ridicule sous-entendu, à l’évidence dépourvu de tout fondement comme le démontre l’existence des sculptures et bas-reliefs aussi bien préhistoriques que sumériens, égyptiens, babyloniens, assyriens, perses et bien d’autres civilisation, il déclare que « même en Grèce la sculpture figurative ne s’imposa réellement qu’à l’époque classique qui succéda à une longue période géométrique où tout motif figuratif était proscrit ». Je ne peux éviter de noter cet indigent raccourci dans lequel est passée sous silence toute la période dite archaïque qui dure plus d’un siècle et nous a laissé quelques merveilles comme les kouroi et le koré de l’Acropole d’Athènes. Par ailleurs, on ne voit nulle part dans les textes grecs qu’il y ait eu une quelconque interdiction d’autant que cette affirmation est fausse puisque sur les vases géométriques sont souvent représentées des figurines qui annoncent dans une certaine mesure toute la grande céramique figurative qui annoncent dans une certaine mesure toute la grande céramique figurative dont la perfection est atteinte par les vases attiques à figures rouges et noires. Les exemples sont nombreux. Je me contenterai de citer tel cratère corinthien (au British Museum, donc dans le pays de notre auteur) daté du VIIIe siècle avant notre ère, représentant un homme emmenant une femme par la main, couple qui selon certains, serait Pâris et Hélène. Et, naturellement, sans compter les représentations plastiques de ce même siècle et des siècles suivants (la statuaire dite classique ne commençant qu’au Ve siècle), ornements figurés plaqués sur des objets en bronze ou statuettes modelées dans diverses matières, tout cela précédant les séries de kouroi et koré datées dans leur majorité du VIe siècle.
Et un peu plus loin (p.67) il assure que les « pères de la Révolution française étaient farouchement hostiles à la représentation, non seulement picturale ou plastique, mais aussi théâtrale. » Déjà, si cette affirmation était exacte, cela n’apporterait aucun élément à son assertion première, mais, visiblement il n’a sans doute jamais entendu parler de David et moins encore de Louis Boilly (1761-1845) qui peignit en 1794 « le Triomphe de Marat » et « l’Arrestation de Charlotte Corday », de François-André Vincent qui fit en 1792 le portrait du comédien Dazincourt lequel triomphait sur les scènes de Paris en pleine Révolution, ni de Joseph Benoît Suvée qui peignit comme David des scènes antiques à la même époque, ni de Charles Meynier qui peignit en 1793 le tableau allégorique de la France encourageant les sciences et les arts…
p.384-385
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