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Citations de Guy de Pourtales (37)


Soyons même des malades, s’il le faut. Car il y a une morale
des bien-portants et une morale des malades. Les malades,
dira-t-il un jour, n’ont pas le droit d’être pessimistes.
Or, ce sont souvent les bien-portants qui pensent le plus à la
mort et la redoutent. Et c’est logique. Nietzsche, qui a été
pendant ses quinze grandes années créatrices un moribond,
cherchait le sens de la vie. La grâce donnée à l’artiste, c’est
le pouvoir de rendre objective sa souffrance, de s’en débarrasser
en la coulant dans une forme. Le malade Nietzsche l’a
fait en cherchant le sens de la vie, et Tolstoï le bien-portant,
en cherchant le sens de la mort.
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La musique et le théâtre, il les aime encore, mais ne supporte plus le public. Les lorgnettes des curieux l’exaspèrent. On entoure sa loge de rideaux. Mais cela ne suffit pas, aussi decide-t-il d’instituer, une ou deux fois par mois, des représentations dont il est le seul spectateur.
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Il rit. Elle pleure lorsqu’il est reparti. « Ne voyez-vous donc pas, dit-elle, que le roi ne m’aime nullement ? Il joue seulement avec moi… »
Le 17 février, il lui écrit : « De toutes les femmes vivantes, tu m’es la plus aimée… » Mais, « le dieu de ma vie, comme tu le sais, est Richard Wagner ».
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C’était une fille mince, brune, furieuse, étincelante. Le roi ordonna qu’on les laissât seuls. Il lui demanda son nom : — « Lola Montes. » Il la pria de se rajuster, car dans la bagarre son corsage avait été à moitié arraché. Elle préféra rester le sein nu. Elle parla. Elle s’expliqua. Elle plaida. Or, le royal amateur d’art, qui avait caressé tant de statues, ne pouvait croire à la perfection de cette vérité palpitante. Il tendit la main ; elle la prit et la mît devant « le fait accompli. ». (C’est ainsi que s’exprime un rapport de police).
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Mais que ne dit-on pas de qui n’aime ni le bruit, ni les drapeaux, ni le vin, ni les fêtes, ni le plaisir ? On dit : c’est un fou. Ou un monstre.
En tout cas un anormal. Ainsi en décident ces noctambules chargés de bière, qui, au petit jour du 18 juillet 71, voient s’enfuir vers ses montagnes, dans une calèche fermée, leur roi sans patrie et sans amour.
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Guy de Pourtales
La guerre, c'est un paysage qui vous tire dessus.
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Mais ignores-tu, petite reine, que le rosier d'amour où le roi cueillait des pétale fleurit chaque printemps de manière différente?
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C'est le 26 novembre que l'événement eut lieu. Il faut dire ainsi, car si les deux premières soirées avaient été d'heureux essais, celle-ci devait décéder de l'avenir. Toute l'aristocratie presbourgeoise se trouvait réunie à cette matinée. Et Franz joua son Beethoven aimé, improvisa, déchiffra sans effort et dans le rythme voulu les morceaux de bravoure que plusieurs grands seigneurs lui mirent devant les yeux. L'étonnement fut général. Lorsqu'on sut que le père ne possédait pas les moyens de faire donner à son fils une éducation musicale complète, les bourses s'ouvrirent. Les comtes Apponyi, Amédée, Esterhazy, Szapary et Viczay, lui constituèrent spontanément pour un durée de six ans, un rente de six cents florins d'Autriche.
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Debout sur le rivage, j'écoutais les bruits nombreux du lac, j'aspirais ses odeurs, je mêlais tout mon être à son étendue, à ses forces, à son mystère. Maintenant qu'approchait le moment où il faudrait le quitter, je voulais emporter le plus possible de sa vie à lui, de ses couleurs, de son secret. Ma petite existence, c'est lui qui l'avait formée, qui en avait nuancé les ombres et les lumières, gravé les quelques lignes profondes. Je le regardais comme d'autres regardent un ami, avec cette même confiance, ce même espoir, et je projetais vers lui mes désirs tendus
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Divorcer? Non, elle ne divorcerait jamais. Elle n'avait ni l'allure hardie, ni les hauts talons pointus et agressifs des femmes qui divorcent. Une timide, une acceptante sous ses airs libres, voilà ce qu'elle était.
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La sottise de reprocher aux jeunes d’être trop expéditifs ! Qu’aurions-nous à notre actif si, d’enthousiasme, nous ne savions pas quelquefois faire litière du raisonnable ?
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Le cercueil fut descendu ensuite au milieu de la multitude, pendant que retentissait pour la première fois la Marche Funèbre fameuse, orchestrée par Reber. Les cordons du poêle étaient tenus par le prince Czartoryski, Franchomme, Delacroix et Gutmann. Meyerbeer marchait derrière le corbillard. On se mit en route par les boulevards pour le cimetière du Père-Lachaise. C’est là que le corps de Chopin fut enterré, son cœur excepté, qu’on envoya à Varsovie, où il est resté depuis dans l’église de la Sainte-Croix. Beau symbole, qui convient à ce cœur fidèle.
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Aussi maintenant que la comtesse [Marie d’Agoult] rebelle et repentie expirait à Paris, dans sa famille légitime, la seule fille [Cosima] qui lui restât de ses libres amours ne pouvait-elle éprouver qu’une mélancolie passagère. Les forces qu’elle avait en réserve pour souffrir appartenaient à Wagner. Lui seul comptait pour elle, et l’heure approchait sans doute où il faudrait voir s’abîmer dans la mort le navigateur sans patrie. Il ne demeurerait de lui que son œuvre, sa gloire. Mais était-ce cela qu’elle aimait ? Non, ce qu’elle aimait, c’était cet homme assis sur la scène devant son âme déchaînée, dirigeant la longue bataille de ses passions ; cet artiste blanchi, ravagé, avec sa tête de vieux maître de la Renaissance, cet Adam court et formidable qui croyait en l’amour, en la douleur, en la pitié, en la poésie, ces abstractions qui font sourire les hommes, mais remueront longtemps encore les entrailles féminines.
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(...) comme je crois qu'une biographie n'a de valeur profonde que traitée avec amour et parti pris plutôt qu'avec la froideur du critique, je chercherai à exciter en moi cet amour, au moins cette sympathie sans laquelle il me paraît impossible d'approcher réellement, de sonder un être à travers ce qu'il nous a livré de lui-même, plus impossible encore de le deviner dans ce qu'il nous a tu.

Préface
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Tout son pathétique, son art, son amour, fut son extraordinaire talent pour l’illusion. Il atteint par là jusqu’au génie. Ses pauvres châteaux sont de terribles drames quand on y songe. Dressés dans leurs paysages bucoliques ou menaçants, ils sont un douloureux aveu d’impuissance. Ils sont un énorme cri. Et lorsque les paysans bavarois passent auprès d’eux et les saluent, c’est peut-être parce qu’il y a tout de même quelque chose à admirer et à aimer en eux. Non leurs murs, leurs marbres ou leurs statues, mais ce que Louis lui-même n’avait pas songé qui s’y trouverait un jour : son spectre.
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Pour l'anniversaire de ses huit ans il joua dans une soirée au bénéfice du vieux poète Niemçewicz. On l'avait habillé à l'anglaise, avec une veste de velours et un large col rabattu. Et comme sa mère, ensuite, l'interrogeait sur son succès, voulant savoir ce que le public avait préféré : "Mon col", répondit-il avec fierté.
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Wagner et Nietzsche sont en face l’un de l’autre comme les habitants de deux planètes différentes qui se seraient découverts au télescope, auraient trouvé le moyen de se rejoindre pour se complimenter de leurs travaux et ne sauraient point que l’un des deux doit périr de la science de l’autre. Et ils sont en même temps comme un père et son fils, assujettis à des hérédités communes et remplis de cette pudique timidité familiale qui fait qu’ils se dévouent l’un à l’autre, se déjouent, se combattent et s’entraident sans apercevoir qu’ils se devinent trop pour accepter jamais de se comprendre.
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Un jour que [son hôtesse] lui parle de l’avenir, [Wagner] dit avec agitation, en arpentant la chambre : « L’avenir ? Mais qui donc pourrait monter l’œuvre d’art que je suis seul – avec l’aide de mes démons – à pouvoir représenter ? Je ne suis pas fait comme les autres. J’ai des nerfs irritables. Il me faut de la beauté, de l’éclat, de la lumière. Le monde me doit ce dont j’ai besoin. Il m’est impossible de vivre d’un malheureux traitement d’organiste, comme votre maître Bach. Est-ce donc une folle exigence que prétendre à ces miettes de luxe dont j’ai envie, moi qui prépare à tant de milliers d’êtres de si fortes jouissances ? »
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En composant le premier acte de Tristan, Wagner s’était abandonné à la fougue d’une espérance qui colorait tout son avenir. En composant le second, dans la solitude de Venise, il a soudain compris l’inanité de son ambition amoureuse. Alors, il en épuise les transes dans sa musique. Son cœur a entièrement coulé dans son piano.
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A la fin du mois, Wagner revient à Zurich. Le voici dans les dispositions intimes les plus favorables à la composition : des dettes pressantes, un compliqué projet de vente de ses opéras à l’éditeur Haertel, des agacements de toute sorte, sa maladie nerveuse et cinq années et demie d’accalmie créatrice suivies « d’une sorte de migration de son âme » au pays de la musique.
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