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Citations de Gwenaële Robert (147)


Ecrivain, il s'inscrivait dans cette grande famille des forçats de la mer, ne parlait ni de rupture ni de transfuge de classe, ces mots à la mode qui lui faisaient horreur. Il disait au contraire qu'il fallait une longue lignée de héros pour accoucher d'un barde qui célèbre leurs exploits, que leurs existences douloureuses enflammaient la sienne, qu'il prenait sa place dans cette procession lente des travailleurs de la mer car il écrivait sous les mêmes étoiles, face aux mêmes vagues. La mer avait façonné son œuvre dont elle nourrissait l'imaginaire, elle en polissait les contours, la mer tour à tour effrayante et maternelle, ombrageuse et attirante, la mer pourvoyeuse d'infini dans nos existences bornées.

Il finissait en remerciant les Editions Brodin, évoquait en particulier le souvenir de Brodin père, dit l'Amiral, qui l'avait fait monter sur le grand vaisseau de la littérature pour une traversée pleine de vertiges et de ravissements, à l'heure où l'on démantelait dans le port de Saint-Malo le dernier chalutier de la course à la morue.
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— Savez-vous pourquoi on appelle cet endroit le môle des Noires ?

Elle secoua la tête. Elle le devinait heureux de lui apprendre quelque chose et ne voulait pas ternir sa joie, sa fierté évidente d'être d'éci, l’inextinguible orgueil de la race bretonne.

On dit que c'est ici que les veuves de marins venaient dans l’espoir de voir revenir leurs maris disparus. Comme elles étaient habillées de noir…
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Maintenant la terre roule au milieu des ténèbres.
Dans sa soupente, Théodose s'est endormi, écrasé de chaleur et de fatigue.
Lui qui voulait veiller sur le sommeil de la jeune fille d'en face a sombré très vite ...
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… ils rêvent de racheter l'immeuble ! Je me demande bien pourquoi... C'est grand, les murs suintent l’humidité... et ces plafonds, ajouta-t-elle en agitant son chiffon vers la voûte du vestibule. Impossible de chauffer une baraque avec des dimensions comme celles-là.. . Moi c'est bien simple, dans mon appartement, j’ai fait poser un faux plafond. Hop l un mètre en moins. Ça a l'air de rien mais Je fais de sacrées économies... Et puis de l’espace au-dessus de la tête, à quoi ça sert, hein ? Je mesure un mètre cinquante-cinq, c'est vous dire que j'ai pas besoin de cette hauteur, vrai ou pas vrai ?
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Et soudain il est pris d'un vertige en pensant à cet amour qu'il pourrait lui jurer, sur l'heure, s'il n'avait un consul à abattre, un régime à renverser.
Une vie à foutre en l'air, dès demain ...
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Elle n'a jamais écrit de roman. Elle aurait bien aimé. Mais la fréquentation quotidienne des grands auteurs la paralyse. On ne passe pas sa jeunesse à lire La Comédie humaine dans les transports en commun, sur la ligne C du RER, sans se faire une trop haute idée de la littérature pour s'y risquer soi-même. Certaines œuvres sont une condamnation à demeurer stérile. Il faudrait une sacrée dose d'orgueil.Ou d'humilité : accepter de ne jamais faire mieux. Ou d'inconscience. Et rien n'est plus étranger à son caractère que l'inconscience. Elle imagine le monde comme une immense bibliothèque. Pour se risquer à glisser son nom dans les rayonnages, il lui faudrait encore se persuader que cela serait utile. Que ça ne gâcherait pas l'harmonie, l'équilibre établi par des siècles de génie, de talent et de souffrance. D'autant qu'elle s'appelle Combier, ce qui, dans un classement des auteurs par ordre alphabétique, la placerait entre Colette et Corneille. Et sans doute sur la même étagère que Chateaubriand. Elle pourrait signer de son nom de jeune fille, Privent. Mais ses voisins seraient alors l'abbé Prévost et Proust. Ce serait pire encore. (P.35)
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Dans l'émotion générale, Eugénie n'a pas prêté attention à ce mot d'esprit qui a fait le tour de la cour pendant la visite officielle des Habsbourg. Un calembour qu'on répétait à mi-voix, pendant le bal, derrire les éventails et entre deux verres de porto. Elle saisit à présent toute l'acuité de ce jeu de mots par lequel on appelait les jeunes souverains « les archidupes ».
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« Pardonnez-moi, mon cher Papa, d’avoir disposé de ma vie sans votre permission. »
Lettre de Charlotte Corday à son père,
la veille de son exécution.
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Y avait-il encore quelqu'un qui ne voulait pas écrire de roman ? Elle. Elle n'avait jamais voulu le faire. Depuis toujours elle se voyait comme un miroir chargé de réfléchir la lumière des autres, nom d’émettre la sienne. Elle rêvait de rencontrer quelqu'un qui partagera son absence d’ambition littéraire
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Un ami journaliste, répéta-t-il en secouant la tête. Tssst.. . à partir du Jour où les éditeurs ont laissé les journalistes entrer dans leurs maisons au point d’y être plus nombreux que les écrivains, le ver était dans le fruit...

— Ce n'est pas si simple... on est contents de les trouver pour qu'ils parlent de nos bouquins...

Son père haussa les épaules.

— De quels bouquins ? Puisque ce sont eux qui les écrivent à présent !

Elle ne releva pas. Depuis toujours elle l'avait entendu faire la différence entre les vrais écrivains et les journalistes. Il ne suffisait pas d'écrire dans la presse pour être un romancier, est-ce qu'on imaginerait faire d'un peintre en bâtiment le nouveau Rembrandt ?... Elle connaissait la rengaine et ne voulait pas entamer une discussion.
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Le cadet des Habsbourg a passé la soirée enfermé dans le pavillon du parc, abattu, criant à travers la porte au valet envoyé par sa femme : « Je ne veux plus entendre parler du Mexique ! »
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Les mal-aimés du langage moderne, estampillés dans le dictionnaire par un "vx", se jettent sous sa plume avec l'énergie des naufragés qui voient soudain passer un navire.
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(…) elle le voyait comme on voit un père, avec cette pudeur qui occultait toute vie amoureuse et sexuelle. Parce que son œuvre était essentiellement virile et que les femmes y avaient une place subalterne — on le lui avait assez reproché.

Elle avait encore en tête le souvenir de quelques courriers agressifs de militantes féministes dénoncant sa vision passéiste de la société - les hommes en mer, les femmes dans les usines de conserves. Des lettres qu'on s'était fait passer en haussant les épaules, en ricanant - c'est pour quand La Vieille Femme et la mer ?

On avait épargné à Le Guellec ces courriers pleins d'animosité et on avait confié à Marie le soin d'envoyer une réponse adéquate ménageant les susceptibilités paritaires.
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Peut-être faudrait-il, pour connaître l’histoire, savoir parfois baisser les yeux. La vérité n’est pas toujours au-dessus, mais en-dessous. En levant la tête, on ne rencontre jamais que les tribunes officielles, les estrades, les frontons, les arcs de triomphe. Pour savoir, il faudrait descendre sous la fine croûte terrestre qui sépare les héros des damnés de la Révolution. L’histoire est aussi là, dans les culs-de-basse-fosse, dans les caves, les cachots, les égouts où l’on s’est caché.
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Les Etats du Sud appartiennent au passé. Leur aristocratie un peu frelatée, leur économie fondée sur la terre, leur mode de vie… Ce sont des restes d’Ancien Régime, tout cela sera balayé par la révolution industrielle. On n’entrera pas dans le XXe siècle avec du coton et des esclaves, c’est… c’est impossible.
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"Écrire, dit-il, c'est être fidèle à une certaine douleur."
Il lui demande si elle écrit, elle aussi, avec cette propension qu'on a à transposer chez les autres les maux dont on souffre, ignorant qu'il y a autant de tourments que d'individualités. Non, elle n'écrit pas. Elle n'est pas une créatrice, mais une héritière. Elle est une mémoire hypertrophiée. Saturée de références, de lectures, de citations qu'elle consigne dans des petits carnets Moleskine et relit sans cesse, si bien qu'elle les connaît par cœur, en truffe ses cours, s'amusant de voir ses élèves ébahis par ce qui n'est, au fond, qu'un effet de sa mémoire. "Pour écrire, dit-elle, il faudrait avoir en soi en désert, une terre vierge où pourrait jaillir l'écriture." Or, chez elle, la terre est brûlée, donc infertile. (P.96)
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Nul gentilhomme ne serait sorti hors de chez lui en cheveux. Et des cheveux, il y en avait beaucoup, puisque les femmes qui avaient faim n'hésitaient pas à sacrifier les leurs pour acheter du pain.
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Chacun portait en lui ses propres murailles, l'ancre qui le vissait à terre et la capacité à brûler ses vaisseaux ...
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Je crois que vous connaissez les écrivains mieux que moi. Loin de moi l'idée de faire d'eux des dépressifs qui s'ignorent mais enfin soyons sérieux ... J'imagine que l'homme qui fait le choix de s'enfermer, seul, des journées entières, dans le silence de son appartement pour écrire des livres dont il ignore qu'ils seront lus un jour n'est pas exactement ce qu'on appelle un être optimiste ou sociable. Sinon, il irait pêcher ou taperait la belote au bistrot ...
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Elle devinait quelle pression allait s'exercer pour la sortie de ce nouveau roman, maintenant que le Nobel était décerné, il faudrait passer le texte au peigne fin, au tamis des opinions autorisées, vérifier que rien, dans l'expression des idées, des mots employés, ne puisse heurter les sensibilités des lecteurs. C'était l'effet Nobel. Dès lors qu'un écrivain était couronné, on demandait son opinion sur tout, on scrutait ses réactions, on jugeait ses positions ...
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