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Les dieux sont vaches de Gwendoline Hamon
- Je t'aime maman, tu sais... Et là miracle... D'une petite voix fluette et sourde elle me souffla : - Moi aussi je t'aime ma chérie, je t'aime plus que tout. Je ne savais pas que tu étais si généreuse, si douce, que je comptais tant pour toi. Tu es mon bébé, mon petit bébé. Puis elle prit mon visage entre ses mains osseuses et l'embrasse goulûment comme on bouffe son nouveau-né. Ce fut un moment de grâce entre elle et moi. J'aurais pu me dire "tout ça pour ça", mais j'ai pensé "ça y est, elle m'aime enfin pleinement. Je vais être délivrée, guérie". Ce n'est sans doute pas par hasard si cet irrésistible besoin d'être aimée a dévoré mon existence. Je venais d'avoir la réponse à mes interrogations, la récompense à ma quête maladive. La forme à ce moment précis qu'avaient prise ces trois mots "je t'aime" m'avait réconciliée avec la névrose infantile qui me suivait depuis toujours. Me mère m'aimait, je n'étais pas née pour rien. (p. 197-198). |