Il y avait des étoiles et la lune éclairait la ville en ce temps là. Elle se reflétait sur les eaux calmes de la Seine, donnant à la capitale un aspect presque champêtre. De jour comme de nuit, les allées pullulaient de marchands, de mendiants ou de promeneurs en tous genres et les odeurs de poissons, d’épices et de viandes à moitié avariées se mêlaient aux tumultes de l’excitation parisienne. On pataugeait dans la crasse et l’urine des canaux d’évacuation, bercés par les râles des tapineuses qui se donnaient à l’ombre des ruelles étroites.
Le soir venait de s’étendre sur la Cité et l’île s’agitait au son des cloches de Notre-Dame, majestueuse et imperturbable. Partout on s’arrosait d’eau-de-vie brûlante à finir raide sur la chaussée au milieu d’étudiants rigolards, de voleurs ou de crédules badauds.
La nature a peur du silence.
Car le mutisme enterre les pensées les plus profondes, les plaies les plus ouvertes, les fardeaux les plus lourds à porter.
Rien n’est plus complet dans la nature que le silence.
Rien n’est plus absolu que l’absence de bruit.
Par eux se transmet, dans le temps qui passe, l’immortalité du secret.
Au creux de la tombe, où le sommeil du gardien fait triompher la paix,
Seul l’action du sage saura tuer le silence du roi.
Et j’ai peur du silence, mais il est et sera à jamais infini dans le temps qui revient.
Je n’avais simplement pas réalisé que la vie n’est pas généreuse par nature et qu’un beau jour, elle s’amuse à reprendre son dû, à récupérer cruellement ce qu’elle donna, peut-être pour nous amener à venir le repêcher nous-même qui sait ? Quoi qu’il en soit, ma vie bascula le jour où Elle y entra.
Le clocher sonna les douze coups de midi, annonçant le début de la messe. La famille d’Estrées était venue au complet. Angélique débordait de larmes, un mouchoir sur le visage, aux côtés de son père, Antoine d’Estrées, et de ses autres sœurs. Les trois enfants que Gabrielle avait donné à Henri accompagnaient le cortège qui menait le corps de leur mère à l’autel. Le cercueil était ouvert mais le visage de la défunte restait dissimulé sous un drap blanc. Les dernières convulsions qui avaient mis fin à l’agonie de la pauvre femme l’avaient tant défigurée que l’on préférait la cacher. Ainsi la beauté légendaire de Gabrielle resterait à jamais intacte.
Le Chrême n'avait jamais quitté la maison de Chambles, il avait toujours été là, reposant sous le toit des héritiers du secret, protégé par les derniers gardiens de la relique sacrée.
Vous ne sauriez pas, par exemple, je ne sais pas, si une sœur française aurait pu séjourner ici à une époque ? Cela pourrait faire un très bon début d'article, l'histoire d'une femme qui part au Pérou et s'installe à Santa Catalina... Un petit côté mystérieux, vous voyez ?
Nous étions le 19 Mai 1610 quand, tard dans la nuit, Benedit de Vassalieu franchit pour la dernière fois les portes du Monastère de Sainte-Croix-en-Jarez, à dos de cheval.
Il a volontairement modifié une carte Lisa, une seule ! Et nous l'avons sous les yeux. "Insulae pacem", l'Île de la Paix, la solution est là, notre dernière étape.