Citations de Hafid Aggoune (77)
À un moment, je n'ai plus regardé les trains approcher ou s'éloigner, mais le banc derrière moi. C'était un banc vert sapin, un banc de quai de gare, libre, façonné pour l'attente, toutes les attentes, fait pour le repos et le temps qui passe, peint pour durer, forgé dans le fer, dessiné pour traverser les modes et les siècles, froid comme l'oubli.
Laisser un enfant de deux ans partir seul loin de soi, ne plus le voir, ne plus être là quand il dort, quand il joue, quand il a froid, quand il pleure ou quand il rit, quand il a peur du noir, ne pas le voir grandir, même deux jours, c'est comme un décès sans que le corps ne soit jamais rendu.
Le seul remède pour conserver les regrets enlisés au fond de soi, c'est de s'abrutir de travail du matin au soir. Et quand la nuit vient, si on n'est pas encore tout à fait recru, il reste la télévision. Surtout, ne pas donner aux souvenirs l'occasion de revenir en surface, les maintenir de force sous l'eau qui dort, comme des jeunes de chats qu'on veut noyer.
L'adolescence est le temps où il faut choisir entre vivre et mourir
Fuguer est le contraire d'un suicide : on part pour vivre.
«Parce qu'une langue est semblable au vent, elle poursuit sa fin mêlée de toutes les saveurs du monde et meurt vidée d'elle-même jusqu'à son renouvellement.»
La beauté est un miracle de l’instant.
"La vie s’arrête lorsque la peur de l’inconnu est plus forte que l’élan."
"Nous passons chaque jour et chaque nuit à nous perdre et toute notre vie à nous chercher."
Lorsque j'avais treize ans, on ne se préoccupait pas de savoir qui était juif, arabe, kabyle, berbère, espagnol, polonais, portugais ou autres. On était soit français d'ici, soit devenu français parce que nos parents étaient venus vivre ici. On parlait la même langue, mais jamais de religion.
J'ai peur d'un monde sans différence.
J'ai peur des religions qui tuent beaucoup plus que les guerres, parce qu'elles n'ont pas de fin et ne sont plus ce qui nous relie mais ce qui nous sépare.
Anne, tu n'es pas vraiment morte. Tu resteras éternellement jeune, à l'image des Dean et Monroe que tu n'as pas connus et que tu aurais aimés, figures d'un XXe siècle contrasté, déchiré entre les abîmes les plus inhumains et le glamour d'un monde moderne dédié à l'image et aux rêves comme si la seule issue était la fiction.
Mais ce n'est pas à l'icône que je m'adresse ici. je veux écrire à la jeune fille brillante qui aurait pu devenir une femme immense, un phare d'intelligence et de subtilité dans un chaos qui en a tant besoin.
J'écris à l'adolescente qui promet tant et aux adultes pour qu'ils n'oublient pas.
J'écris au début dans la vie et aux êtres qui cherchent un morceau de ciel du fond de leur misère.
J'écris à l'espoir qui s'en va dans mon corps, de mes pensées.
J'écris aux parents qui veillent sur leurs enfants.
J'écris aux enseignants qui nourrissent les jeunes esprits.
J'écris aux libraires qui veillent sur les livres.
j'écris à celles et ceux qui empêchent les ruines du savoir de se propager sur le monde.
J'écris à celles et ceux qui transmettent et qui donnent.
J'écris à celles et ceux qui se souviennent sans rancœur pour que l'avenir puisse naître.
J'écris à la bonté qui ne meurt pas malgré le sang et les haines intarissables.
J'écris à l'amour qui a quitté le cœur de B. Jarhel.
Je t'écris à toi et , à travers toi, à tous ceux qui te ressemblent.
J'écris au néant et à la mort avant qu'ils ne viennent à moi.
Chère Anne,
C'est le cœur lourd que je t'écris.
J'ai longtemps fixé la fenêtre ouverte, décidé à en finir avant le lever du jour.
Tandis que mes doigts effleuraient sans but les tranches de mes innombrables livres, ouvrant et fermant au hasard ces petits univers clos et infinis qui m'ont tant nourri, ton nom est apparu et j'ai oublié ma résolution.
J'ai relu ton Journal, à mon âge, quarante ans passés, chose que je n'aurais pas imaginée. peu d'adultes te relisent - Ils devraient pourtant.
L’étranger n’est pas celui qui vient d’ailleurs, mais celui qui s’éloigne de nous.
Il va chercher loin en lui le courage d'aller au bout, il pense aux visages qu'il chérit le plus au monde, images qui lui donnent l'énergie nécessaire. Les siens, ceux qui donnent un sens à sa vie. p137
Abandonner ou résister? p133
La lecture a répondu à mon besoin de voir autre chose, de m'évader. p76
La beauté est de ce monde.
J'espère que nous serons toujours assez nombreux pour nous en souvenir et l'inventer. p142
Entre savoir une chose et la vivre, il y a un gouffre. p43
J'essayais de comprendre ce nœud que sont les sentiments, ce qui fait que nous sommes attirés par une personne ou ce qui nous en éloigne. p39