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Critiques de Hallgrimur Helgason (71)
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Soixante kilos de soleil

De formation artistique et d’abord connu pour ses peintures et ses dessins, Hallgrimur Helgason est devenu une grande voix de la littérature islandaise, à l’ironie caractéristique. Avec ce premier tome d’une trilogie explorant les transformations de l’Islande depuis son émergence d’un quasi Moyen Age au tournant du XXe siècle, il entame une vaste fresque digne des grandes sagas islandaises.





L’Islande ne serait pas devenue la nation d’aujourd’hui sans cette manne providentielle que fut le hareng et ses grands bancs appréciant ses eaux froides. Pourtant, tout entiers tournés vers la pêche au requin, dont, considérant sa chair toxique, ils se contentaient de prélever le foie pour le précieux combustible que son huile fournissait au monde, ses habitants dédaignèrent longtemps ce qu’ils considéraient un « poisson de malheur », lui préférant les sombres et visqueuses soupes de lichens, bien insuffisantes face aux habituelles disettes.





En cette fin de XIXe siècle, la vie en Islande est restée cadenassée à l’âge de pierre. Sans routes et cernée par des eaux tempétueuses prises par l’embâcle une bonne partie de l’année, cette terre inaccessible et enclavée par des reliefs abrupts, torturée par le froid et les intempéries incessantes, plus souvent caressée par l’obscurité que par la lumière du jour, n’est encore qu’un monde « figé depuis mille ans », ne connaissant ni roue, ni argent, ni allumette, où « les tâches saisonnières forment les maillons fixes d’une chaîne immuable », « chaque journée de travail [...] la suite logique de la veille et le prélude au lendemain. »





Lorsque, épuisé, le fermier Eilifur Gudmundsson rentre chez lui avec les trois kilos de farine qui lui a fallu aller quérir à plusieurs jours de marche dans la neige et la tempête pour sauver sa famille de la famine, sa maison de tourbe au toit herbu a disparu, avalée avec ses habitants par l’une de ces avalanches dont la fréquence fait dormir les gens encordés les uns aux autres. Protégée par une poutre, seule la vache a survécu et, avec elle et son lait, le dernier né, Gestur, un petit garçon de deux ans. Ainsi commence le récit d’apprentissage d’un enfant qui connaîtra trois vies au gré des aléas qui continueront à s’enchaîner, et, à travers lui et une myriade de personnages hauts en couleur, aux corps tordus comme des clous et aux trognes avinées, mais héroïquement accrochés aux merveilles d’humanité cachées sous la misère, la crasse et les vieilles croyances, l’épopée picaresque d’un bout de terre oublié, soudain transformé en « Klondyke » lorsque les Norvégiens viennent y pêcher massivement le hareng.





Son ironie caustique fait tout le sel de cette fresque pittoresque et attachante, où les âpres beautés de l’Islande n’ont d’égale que la vaillance de ses habitants, des « crétins » archaïques, impressionnants d’énergie et désarmants de poésie, sautant tardivement du servage moyenâgeux au capitalisme moderne. Captivé tout au long de ses près de six cents pages, l’on referme ce drôle et formidable roman avec une hâte : que la traduction française du deuxième tome déjà paru en islandais soit au plus vite disponible. Coup de coeur.


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Soixante kilos de soleil

Style bien particulier, pour un pays bien particulier.

L’Islande littéralement « pays de glace », territoire hostile se peuple, tout d’abord, au IX-Xème siècle par des colons norvégiens fuyant des conflits nationaux, des chefs de clans créent une assemblée, l’Althing, le plus vieux parlement du monde. Au XIIIème siècle (1262), l’île devient une colonie du Royaume de Norvège.

En 1536, l’Islande passe sous domination du Danemark qui s’empare du commerce local.

Le pays glisse peu à peu vers la pauvreté (XVIIIème siècle) suite à de nombreuses catastrophes naturelles et des tentatives de développement économique qui avortent les unes après les autres.

Hallgrimur Helgason, dans son roman « Soixante kilos de soleil », nous emmène dans un fjord de la côté nord : le Segulfjördur (fjord de l’Aimant) et nous narre l’existence de quasi-bête de la population de ce golfe, regroupée en petits villages mais parfois en fermes isolées vue la faible densité.

Lorsque l’on aborde ce roman, il faut faire abstraction des noms islandais patronymes ou lieux géographiques, l’accoutumance vient au fur et à mesure des pages comme le font les corps au froid local.

Notre auteur affirme qu’il faut, pour être apprécié de ses congénères, être un bon conteur et Hallgrimur n’a pas de souci à se faire de se côté. Dans un style bien à lui, mélange de descriptions très imagées et d’humour caustique avec des passages de pure poésie, il nous attache, rapidement, à ce petit peuple de pauvres paysans, qui vivent d’un maigre troupeau et du troc des bonnets, gants, écharpes qu’ils tricotent au magasin (tenu par un danois) contre des denrées. « La plus grande partie de cette classe sociale possède le statut de domestique, les ouvriers avaient l’obligation de s’attacher à une exploitation agricole en une forme de servitude baptisé servage sous contrat. Il était interdit à ces domestiques soumis par leurs maîtres à une discipline de fer de se marier ou d’avoir des enfants ». Ces serfs islandais percevaient, cependant, un salaire ce qui permettait d’économiser pour s’offrir trois agneaux et un toit et en cette fin de XIXème siècle, avec l’assouplissement de la législation, de devenir paysan propriétaire et de fonder famille.

Le seul bois disponible était le bois flotté de récupération utilisé pour la construction de frêles embarcations, pour les habitations on utilisait la tourbe, faute d’arbres, qui de plus s’avérait un très bon isolant. Quelques téméraires, s’essayaient à la pêche au requin au péril de leur vie.

Nous suivrons avec un intérêt particulier, Gestur l’enfant aux trois pères que l’on retrouve en fil rouge de cette histoire mais aussi Lasi, son troisième père, paysan-menuisier-poète, les différents pasteurs dont Arni, le dernier en date, féru de musique et de chants traditionnels (on ressent l’importance des us et coutumes pour ce peuple) et sa jolie épouse Vigdis et sa non moins belle dame de compagnie Susanna. Mais on retiendra, également, ce florilège de portraits parfois sombres, parfois attendrissants des habitant de ce fjord.

Quand, en ces premières années du XXème siècle, les norvégiens débarquent de nouveau et décident de construire une usine de salage de harengs dans le Segulfjördur, promesse d’un futur prometteur ou simple invasion ? Toutes les tranquilles habitudes s’en trouvent ébranlées.

En conclusion, le livre d’Hallgrimur Helgason nous aide à mieux comprendre le caractère des islandais fiers de leur nation, de leurs traditions, résilients, résistants. Ce récit du quotidien de la population microcosmique du fjord de Segulfjördur à l’entre-deux siècles nous émeut sous la plume éclairée de l’auteur.

Merci aux Editions Gallimard pour cette belle découverte.

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La femme à 1000°

Elle a beau vivre dans un garage, abandonnée de tous sur son lit médicalisé, rongée par la maladie, Herbjörg Maria Björnsson n'a rien perdu de sa verve, de son cynisme et du tempérament de feu qui la caractérisent. A 80 ans, celle qu'on appelle Herra, a gardé le contact avec le monde extérieur grâce à une connexion internet, mais à l'approche de la mort, l'heure est surtout à l'introspection et à l'évocation des souvenirs d'une vie intense et hors du commun, vécue à 100 à l'heure, sans souci des convenances et autres diktats sociaux, des fjords gelés d'Islande à la pampa argentine, de Paris libéré à Berlin bombardé.





Qui est Herra ? Une loque qui se traîne de son lit aux toilettes, entre deux cigarettes et une caresse à la grenade qu'elle garde toujours à portée de main, une vieille femme malade qui passe le temps en s'inventant une vie de top model sur les réseaux sociaux. Pourtant la résumer à ce qu'elle est aujourd'hui serait oublier tout ce qu'elle a été : la fille chérie d'une femme dure à la tâche qui a vécu selon son coeur, la petite-fille du premier président islandais, la fille du seul islandais à avoir épousé les théories du Führer, une petite fille seule pendant la guerre et qui a traversé l'Europe à feu et à sang, une femme libre qui s'est mariée trois fois, a eu trois fils de trois pères différents, une adolescente violée, prostituée de force, une amoureuse battue par un pêcheur alcoolique, celle qui failli hériter d'une vaste propriété en Argentine, celle qui a connu l'amour, le vrai même s'il n'a duré qu'une nuit, celle qui a refusé de végéter dans une maison de retraite, celle qui a survécu à la guerre, à la honte, à l'amour, au froid et même à la crise, celle dont le corps flambera dans les 1000° du four crématoire le 14 décembre, son dernier jour sur terre. Herra, c'est la liberté, la soif de vivre ! Herra, c'est l'Islande, petite île loin de tout, qui s'est relevée de tous les outrages, de la domination danoise à la deuxième guerre mondiale, de la mondialisation à la crise financière, grâce, sans doute à un tempérament de feu et de glace.

Avec cette ambitieuse saga qui mêle l'histoire d'une femme à celle de son pays et de l'Europe tout entière, Hallgrimur HELGASON signe un roman fabuleux dans une langue parfois lyrique, parfois crue, mais toujours juste et emmène son lecteur dans une épopée flamboyante construite comme un de ces mythes si chers aux islandais. Un livre dans lequel il faut se laisser embarquer à 1000 à l'heure pour 1000° de plaisir, entre cynisme et larmes, bonheur et tragédie.
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La femme à 1000°

La vie de Herbjörg María Björnsson dite Herra méritait bien un roman. Née sur une île lointaine d’Islande fouettée par la mer, elle n’a cependant jamais eu à subir l’érosion de l’océan, n’ayant jamais cessé de porter la liberté comme un étendard.



Si elle a partagé la vie aux côtés de nombreux hommes et de nombreuses cigarettes, elle doit désormais composer avec l’emphysème, les rhumatismes et un cancer. Et c’est certainement la perspective de la mort qui conduit cette femme de quatre-vingt ans au tempérament bien trempé à raviver sa mémoire pour retracer une vie brûlée par les deux bouts, une trajectoire sinueuse sans concession, sans scrupule entre la rude campagne islandaise et les voluptés parisiennes, des dorures du palais présidentiel de Reykjavik à la pampa poussiéreuse d’Argentine.

Les premiers souvenirs jaillissent en un flot d’impulsions et d’images désordonnées, laissant l’impression d’un récit éclaté n’obéissant à aucune trame linéaire, comme marqué de l’empreinte d’une femme qui aurait vécu sept vies traversées comme un défi. Témoin de la guerre et de la bêtise des hommes dés l’enfance, elle a appris à regarder le monde avec une lucidité décalée. Le ton est enjoué, la parole fait preuve d’une spontanéité cinglante et légère sous forme d’expressions revisitées ou de pirouettes littéraires. Il faut reconnaître aussi qu’au crépuscule de la vie, on s’embarrasse moins des convenances et des susceptibilités, on aspire à dire l’essentiel qu’on a tu parfois pendant toute une vie.

Une fois les grandes lignes de cette biographie reconstituées, ce roman se lit comme une aventure enthousiasmante.

Mais l’écriture s’assouplit et la trame devient plus classique lorsque le goût immodéré pour l’aventure ne parvient pas à cacher un regard mélancolique, un cœur lourd et des blessures intimes. Le ton se fait alors plus grave. L’indépendance farouche et le féminisme revendiqué se fendent, les mots se font plus tendres à l’évocation d’un père aveuglé dont le cœur résidait toute sa vie durant entre les mains de Herra sous la forme d’une grenade. Sans oublier le chaos de la guerre qui a dépouillé la petite fille de ses rêves.





Même si cette biographie est une œuvre de fiction, elle raconte avec une lucidité amusée l’Histoire au point de se révéler parfois bouleversante. C’est l’histoire d’un pays d’îles baignées par le soleil et frappées par le vent, de poésie et de silence souvent ignoré, c’est l’histoire d’une guerre, de guerres pendant la Guerre…

Mais ce qui imprime la mémoire du lecteur avant tout : c'est de voir comment une femme en fin de vie peut vous communiquer une folle envie de vivre avec légèreté et sincérité.

Bref, malgré un sens de la narration parfois aléatoire mais accompagné de touches d'humour irrévérencieuses et jouissives, Hallgrimur Helgason est un auteur à suivre. On a le sentiment en refermant le livre d’avoir touché du bout du doigt une authenticité peu commune. Merci à Babélio et aux Editions Presse de la Cité de mettre en lumière de tels auteurs.



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La femme à 1000°

Herbjörg Maria Björnsson est une Islandaise en fin de vie. Elle passe le restant de ses jours dans un lit avec pour seul compagnon un ordinateur qui lui ouvre une fenêtre sur le monde. Son logement, un garage glacial, sa seule compagne une grenade de la seconde guerre mondiale. Et dans ces jours qui précèdent la fin de son existence, cancéreuse perdant de plus en plus l'usage de son corps, elle se remémore les heures d'une vie bouleversée par des épisodes souvent terribles et cruels.

Ce roman Hallgrimur Helgason est très sombre, à l'image de l'Islande telle qu'il la décrit. Je pensais en choisissant ce livre, y trouver une histoire qui aurait pu rappeler ,"Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire". Mais l'histoire de Herra est à 1000 lieues du roman de Jonas Jonasson. Ce roman, écrit en cours chapitres, ce qui donnent plus d''intensité à ce livre de plus de six cents pages, nous fait suivre la vie d'une jeune Islandaise depuis la montée du nazisme jusqu'à l'après guerre. La traversée d'une époque, qui a tant inspiré d'histoires, est racontée par Herra à l'aide de flash-back parfois désordonnés, reflétant bien l'usure de cette vieille femme mais qui peuvent déstabiliser le lecteur.

Une fois refermé, ce livre vous poursuivra longtemps après et la noiceur ne s'effacera pas d'un coup de gomme. La femme à 1000° fait partie de ces livres qui vous laisse un sentiment indéfinissable, la trace d'un grand roman.
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La femme à 1000°

OUF ! C’est avec un immense soupir de soulagement que je referme ce livre foisonnant, où une extravagante vieille femme islandaise a raconté ses vies multiples. Elle termine sa vie dans un garage, abandonnée de ses enfants qu’elle n’a jamais vraiment aimés, ou pas bien, en tout cas. Son état physique est déplorable : « J’ai le pancréas asséché, les côtes rouillées, le cœur qui fuit. Mes poumons sont des matelas à air rabougris qu’on ne peut regonfler ; je me suis mise à respirer par les oreilles. »

Mais je peux vous assurer que sa causticité, son ironie mordante, sont encore bien entières : « La tragique conclusion de la vie est la suivante : on ne peut obtenir le bonheur par les autres, mais au contraire en se maintenant loin d’eux. C’est pourquoi je me sens si bien ici, au garage. »



Et c’est parti pour le récit (non chronologique) de toute une vie mouvementée, trimballée d’un coin à l’autre du globe, de l’Islande natale à l’Argentine, en passant par l’Allemagne, la Pologne, la France, le Danemark...Une vie où son destin de femme a été maintes fois mis à mal, torturé, violé. D’ailleurs, une femme ne lui avait-elle pas donné ce conseil avant de mourir : « Promets-moi de ne pas devenir une femme. Les femmes ont la vie dure. Sois juste humaine. Pas une femme. »

Elle qui a connu des tas d’hommes, qui les quittait en leur commandant un taxi, qui en a été enceinte, qui a été battue et adulée, elle n’a du genre masculin qu’une piètre image : « Un homme ne tire jamais sur une femme à moins qu’elle ne soit désarmée. »

C’est vous dire son état d’esprit !



Née en 1929 et n’ayant connu son père qu’à l’âge de 7 ans, elle traverse la seconde guerre mondiale d’une manière chaotique, en étant séparée de ses parents, en traversant le Danemark, l’Allemagne et la Pologne de part en part, accrochée à des êtres de passage qui lui veulent du bien ou du mal. Elle a fréquenté le nazisme de très près, et en a été victime. Son esprit, pourtant, n’en a pas perdu de sa raillerie, en parlant d’Hitler : « Pourquoi cet homme a-t-il besoin de diriger autant de pays ? Pourquoi ne prend-il pas le train s’il veut découvrir de nouveaux paysages ? »

Son point de vue sur le monde est bien noir :

« L’homme est par nature une fourmi et préférera toujours être passager sur la roue du destin plutôt que décider de sa destination. Et lorsqu’il est question de destin, la guerre est des plus radicales. C’est pourquoi on se sent si bien en temps de guerre : on retrouve en nous la paix intérieure. »

Mais son grand-père a été gouverneur, puis président d’Islande, elle connait donc aussi les ors et la gloire.

Une vie de contrastes, où elle a été transportée du bas vers le haut, puis est retombée les genoux dans la fange, pour ensuite se relever par la force de son caractère et son humour sarcastique, ravageur.



J’ai aimé ce roman, je me suis réjouie des nombreux traits d’esprit et du style très imagé et provocateur, mais à la longue, la ribambelle de personnages – de fiction et réels – et leurs histoires souvent abracadabrantes, le ton continuellement railleur, même pour parler de ses enfants (à une exception près, bouleversante), m’ont rendu ce pavé assez indigeste.

Ceci n’est que mon avis, car je préfère les romans plus intimistes. Ne vous fiez donc pas à mon ressenti. Je suis une femme, l’auteur est un homme. Sa narratrice est une femme qui aurait voulu être un homme.



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Le grand ménage du tueur à gages

Tomislav Boksic a tué. C'était la guerre, il était croate, il défendait la terre de ses ancêtres. De retour à la vie civile, exilé à New-York, il a continué à tuer. Tueur à gages pour le compte de la mafia croate, il a descendu 65 cibles sans trop d'états d'âme. Surnommé Toxic par ses amis, il était plutôt fier de son palmarès, se vantant même de faire mouche à chaque tir. La tuile est arrivée avec sa 66è victime, un agent du FBI dont il a abandonné le corps dans une décharge, mettant en rogne la célèbre organisation policière. Grillé auprès de ses employeurs, traqué par toutes les polices du pays, Toxic a préféré fuir au plus vite. A l'aéroport, la providence met sur son chemin le père Friendly, un prêtre baptiste qui s'apprête à partir pour l'Islande. Le tueur en fait sa 67è victime, lui vole ses papiers et son billet d'avion. Sur place, il est accueilli à bras ouverts par un couple qui anime une chaîne de télévision évangéliste. Après ses années new-yorkaise, l'Islande lui semble bien calme, pays sans armée, sans flingues, sans délinquance. Le printemps réfrigérant, les patronymes imprononçables, la capitale minuscule et ses hôtes très croyants, tant de choses auxquelles Toxic doit s'adapter, mais largement compensées par les beautés blondes qui peuplent le pays. La vie pourrait être un long fleuve tranquille, bercée par le ronronnement des 4X4 et des saintes prières, mais l'usurpation finit par être découverte; à New-York, sa petite amie est assassinée, Toxic perd pied...





On savait après La femme à 1000° qu'Hallgrimur HELGASON était doué pour inventer des personnages hauts en couleurs. Tomislav Boksic ne va ternir son image d'auteur déjanté qui sait comme personne embarquer ses héros dans des histoires rocambolesques. Les tribulations d'un tueur croate dans les rues désertes de Reykjavic sont des plus réjouissantes ! Il faut dire que l'homme ne manque pas d'humour, surtout quand il adapte à sa sauce les prénoms de ses nouveaux amis. Gundmundur devient God-mon-dur, Sigridur est Chic-ridicule, Gunnfinna est Gun-fait-main.

Si dans un premier temps, le ton est enlevé, les situations cocasses, HELGASON opère un virage quand le passé meurtrier de son héros est découvert. Vient alors le temps de la repentance, ses pieux amis, loin de l'abandonner, décidant de le remettre dans le droit chemin de l'amour de Dieu et des hommes. Le mafieux fier de ses exploits et un peu m'as-tu-vu dévoile ses failles et commence à s'interroger sur ses actes. L'humour reste présent mais le roman s'essouffle un peu et sombre dans le ''n'importe quoi'', heureusement HELGASON se reprend de justesse pour nous concocter un final aux petits oignons.

Roman de pure détente avant tout délirant, on pourra tout de même y trouver un peu de profondeur avec des réflexions sur la guerre, le bien et le mal, le pardon, la seconde chance, Dieu, etc. A lire aussi pour l'auto-dérision dont fait preuve l'auteur sur une société islandaise, lisse et aseptisée.
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La femme à 1000°

La vieille Herra, le corps épuisé par un cancer, mais la tête qui fonctionne à cent à l’heure, attend la mort et la crémation à 1000°.

A près de quatre-vingt ans, elle vit seule dans un garage avec pour seule compagnie un ordinateur, des cigarettes et une grenade datant de la seconde guerre mondiale.

Elle s’est créé différents profils sur Facebook et communique avec le monde entier en se faisant passer pour une jeune et belle femme.

Lorsqu’elle laisse son esprit vagabonder, c’est toute une vie qui refait surface, son enfance, la guerre, ses maris, ses enfants, son quotidien solitaire dans son garage et l’on comprend peu à peu comment elle est devenue cette vieille femme aigrie.

Dès le début, cette femme m’est apparue comme terriblement antipathique, mais au fil des pages, je lui ai trouvé un côté attendrissant et peu à peu je me suis attachée à elle.

Tour à tour inventive, irrévérencieuse et surprenante, cette biographie d’un personnage qui a réellement existé, petite fille du premier président d’Islande se lit souvent le sourire aux lèvres.

Certains passages sont dignes des héros les plus truculents d’Arto Paasilina.



La femme à 1000° est une dure à cuire !



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La femme à 1000°

Herbjorg Maria Bjornsson est une femme de 80 ans, à l'agonie (quoique ça fasse déjà 18 ans qu'elle est en fin de vie d'après les médecins !) , vivant dans un garage avec pour compagnons une connexion à Internet et une vieille grenade datant de la guerre.

A travers de très courts chapitres, elle nous raconte ses souvenirs, tels qu'ils lui reviennent en mémoire, dans un joyeux désordre.

Elle nous parle de l'Islande, de la vie de sa mère et de sa grand-mère, de ses enfants ingrats qui ne viennent jamais la voir, de ses maris (toute une succession de Jon!), de ses amants, de son grand-père qui a été le premier président d'Islande, de son père, l'unique nazi islandais, de ses amis perdus, de ses péripéties à travers l'Allemagne, la France ou l'Argentine...

Pendant les 200 premières pages, les souvenirs arrivent un peu en vrac, et il n'est pas toujours simple de s'y repérer, les personnages s'enchaînant les uns après les autres, sans aucun respect de la chronologie. Ensuite, Herbjorg, Herra pour les intimes, s'attache plus particulièrement à ses souvenirs datant de la guerre et là, le récit devient plus fluide.

L'auteur manie le cynisme et la dérision comme un maître mais cet humour noir ne plaira peut-être pas à tous, car certaines phrases pourraient choquer, pour exemple : « Moi, je porte la pâleur de la traîtrise et je patiente, verdissante, perruque grise sur tunique blanc linceul. Comme un juif durant une panne de gaz ».

J'ai dévoré ce roman original où le sarcasme pointe son nez à chaque phrase. Cette mamie très peu orthodoxe m'a émue malgré son apparente froideur et son regard désabusé sur le monde. Le titre fait référence à la température à laquelle brûlent les cadavres dans un crématorium, et c'est ce que notre héroïne souhaite après son décès.

Un grand merci à Babelio et aux éditions Presses de la Cité pour cette découverte, dans la cadre de l'opération « Masse critique ».
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Soixante kilos de soleil

Islande. Lorsque Eilífur et son petit garçon Gestur rentrent chez eux, c’est un drame qu’ils vont découvrir. Leur maison a été ensevelie sous la glace, et sa femme et sa fille sont décédées. Pour Eilífur va alors commencer un long deuil mais également un long combat pour offrir le meilleur à Gestur.



C’est un tout petit résumé que je vous livre ici à dessein, tant le roman est dense et empli d’événements. Je peux juste vous dire que nous suivront principalement Gestur dans ce roman d’apprentissage. J’ai vraiment beaucoup aimé ce roman dépaysant, permettant au lecteur d’avoir une véritable vue d’ensemble sur l’Islande.



L’auteur va donc ainsi nous parler des traditions mais également du caractère des islandais. J’ai trouvé cela très intéressant, et les passages parlant du pays s’emmêlent parfaitement à ceux parlant des personnages forts et hauts en couleur qu’a su créer l’auteur.



Le petit Gestur va devoir apprendre à se construire, suite à un énorme drame survenant dans sa famille. Il va devoir s’adapter à plusieurs nouvelles situations, et je l’ai trouvé empli de courage.



La plume de l’auteur est très fluide. J’ai beaucoup aimé suivre les aventures des divers personnages, mais également les références à l’Islande, que j’ai trouvées très intéressantes. Ce roman est assez dense, et pourtant, les pages défilent rapidement.



Un roman qui attrape son lecteur dès les premières pages, et qui lui offre une multitude de détails qui le dépayseront. Une réussite.
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La femme à 1000°

« En Islande, l’est une vieille, oui ! En Islande, l’est une vieille, oui ! Agée de quatre-vingt-dix ans et ran plan plan la vieille, âgée de quatre-vingt-dix ans et ran plan plan ! »



Coincée dans son lit, atteinte d’un cancer du poumon, Herra déroule le fil de sa vie en attendant la mort et c’est l’occasion pour nous de rencontrer une personnalité hors du commun et l’histoire d’un pays qui nous est moins familier.

J’ai découvert ce roman grâce à Masse critique (merci à Babelio et aux éditions Presses de la cité) et j’avais hâte de le lire, la troisième de couverture étant alléchante : «roman inclassable et truculent (…) alterne humour, cynisme, tendresse, absurde, poésie, noirceur (…)» Tout y est effectivement réuni. Herra ne mâche pas ses mots, elle peut être acerbe, directe, à la limite écœurante et puis, tout miel, elle nous envoûte en racontant son enfance. Elle est d’une franchise à toute épreuve et n’hésite pas à critiquer ses contemporains. Féministe convaincue, elle a peu d’égard pour les hommes en général et pour les femmes qui se laissent marcher sur les pieds. Elle ne trouve sa place nulle part et indépendante d’esprit, elle n’hésite pas à prendre le contrôle de sa vie quitte à faire des dégâts chez ses proches. Ses pires craintes ? Se fondre dans la masse et mourir d’ennui.

Son parcours nous permet de découvrir l’Islande de la seconde guerre mondiale – son père prenant fait et cause pour le nazisme. Une période qui a beaucoup d’importance pour elle qui en a gardé une compagne fidèle : une vieille grenade qui lui sert de doudou. Quel personnage que cette Herra !



Si j’ai un reproche à faire à ce roman, il concerne la structure du récit. Découpé en fins chapitres, il m’a semblé trop haché et un peu décousu. Il m’a manqué un souffle qui aurait dû m’emporter au fil des pages. Je me suis parfois ennuyée à la lecture de ses souvenirs et la redondance de certains détails nuit à la fluidité du récit. Les parties que j’ai trouvées les plus convaincantes concernent son présent.

Cela n’empêche que j’ai été captivé par Herra, cette petite vieille qui n’a pas sa langue dans sa poche. C’est croustillant et souvent drôle – si on aime l’humour noir bien sûr.



«La morale de cette histoire, oui ! La morale de cette histoire, oui ! C’est qu’il faut oser vivre et ran plan plan la vieille, c’est qu’il faut oser vivre et ran plan plan !»
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La femme à 1000°

Herra va bientôt mourir, ce n’est qu’une question de jours. Et puis elle en a marre, tellement marre qu’elle a d’ailleurs pris rendez-vous avec le crématorium local pour son incinération, bien décidée à choisir le jour exact de sa mort. Terrée dans son garage avec pour seule compagne une grenade explosive, son unique lien avec le monde extérieur se résume à son ordinateur où elle mène une cyber vie remplie, et ses deux aides à domicile. Herra est légèrement acariâtre, conchie ses enfants dont elle s’est un peu occupée, a beaucoup voyagé, rencontré pas mal d’hommes, vécut nombre de bouleversements politiques, la Seconde guerre mondiale figurant en tête.



Petit bout de femme islandaise, Herra se remémore son passé : son enfance sur une île reculée, sa mère, femme-courage, son père, seul Islandais nazi officiellement connu qui a combattu aux côtés des Allemands, son grand-père, premier président de la jeune république d’Islande, les hommes de sa vie. Tout y passe dans un joyeux chaos littéraire, tout sens dessus-dessous et c’est assez jubilatoire. Vieille femme aigrie, Herra n’épargne personne. Sa vie n’a été qu’un perpétuel combat de chaque instant. Refugiée sous les bombes alliées, perdue en pleine campagne polonaise, violée, maltraitée, elle connaîtra pourtant l’amour, l’amitié, la trahison, l’abandon, mue par un instinct de survie merveilleux et cette volonté de fer qui lui feront croquer la vie à pleines dents, parfois au péril de sa vie. Elle aimera et détestera avec la force et la fougue d’une furie farouchement éprise de liberté.



Hallgrimur Helgason nous livre le portrait d’une femme en marge de son époque, foncièrement cynique, profondément attachante qui tire le bilan de sa longue vie sur terre, sans jamais regretter aucun de ses actes, aucun de ses choix. Sereine face à sa mort imminente, elle balaye de son regard acéré le monde d’hier et d’aujourd’hui, avec une morgue jubilatoire. Hallgrimur Helgason a une plume percutante et offre à travers son personnage des bijoux d’humour noir et de cynisme, de véritables perles littéraires. Sa prose est un coup de poing constant qui surprend, terrasse, fait rire, ne laisse pas indemne. Je pourrais dresser une liste infinie des phrases qui m’ont assommée, et le pire c’est que j’en redemande. Vieillesse, décrépitude, abandon, politique politicienne, écologie, économie, avenir de l’Islande, de l’Europe, du monde, tout y passe. La femme à 1000° est une réussite à tout point de vue, un roman sensible et intelligent. Impossible de ressortir intact de ce type de lecture mais à quoi servirait la littérature sinon. En résumé, ne passez pas à côté d’Herra.
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La femme à 1000°

Quel destin incroyable que celui de Herbjörg Maria Björnsson ! Celle que Hallgrimur Helgason (l'auteur) a surnommé La femme à 1000° n'a pas volé sa réputation : aujourd'hui, à l'aube de sa vie, celle qu'on appelle aussi Herra, vit dans un garage avec pour simples effets, un ordinateur portable relié à Internet, une grenade de la seconde guerre mondiale héritée de son père, deux cartouches de clopes et... ses souvenirs... Et quels souvenirs ! Cette islandaise au caractère chaud comme la braise et au destin hors du commun émeut, fascine et intrigue à la fois. Accompagnée dans ses vieux jours de son "coeur d'acier" et son cancer, elle témoignage du loin de ses 80 hivers, d'une vie bien remplie. Orpheline de père pendant 7 ans dès son plus jeune âge, puis abandonnée et violée, la "femme aux cent hommes" revient sans détours sur une vie faite d'errances, de choix tortueux et d'épreuves. En somme une vie riche de tout et de... rien. Comme elle le dit elle-même : "Il faut toute une vie pour comprendre la vie. Nous sommes perdus au présent, à peine plus sages quand l'existence a passé." (p. 136). A lire cette maxime, on devine bien le personnage qu'a été ce surprenant bout de femme. A l'image de l'Islande sauvage et insoumise, Herbjörg a écrit son histoire dans la lave, le feu et la tempête, car il n'est pas d'anecdotes invraisemblables à laquelle l'héroïne de ce livre n'ait apporté sa touche personnelle tragique, absurde ou drôle. Tour à tour amante, sorcière, meurtrière, nazie, fille des bois, vagabonde, clandestine, femme fatale ou bafouée, mère délaissée ou orpheline, grande dame ou prostituée, ce n'est pas sans une pointe d'ironie et un brin de fatalité que "La femme à 1000°" résume son histoire : "A vrai dire, mon existence était devenue fiction alors qu'ici se déroulait l'Histoire. La mienne, d'histoire, était une page d'une épopée plus importante. Ma vie n'était que papier épuisé sur lequel, le temps versait diverses et diaboliques aventures, formant un tome indigeste de récits extraordinaires dont le seul point commun était moi, et moi seule, qui n'était pas sans évoquer un livre de comptes : un millier de factures pour un millier d'aventures. Depuis, bien longtemps j'avais cessé de vivre ma vie, me contentant de la lire comme un livre. "Et après?" Seul le Dieu du souci savait quel type d'héroïne ressortirait de cette création. S'il avait pris une photo de moi à la fin de la guerre, ce n'aurait pas été une photographie en noir et blanc d'une jeune fille de seize ans aux cheveux bouclés, mais plutôt un portrait cubiste de Picasso d'une poissonnière bretonne au visage découpé en centaines de carrés." (p. 419).



Ce roman est véritablement une bombe à retardement. Lorsque l'on ouvre le livre, on ne s'attend pas à découvrir une histoire aussi folle et un destin aussi tortueux. Et puis, au fur et à mesure que l'on tourne les pages, on est pris par le tourbillon de l'histoire. Une histoire qui touche aux tripes. Qui évoque ces destinées incroyables tissées par John Irving (cf. Une prière pour Owen ou encore Hotel New Hampshire) ou Cent ans de solitude de Gabriel Garcia Marquez. Mais en plus poétique, en plus trash, en plus viscéral, en plus beau, en plus triste encore. Et cela tombe bien que l'ouvrage fasse plus de 600 pages car on s'attache à La femme à 1000° et on du mal à lâcher son histoire avant d'avoir parcouru les dernières pages de ses aventures hors du commun. Et moi qui ai toujours eu envie de découvrir l'Islande, me voilà servi : grâce à ce roman, mes envies d'escapades au pays des volcans et des geysers n'a jamais été autant justifié. Les personnages composés au couteau m'ont littéralement fasciné tout comme l'histoire politique de l'Islande que l'on connait finalement très peu (cf. rôle de l'Islande dans la seconde guerre mondiale). Avec ce deuxième roman traduit de l'islandais, Hallgrimur Helgason propose assurément un récit percutant, touchant, drôle et tragique qui mériterait de remporter le Grand Prix de Littérature du Conseil Nordique. Voilà donc un roman à découvrir de toute urgence ! Un grand coup de coeur et pour moi un nouvel auteur à suivre !



Enfin, je tiens à remercier Babelio et Les Presses de la Cité de m'avoir permis de découvrir cette formidable épopée dans le cadre de la dernière opération Masse critique. Sans cela, je serais véritablement passé à côté d'un livre coup de poing ! Et puis quel meilleur cadeau que ce livre dont la parution officielle est justement prévu le jour de mon anniversaire (22/08/2013) ?
Lien : http://embuscades-alcapone.b..
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La femme à 1000°

Herbjörg María Björnsso se meurt d'un cancer dans le garage où elle habite. A quatre-vingt ans, elle se remémore sa vie entre Islande, Allemagne en guerre et Argentine. Une vie à cent à l'heure, une vie terriblement dure mais sans compromis et surtout sans illusions.



En recevant ce roman, de part la couverture et le résumé, j'ai eu un peu peur d'avoir affaire à unes sorte de longue farce à l'humour un peu trop branché. Ce n'est pas que je déteste le genre, mais ça me lasse vite. Alors plus de 600 pages... Mais j'ai vite eu la bonne surprise de voir que ce roman est bien plus que ça même s'il ne manque pas d'humour. J'y ai trouvé une véritable richesse et profondeur.

L'écriture est par moment très poétique. Après plusieurs pages de noirceur, l'auteur arrive à créer des images poétiques de pure beauté. Et puis il y a l'humour, un humour souvent corrosif, parfois lyrique et toujours profond. Un humour qui contredit l'extrême noirceur de bien des chapitres.



Ce roman est foncièrement humaniste. Il y a l'absurdité de la guerre, la difficulté des choix et de leurs conséquences, la condition de la femme. Je crois n'avoir jamais lu un roman aussi féminin écrit par un homme.



On s'y interroge sur le sens de la vie, entre modernité des grandes villes et la vie autrefois sur les îles islandaises, sur ce qui fait le sel de la vie.



Et on finit par connaître l'Islande comme si on y avait vécu. Même si l'auteur peut être très virulent sur son pays.



La forme du roman, sous forme de courts chapitres et de va-et-vient entre les époques, évoque parfaitement les divagations de la vieille dame au fil de ses souvenirs et met du relief dans la lecture.



Une très belle découverte pour laquelle je remercie les éditions Presses de la Cité et Babelio pour son opération masse critique.
Lien : http://mumuzbooks.blogspot.f..
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Le grand ménage du tueur à gages

Dans la foulée de récentes parutions mettant à l'honneur le polar scandinave loufoque et déjanté ( dont le récent

Vieux, râleur et suicidaire – La vie selon Ove de Frederick Bakman chroniqué ici même) ce polar islandais d' Hallgrimur HELGASON ( un auteur que je ne connaissais pas) est tout aussi décapant en mettant en prise des personnages bigger than life avec notamment ce personnage principal, ce tueur croate obligé de fuir les USA pour aller s'enfermer dans les rues désertes de Reykjavic offre des situations et des dialogues assez percutantes.



Sur une trame assez classique (qui pourrait rappeller Malavita de Tonino Benacquista), ce grand ménage du tueur à gages vire parfois un peu trop au n'importe quoi, mais sa critique d'une société islandaise un peu trop sage vaut le détour!!
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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La femme à 1000°

Merci à Babelio et son opération Masse Critique pour ce livre.



La femme à 1000° c’est cette islandaise qui, proche de sa mort, déballe sa vie, notamment durant la seconde guerre mondiale. C’est aussi son présent, où, très présente sur les réseaux sociaux, elle profite de l’anonymat pour échanger avec des hommes à travers le monde.



La construction du récit est donc simple : on passe de 2009 à 1940 à 1945 à 2009, etc. Les aller-retours n’arrêtent pas, et j’avoue que pendant une bonne partie du livre, j’ai surtout eu l’impression d’un grand fouillis. Il restait "heureusement" quelques centaines de pages derrière pour rattraper le wagon. Ce que je n’ai pas fait.



J’aime la littérature nordique (soit Danemark, Finlande, Islande, Norvège et Suède). Mais là, je n’ai rien ressenti de nordique, d’islandais, de "typique" comme dirait Perceval. Bon, j’avoue que ce ressenti peut paraître assez étrange et difficilement justifiable mais ça résume en fait plutôt bien ma lecture de La femme à 1000°. Je n’ai rien ressenti. Pire, je me suis ennuyé (c’est fou ce que 600 pages peuvent paraître longues…).



Pour cette fois, j’en prends l’entière responsabilité. Le style est plutôt agréable : familier (le type de familier où on sent le plaisir d’écrire tout en ne tombant pas dans la facilité), imprégné de cynisme et d’humour noir. Pile ce que j’aime. Mais, combien de fois ai-je pensé "Mais… ce chapitre ne sert à rien" ou "My godness, que ça blablate…". Le même livre moitié moins long aurait été pas mal au fond.



Les sujets abordés sont légions : sa famille (grand-papa a été le premier président d’Islande, c’est pas la classe ça ?), ses amants, ses maris, les nazis, et enfin toutes ses aventures à travers différents pays : Danemark, Allemagne,… et au-delà. Et la narratrice est ce qu’on appelle une forte personnalité (appeler le crématorium pour réserver le moment de sa propre crémation, ça n’est pas donné à tout le monde). Un livre riche, un personnage fort. Mais ça n’a pas suffi.



En bref, je ne déconseille pas ce livre. Je ne m’interdis pas, de le reprendre dans quelques années. Là, j’en retiens surtout de la frustration.



Et parce que, quand même, il y a des choses que j’assume ne pas aimer : Je trouve la couverture bien moche (la couverture, pas la femme sur la couverture hein).
Lien : http://blogameni.wordpress.c..
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Le grand ménage du tueur à gages

Tomislav Boksic alias Toxic est un tueur à gages croate sévissant à New York. Le jour où il assassine un agent du FBI (boulette !!!), il a bien sur toutes les forces de l'ordre sur le dos et même son organisation qui n'est pas super joyeuse et le prie de se faire oublier. Toxic bouleverse ses plans de rejoindre sa mère patrie et s'envole sous l'identité du Réverend Friendly (ahah la blague), un pasteur télé-évangéliste apparemment attendu en Islande (et qu'il trucide dans les toilettes, la classe). Et là commence son voyage vers le froid, la lumière, la vérité, Dieu, blablabla…



Je ne sais pas trop quoi penser de ce roman. D'un côté, le personnage de Toxic est détestable (meurtrier, vulgaire, sexiste, un peu psychopathe sur les bords) mais fait, du moins au début, un bon sujet de premier plan. Sa découverte de l'Islande, sa compréhension/interprétation des noms islandais sont très drôle. Sans parler de ses commentaires sur l'Eurovision, une véritable orgie selon lui ! Et voir un loup invité dans la bergerie est assez jouissif. Il nous parle de son passé, de son pays, de la guerre, de ses amours…et il est bien plus intéressant qu'il en a l'air.



Puis, tout part en cacahuète…il ne nettoie pas que l'appart où il se cache mais suit une véritable thérapie religieuse pour nettoyer son mental et redevenir propre, organisée par ses hôtes fana de religion, naïfs mais bien secoués du bocal aussi. Enlever le degré Toxic quoi…Mais what da f..k ? (oui moi aussi je peux être vulgaire), justement, c'était ce fond mauvais qui faisait la saveur de l'histoire ! En même temps, avec le titre, nous étions prévenus. Malgré la critique de la société islandaise, j'ai trouvé cette histoire un peu trop invraisemblable sur la fin, trop de religion et trop d'Eurovision !



Ça me fait penser à un film de super héros où les méchants sont finalement bien gentillets, pfff…Marre du politiquement correct et de la rédemption à tout va. Na !

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La femme à 1000°

La femme à 1000° prônait l'originalité de la plume de l'auteur, et de ce fait, promettait bien des choses. Malheureusement, comme vous allez le voir ci-dessous, malgré un fond d'histoire intéressant, les quelques longueurs sont venues à bout de mon plaisir.



Tout, dans l'aspect visuel de ce roman, encourageait à la lecture. La couverture est noire, ce qui rend le livre mystérieux, la photographie d'une femme âgée est originale, mais en même temps, sa posture est basique. de plus, la phrase écrite en orange vif au dos du livre pousse notre curiosité à bout. Que cache ce (gros) livre ?



J'ai été assez étonné de découvrir que les chapitres de ce livre n'excellent pas plus de 5 pages. Ce concept singulier de mettre des chapitres à courtes fréquences d'intervalles ne m'a pas gêné outre-mesure, bien au contraire. Une pause de lecture se fait plus fréquemment, une nouvelle petite "histoire" débute alors, et nous ne nous lassons pas. Bien au contraire, certaines personnes pourraient être troublées dans le rythme de leur lecture, et ces petits chapitres constitueraient alors une rupture de l'histoire... à chacun son ressenti !



La seconde chose qui a particulièrement attiré mon attention, ça a été les dates et les années, qui se suivent, se chevauchent et s'entrecroisent. Car il faut savoir qu'à la base, ce livre est une sorte d'autobiographie, mais d'un personnage fictif, qui sort tout droit de l'esprit de l'auteur. En quelques minutes, on peut très bien passé de l'année 2009 (qui constitue le présent dans ce récit), jusqu'en temps de guerre en 1940, ou avant, en 1929. Il faut s'accrocher, car ces changements brutaux de dates (et de chapitres), peuvent facilement embrouillé le lecteur.



Autre chose, qui requiert de l'attention de la part des lecteurs, c'est le vaste champ lexical des divers pays tels que l'Islande, le Dannemark ou encore l'Allemand. Hallgrimur Helgason étant d'origine islandais, il n'hésite pas à citer divers villes, qui comportent des noms particuliers (et imprononçables pour nous, pauvres français), ainsi que des mots ou phrase typiquement Allemand (ou islandais, ou danois...). Il faut connaître un minimum de coutume de ces divers pays pour ne pas se noyer dans le flot d'informations. Je salue et applaudis le talentueux traducteur Jean-Christophe Salaün, qui a accomplie un superbe boulot en retranscrivant parfaitement le récit, sans le déstructurer pour autant.



Vous l'aurez sans doute compris, ce roman fait preuve d'une grande originalité, qui ne laisse pas indifférent. Mais outre ces petits aspects extérieur du livre, la protagoniste est elle-même un personnage hors du commun. Déjà, c'est une personne âgée (très rare dans les romans), qui vit dans un garage (encore plus rare), qui se sert d'Internet quotidiennement, et qui est encore plus calée en informatique qu'une jeunette de 30 ans (ça existe ?). Ces quelques indications font de cette femme quelqu'un de singulière, mais alors, avec l'histoire de sa vie qu'elle nous narre, elle devient tout simplement exceptionnelle. Sa vie semble remplie de problèmes et d'obstacles contraignants sa progression. Néanmoins, elle arrive à tous les tourner en avantages, qui lui font aimer la vie, et la découvrir en profondeur. Elle se montre courageuse, ouverte, gentille, sociale et habile.



Surtout que ce livre se situe presque totalement en temps de guerre. Bien évidemment, si vous ne voulez pas être perdu au milieu de ce flot d'informations politiques, essayez de connaître un minimum les grandes idées des deux Guerres mondiales. Dans un décor noir, obscur et cruel, notre héroïne va vivre bien des aventures, qui n'arrivera sans doute plus jamais aux êtres d'aujourd'hui. Un roman fort intéressant, qui relate parfaitement une partie de l'histoire de l'Islande (et bien sûr, de notre héroïne).



J'avoue avoir repéré quelques longueurs qui m'ont bien embêtées. Certains chapitres, par exemple, étaient tellement futiles et inutiles, que je me demandais pourquoi l'auteur les avait ajoutés. En outre, je n'ai pas totalement accroché au style particulier de l'auteur (je ne suis sans doute pas assez habitué aux récits Islandais), et Herra, notre personnage principale, ne m'a pas attiré plus que ça. Bien que cette histoire soit sympathique à lire, je ne pense pas en garder longtemps un souvenir...



Un retour poignant en arrière, dans la mémoire d'une vieille femme unique en son genre, qui raconte sa formidable histoire.

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La femme à 1000°

Hallgrimur Helgason né en 1959 à Reykjavík (Islande), est écrivain, peintre et traducteur. Auteur d’une bonne dizaine de romans dont seul 101 Reykjavik était paru chez nous en 2002, voici son nouvel ouvrage La Femme à 1000°.

« Condamnée à vivre dans un garage avec pour seule compagnie son ordinateur portable, une provision de cigarettes et une grenade datant de la fin de la Seconde Guerre mondiale, une octogénaire islandaise atteinte d'un cancer en phase terminale revient sur sa vie en attendant la mort. Car Herra, comme on l'appelle, a beaucoup de choses à raconter. Petite-fille du premier président d'Islande, fille d'une paysanne et du seul nazi islandais avéré, elle a, au fil de son existence mouvementée, vécu la guerre et l'exil, connu beaucoup d'hommes, parfois célèbres, et vu la mort, de bien trop près. Avant de s'envoyer en l'air pour de bon, elle passe en revue son passé et celui de son pays, l'occasion pour elle de régler au passage quelques comptes. »

Le résumé du roman fourni par l’éditeur a le mérite d’être juste et surtout concis. Ce qui m’ôte une lourde charge de rédaction, car le bouquin fait 632 pages et il est bourré jusqu’à la gueule de faits et d’évènements dans lesquels il m’aurait été difficile de tailler. Et même délivré de cette part de travail, j’avoue ne pas très bien savoir par quel bout le prendre pour vous donner envie de le lire. Car il faut le lire !

Si l’octogénaire aux portes de la mort est l’héroïne du roman de Hallgrimur Helgason, son parcours dans la vie entre 1929 et 1989 est prétexte pour l’écrivain, à se pencher avec un regard critique sur l’histoire de son pays l’Islande, la Seconde Guerre Mondiale et divers autres sujets tous foisonnant d’évènements allant du comique au tragique voire à l’atroce, en passant par la poésie. Dans un tel contexte vous ne serez pas étonnés d’apprendre qu’Herra a beaucoup voyagé, de son île natale à l’Allemagne en passant par le Danemark évidemment (un petit tour au préalable par Wikipédia, rubrique Islande, me parait fort judicieux), l’Argentine, Paris, New York… Elle connaitra le luxe, la misère, les viols, les hommes dès son plus jeune âge. Ses enfants l’abandonneront, elle croisera des gens connus tels John Lennon ou Jean-Paul Sartre.

J’ai parlé de foisonnement mais ce Hallgrimur Helgason est un véritable volcan islandais en pleine activité. Ca prose explose, sa narration déborde à gros bouillons comme la lave d’un cratère, les noms des lieux ou des personnages aux consonances locales difficiles à mémoriser vous enfument et vous asphyxient. L’écrivain fait dans la démesure, ce qui n’interdit pas les scènes intimistes, l’inventivité du scénario laisse pantois. On passe de l’atroce à l’humour noir, car cette Herra au caractère bien trempé, ne manque pas de lucidité et si le corps est presque au bout du rouleau, son esprit n’a pas rendu les armes. Quelque part dans le roman, il est dit que l’une des caractéristiques des Islandais c’est leur silence ; à l’oral c’est peut-être vrai, mais je le déments catégoriquement pour l’écrit !

Un très gros livre fait de très petits chapitres, chacun renvoyant à une époque sans continuité chronologique. L’écriture surprend car le lecteur croisera souvent des mots inventés, des phrases qui claquent comme des sentences. Si vous êtes comme moi, du genre à souligner des passages dans les livres, armez-vous d’un crayon neuf. Quant au titre de l’ouvrage il est à prendre dans un double sens, quand on se fait incinérer « la température du four grimpe à mille degrés » mais Herra la mourante avoue aussi que « l’amour se mesure en degrés, pas en minutes ». Eros et Thanatos une fois encore réunis.

Je sors de la lecture de ce roman complètement épuisé. Parce qu’il est gros, parce qu’il déborde de tout et partout, parce que j’ai ri de scènes mémorables, parce que j’ai blêmi devant des horreurs physiques ou morales. Bien entendu j’en conseille la lecture, mais attention ne le prenez pas à la légère, ce n’est pas un best-seller pour la plage, il sait faire mal.

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La femme à 1000°

Une vieille femme islandaise atteinte de multiples cancers vit sur un lit d’hôpital dans un garage…..un début pas banal.Cette vieille femme sait que le « Fermier qui est là-haut va l’appeler ». Elle nous raconte quatre-vingt ans de vie! Nous sommes en 2009, une mamie qui de temps en temps est lumineuse, pleine de vivacité, d’humour décapant, iconoclaste, pleine de bon sens, et parfois, et même un peu trop souvent casse-pieds… elle radote, mais n’a pas perdu la mémoire, revient à plusieurs reprises sur les mêmes faits, nous embrouille quelquefois.

Une mamie qui connu une vie pas banale, petite fille du premier président islandais, fille du seul nazi islandais, engagé dans les Waffen SS. Une mamie parfois libidineuse dont de multiples hommes croisèrent sa vie, viols, amours de passage, 4 gosses, dont 3 garçons en 10 ans de trois pères. Elle a vécu plusieurs vies, a connu des événements majeurs, l’Islande sous domination danoise, la Seconde Guerre mondiale, l’Allemagne nazie, la création de la République d’Islande, l’exil en Amérique du Sud…

Une mamie qui a souvent une grande lucidité et le don de rire et de nous faire sourire, jaune parfois, y compris avec ses cancers, ses soucis divers liés à sa santé. Une mamie qui dissertera avec philosophie et philosophie sur les hommes, les femmes, la vieillesse, la maladie, l’amour, la vie de couple, les enfants, l’argent, le pouvoir, la Vie… Elle ne se plaint jamais. Elle vit dans ce garage, car ses fils ont vendu sa maison et gardé pour eux l’argent de la vente. Une mamie très branchée, son seul bonheur c’est son ordinateur, Internet et ses nombreux profils sur Facebook.

Une mamie exceptionnelle, dans tous les sens du terme, et unique dans son genre.

Elle connut mille vies qui refont surface par petits bouts dans des chapitres courts, de moins de cinq, six pages, des souvenirs de quelques minutes ou d’une période.

Des souvenirs qui arrivent sans aucun ordre, qui se chevauchent, s’entrecroisent, se suivent parfois…Heureusement l’auteur nous en précise la date, depuis son enfance dans les années 30 jusqu’à 2009, période du roman. Ses souvenirs de vie de gamine, de fille, de mère, de femme, amoureuse, déçue, un peu pute parfois et ses souvenirs de vies au cours desquelles elle observa ou participa à des faits historique qu’elle nous fait partager, vie de son père SS, occupation de pays et débâcle, intronisation de son grand-père premier président islandais, indépendance de l’Islande…Grands événements entrecoupés du fait de la juxtaposition des chapitres par des événements personnels ou familiaux, des d’amours déçus, des viols, des enfants.

Un roman pas banal, très documenté sur certains points, qui m’a beaucoup appris sur l’Islande, un pays qui me fascine, qui m’a fait sourire, un roman qui m’a énervé parfois… mais une fin pas banale, un doigt explosive.
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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