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3.22/5 (sur 46 notes)

Nationalité : Norvège
Né(e) à : Haugesund (Finnmark) , le 28/11/1969
Biographie :

Hanne Orstavik est une écrivaine norvégienne.

Considérée comme l'une des figures incontournables de la littérature norvégienne d'’aujourd’hui, elle a déjà publié neuf romans. Elle a également traduit en norvégien un roman de Leslie Kaplan.

En 2004, son roman, La Pasteure (publié en France en 2008), a reçu le Brageprisen, la plus haute distinction littéraire en Norvège.

Source : /livres.fluctuat.net
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Payot - Marque Page - Hanne Orstavik - Sur le terrasse, dans le noir


Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
Trouver l'amour? Cette douce chaleur ondoyante qui frappe entre nous et dans nos yeux et ressort, comme lumière.
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J’ai un subit DÉSIR PORNOGRAPHIQUE, avait dit Johannes. Nous ne nous connaissions pas depuis si longtemps, c’était chez moi, nous avions fermé la porte de ma chambre parce que Sofi était à la maison, nous avions dû boire et j’avais dû commencer à tirer son pull, à défaire la ceinture de son pantalon, le lui enlever, avant que nous nous retrouvions couchés nus sur mon lit, sur le couvre-lit, il était sous moi, appuyé contre les coussins violets.
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Je regarde par la vitre pendant que le chauffeur s'occupe de la carte et du ticket. La place est comme un carré, trois de ses côtés sont bordés d'arbres, en double rangées, comme une allée. Le quatrième est orienté vers le fleuve. Au milieu, il n'y a rien. C'est du gravier, du gravier fin, comme du sable. Je récupère ma carte,ouvre la portière, sors avec ma petite valise. Reste à regarder autour de moi. La place des Quinquonces, on en parle dans le guide que j'ai lu dans l'avion . J'ai le sentiment d'être déjà venue. Le tableau que j'avais eu dans la tête, après ma précédente exposition , il y a presque deux ans , quand elle était finie. Je le vois maintenant, le lieu de ce tableau, c'est ici. Mais je ne suis jamais venue.
Dans le tableau, je sors d'une calèche, me penche, descends les deux marches. Je ne sais pas si je suis homme ou femme. Je porte des vêtements noirs, un pantalon, semble-t-il, je ne vois que cela, mes jambes, et les chaussures, en cuir noir. La calèche est un fiacre. C'est sur une grande place ouverte, avec des arbres longs de trois côtés.
Quand il s'était présenté, ce tableau avait été si envahissant. Et si fort. Il m'inquiétait. Je ne le comprenais pas, et en même temps il était parfaitement distinct. Il me voulait quelque chose, mais je n'arrivais pas à voir quoi, et depuis je n'ai cessé de le porter en moi. La lumière blanche, à moins que ce ne soit le sable clair, la luminosité est si vive, et la chaleur inhabituelle, nouvelle. Sur un côté de la place, il y a un champ rectangulaire, je le trouve du regard, on en parle aussi, dans le guide, et au bout de ce champ, il fut un temps où l'on exécutait des gens. Leur coupait la tête, ou les pendait. C'est la place des exécutions.
Je ne sais pas pourquoi elle est en longueur, cette place des exécutions. Comme s'il fallait une marche, une distance marquée, d'une extrémité à l'autre. Cela me fait penser à la piste d'élan, juste avant la ligne de saut en longueur, et au bac derrière la ligne, rempli de sable. Ou à l'allée centrale d'une église, au fait de la remonter quand tout le monde se lève des bancs et reste à côté, à regarder.
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Et quand nous sommes couchés l'un à côté de l'autre dans le lit, c'est lui qui est raide. Il ne veut pas me toucher, ne veut pas me regarder dans les yeux, me regarder. Il tient sa verge comme un petit poisson entre ses doigts et la secoue un peu de haut en bas jusqu'à ce que perlent les gouttes blanches. Souvent cela ne gicle presque pas, point de jet vigoureux qui jaillit jusqu'au ventre, plutôt une avancée muette, une espèce de résignation, une espèce de chagrin, comme si la bite pleurait.
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Elle chuchote presque.
Il sourit encore. C'est un homme pour moi. Elle sent dans son corps que c'est vrai, un instinct physique. Elle peut faire confiance à son corps.
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Par la suite, je vais comprendre qu’il y a tant que je ne
vois pas. En lui. Je crois tout voir, cette première fois là.
Mais finalement ce n’est pas ainsi, c’est différent.
Que vois- je ? Le sans-défense. Il n’a pas nettoyé ses
lunettes, elles sont poussiéreuses et tachées, son pull est
taché, il n’est pas rasé, comme s’il avait passé plusieurs
jours en montagne et était venu directement me
chercher.
Son appartement n’était pas en désordre, il semblait
plutôt indéterminé, m’étais- je dit en posant mon sac dans
l’entrée, debout à la porte du salon. Il n’avait pas fait de
choix clairs, semblait- il, en termes de couleurs, de
meubles, d’objets, avait juste pris ce qui se présentait,
pratique, un mobilier de salon des années quatre- vingt
avec des bords en pin et des coussins jaunes, un écran plat,
un fauteuil inclinable marron et un noir. En même temps :
ce qui est déterminant est choisi avec le plus grand soin.
L’appartement lui- même, au sommet de l’immeuble, avec
une vue étendue sur le fjord, les îles, toutes les douces
collines vertes. Il l’a choisi et l’a voulu. A voulu avoir cette
vue, être dans ce tableau, dans cette conversation avec le
muet ouvert changeant là, dehors.
Et du vin, il en avait acheté pour ma venue, mais pas le
reste dont j’avais dit que ça pourrait être sympa quand il
m’avait posé la question dans un message la veille, comme
du lait écrémé à mettre dans le café ou du fromage brun.
Il a une chambre d’amis avec deux lits, les lits sont faits.
Ça, le fait qu’il sache tant de choses, qu’il ait tant réfléchi,
lu. Voie des lignes à travers les œuvres d’art et la société
et l’histoire d’une façon que je n’ai jamais vue. Et en même
temps : les bras qui restent ballants. Quand nous cuisinons
ensemble, du saumon mariné surgelé que nous cuisons
sur de l’aluminium dans le four, un brocoli qu’il plonge
entier dans la casserole d’eau. Ses mains, le fait qu’il ne
semble pas les maîtriser tout à fait, quand elles coupent,
font. Comme si tout risquait constamment d’en glisser,
tomber.
JE NE SAIS PAS QUI JE SUIS. JE NE ME CONNAIS
PAS MOI- MÊME, dit- il quand nous sommes autour de
la table en teck de la salle à manger à l’autre bout du salon.
Quatre petites bougies étaient allumées sur une assiette
entre nous, c’était ce qu’il était allé chercher à la supérette
quand je l’attendais seule en pleurant.
L’impuissance comme STRATÉGIE. Personne n’at-
tend quoi que ce soit d’un démuni, personne n’exige quoi
que ce soit. C’est se mettre hors jeu. Échapper à la parti-
cipation, échapper à la responsabilité, et à la culpabilité.
Car le démuni ne savait pas, n’a pas fait, ne peut pas. Et
en même temps, savoir tant de choses, être si exception-
nellement doué, là- dehors, dans le monde, là- dehors, où
personne ne vient près. Où personne n’a droit à lui, où il
peut payer, et partir. Et puis l’impuissance est un cercle
tracé plus profondément, contre le corps, comme une
frontière ? Et que c’est le fait de passer à travers, pour
quelqu’un de l’extérieur, ou pour lui- même, de l’intérieur,
que c’est de cela qu’il s’agit, de contact. Pénétrer jusqu’à
lui, ou, si c’est lui- même qui doit franchir, arriver tout au
bord de soi et sortir ?
Le démuni est inattaquable. L’impuissance comme
carapace, une carapace inattaquable. Autour de quoi ? Il
n’y a rien d’autre que de la tendresse, tout au fond. Je ne
peux croire autre chose. Le dur n’a pas besoin d’une
carapace dure. C’est le doux qui doit être si vigoureuse-
ment protégé. Non ?
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Veux-tu me rencontrer

C’est comme ça que ça a commencé, Johannes, lui et
moi. Ou plutôt, ça a commencé quand j’ai lu un article
qu’il avait écrit, dans une revue, il est historien de l’art,
donc je savais qui c’était, il n’écrit pas de critiques, mais
des choses plus théoriques sur l’esthétique et la sociologie de l’art, des choses que je n’avais jamais lues, et puis je suis tombée sur cet article, qui m’a tant réjouie, un article bien pensé, une présentation des idées en mots si limpide, comme s’il tenait les x à la main, ou que les mots étaient main, étaient lui, si fortement présent. J’avais regardé la petite photo, le portrait en vignette à côté de son nom, et il avait l’air si chaleureux, trouvais- je, si gai avec ses cheveux sombres en bataille dressés sur sa tête, que j’avais eu envie de prendre contact, je m’étais tout de suite fait la réflexion. Je l’avais écarté, puis repensé, le lendemain, et encore le jour d’après. Et puis j’avais fini par le faire, trouvé son numéro sur Internet, envoyé un message, neutre, avec noms complets, le mien et le sien, le remerciant pour l’article et disant ce qui m’avait plu.
Rien de plus, pas de proposition d’autre chose, pas d’allu-
sion. Mais j’avais pris contact, dit Je suis là, tu es là, je te
vois. Le lendemain, il m’avait envoyé une brève réponse,
Merci, c’est sympa. Rien d’autre. Bon, m’étais- je dit,
voilà. En songeant que cela valait au moins le coup
d’essayer, que cela valait quelque chose, quoi qu’il en
soit.
Et puis, une semaine plus tard, le dimanche soir vers
sept heures, était venu le deuxième message. Celui que j’avais toujours voulu. Le bref, ouvert, Me rencontrer.
J’avais répondu Oui.
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Avant le décollage de l’avion samedi matin, je suis si
légère, je prends un journal sur le présentoir, l’ouvre
comme si j’étais quelqu’un d’autre, quelqu’un qui faisait
ce genre de choses, qui prenait un journal et l’ouvrait, c’est
ainsi que je suis maintenant, une autre, et ça ne fait rien,
que je sois d’une gaieté décousue, incohérente. Je balaie
les pages du regard, et tout d’un coup je vois une courte
interview de moi, quelques questions, nous sommes plu-
sieurs à avoir répondu, j’avais oublié, c’était l’autre jour
au téléphone pendant que je rentrais chez moi. Je n’avais
pas demandé à vérifier les citations, au contraire, je pré-
férais y échapper, voulais juste que ce genre de déclara-
tions disparaisse, ne voulais pas me les faire rappeler,
penser à moi comme ça de l’extérieur. Et me voilà qui
feuilletais ce journal que sinon je ne regarde jamais, et là,
la petite photo de moi et ce que j’avais dit, et c’était pro-
prement épouvantable. Telles qu’étaient présentées les
choses, on aurait cru que je me comparais à Louise
Bourgeois. Elle et moi. Nous. C’est ce qu’on aurait cru.
C’est ce que c’était, dans le journal. Pour qui me prenais-
je. Et voilà que j’allais partir chez cet homme, m’imposer
comme ça, croire qu’il n’y avait qu’à se servir. Venir et
recevoir. Qu’il n’y avait qu’à venir.
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C'était l'année dernière. Ma première célébration, ici, du culte. Debout, en haut de la chaire, je les avais regardés, eux, assis, attendant d'écouter ce que la nouvelle pasteure avait à leur dire. Ma prédiction portait sur le fils perdu. Celui qui rentre à la maison. Le père qui tue le veau pour lui, pour fêter son retour. La jalousie du frêre. La fête qui a quand même lieu.
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Cette nostalgie de l’intimité, il ne pourra jamais y
répondre. Son regard détourné, il ne pense pas à moi. Il
est dans d’autres pensées, en chemin vers d’autres lieux,
en lui- même. Peut- être que jamais personne ne pourra
faire face à cette nostalgie. C’est insoutenable. Je ne sais
que faire de tout ce douloureux, je mets une main devant,
sur cette poitrine osseuse qu’est la mienne, et je sens une
souffrance qui vient aussi de l’arrière, pendant que je me
fais cette réflexion, elle me transperce, juste au- dessus de
l’omoplate, comme si on m’enfonçait des piques dans le
corps, de l’arrière, en traversant tout à fait, jusqu’à l’avant.
Et je ne sais pas comment je vais pouvoir me lever du
lit, sortir dans les rues, aller au musée, commencer le
travail, ce travail qui nécessite que j’avance jusqu’au bord
de moi- même et atteigne l’extérieur. Tandis que tout en
moi est aspiré vers l’intérieur.
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