La Goulue pensait que la peine s’en va moins vite que le bonheur.
Et toi, petite sœur de désespérance qui sanglote à mon côté. Si tu savais comme les hommes sont beaux. Il n’y en a pas deux pareils. Certaines femmes, paraît-il, se couchent et attendent, pire que des statues, les pauvres, je les plains, elles ratent une belle occasion de se chalouper le cœur. Je finirai bien par me perdre à nouveau, parce que parfois un homme est si beau qu’il donne envie de mourir. Je ne te parle pas de ceux qui d’un regard nous font comprendre qu’ils ont de quoi vous montrer les étoiles. Il faut bien autre chose pour foudroyer l’affamée et ça tient de la magie. Les hommes sont des guerriers, des chasseurs de colombes et de louves solitaires, des pêcheurs de sirènes et pourtant, un beau jour, je te mènerai vers eux. Dans ses dérives la naufragée reprend toujours son souffle au baiser de Judas. Telle que tu me vois, levant le poing vers le ciel en souvenir de cet affreux Beau Gosse, avec ses yeux de mauvais ange, qui me fit grimper là-haut en aspirant mon âme, je ne donnerais pas cher de ma haine s’il revenait demain.
Madame prend l’air à la campagne avec sa nichée et Monsieur espère se payer du bon temps ? Ça se voit comme le nez au milieu de la figure.
- Mais… je vous assure…
- Allons, pas la peine de se casser la sorbonne pour ça. Autant mettre les cartes sur la table, pas vrai ? Je me sens si bien aujourd’hui, et puis vous êtes gentils. Ça, je l’ai vu tout de suite, quand vous m’avez attaquée, sinon, vous pensez, je vous aurais retourné un va-te-laver.
- Un… va-te-laver ?
- Ben quoi, une mandale en aller-retour ! Je parle français, il me semble
Et ma mère... que j’te frotte, que j’te frotte les chemises et les draps, ça l’a bien avancée : sous les fleurs ! Elle me filait des beignes quand je rentrais du bal : « Et ta vertu ? » qu’elle me disait. Et moi, déjà pas la langue dans ma poche, j’y répondais : « Ma vertu ? Si tu passes du côté de l’île de Saint-Ouen, pour peu qu’elle ait été patiente, elle y est encore ! »