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Citations de Hari Kunzru (26)


Pran se relève et tambourine à la porte, cette porte qu'il connaît si bien, avec ses clous et ses gonds de fer, sa peinture bleue un peu écaillée. La foule l'examine avec curiosité, à la recherche du moindre signe de ses origines anglaises, et chacun de faire remarquer à son voisin les traits étrangers qui soudain semblent l'évidence même.
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Nous avions vraiment le sentiment que notre amour de la musique nous apportait quelque chose comme un droit à être noir, mais avant d'arriver à New York, nous avions appris à ne pas en parler.
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Oh oui vrai-ai-ai-ment, j'vais
m'acheter un cimetière
Et ce jour-là j'mettrai tous mes
ennemis en terre.
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Personne ne savait où il était. Personne au monde. Mais encore une fois, est qu'on venait dans le désert pour autre chose ? Il fallait d'abord se perdre pour se trouver. [...]
Les étoiles étaient autant de trous d'épingle dans un grand tissu laissant entrevoir, avec un peu d'imagination, un monde incroyablement lumineux de l'autre côté de l'obscurité.
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Chaque fois que je tente de trouver un point d’origine, un lieu où me positionner pour défendre cette partie de mon histoire, un tentacule narratif surgit du marais, m’obligeant à battre en retraite. Je n’ai aucun doute sur certains évènements qui se sont produits au cours des jours précédant mon départ de Berlin. J’en soupçonne d’autres d’avoir été en bloc introduits dans ma mémoire, pas exactement produits par mon imagination. Pas mon imagination. Des souvenirs provenant d’une source externe. (…) Je les vois comme des glissements – des réagencements ou des distorsions d’un matériel déjà existant.
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Il se passait plus de choses là-haut dans le ciel qu'en bas sur la terre, mais il fallait s'arracher à la ville pour s'en rendre compte. La ville et ses foutues verticales qui vous bloquaient la vue, ses canalisations, ses câbles et tout le reste qui couraient sous vos pieds, vous enfermant, rompant les flux.
Le désert en revanche, personne n'y avait touché. C'était une terre qui vous laissait en paix.
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Pran, gelé et désorienté, ouvre les yeux sur la grisaille du matin. Juste au-dessus de lui se profile une série de formes brunes irrégulières qui sont autant de paires de fesses décharnées. Tout près de lui, des conducteurs de rickshaw et des vendeurs de rues sont accroupis les uns à côté des autres au-dessus du caniveau, occupés à cracher, à bavarder, à se laver les dents et à déféquer ; il se déplace légèrement pour se protéger davantage et se souvient soudain, pris de panique, de l'endroit où il est.
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L’histoire que m’a racontée le vieux collectionneur était si étrange que, si je l’avais entendue en toute autre circonstance, je l’aurais écartée, pensant qu’il l’avait inventée. Et pourtant elle avait une force – la force de la vérité, dirais-je, mais cela serait trop simple. Ce n’est pas que je l’ai crue, mais elle semblait venir d’au-delà de la croyance. Quelque chose s’était agrippé à Carter et à moi, une vrille du passé, et si nous ne la détachions pas de nous, nous serions entrainés dans la mort et le silence.
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Comme bon nombre d'hommes d'affaires, il avait une vision quasi théologique des ordinateurs : appareils importants et mystérieusement bienfaisants, qu'il incombait aux ministres du culte de faire fonctionner. Se retrouver démuni de toute assistance technique, c'était comme se retrouver nu devant Dieu le jour du jugement.
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Les murs se dressent muets et froids, au vent grincent les girouettes. J’étais content, peut-être un peu fier, que ces mots me soient venus aussi aisément à l’esprit. Leur présence dans ma conscience, si disposée à s’accorder à la vue depuis ma fenêtre, suggérait que mon nouveau projet, sans même attendre son lancement concret, était déjà sur les rails.
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Je fis ce qu’on fait quand on a un livre qui marche. Je donnai des interviews. J’acceptai des invitations à des festivals et à des conférences. On vendit des traductions. Les gens m’invitèrent à dîner. Et puis, peu à peu, mon éditeur commença à me poser des questions sur la suite. En gros, dans un futur proche, j’allais me marier, déménager, avoir un bébé, ne pas dormir, m’apercevoir qu’un livre à succès n’est pas la même chose qu’un film à succès ou qu’une chanson à succès, écrire une poignée d’articles mal payés pour des magazines prestigieux, accepter d’assurer un nouveau cours, dormir peu mais plus qu’avant, et pas encore assez pour pouvoir écrire sans recours à l’automédication. Je le savais, je devais publier de nouveau, le plus vite possible, mais la perspective d’achever (ou même de commencer sérieusement) un manuscrit semblait mystérieusement hors de portée. Juste au moment où les choses commençaient à devenir vraiment compliquées, le comité ou le jury attribuant les bourses Deuter entendit parler de moi.
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Le refus a un sens quand il est mené en masse, mais la plupart des gens préfèrent se rapprocher de quiconque possède une parcelle de pouvoir, et rien n’est plus terrifiant que de rester en première ligne quand la foule reflue derrière vous.
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Je ne savais rien des raisons pour lesquelles la culture intéresserait quiconque, voire inciterait à la révolte. La culture était un vrai sujet pour moi, mais j’étais essentiellement un cossard, et toute ma vie durant, les autres n’avaient jamais aimé ma production. Le seul mot d’ordre politique qui m’ait un jour ému était : Ne travaillez jamais , et ma tentative d’appliquer ce principe s’était heurtée aux obstacles prévisibles.
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Ce n’était pas le livre que j’étais censé écrire, l’œuvre ambitieuse dans laquelle je projetais de présenter la démonstration concluante du potentiel révolutionnaire de la culture. Le livre sur le goût s’était fait pour ainsi dire malgré moi, d’abord parce qu’il me détournait des carnets que je remplissais de citations et d’idées destinées à ma démonstration concluante du potentiel révolutionnaire de la culture, ensuite parce qu’il me distrayait de mon sentiment insidieux de n’avoir aucune démonstration concluante, ni même provisoire, à avancer. Je ne savais rien des raisons pour lesquelles la culture intéresserait quiconque, voire inciterait à la révolte. La culture était un vrai sujet pour moi, mais j’étais essentiellement un cossard, et toute ma vie durant, les autres n’avaient jamais aimé ma production. Le seul mot d’ordre politique qui m’ait un jour ému était : Ne travaillez jamais*1, et ma tentative d’appliquer ce principe s’était heurtée aux obstacles prévisibles. Le problème, c’est que le dehors n’existe pas, que le marginalisé n’a nulle part où aller. Le refus a un sens quand il est mené en masse, mais la plupart des gens préfèrent se rapprocher de quiconque possède une parcelle de pouvoir, et rien n’est plus terrifiant que de rester en première ligne quand la foule reflue derrière vous.
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J’étais ce qu’on appelle un « chercheur indépendant ». J’avais accessoirement un job à l’université, mais dans le département de Création littéraire, et je m’efforçais de ne pas y penser sauf quand je me retrouvai confronté à la réalité, assis dans une salle de séminaire, fixé par les regards vides de la douzaine d’étudiants de troisième cycle endettés qui attendaient mes consignes. Mes écrits paraissaient dans des revues et dans des magazines, pas des publications évaluées par des pairs.
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Se peut-il qu’il soit en train de contempler l’absence, l’absurdité de l’existence, le rien, le néant ? Le poète n’a que mépris pour son environnement physique, ou s’il en a conscience, il s’en accommode. Il est absorbé par son travail d’écrivain. C’était ainsi que je voulais être, celui que je voulais être, du moins pendant un certain temps.
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Pour allumer le feu, maintenant éteint, il s’est servi de pages de ses propres œuvres. Ses maigres possessions se résument à un chapeau, un manteau et une canne, un bout de chandelle planté dans une bouteille, une cuvette, une serviette élimée, un parapluie déchiré accroché au plafond. Autour de lui, les livres s’empilent les uns sur les autres.
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J’entrai, avec l’impression d’être un prince de conte de fées pénétrant dans le château de l’ogre, mais à défaut de princesse endormie, un portier jovial vint m’accueillir, vêtu de tweed anglais rustique et dont les manières tranchaient avec cet environnement lugubre.
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Il s’agissait du socle des choses, des croyances sur lesquelles j’avais consacré une partie de ma vie à écrire et à spéculer, des certitudes que je m’étais forgées relativement au monde. Et, coïncidence ou pas, cela se produisait au moment où j’étais sur le point de partir.
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Notre vie ensemble était fragile. Quelque chose était voué à se briser un jour. L’un de nous aurait un accident, l’un de nous tomberait malade, ou bien le monde s’enfoncerait plus profondément encore dans la guerre et le chaos, il nous engloutirait, comme tant d’autres familles.
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