AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Harriet Beecher Stowe (90)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


La case de l'oncle Tom

Je me sens toute petite devant mon écran et c'est avec humilité et respect que je vais vous parler la case de l'oncle Tom.



La case de l'oncle Tom, c'est un souvenir d'enfance. Je n'avais qu'une dizaine d'années quand je l'ai lu et je n'ai jamais oublié Tom ni ses frères de misère.



Alors qu'aux Etats Unis, deux courants s'opposent, le sud voulant conserver ses esclaves et le Nord voulant abolir l'esclavage, une femme prend la parole et écrit cet édifiant ouvrage.



Cette femme c'est Harriet Beecher Stowe. Alors qu'une loi a été adoptée en 1850 visant à punir ceux qui aident les esclaves en fuite, Harriet-Beecher-Stowe publie sous forme de feuilleton La-Case-de-l'oncle-Tom dans un journal abolitionniste.



Ce livre aurait alors contribué à une prise de conscience collective de l'horreur de l'esclavagisme et Abraham Lincoln lui même au début de la guerre de Sécession aurait dit "C'est donc cette petite dame qui est responsable de cette grande guerre".



Tom est un esclave d'un certain âge marié et père de famille. Il est bien traité à défaut d'être libre. Mais parce que son "maître" est couvert de dettes, il est vendu ainsi qu'un petit garçon de 5 ans henri.



Mon sang n'a fait qu'un tour. Imaginer un instant que l'on vous prenne votre enfant pour l'emmener loin de vous, que l'on vous sépare à vie de votre famille.



Alors la peur au ventre j'ai suivi la fuite d'Elisa la mère d'henri avec son fils. Sautant sur des blocs de glace pour éviter ceux qui la poursuivent.



Tom est d'abord acheté par une famille qui le traite bien. Il se prend d'affection pour la petite fille de la famille. Le père n'a pas le temps de l'affranchir avant de mourir. Cette petite fille était pleine d'humanité et de compassion.



Tom est revendu et cette fois c'est à un horrible personnage qui traite ses esclaves comme du bétail.

Tom ne perd pas la foi ni la sagesse et refuse de s'abaisser au rang de ses tortionnaires. Il sait qu'il va mourir mais son âme n'a pas de prix. Jamais vous ne pourrez la prendre.



Un livre bouleversant.

Pour les générations à venir un petit lexique serait le bienvenu pour expliquer les termes tels que mulâtre.



Je dis ça mais à l'époque ça ne m'avait pas gêné.



Bref j'ai encore beaucoup pleuré mais il faut avoir lu ce livre une fois dans sa vie.
Commenter  J’apprécie          815
La case de l'oncle Tom

Tom est un esclave travailleur, intelligent et honnête. « Mon âme ne vous appartient pas. Vous ne pourriez pas vous la payer. » (p. 134) Il est bien traité chez Mr Shelby, mais ce dernier, affrontant des revers financiers, est contraint de le vendre pour éponger ses dettes. Tom est séparé de sa femme et de ses enfants. Rapidement acheté par Mr Sainte-Clare, Tom n’est pas malheureux, même si sa famille lui manque. Il se prend d’affection pour la jeune Eva Sainte-Clare, une enfant douce et sensible à la condition des esclaves. « L’amitié de Tom et Eva grandissait toujours. Tom aimait Eva comme quelque chose de fragile et de divin. Il la contemplait avec tendresse et respect. » (p. 91) Hélas, il est dit que la vie de Tom ne sera que peine et déchirement. La liberté tant désirée lui échappe toujours et il désespère de trouver la paix. En parallèle, on suit le destin d’Elisa, George et Henry, une famille d’esclaves qui a choisi de fuir pour éviter d’être séparée.



Ce court roman déborde d’un manichéisme simple : les méchants esclavagistes et les esclaves perfides d’une part, les bons maîtres et les esclaves honnêtes d’autre part. « Il y a deux types de maîtres. Nous faisons partie des bons maîtres qui détestons être sévères. Il est donc plus difficile d’obtenir quelque chose, et il faut beaucoup de tact et de délicatesse. Alors, je préfère laisser les choses aller. Et je ne veux pas faire fouetter ces pauvres diables. » (p. 73) Plutôt que d’opposer les blancs aux noirs, Harriet Beecher-Stowe oppose les natures humaines, montrant qu’il y a des bonnes âmes dans toutes les cultures et toutes les populations. Sans faire aveu de culpabilité, l’auteure développe une réflexion sur l’esclavage et la libération des esclaves. « C’est absurde de parler du bonheur que peuvent connaître les esclaves. Travailler toute sa vie, du matin au soir, sous l’autorité d’un maître… et cela juste pour un peu de nourriture… C’est une honte. » (p. 76)



Voilà longtemps que je voulais lire ce classique de la littérature américaine et je suis ravie d’avoir enfin procédé à cette lecture. Elle est très accessible aux jeunes lecteurs et elle résonne en moi avec tous les textes sur l’esclavage et les noirs américains que j’ai déjà lus.

Commenter  J’apprécie          554
La case de l'oncle Tom

Ainsi c'est en faisant référence à ce livre que Lincoln aurait dit parlant de l'auteur : " Une petite femme qui a commencé une grande guerre".

Bien sûr Harriet Beecher-Stowe n'a pas eu cette prétention (quoique...?) mais en replaçant son oeuvre dans l'époque, on peut comprendre qu'elle ait quelque peu "remué les consciences".



Passé le début de lecture un peu laborieux à cause d'un style ma foi assez pesant, quelques maladresses, entre autre le phrasé des esclaves qui m'a semblé peu approprié, trop ampoulé, peu conforme à la réalité mais je peux me tromper, j'ai fini une fois les 150 premières pages lues par me laisser emporter par ce récit édifiant.



L'auteur nous donne ici une large vision de ce qu'était l'esclavage et n'hésite pas à bousculer les 2 camps. Nord et Sud en prennent pour leur grade. Car Harriet Beecher-Stowe n'épargne personne et c'est sûrement l'une des premières qualités du livre.

Elle arrive à donner une vision globale de l'esclavage sans se limiter à une simple critique des états du sud. Elle met les Nordistes devant leurs contradictions et n'hésite pas à les condamner pour leur inertie face au problème, leur donnant ainsi une part de responsabilité.

En gros : "c'est facile de condamner, mais vous, que faites-vous pour lutter contre ? à part vos mines scandalisées ? ".



Et pour aller encore plus loin, elle fait un parrallèle entre l'asservissement des noirs au sud et l'exploitation des ouvriers au nord. L'industrialisation contre l'esclavage. Le capitalisme contre la ruralité.

Elle met chacun devant ses contradictions et livre une critique sévère de la société américaine.



En plus de tout ça, elle nous livre des portraits très précis et attachants de personnages autant maîtres qu'esclaves. Elle s'attache aux détails, nous raconte des histoires personnelles et ainsi allège le discours moralisateur.

Chaque point de vue est étudié et condamné ou louangé.



Certains lui ont reproché un discours religieux trop pesant. Personnellement, je ne suis pas croyante. Pourtant, ça ne m'a pas gênée car j'ai replacé ce prêche dans son contexte, sans oublier que l'auteur était fille de pasteur si je ne me trompe pas, et épouse d'un ministre du culte. Et surtout que le message religieux ne prônait que tolérance et bonté.

Je n'y ai vu aucune forme d'intolérance.



Un mot sur Tom maintenant.

Ce Tom si malmené, si compatissant pourtant envers ses semblables.

Là aussi, j'ai lu ici ou là un certain agacement pour sa "passivité", sa résignation.

Ce n'est pas ce que j'ai vu en lui.

Certes, on le préfèrerait rebelle et révolté contre ses maîtres, et surtout on l'aimerait violent.

Mais il n'est rien de tout cela, et là encore une fois, on parle de religion.

Mais que l'on soit croyant ou non, pourquoi est-ce qu'on ne peut pas accepter qu'un homme grâce à sa foi en Dieu trouve en lui les ressources nécessaires pour supporter son calvaire.

Peu importe pourquoi, ni comment, si le fardeau s'en trouve allégé...

Tom a choisi le silence parfois et toujours la non-violence. Peu importe que ça soit au nom de Dieu ou au nom de l'Humanité. Gandhi aurait aimé ce Tom là.

Et je l'ai aimé, ai accepté ses choix et n'ai pas tant pleuré que ça face à son destin car j'ai vu son réconfort, cette foi inébranlable qui l'a porté jusqu'à une résistance passive certes mais si apaisante au fond...



Alors, au final, ce livre a-t-il vraiment joué un rôle dans le déclenchement de la guerre de céssesion ? Oui, par la prise de conscience qu'il a engendré.

Même si l'esclavage n'a été qu'un prétexte pour cette guerre plus liée au choc de deux cultures : industrie contre ruralité.



Il est le témoignage précieux d'une époque, le réquisitoire parfois maladroit

mais tellement nécessaire contre un pays partagé mais frileux dans ses choix.



Alors : " Une petite femme qui a commencé une grande guerre". ?

Il semble en tout cas que ce livre effectivement ait eu un impact réel sur certaines décisions politiques.

Une lecture importante et marquante.

Un réquisitoire malheureusement encore d'actualité....







Commenter  J’apprécie          492
La case de l'oncle Tom



La question noire aux Etats Unis plus d'actualité que jamais dans le cadre de la collection : Folio Junior- Textes classiques - du superbe roman de Harriet Beecher Stowe "La case de l'oncle Tom", publié peu de temps avant la guerre de Sécession, dont l'incroyable succès a fortement contribué à aboutir à l'abolition de l'esclavage.



Un indispensable de la littérature jeunesse , un témoignage sensible et plaidoyer fervent qui a formidablement servi la cause abolitionniste.



Une histoire intemporelle qui mérite plus que jamais qui mérite d'être mise entre les mains de nos enfants pour amener les bases d'une réflexion r sur la tolérance et le respect de l'autres, malgré ces différence.



"C'était la première parole de bonté que Topsy eut jamais entendue.La douceur de cette voix, le charme de ces façons agirent étrangement sur ce coeur sauvage et indompté.... et dans cet oeil rond, perçant et vif, on vit briller quelque chose comme une larme.



Outre ses qualités pédagogiques et militantes évidentes, le livre possède également comme tous les grands classiques une qualité littéraire indéniable tant la plme de Harriet Beecher Stowe possède un souffle et une justesse à conseiller aux jeunes dès 10 ans, et aux plus grands sans la moindre hésitation



Une belle réédition avec à la fin de l'ouvrage un carnet de lecture qui permet de contextualiser l'ouvrage dans son époque et insister sur le caractère indispensable de son livre, en montrant que parfois la littérature peut changer le monde et les mentalités.. Un incontournable à lire de générations en générations...
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          407
La case de l'oncle Tom

Je précise tout d'abord que c'est la version intégrale (ici 610 pages en format poche) que je viens de lire, et non la version adaptée pour les enfants. La différence tient, je pense, au fait que dans la version originale, les portraits sont beaucoup moins manichéens et la réflexion plus développée.



L'oncle Tom en est le personnage principal, mais on suit également la route d'Elisa, son mari Georges et leur petit Henri; Tous sauf Georges font partie des esclaves de M. Shelby, propriétaire généreux et de bon tempérament, en grande partie encouragé par sa femme qui se tourne de plus en plus vers l'abolitionnisme. Suite à des revers de fortune, M. Shelby se voit contraint de vendre ce qu'il a de plus cher. Affolée, terrorisée à l'idée qu'elle puisse perdre son fils vendu à d'autres propriétaires qu'elle-même - courant sur les marchés d'esclaves où l'empathie envers les esclaves n'existe pas ou si peu - Elisa s'enfuit avec lui pour tenter de rejoindre Georges. De son côté, Tom obéit, après avoir obtenu la promesse de M. Shelby qu'il serait racheté dès que possible.



C'est ainsi qu'on suit les destins parallèles d'Elisa et de Tom, l'une poursuivie, traquée, l'autre vendu à M. Saint-Clare pour sa petite fille Eva. Il y rencontre la bonté, l'affection et l'intelligence d'un père et d'une fille pour lesquels il deviendra indispensable, avant d'être vendu à nouveau, après de tragiques circonstances, à Simon Legree, esclavagiste monstrueux et violent.

Tout l'intérêt de ce roman, outre de créer de l'empathie pour ces personnages maltraités, coupés de leur famille, qui n'aspirent qu'à la liberté et l'instruction, est de faire un tour complet de la question de l'esclavage: la cruauté dont sont traités ces hommes, femmes et enfants, l'ignorance et l'insécurité dans lesquelles ils sont entretenus, la culture sudiste des plantations et de l'esclavagisme contre la critique hypocrite des états libres du nord qui jouent le jeu des marchés d'esclaves, l'impact de la tradition des familles de planteurs, le questionnement sur la manière de bien traiter ses propres esclaves en humaniste, et l'importance de la religion, autant dans le comportement des propriétaires d'esclaves que dans l'acceptation de leur sort pour les esclaves, mais aussi la question de l'avenir de ce peuple qui, une fois affranchis, devra apprendre à vivre libre, devra s'instruire et travailler (A ce sujet, Beloved de Toni Morrison fait un portrait très réaliste de cette problématique).



Quand Harriet Beecher-Stowe a écrit ce livre, l'esclavagisme était encore bel et bien actif et légal et l'auteure, malgré la montée de l'abolitionnisme, ignorait quand et comment ou même si l'esclavagisme serait un jour banni, et c'est un point important, je pense, à retenir quand on lit ce livre.

C'est vrai que la religion y est très présente et pesante, c'est vrai que les bons sentiments y sont parfois trop bons, mais le portrait qu'elle dresse des Etats-Unis - et pas seulement du Sud - est vraiment captivant, tout comme l'est le portrait de Saint-Clare tout en ambiguïté.

Historiquement, ce roman a eu une forte répercussion; il fait partie des tout premiers best-sellers, deuxième après la bible aux Etats-Unis. Lincoln a d'ailleurs dit, en parlant de la guerre civile, "voici la petite femme qui a commencé une grande guerre", insinuant que ce roman a profondément marqué les esprits.



Je trouve que l'écrivain a déjoué les pièges de la caricature et encourage - sans juger - son peuple à se remettre en question en les incitant à se mettre à la place d'Elisa ou de Tom, mettant Blancs et Noirs à égalité à une époque où cette égalité semblait aberrante ( et cette époque n'est vraiment pas très ancienne...).



Je dirai enfin que ce livre est tout simplement émouvant et plein d'aventures, et qu'il se lit très facilement.
Lien : http://pourunmot.blogspot.fr..
Commenter  J’apprécie          371
La case de l'oncle Tom

Délicate fresque sur l'esclavage! Les divers sentiments humains sont exploités d'une manière épineuse. La souffrance, la douleur se déploie comme dans un cercle vicieux. Parce que je souffre, je veux te voir souffrir, parce que ma fosse est trop grande, je veux t'y voir aussi. Qu'est - ce que la persécution rend l'homme aigri, aussi bien dans son âme que dans son corps mais dans cette fresque, il y a Tom, un illustre personnage qui s'accroche à la protection de son âme contre toute flétrissures de la chair...
Commenter  J’apprécie          300
La case de l'oncle Tom

Triste et révoltant. Comment a-t-on pu traiter des hommes, des femmes et des enfants de la sorte ?

Ce roman nous raconte la vie des esclaves en Amérique. On y découvre des détails horribles concernant les conditions de vie de ces pauvres personnes considérées comme du bétail, de la marchandises. Battus, vendus, séparés de leurs familles, ... Des conditions inadmissibles et intolérables.

Livre écrit au XIXe siècle, le style est donc un peu vieillot.

Une histoire touchante à lire pour ne pas oublier ce que fut l'enfer des afro-américains.
Commenter  J’apprécie          300
La case de l'oncle Tom

Je suis vraiment heureuse d'avoir (re)lu "La Case de l'oncle Tom". En fait je suis censée l'avoir lu enfant, mais je n'en avais gardé aucun souvenir...Je crois que je devais tourner les pages machinalement, l'histoire ne me plaisant pas vraiment à l'époque.

Ce roman a été publié en 1852, soit 9 ans avant la guerre de Sécession. J'ai été surprise d'apprendre que c'est le 1er roman américain à avoir connu le succès dans le monde entier!

Il dénonce la terrible réalité qu'était alors l'esclavage dans le sud des Etats-Unis.

Tom et Elisa, tous les 2 esclaves, sont amenés à quitter pour des raisons différentes la confortable demeure de M. Shelby, le "gentil maître". On suit alors leur destin, heureux pour l'un, tragique pour l'autre, mais émouvant dans tous les cas.

Certes, les personnages sont tous campés de manière typique: la mère prête à tout pour sauver son enfant, l'esclave chrétien qui supportera, grâce à sa foi, à supporter les maltraitances, les gentils maîtres et les méchants (mais vraiment méchants!) maîtres.

On n'échappe pas à un brossage caricatural de l'image de la femme, "incapable de comprendre les préoccupations financières du mari", toutefois le livre se termine sur un bel espoir lorsque l'une d'entre elle, après le décès de son époux, reprend les affaire de ce dernier.

Quelques clichés, donc, mais une très belle histoire , un magnifique roman qui demeure un peu compliqué, je trouve, pour de jeunes enfants.
Commenter  J’apprécie          290
Dred ou le grand marais maudit

La jeune Nina doit gérer la plantation de Canema en Caroline du Nord. Elle est secondée pour cela par Harry, qu'elle ignore être son demi-frère car la mère de ce dernier était esclave. La jeune femme compte bien mettre en pratique ses idées abolitionnistes en considérant les esclaves comme des êtres doués d'intelligence et de conscience qu'il convient d'éduquer dans la chrétienté et qui fournissent un travail qu'il faut respecter. Elle est encouragée en cela par Edward Clayton, propriétaire de la plantation des Magnolias qui la courtise. Mais en cette année 1855, dans les États du sud des États-Unis, ces idées d'émancipation ne sont pas du goût des grands propriétaires terriens.



Un début ďee roman qui pourrait tomber dans l'angélisme avec une plantation gérée par Nina, une jeune fille de dix-sept ans, idéaliste et enthousiaste, qui considère et traite les esclaves comme des êtres humains, correctement et souhaitant les instruire par la lecture. Et pourtant au fur à mesure de l'avancée de l'intrigue, se dessinent les forces politiques, économiques juridiques et religieuses qui sous-tendent le systeme de l'esclavagisme. Même Harry, considéré comme le bras droit de la jeune femme, pense pouvoir acheter sa liberté mais pourrait en être facilement empêché par les lois existantes dans les États du Sud. le récit pourrait également facilement paraître comme une bluette, mais avec la mort du choléra d'un des personnages principaux, Beecher Stowe rebat les cartes et en fait un drame qui va précipiter Harry dans l'obligation de s'évader et demander l'aide de Dred, un personnage représentant la lutte politique des esclaves, sorte de Moïse moderne, favorisant la fuite des esclaves proscrits, tels les Hebreux fuyant l'Egypte, un personnage qui n'apparaît qu'épisodiquement et très tardivement dans le roman, et un grand marais maudit, qu'il faut interpréter - comme l'indique la préface - comme l'ensemble malsain des États du sud, condamnés a la stagnation.



Dred ou le grand marais maudit est un roman social dans lequel Harriet Beecher Stowe parvient à soulever les problématiques qui secouent la société americaine de la deuxième moitié du dix-neuvième siècle, sur la question de l'esclavagisme. Que se soit l'aspect moral, juridique, politique ou religieux elle réussit adroitement à créer les occasions pour faire place à ses idées... Lors de discussions lors d'un repas, un camp meeting (réunion paroissiale à la campagne), l'enceinte d'un tribunal ou une réunion de religieux presbytèriens entre les deux écoles (l'ancienne qui légitime l'esclavagisme par les textes bibliques et la nouvelle qui remet en cause cette doctrine).

Les caractères de tous les personnages sont très bien étudiés et se font les pourfendeurs des thèses défendues par l'écrivaine, qui exploite tous les événements pour les exposer.

Le bémol est tout de même, l'aspect édifiant et moralisateur de Beecher Stowe, épouse de pasteur, une tendance habituelle dans les romans du dix-neuvième siècle, qui lui permettent à la fois d'exposer ses idées et de convaincre ses lecteurs, mais les recours nombreux aux textes des Evangiles, légitime et justifié pour la société americaine, m'a quelques peu lassée et j'ai bien souvent parcouru en diagonale certains passages du roman à cause de ces longueurs et digressions sur ces sujets emprunts de religiosité, trop fréquents.

Dred ou le grand marais maudit, paru après la case de l'oncle Tom est un roman avant-gardiste dans lequel l'auteure expose sans faillir ses idées abolitionnistes, demontrant et condamnant le système soutenu économiquement, juridiquement et religieusement par quelques États bénéficiaires, une attitude courageuse et un roman précurseur.
Commenter  J’apprécie          282
La case de l'oncle Tom

L'impact du roman est tel qu'on attribue à Abraham Lincoln ces mots, prononcés lorsqu'il rencontre Harriet Stowe au début de la guerre de Sécession : « C'est donc cette petite dame qui est responsable de cette grande guerre. »

.

Planteur ruiné du Kentucky, Mr Shelby est obligé de vendre des esclaves, dont le grand Tom, à des spéculateurs sans conscience. Tom, noir intègre, n'aura de cesse de vouloir revoir sa case, sa femme Chloé et ses enfants. Y parviendra-t-il ? Son nouveau maître de Louisiane, Augustin de Saint-Clair, influencé par son ange de fille, Eva, lui a promis l'affranchissement...

.

Des thèmes capitaux sont traités avec beaucoup de persuasion dans ce beau roman.



Racisme :

Les préjugés les plus odieux sévissent encore au XIXè siècle, dans les futurs Etats Confédérés, alors que, contrairement aux Indiens d'Amérique au temps de " La Controverse de Valladolid", on admet que les Noirs ont une âme.



Sociologie :

La vie différente des Blancs et des Noirs est soulignée, émouvante dans ce livre. C'est de la pure barbarie. Comme lors de la prise des Juifs par les Allemands en 1940, les mères noires se voient arracher leurs enfants, leur mari. Les esclaves sont fouettés comme au temps de Jésus. Les Noirs marrons, en fuite, sont chassés comme du bétail. A la mort du maître, ils sont considérés comme des biens de succession et sont vendus... vendus comme de la marchandise.



Politique :

Harriet Stowe, originaire du Connecticut, s'engage avec son frère pasteur dans la cause abolitionniste. Ce roman, achevé en 1852, et écrit avec le coeur, contient de nombreux passages émouvants. Il a été diffusé à des millions d'exemplaires, et a touché de nombreux Américains. Certains disent qu'il est un déclencheur de la guerre de Sécession.



Romans :

C'est pratiquement un roman biographique ou historique, puisque de nombreux Noirs ont subi les trajectoires de Tom, George, Topsy ou Cassy.

Je retrouve "Douze ans d'esclavage", "Chasseur de noirs" de Vaxélaire, et "La couleur des sentiments".



Ethisme :

Qui sont les "bons", qui sont les "méchants" ? C'est évident pour l'auteur et les lecteurs, mais pas pour les méchants maîtres, pour qui la "barre de la bonté" n'est pas du tout à la même place :

"Que de fois Haley n'avait pas été dupe des nègres qu'il avait le mieux traités ! aussi s'étonnait-il d'être resté si bon."

A ce sujet, je pense que chacun des 7 milliards d'individus sur Terre doit apprendre l'empathie...
Commenter  J’apprécie          280
La case de l'oncle Tom

George Sand

Critique de La Case de l’oncle Tom



Ce livre est dans toutes les mains, dans tous les journaux. Il aura, il a déjà des éditions dans tous les formats1. On le dévore, on le couvre de larmes. Il n’est déjà plus permis aux personnes qui savent lire de ne pas l’avoir lu, et on regrette qu’il y ait tant de gens condamnés à ne le lire jamais : ilotes par la misère, esclaves par l’ignorance, pour lesquels les lois politiques ont été impuissantes jusqu’à ce jour à résoudre le double problème du pain de l’âme et du pain du corps.



Ce n’est donc pas, ce ne peut pas être une réclame officieuse que de revenir sur le livre de madame Stowe. Nous le répétons, c’est un hommage, et jamais œuvre généreuse et pure n’en mérita un plus tendre et plus spontané. Elle est loin d’ici ; nous ne la connaissons pas, celle qui a fait pénétrer dans nos cœurs des émotions si tristes et pourtant si douces. Remercions-la d’autant plus ! Que la voix attendrie des femmes, que la voix généreuse des hommes et celle des enfants, si adorablement glorifiés dans ce livre, et celles des opprimés de ce monde-ci, traversent les mers et aillent lui dire qu’elle est estimée, qu’elle est aimée !



Si le meilleur éloge qu’on puisse faire de l’auteur, c’est de l’aimer ; le plus vrai qu’on puisse faire du livre, c’est d’en aimer les défauts. Il ne faut pas les passer sous silence, il ne faut pas en éluder la discussion, et il ne faut pas vous en inquiéter, vous qu’on raille de pleurer naïvement sur le sort des victimes au récit des événements simples et vrais.



Ces défauts-là n’existent que relativement à des conventions d’art qui n’ont jamais été, qui ne seront jamais absolues. Si les juges, épris de ce que l’on appelle la facture, trouvent des longueurs, des redites, de l’inhabileté dans ce livre, regardez bien, pour vous rassurer sur votre propre jugement, si leurs yeux sont parfaitement secs quand vous leur en lirez un chapitre pris au hasard.



Ils vous rappelleront bientôt ce sénateur de l’Ohio qui soutient à sa petite femme qu’il a fort bien fait de voter la loi de refus d’asile et de protection aux fugitifs, et qui, tout aussitôt, en prend deux dans sa carriole et les conduit lui-même, en pleine nuit, dans des chemins affreux où il se met plusieurs fois dans la boue jusqu’à la ceinture pour pousser à la roue et les empêcher de verser. Cet épisode charmant de l’Oncle Tom (hors-d'œuvre si vous voulez) peint, on ne peut mieux, la situation de la plupart des hommes placés entre l’usage, le préjugé et leur propre cœur, bien autrement naïf et généreux que leurs institutions et leurs coutumes.



C’est l’histoire attendrissante et plaisante à la fois du grand nombre des critiques indépendants. Que ce soit en fait de questions sociales ou de questions littéraires, ceux qui prétendent juger froidement et au point de vue de la règle pure sont bien souvent aux prises avec l’émotion intérieure, et parfois ils en sont vaincus sans vouloir l’avouer. J’ai toujours été frappé et charmé de l’anecdote de Voltaire, raillant et méprisant les fables de la Fontaine, prenant le livre et disant : « Attendez, vous allez voir ! la première venue ! » Il en lit une : « Celle-là est passable ; mais vous allez voir comme celle-ci est stupide ! »



Il passe à une seconde. Il se trouve qu’elle est assez jolie. Une troisième le désarme encore. Enfin, las de chercher, il jette le volume en s’écriant avec un dépit ingénu : « Ce n’est qu’un ramassis de chefs-d’œuvre ! » Les grands esprits peuvent être bilieux et vindicatifs, mais dès qu’ils réfléchissent, il leur est impossible d’être injustes et insensibles.



Il faut en dire autant, proportion gardée, de tous les gens d’esprit qui font profession de juger avec l’esprit. Si leur esprit est de bon aloi, leur cœur ne résistera jamais à un sentiment vrai. Voilà pourquoi ce livre, mal fait suivant les règles du roman moderne en France, passionne tout le monde et triomphe de toutes les critiques, de toutes les discussions qu’il soulève dans les familles.



Car il est essentiellement domestique et familial, ce bon livre aux longues causeries, aux portraits soigneusement étudiés. Les mères de famille, les jeunes personnes, les enfants, les serviteurs, peuvent le lire et le comprendre, et les hommes, même les hommes supérieurs, ne peuvent pas le dédaigner. Nous ne dirons pas que c’est à cause des immenses qualités qui en rachètent les défauts ; nous disons que c’est aussi à cause de ses prétendus défauts.



On a longtemps lutté en France contre les prolixités d’exposition de Walter Scott ; on s’est récrié ensuite contre celles de Balzac, et, tout bien considéré, on s’est aperçu que, dans la peinture des mœurs et des caractères, il n’y avait jamais trop, quand chaque coup de pinceau était à sa place et concourait à l’effet général. Ce n’est pas que la sobriété et la rapidité ne soient aussi des qualités éminentes ; mais apprenons donc à aimer toutes les manières, quand elles sont bonnes et quand elles portent le cachet d’une maestria savante ou instinctive.



Madame Stowe est tout instinct. C’est pour cela qu’elle paraît d’abord n’avoir pas de talent.



Elle n’a pas de talent ! — Qu’est-ce que le talent ? — Rien, sans doute, devant le génie ; mais a-t-elle du génie ? Je ne sais pas si elle a du talent comme on l’entend dans le monde lettré, mais elle a du génie comme l’humanité sent le besoin d’en avoir : elle a le génie du bien. Ce n’est peut-être pas un homme de lettres ; mais savez-vous ce que c’est ? C’est une sainte : pas davantage.



Oui, une sainte ! Trois fois sainte est l’âme qui aime, bénit et console ainsi les martyrs ! Pur, pénétrant et profond est l’esprit qui sonde ainsi les replis de l’être humain ! Grand, généreux et vaste est le cœur qui embrasse de sa pitié, de son amour, de son respect tout une race couchée dans le sang et la fange, sous le fouet des bourreaux, sous la malédiction des impies.



Il faut bien qu’il en soit ainsi ; il faut bien que nous valions mieux que nous ne le savons nous-même ; il faut bien que, malgré nous, nous sentions que le génie c’est le cœur, que la puissance c’est la foi, que le talent c’est la sincérité, et que, finalement, le succès c’est la sympathie, puisque ce livre-là nous bouleverse, nous serre la gorge, nous navre l’esprit et nous laisse un étrange sentiment de tendresse et d’admiration pour la figure d’un pauvre nègre lacéré de coups, étendu dans la poussière, et râlant sous un hangar son dernier souffle exhalé vers Dieu.



En fait d’art, d’ailleurs, il n’y a qu’une règle, qu’une loi, montrer et émouvoir. Où trouverons-nous des créations plus complètes, des types plus vivants, des situations plus touchantes et même plus originales que dans l’Oncle Tom ? Ces douces relations de l’esclave avec l’enfant du maître signalent un état de chose inconnu chez nous ; la protestation du maître lui-même contre l’esclavage durant toute la phase de sa vie où son âme appartient à Dieu seul. La société s’en empare ensuite, la loi chasse Dieu, l’intérêt dépose la conscience. En prenant l’âge d’homme, l’enfant cesse d’être homme ; il devient maître : Dieu meurt dans son sein.



Quelle main expérimentée a jamais tracé un type plus saisissant et plus attachant que Saint-Clair, cette nature d’élite, aimante, noble, généreuse, mais trop douce et trop nonchalante pour être grande ? N’est-ce pas l’homme en général, l’homme avec ses qualités innées, ses bons élans et ses déplorables imprévoyances, ce charmant maître qui aime, qui est aimé, qui pense, qui raisonne, et qui ne conclut et n’agit jamais ? Il dépense en un jour des trésors d’indulgence, de raison, de justice et de bonté ; il meurt sans avoir rien sauvé. Sa vie précieuse à tous se résume dans un mot : aspirer et regretter. Il n’a pas su vouloir. Hélas ! est-ce qu’il n’y a pas un peu de cela chez les meilleurs et les plus forts des hommes !



La vie et la mort d’un enfant, la vie et la mort d’un nègre, voilà tout le livre. Ce nègre et cet enfant, ce sont deux saints pour le ciel. L’amitié qui les unit, le respect de ces deux perfections l’une pour l’autre, c’est tout l’amour, toute la passion du drame. Je ne sais pas quel autre génie que celui de la sainteté même eût pu répandre sur cette affection et sur cette situation un charme si puissant et si soutenu.



L’enfant lisant la Bible sur les genoux de l’esclave, rêvant à ses cantiques en jouant au milieu de sa maturité exceptionnelle, le parant de fleurs comme une poupée, puis le saluant comme une chose sacrée, et passant de la familiarité tendre à la tendre vénération ; puis dépérissant d’un mal mystérieux qui n’est autre que le déchirement de la pitié dans un être trop pur et trop divin pour accepter la loi ; mourant enfin dans les bras de l’esclave, en l’appelant après elle dans le sein de Dieu. Tout cela est si neuf et si beau, qu’on se demande en y pensant si le succès est à la hauteur de l’œuvre.



Les enfants sont les véritables héros de madame Stowe. Son âme, la plus maternelle qui fût jamais, a conçu tous ces petits êtres dans un rayon de la grâce. Georges Shelby, le petit Harry, le cousin d’Eva, le marmot regretté de la petite femme du sénateur, et Topsy la pauvre, la diabolique et excellente Topsy, ceux qu’on voit et ceux même qu’on ne voit pas dans ce roman, mais dont il est dit seulement trois mots par leurs mères désolées, c’est un monde de petits anges blancs et noirs, où toute femme reconnaît l’objet de son amour, la source de ses joies ou de ses larmes. En prenant une forme dans l’esprit de madame Stowe, ces enfants, sans cesser d’être des enfants, prennent aussi des proportions idéales, et arrivent à nous intéresser plus que tous les personnages des romans d’amour.



Les femmes y sont jugées et dessinées aussi de main de maître, non pas seulement les mères, qui y sont sublimes, mais celles qui ne sont mères ni de cœur ni de fait, et dont l’infirmité est traitée avec indulgence ou avec rigueur. A côté de la méthodique miss Ophélia, qui finit par s’apercevoir que le devoir ne sert à rien sans l’affection, Marie Saint-Clair est un portrait d’une vérité effrayante.



On frissonne en songeant qu’elle existe, cette lionne américaine qui n’est qu’une lâche panthère ; qu’elle est partout ; que chacun de nous l’a rencontrée ; qu’il la voit peut-être non loin de lui, car il n’a manqué à cette femme charmante que des esclaves à faire torturer pour qu’elle se révélât complète à travers ses vapeurs et ses maux de nerfs.



Les saints ont aussi leur griffe, c’est celle du lion. Elle respecte la chair humaine, mais elle s’enfonce dans la conscience, et un peu d’ardente indignation, un peu de terrible moquerie ne messied pas à cette bonne Harriett Stowe, à cette femme si douce, si humaine, si religieuse et si pleine de l’onction évangélique. Oui, c’est une femme bien bonne, mais ce n’est ce que nous appelons dérisoirement une bonne femme : c’est un cœur fort, courageux, et qui en bénissant les malheureux, en caressant les fidèles, en attirant les faibles, secoue les irrésolus, et ne craint pas de lier au poteau les pécheurs endurcis pour montrer leur laideur au monde.



Elle est dans le vrai sens de la lettre sacrée. Son christianisme fervent chante le martyre, mais il ne permet pas à l’homme d’en perpétuer le droit et la coutume. Il réprouve cette étrange interprétation de l’Évangile qui tolère l’iniquité des bourreaux pour se réjouir de les voir peupler le calendrier de victimes. Elle en appelle à Dieu même, elle menace en son nom. Elle nous montre la loi d’un côté, l’homme et Dieu de l’autre.



Qu’on ne dise donc pas que, puisqu’elle exhorte à tout souffrir, elle accepte le droit de ceux qui font souffrir. Lisez cette belle page où elle vous montre Georges, l’esclave blanc, embrassant pour la première fois le rivage d’une terre libre, et pressant contre son cœur la femme et l’enfant qui sont enfin à lui ! Quelle belle page que celle-là, quelle large palpitation, quelle protestation triomphante du droit éternel et inaliénable de l’homme sur terre : la liberté !



Honneur et respect à vous, madame Stowe. Un jour ou l’autre, votre récompense, qui est marquée aux archives du ciel, sera aussi de ce monde.





Décembre 1852.
Commenter  J’apprécie          282
La case de l'oncle Tom

Il n’est pas évident de parler de ce roman, publié sous forme de feuilleton dans les années et dont on dit qu’il est l’un des facteurs de l’exacerbation des tensions qui menèrent à la Guerre de Sécession…



Heu, elle est forte, celle-là tout de même !! Rendre responsable l’auteure du livre de cette boucherie fratricide, c’est chercher à tout pris la chèvre émissaire (la dame ne peut être un bouc, voyons !).



Paraîtrait même qu’Abraham Lincoln prononça cette phrase : "C’est donc cette petite dame qui est responsable de cette grande guerre" lorsqu’il rencontra Harriet Stowe au début de la guerre de Sécession. Les avis divergent…



C’est vous dire son impact lorsqu’il paru dans cette Amérique où l’esclavage était plus que normal, naturel et que la plupart pensaient, sérieusement, que si on ne fouettait pas ses "nègres", ils allaient devenir paresseux et j’en passe (ceci n’est pas mon avis ! Je ne fais que transcrire un sentiment de l’époque et je le précise pour ceux ou celles qui voient midi à leur porte).



À la limite, pour certaines personnes, le fait de fouetter leurs esclaves ou de les brutaliser leur faisaient du bien (aux esclaves). De multiple fois j’ai eu envie d’entrer dans le roman et de baffer certains personnages.



Peu avant la publication de ce roman, en 1850 donc, le gouvernement avait édicté une loi qui punissait toute personne qui aiderait un esclave fugitif en le nourrissant, l’abreuvant, en lui permettant de se reposer… ou en l’aidant dans sa fuite.



Heureusement que de nos jours ce genre de loi inhumaine n’existe pas ! Oui, je suis ironique parfois. Toujours…



Différents personnages parsèment ce roman, Blancs ou Noirs, et l’auteure, si elle donne l’impression de fait preuve de manichéisme avec les bons maîtres qui sont gentils comme tout et les méchants de gros salopards et bien on se rend compte qu’en grattant un peu sous la surface, tous ne sont pas toujours figé dans leurs actes.



Le bon monsieur Shelby a fait des mauvais placements et doit se résoudre à vendre son esclave adoré Tom, mais pour le racheter, il refusera que sa femme donne des cours de musique (on ne s’abaisse pas à ça) ou à vendre des chevaux. Le gentil Saint-Clare trainera à signer les papiers d’affranchissement de Tom et le marchand d’esclave finira repenti, limite en Saint-Paul.



Si les Blancs sont à la limite du stéréotype, par contre, on dirait qu’on a tenté de réunir tous les clichés pour les personnages Noirs, allant de la femme métisse à la beauté fatale, à l’ouvrier Noir l’insouciant, au petit comique, à la cuisinière l’affectueuse, aux méchants contremaitres, en passant par l’imbécile servile qui veut plaire aux Blancs. Sans parler de leur manière de s’exprimer…



Et c’est de là que découleront mes bémols : tous ces multiples personnages auxquels je n’ai pas eu le temps de m’attacher (contrairement à ceux de "La colline aux esclaves"), pour le fait que Oncle Tom ne soit pas si présent que ça dans l’histoire et pour le côté chrétien que je déteste du "pardonne à ton ennemi" ou du "prie et Dieu t’aidera" qui fait que les gens restent passifs, malgré leurs conditions dantesques.



Les pauvres, on leur avait bien lavé le cerveau. L’époque de l’écriture ne doit pas être étrangère à la chose non plus, en ce temps là, la religion tenait encore une place importante dans les foyers, la rédemption aussi, ainsi que le puritanisme.



Juste que ces chrétiens étaient de mauvais chrétiens puisqu’ils tenaient des gens en esclavage, qu’ils n’avaient pas l’intention de changer le système et que même si certains étaient plus sympas que d’autres, ils étaient toujours dégoutté de poser les mains sur une personne de couleur.



Malgré ces petits bémols plus haut, ce sont des gouttes d’eau dans l’océan du plaisir que j’ai pris en lisant – enfin – ce Grand Classique de la littérature qui aborde quasi à chaque page le caractère immoral et scandaleux de l’esclavage, que ce soit dit par des Noirs ou par certains Blancs, énonçant des faits réels.



Niveau écriture, elle m’a fait penser à celle dans "Oliver Twist" : mélodramatique et sentimentale, comme s’il fallait, en plus de dénoncer un système inhumain et maléfique, faire pleurer dans les chaumières. Tout en étant moins poussé que chez Dickens, où là, je n’en pouvais plus de le lire.



Résultat ? Malgré certaines scènes émouvantes, ma gorge ne s’est pas serrée car trop de mélodrame tue le mélodrame et me fait l’effet inverse. Niveau émotions, j’en ai pris plus dans la gueule avec "La colline aux esclaves" qu’avec la case de l’Oncle Tom.



Et c’est là que vous vous dites : mais pourquoi tu lui colles 4 étoiles, alors ?? Et bien, parce que, malgré ses défauts, ses stéréotypes, son style sentimental, son côté happy end un peu trop poussé (et des coïncidences trop bienheureuses pour être vraies), j’ai dévoré ce roman et je l’ai bien aimé.



C’est ça les contradictions du lecteur… Des défauts, une critique qui les pointent tous et un résultat final qui dit "j’ai super bien aimé" et ça, docteur, ça ne se soigne pas.


Lien : https://thecanniballecteur.w..
Commenter  J’apprécie          260
La case de l'oncle Tom

Mr et Mrs Shelby ont un esclave très serviable, très correct, Tom, l’Oncle Tom. Ils devront s’en séparer pour raison de dettes. Mr Haley, marchand d’esclaves négocie avec Mr Shelby sa valeur marchande. Le marchand veut en plus Henri, le gamin d’Elisa, la servante de Mrs Shelby. Celle-ci l’ayant entendu n’a qu’une idée, s’enfuir avec son fils pour être sûr de le garder.



Dans ce roman, on suit deux personnages en parallèle. L’oncle Tom et Elisa.



Des traqueurs d’esclaves dont Tom Loker, ont eu vent de l’endroit où Elisa ce trouvait chez des Quakers. Ils sont à sa poursuite. Elle quitte les lieux avec Georges la nuit et plus loin sur le parcours échappatoire, ils tiennent en embuscade les poursuivants. Tom Loker est blessé, mais dans un esprit chrétien, Elisa veut que cet agresseur blessé soit recueilli et soigné.



D’autre part sur le Mississipi, l’oncle Tom est vendu à un riche propriétaire Augustin Saint-Clare, qui comme il le fait avec ses esclaves traitera l’oncle Tom d’égal à égal. Il entame même une procédure pour affranchir l’oncle Tom. Miss Ophélia, la cousine de Saint-Clare a la charge d’éduquer Topsy, une petite fille esclave acheté par Saint-Clare. Miss Ophélia s’adonne intensément à la tâche qui lui a été confiée, mais la petites garde tous ses défauts, elle vole, ment, … . Saint-Clare fait comprendre à sa cousine qu’elle a des appréhensions vis-à-vis de Topsy et que cela suivi pour expliquer la situation, l’enfant le sent.



Evangéline dite Eva, une miss très chrétienne tient un ton moralisateur auprès de son entourage qui porte ses fruits. Saint-Clare va rendre l’oncle Tom libre, Ophélia va reconnaître ses erreurs et Topsy va se bonifier.



« Saint-Clare était entré dans un café ; Là deux hommes à moitié ivre s’étaient pris de querelle. Il avait joint ses efforts à ceux de deux ou trois personnes pour les séparer et, cherchant à désarmer l’un des hommes, il reçu un coup de couteau. »



Ainsi mourut Saint-Clare. Restait à son épouse, Marie, de poursuivre l’idée d’affranchir l’oncle Tom de l’esclavage. Il se fait que celle-ci ne partageait pas cette idée et Tom fut vendu à un nouveau maître, Mr. Legree, un véritable tortionnaire. Il n’y avait que la force pour arriver à ses fins. Cependant une autre esclave Cassy avait trouvé le moyen de s’enfuir proposant à l’oncle Tom de fuir avec elle, mais l’Oncle tom n’y donna pas suite … .



Il y a beaucoup de choses à dire à propos de ce roman. J’en viens donc à mon analyse.



Mr. Shelby devait-il réellement vendre l’oncle Tom. On ne se sépare pas d’un homme pour qui on a de l’affection. Mrs. N’avait-elle pas la solution ? Ne pas se séparer de l’oncle Tom, se renflouer en vendant une parcelle de terre ou des chevaux.



Le roman est fort teinté de connotations chrétiennes et pour cause, l’auteure Harriet Beecher-Stowe est fille de pasteur, épouse de pasteur et enseignait elle-même la bible.



Tom Loker un traqueur d’esclave oui, un ennemi oui, mais pourquoi le laissé blessé au sol sur le champ de bataille ?



Les deux tortionnaires de maître Legree se sont converti, suite à l’attitude de l’oncle Tom.



Dans les maîtres comme dans les esclaves, il y a des bons et des méchants.



L’attitude de l’oncle Tom à la suite des méfaits de Mr. Legree, n’est-elle pas idéalisée à l’extrême ? Où et donc la moindre trace de l’instinct de survie ? Je pense à l’évasion qui lui était proposée.



Cette analyse est incontestablement incomplète. A vos brainstormings, cogitations, chères lectrices, chers lecteurs.



Commenter  J’apprécie          231
Dred ou le grand marais maudit

La mort du colonel Gordon a placé Nina, sa fille, à la tête de la plantation de Canema, en Caroline du Nord. Une gestion hasardeuse conduirait l'exploitation à la faillite si Harry, un mulâtre dont elle ignore qu'il est son demi-frère, ne la tenait à bout de bras.



L'amour d'Edward Clayton, avocat et planteur, partisan d'une abolition progressive de l'esclavage, lui ouvre peu à peu les yeux.



Trop lentement pour Harry, qu'un sentiment de révolte pousse à prendre la fuite.



Il rejoint dans le « grand marais maudit » un esclave insoumis qui s'y est réfugié pour organiser un réseau d'évasion et fomenter des rébellions : Dred.



La Case de l'oncle Tom (1852) avait subi le feu croisé de l'oligarchie sudiste, attaquée dans ses privilèges, et des abolitionnistes, jugeant ce roman trop indulgent pour les propriétaires blancs.



Avec Dred (1856), Harriet Beecher Stowe renonce aux bons sentiments pour camper d'authentiques héros noirs.



Ils sont à ses yeux les vrais héritiers de la Révolution américaine, dressés contre l'infamie d'un système qui n'a plus que quelques années à vivre.



Un évenement que la parution en poche d'un texte qui n'était plus disponible depuis quasi sa parution en 1856 : Dred ou le grand marais maudit, de Harriet Beecher Stowe, l'autrice du célèbre La case de l'oncle Tom (1852).



Commenter  J’apprécie          220
La case de l'oncle Tom

Ce classique est-il un peu trop sentimental ? Peut-être. Mais après tout, pourquoi pas, et, en tout état de cause, le sujet en est grave puisqu'il s'agit de l'esclavage. Indispensable à lire si l'on s'intéresse aux Etats-Unis, à la fois parce qu'il a joué un rôle en son temps dans l'histoire de ce pays et parce qu'il est resté gravé profondément dans la mémoire de beaucoup de citoyens américains. Et en plus, c'est plutôt bien construit et agréable à lire, en anglais ou en français, au choix.
Commenter  J’apprécie          190
La case de l'oncle Tom

« Si ma tante en avait ce serait mon oncle, et si mon oncle en était ce serait ma tante ».

Tom n'a ni nièce ni neveu dans ce récit, mais il me semble pouvoir être considéré comme un oncle tel que décrit ci-dessus par Pierre Dac. Et c'est bien la "case" de Tom qui est eu centre du récit : celle, non enviable, assignée par la société américaine au milieu du 19ème siècle à beaucoup de noirs, dont ce jeune homme.



Selon wikipedia, ce roman de Harriet Beecher Stowe, d'abord publié sous forme de feuilleton aux Etats Unis fut le plus vendu du 19ème siècle (second des livres vendus, derrière la Bible) ! Il promut la cause antiesclavagiste, même si beaucoup de stéréotypes raciaux y sont présents. le parallèle entre la piété de Tom et sa bonté est aussi grossier qu'il ne l'est chez Charles Ingalls dans "la petite maison dans la prairie", et le propos souvent aussi niais, ringard et moralisateur que dans cette série. Il est possible que la version française publiée par "Les éditions des deux coqs d'or" (ex éditions Cocorico renommée en 1960) avec des extraits sélectionnés pour un jeune public accentue ces traits. Quoi qu'il en soit, l'auteure souhaitait dénoncer l'esclavage, et plus de 150 ans plus tard il serait malvenu de ma part de lui reprocher avec outrance la manière dont elle le fit, d'autant qu'elle servit cette cause juste avec efficacité.

Commenter  J’apprécie          186
La case de l'oncle Tom

La case de l’Oncle Tom est un classique de la littérature américaine que je tenais à découvrir ayant une sensibilité particulière pour l’histoire des Noirs américains. Je trouvais intéressant de connaitre le point de vue – très moderne pour l’époque – d’une femme blanche qui, par ses écrits, a participé à la cause abolitionniste. Ma curiosité portait également sur le ressenti des Noirs Américains contemporains sur le personnage de l’Oncle Tom qui peut être lancé comme une invective.



Ce qui frappe au premier abord, c’est le mélange perturbant de propos qui sensibilisent le lecteur à la condition des esclaves, à l’inhumanité dont ils sont victimes ; et ceux mâtinés de clichés racistes. Je ne suis pas persuadée qu’ils aient vocation à être dénoncés, mais sont, à mon sens, le reflet d’une époque (enfin en est-on sortie ?) qui, même chez les personnes progressistes, affleuraient malgré elles.



Le style littéraire est vraiment daté, lourd, ampoulé et m’a donné, je dois l’avouer, du fil à retordre pour m’accrocher, ce jusqu’à la première moitié du livre (plusieurs versions existent : il s’agit ici de la version intégrale de plus de 600 pages). Adultes, enfants ou esclaves (donc pas toujours très instruits), tous s’expriment de la même manière empruntée. Les personnages sont assez manichéens et la structure narrative assez particulière.



Néanmoins, il est arrivé un moment où ma lecture est devenue plaisante, où l’intérêt allait grandissant.



L’histoire est porteuse d’espoir et en même temps très triste. L’Oncle Tom est un personnage très pieux, presque christique, qui accepte sa condition et trouve refuge dans l’espoir d’une vie meilleure aux côtés du Seigneur. Les Noirs Américains voient là un symbole de soumission à l’oppression des Blancs. Une autre interprétation (donnée dans les commentaires en fin de livre) pourrait être que malgré les chaines de l’esclavage et la domination du maitre, les coups, la torture, l’âme, elle, est libre et n’a pas de bourreau. C’est une belle interprétation qui met en avant la grandeur d’âme d’un peuple opprimé. Néanmoins, je comprends aussi le point de vue passif décrié par les Noirs eux-mêmes, eux qui ont eu tant à lutter pour gagner justice et équité.



En bref, une histoire profonde (inspirée de faits réels !) qui donne à réfléchir aussi sur les différentes formes d’esclavagismes (même les « bons » maîtres n’en demeuraient-ils pas moins des oppresseurs) ; concept très moderne pour l’époque.



Un classique à lire.

Commenter  J’apprécie          189
La case de l'oncle Tom

Ce livre merveilleux, édifiant et digne est la preuve de l'inutilité absolue de la littérature et de la culture.

L'être humain reste encore et toujours une affreuse machine à construire des systèmes horribles, inégalitaires au mieux, génocidaires au pire. Pour s'accaparer les pouvoirs, en espérant contrer ou contrôler la peur, et la mort (qui sont les deux faces de la même pièce).



Mais, bougre de trou de cul, tu vas crever de toute façon, quoi que tu fasses, comme tout le monde, comme chaque être humain.

Alors, pourquoi ne pas tenter la dignité, la compassion pour ton prochain (car il va mourir), l'auto-compassion (parce que tu vas mourir) et qu'avant de mourir.........



Anyway.



Pour en revenir au livre, après sa lecture, à moins d'avoir perdu son coeur dans le néant cosmique, il est impossible de ne pas souhaiter et oeuvrer pour la fin de tout système esclavagiste. Et de tâcher de comprendre les souffrances d'autrui. A moins d'avoir perdu son coeur dans le néant cosmique. (Ou dans le néant cosmétique aussi, peut-être)



Mais bon, Jésus a été crucifié. Ne l'oublions jamais. (Ouais ok Bruno, mais ça c'est un peu avant Pâques, avec les oeufs en chocolat. Là on vient de passer Noël, avec les cadeaux ratés à revendre, faut pas confondre...)



Mourir dignement, that's the only goal.

Sinon si avec les oeufs on peut avoir aussi des lapins en chocolat. Ils ne crient pas quand on les croque. Enfin, j'espère.



Merveilleux livre, édifiant, digne, à continuer de (faire) lire.
Commenter  J’apprécie          151
La case de l'oncle Tom

Ce livre a probablement vieilli... Pourtant, son propos est d'une incroyable actualité. Il pose la question de l'humanité que nous devons reconnaître en chaque homme indépendamment de sa couleur de peau, de la place qu'on occupe dans la société - celle qu'on reçoit de cette dernière ? - de son appartenance, ou non, à la classe dominante. C'est l'ancienneté de cette prise de position qui en fait la valeur. En 1852 !!!! Un siècle avant que je ne naisse au monde dans le camp des nantis ! Et c'est une femme qui écrit ! ...

Cela mérite un peu d'attention, d'ouverture et de sagesse se montrant capable d'aller chercher le message au-delà du côté poussiéreux du temps, des scories liées aux idées bien pensantes qui ne pouvaient que venir d'une religion et de la caricature d'un Oncle Tom qui nous paraît trop, trop bon, trop juste, trop naïf et trop parfait ... et qui, pourtant, nous invite à réfléchir. Qui es-tu, mon frère ? Tu me parais bien étrange... et si c'était moi, l’étranger ?



Bref, un livre qui garde une puissance d'interpellation pour qui veut s'ouvrir aux problématiques actuelles liées au racisme ambiant et à la xénophobie galopante de certains de nos concitoyens.
Commenter  J’apprécie          150
La case de l'oncle Tom

"Vous êtes donc la petite femme qui a écrit le livre qui a déclenché cette grande guerre." C'est ce qu'aurait dit Abraham Lincoln à la romancière Beecher-Stowe en 1862.

"La case de l'oncle Tom", une oeuvre qui a pour objet de dénoncer l'esclavage et pas seulement dans le sud des Etats-Unis.

Beaucoup de péripéties dans ce livre et des scènes illustrant la dureté inhumaine du sort des esclaves. Une fin pleine d'espoir lorsque deux des personnages arrivent au Libéria, pour y préparer l'accueil d'esclaves, cet état africain étant considéré comme une solution possible pour mettre fin à l'esclavage.
Commenter  J’apprécie          140




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Harriet Beecher Stowe (2575)Voir plus

Quiz Voir plus

U4 Stephane

Comment ce livre est construit ?

comme un journal
comme un roman
comme un recueil de nouvelles

9 questions
17 lecteurs ont répondu
Thème : U4 : Stéphane de Vincent VilleminotCréer un quiz sur cet auteur

{* *}