BETTER AT HOME: Hazel Prior
Je commence à penser que c'est parfois une bonne idée de confier ses émotions à autrui. Du moment que vous choisissez cet autrui avec précaution.
Il va me falloir puiser une quantité extraordinaire de volonté. Mais c'est toujours le cas, quoi qu'on veuille accomplir d'important dans la vie.
On ne sait jamais rien des autres. Même ceux qu'on connaît bien, on n'a presque aucune idée de ce qu'il se passe réellement dans leur tête.
Alors, voilà ce que c'est de mourir. Qui aurait cru que ça soit aussi frustrant et ennuyeux ? J'aimerais que ça soit terminé, mais sans nul doute que la mort va prendre tout son temps, faire traîner les choses autant que possible tout comme la vie. Que c'est pénible !
Parfois, les souvenirs accumulent de la poussière dans un recoin de votre mémoire. Parfois, ils vous hantent comme des ombres. Parfois, ils vous poursuivent, une matraque à la main.
Et vous savez ce que c'est, la curiosité ? C'est comme un ver qui vous grignote. Il grignote et grignote jusqu'à ce que vous cédiez.
Eileen, avec son élégance coutumière, me fait souvent remarquer que je suis "aussi coriace qu'une vieille semelle". Chaque fois, je suis tentée de lui répondre : " C'est pour mieux te botter les fesses, mon enfant." Mais je résiste à la tentation : on doit toujours s'efforcer d'éviter l'impolitesse.
Je me sens comme une bouteille de bière une fois bue. Inutile. Sans valeur. Vide.
Le tic-tac de l'horloge me semble particulièrement bruyant aujourd'hui. Je déteste les horloges mais, comme les politiciens et le paracétamol, elles ont trouvé le moyen de se rendre indispensables dans ce monde.
J'ai dit à Eileen d'enlever tous les miroirs. Avant, je les aimais bien, mais plus aujourd'hui. Les miroirs sont trop honnêtes. Une femme ne peut supporter tant de vérité.