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Critiques de Hector Feliciano (4)
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Le musée disparu

Une enquête à la fois minutieuse et étayée, et à portée du quidam comme moi, n'ayant de connaissances sur l'art et son milieu que très basiques et de connaissances historiques moyennes.



J'ai appris ou approfondi plein de choses



Une enquête qui se lit très agréablement
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Le musée disparu

Hector Feliciano est journaliste indépendant. Sa passion pour l’art et l’investigation l’ont conduit à mener une enquête des plus complexes : le pillage des œuvres d’art en France mené par les nazis.



En douze ans seulement, plus d’œuvres d’art ont été volées et déplacées qu’au cours des guerres de Trente Ans ou des guerres napoléoniennes, soit dans les 20 000 œuvres dérobées pour la plus grande part à des collectionneurs juifs, et dont la moitié n’a jamais été restituée à ses propriétaires.



Dès 1940, le projet qui anime Hitler est le suivant : rapatrier toutes les œuvres allemandes sorties du territoire depuis le XVIème siècle. C’est l’historien Otto Kümmel qui est chargé d’inventorier toutes les œuvres sur lesquelles les prétentions du régime nazi peuvent s’exercer. Et le travail sera considérable, il porte principalement sur la France, la Hollande, la Belgique, l’Autriche et les Sudètes. Mais le rapport ne s’en tient pas qu’aux états conquis, il réclame également des œuvres en Angleterre (le Christ et Madeleine de Rembrandt par exemple, propriété personnelle du roi).



Le rapport Kümmel représente la « chimère de l’idéologie nazie, son obsession pour la germanité et la notion de patrimoine allemand ». Ainsi ce programme peut être considéré comme « le versant culturel et artistique du projet hitlérien de conquête nationaliste, parallèlement à ses versants politique, racial, économique et militaire ».



Au printemps 1940, alors que les armées de la Wehrmacht progressent de Paris vers les villes françaises, un nouveau département de la lutte nazie est créé à l’Hôtel Commodore, au 12 boulevard Haussmann à Paris : l’ ERR (Einsatzstab Reichsleiter Rosenberg), placée sous l’autorité d ‘Alferd Rosenberg, principal responsable du pillage d’art français.



Si certaines œuvres sont épargnées, cachées, sorties de France par tous les moyens, d’autres se retrouvent vendues ou données, trafiquées par la collaboration ou volées.



Ainsi le premier chapitre du livre raconte comment à son retour au Louvre, il fallut effacer la croix gammée qui ornait la célèbre toile L’Astronome de Vermeer.



Mais en matière de pillage, l’ERR allait se heurter à un rival de taille, en la personne d’Hermann Goering.



En 1933 il avait commencé la construction d’un monument à la gloire de son épouse décédée, Carinhall, son musée personnel qui devait accueillir les œuvres tirées du pillage, ses « trophées de guerre ».



S’il coordonne les agissements de l’ERR, il n’hésite pas à prélever pour sa collection privée les œuvres qui l’intéressent.



Clef de voûte de ce système de pillage, Goering obtient en 1940 un accès illimité aux salles du Jeu de Paume, dépôt central des œuvres confisquées.



Se posant en chef d’expertise, la valeur des tableaux est variable d’un jour à l’autre et d’une œuvre à l’autre. Si les maîtres classiques obtiennent une côte importante, les impressionnistes et les modernes se voient classés au rang d’œuvres « dégénérées » et servent de monnaie d’échange.



Cette obsession pour l’art en temps de guerre atteste de la place importante du patrimoine culturel dans l’identité aryenne que tâchaient de construire Hitler et Goering.



Après la défaite, apparut un énorme chantier d’œuvres errantes, perdues, non réclamées, dont le parcours allait demeurer pour longtemps une énigme.



Le dernier chapitre du livre raconte le mystère de La femme en rouge et vert de Fernand Léger, œuvre « récupérée » par le musée national d’art moderne de Paris, estampillée R2P (Récupération Numéro 2 Peinture).



Femme en rouge et vert est l’une des deux mille œuvres d’art non réclamées et confiées à la garde des musées nationaux après la guerre, parmi lesquelles des Picasso, Degas, Ernst, Picabia, Monet, Cézanne…D’autres ornent des bureaux gouvernementaux (par exemple Le Baiser de Rodin dans l’Hôtel Matignon provient de ce circuit).



Ces œuvres non réclamées sont connues sous l’appellation MNR (Musée Nationaux Récupération).



Le livre nous apprend donc que le ministère de la Culture a estimé que sur les 100 000 œuvres volées par les nazis en France, près de 80% avaient été récupérées dans l’immédiat d’après guerre par leurs propriétaires.



C’est dans les 16 000 œuvres qui ne furent jamais réclamées. Les conservateurs des musées choisirent 2000 d’entre elles (des Monet, Chardin, Cézanne etc…) le reste fut vendu aux enchères en 1949, date de la dissolution de la Commission de Récupération Artistique (CRA).



De cette récupération, la seule obligation qui échue aux musées fut de divulguer les œuvres, afin que les MNR puissent être vus par tous.



Néanmoins leur statut juridique demeure particulier, aucun délai de revendication n’est prévu, et les musées ne sont que les « détenteurs précaires ».



Pour Hector Feliciano, le parcours de ces œuvres est assez représentatif des enjeux tissés autour d’elles après toutes ces années. Excitant la convoitise de tous, les musées craignent que ces tableaux de maîtres leurs soient enlevés à tout moment.



Ainsi la trajectoire de Femme en rouge et vert est représentatif. Il ne fut rendu à son propriétaire qu’en 2003, les héritiers du collectionneur Paul Rosenberg (parmi lesquels la désormais célèbre Anne Sinclair). A n’en pas douter, cette restitution aurait pu être opérée des années plus tôt.



Monnaie d’échange au cœur du système opaque de la collaboration, trésor volée aux persécutés de France, ces œuvres MNR ont encore un long parcours devant elles, celui non moins tortueux de la mémoire et de la mauvais conscience.



Un livre passionnant et minutieux dont nous recommandons la lecture aux passionnés d’art et d’histoire.


Lien : http://madamedub.com/WordPre..
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Le musée disparu

Critique de Lauren Malka pour le Magazine Littéraire



Depuis quinze ans (première date de la publication en langue anglaise), le journaliste américain Hector Feliciano ne cesse d'enrichir son enquête sur ce qu'il appelle le « Musée disparu », mystérieux itinéraire des oeuvres d'art pillées par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. Des milliers d'oeuvres d'art ont été confisquées dans les musées nationaux, les galeries, mais aussi les collections privées de familles juives comme les Rothschild, les Rosenberg ou les Bernheim-Jeune. Comment ont-elles été pillées ? Quelle était la dimension esthétique et idéologique de ces pillages ? Les oeuvres d'art existent-elles toujours ? L'auteur emploie son talent de romancier et d'enquêteur à nous imprégner des décors pittoresques et des personnalités charismatiques du milieu de l'art parisien de l'époque, mais aussi à reconstituer un « puzzle gigantesque » en retraçant l'itinéraire de ces oeuvres. Un travail de recherche hors du commun qui permet au patrimoine artistique français de faire connaissance avec son propre passé et, d'une certaine façon, de se reconstituer.
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Le musée disparu

Gros travail d'investigations ur le pillage et le vol d'oeuvres d'art par les allemands pendant la deuxième guerre mondiale. Enquête intéressante et bien documentée.
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