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Citation de Woland


Woland
17 septembre 2012
[...] ... Dans ces années où l'enfance s'éloignait toujours davantage, elle qui avait déjà plus d'une antenne dans le glacis désert et calme du monde adulte - là où les gens, d'après les critères d'un garçon, ne font vraiment plus rien mais discutent, dans un mortel ennui, assis autour d'une même table, avec des chaussures remarquablement propres, sans prendre la moindre disposition pour agir, ce qui fait qu'il n'abîment bien sûr jamais leurs vêtements, pas plus que les livres qu'ils lisent et où il n'y a pratiquement ni action, ni rien du tout - c'est dans ces années-là que Conrad, vu qu'il n'était plus continuellement occupé comme avant, et à force de traîner et de tourner en rond dans l'appartement vide, découvrit un jeu étrange dans le salon : il y avait là un grand miroir dont la glace tirait légèrement sur le vert, signes peut-être avant-coureurs de son ternissement. Si on se regardait dans ce miroir à l'approche du crépuscule en fermant un peu les paupières et en se reculant petit à petit - alors, à un certain moment, le jeu devenait effrayant : car l'image renvoyée vous regardait soudain avec des trous sombres à la place des yeux et, suivant l'éclairage, il n'y avait effectivement plus que les orbites qui restaient visibles dans le visage. Pendant un certain temps, Kokosch [= surnom de Conrad dans son enfance] n'arrêta pas. Ce salon qu'il avait autrefois complètement délaissé, Conrad aimait s'y rendre maintenant, surtout quand il n'y avait personne d'autre à la maison. L'air confiné rempli de l'odeur propre qui émanait des tapisseries et des étoffes délicates, toutes les choses ici que personne ne semblait avoir touchées et qui ne paraissaient pas destinées à l'utilisation - tout cela agissait sur lui exactement de la même façon que l'odeur de vernis qui flottait autrefois dans le vestibule fraîchement repeint : un pressentiment de choses lointaines ou nouvelles qui, dans la façon qu'elles avaient ici de l'effleurer, ne pouvaient être que bonnes, ne pouvaient être que séduisantes. ... [...]
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