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3.66/5 (sur 100 notes)

Nationalité : Allemagne
Né(e) à : Eppendorf (Saxe) , le 09/01/1929
Mort(e) à : Berlin , le 30/01/1996
Biographie :

Heiner Müller est un dramaturge, directeur de théâtre, poète et anarchiste est-allemand.

Sa mère est ouvrière dans l'industrie textile, son père col blanc, membre du Parti social-démocrate. Il est arrêté en 1933, dès la prise de pouvoir de Hitler, une scène fondamentale dans la vie de Heiner Müller.

En 1944, Heiner Müller est mobilisé dans le Volkstürm, service obligatoire pour les hommes qui n'ont pas encore, ou n'ont plus, l'âge d'être au front : Il passe les derniers jours de la guerre au nord de l'Allemagne, subit les bombardements anglais.

En 1951, ses parents partent pour l'Ouest. Heiner Müller ne les suit pas. Il vit à Berlin, crapahute dans le journalisme, collabore à l'Union des écrivains, commence à écrire, mais c'est seulement en 1956, l'année de la mort de Brecht, qu'un texte de lui, La Croix de fer, est publié. Heiner Müller travaille à la revue Junge Kunst, et va déjà vers le théâtre.

Avec sa femme, Inge, il écrit la première version de Der Lohndrücker (Le Briseur de salaire), qui reçoit le prix Henrich Mann en 1959, mais, deux ans plus tard, l'année de la construction du mur de Berlin, sa nouvelle pièce, Die Umsiedlerin (L'Émigrante), est interdite après une seule représentation. Il est exclu de l'Union des écrivains. Et puis sa femme se suicide.

De 1970 à 1976, il est conseiller artistique au Berliner Ensemble, avant de passer à la Volksbühne. Bien qu'habitant dans une HLM sans grâce, toujours en butte aux tracasseries officielles, il mène une existence relativement privilégiée. Il voyage aux États-Unis, en Europe, et partout son œuvre est jouée.

En 1989, nommé président de l'Académie des arts de l'ex-RDA menacée de fermeture, il se trouve “ récupéré ”. Comme la plupart des intellectuels et notables ayant connu la gloire en RDA, il est couvert d'insultes.
On l'accuse d'avoir servi d'informateur à la Stasi. Il reconnaît avoir eu des contacts, d'ailleurs inévitables dans sa position.

En 1993, il est nommé à la direction du Berliner Ensemble.
Cet auteur parmi les plus importants du siècle est mort trop tôt, le samedi 30 janvier 1996, à Berlin, des suites d'un cancer, avant d'avoir monté en France l'une de ses pièces, Hamlet-Machine, comme il aurait dû le faire bientôt pour le Festival de Maubeuge, avant d'avoir écrit la pièce qui lui tenait le plus à cœur, dialogue de Hitler et de Staline en pleine bataille de Stalingrad.

Auteur est-allemand, il a, jusqu'à la chute du mur, refusé de s'exiler comme d'autres artiste
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Source : /www.leseditionsdeminuit.com
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En débat, deux spectacles adaptés de romans : "Les Frères Karamazov" de Sylvain Creuzevault au Théâtre de l'Odéon "Les Frères Karamazov" est un monstre. Comme pour "Les Démons" (mis en scène aux Ateliers Berthier à l'automne 2018), et après "Le Grand Inquisiteur" (créé à l'Odéon 6e à l'automne 2020), Sylvain Creuzevault taille dans ses 1300 pages les éléments d'une lecture inspirée de Heiner Müller et Jean Genet, selon qui l'ultime roman de Dostoïevski est avant tout “une farce, une bouffonnerie énorme et mesquine”. Cet humour farcesque, déjà perceptible dans "Les Démons", devient ici littéralement ravageur. "Sleeping" de Serge Nicolaï au Théâtre Monfort Éclairer la vie en regardant la mort. "Sleeping" est un spectacle onirique qui résonne avec l'époque. Associant masques, jeu théâtral, vidéo et musique, Serge Nicolaï s'inspire du roman "Les Belles Endormies" de l'écrivain japonais Yasunari Kawabata. Évocation poétique d'un vieil homme, Eguchi, au crépuscule de sa vie. Toutes les femmes qui ont jalonné sa vie, sa mère, sa fille, son amante, lui apparaissent au seuil de la mort, belles, provocatrices, sensuelles, délicates. Des messagères tant fascinantes que répugnantes de l'entre-monde. Des icônes féminines qui reflètent l'âme d'Eguchi et confrontent sans relâche son être le plus intime à ces questions : Comment as-tu aimé ? Comment as-tu vécu ? Une merveilleuse ode à la vie.

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Citations et extraits (59) Voir plus Ajouter une citation
Ma place, si mon drame avait encore lieu, serait des deux cotés du front, entre les fronts, au-dessus. Je me tiens dans l'odeur de transpiration de la foule et jette des pierres sur policiers soldats chars vitres blindées. Je regarde à travers la porte à deux battants en verre blindé la foule qui afflue et je sens ma sueur froide. J'agite, étranglé par l'envie de vomir, mon poing contre moi-même qui suis derrière le verre blindé. Je me vois, agité de crainte et de mépris, dans la foule qui afflue, l'écume à la bouche, agiter mon poing contre moi-même. Je pends par les pieds ma viande en uniforme. Je suis le soldat dans la tourelle du char, ma tête est vide sous le casque, le cri étouffé sous le chenilles. Je suis la machine à écrire. Je fais le noeud coulant quand les meneurs vont être pendus, enlève le tabouret, me brise la nuque. Je suis mon prisonnier. J'alimente les ordinateurs en informations sur moi. Mes rôles sont salive et crachoir couteau et plaie dent et gorge cou et corde. Je suis la banque informatique. Sanglant dans la foule. Respirant derrière la porte à deux battants. Secrétant une bave de mots dans ma bulle insonorisée au-dessus de la bataille. Mon drame n'a pas eu lieu.
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C'est Electre qui parle. Au coeur des ténèbres. Sous le soleil de la torture. Aux métropoles du monde. Au nom des victimes. Je rejette toute la semence que reçue. je change le lait de mes seins en poison mortel. Je reprends le monde auquel j'ai donné naissance. J'étouffe entre mes cuisse le monde auquel j'ai donné naissance. Je l'ensevelis dans mon sexe. A bas le boheur de la soumission. Vive la haine, le mépris, le soulèvement, la mort. Quand elle traversera vos chambres avec des couteaux de boucher, vous connaîtrez la vérité.
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MAUSER




CHOEUR: tu as combattu sur le front de la guerre civile
L'ennemi ne t'a trouver aucune faiblesse
Nous ne t'avons trouvé aucune faiblesse.
A présent tu es toi-même une faiblesse
Qu'il ne faut pas que l'ennemi nous trouve.
Tu as distribué la mort dans la ville de witebsk
Aux ennemis de la révolution sur notre ordre
Sachant: le pain quotidien de la révolution
Dans la ville de Witebsk comme dans d'autres villes
Est la mort de ses ennemis, sachant: l'herbe même
Il nous faut l'arracher afin qu'elle reste verte
Nous les avons tués de ta main.
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Avec les dents de mes chiens je veux arracher de ta chair souillée la trace de mes larmes, ma sueur, mes cris de plaisir. Avec les lames de leurs griffes tailler dans ta peau ma robe de mariée. Ton haleine, qui a le goût des cadavres des rois, la traduire dans la langue du tourment qui est l'apanage des esclaves. Je veux manger ton sexe et engendre un tigre qui dévore le temps dont les horloges battent mon cœur vide traversé par les pluies des tropiques.

La Mission, p.20-21
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La révolution n'a plus de patrie, ce n'est pas nouveau sous ce soleil qui ne brillera peut-être jamais sur une nouvelle terre, l'esclavage a de multiples visages, nous n'avons pas encore vu le dernier, ni toi Sasportas, ni nous Galloudec, ce que nous avons pris pour l'aurore de la liberté n'était peut-être qu'un nouvel esclavage plus effroyable, comparé auquel le règne du fouet dans les Caraïbes et ailleurs n'est qu'un aimable avant-goût de la félicité du paradis, et ta bien-aimée inconnue, la liberté, quand ses masques seront usés, peut-être n'aura-t-elle pas d'autre visage que la trahison : ce que tu ne trahis pas aujourd'hui te tuera demain. La révolution d'un point de vue médical, est un mort-né, Sasportas : de la Bastille à la Conciergerie, le libérateur devient gardien de prison. MORT AUX LIBÉRATEURS telle est la vérité dernière de la révolution. Et en ce qui concerne le meurtre que j'ai commis pour notre cause : le médecin meurtrier n'est pas un rôle nouveau dans le théâtre de la société, la mort n'a pas une telle importance pour les sauveurs de l'humanité : un autres état chimique, jusqu'à la désertification, chaque ruine est un terrain où bâtir contre la morsure du temps.

La Mission, p.36-37
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KLUGE.- Mais tu leur as apporté aussi un mythe très négatif, provenant du Brésil.

MÜLLER.- Oui, c'était pour moi le point primordial au japon. Les Japonais sont très intéressés par les échanges culturels, c'est le mot-clé dans différents théâtres. Et ils veulent importer de la culture européenne. C'est pourquoi j'ai raconté cette parabole, peut-être méchante, qui vient du Brésil. Il existe là-bas, dans la forêt amazonienne, une espèce de fourmi génétiquement programmée pour ne marcher que sur le sol, elle ne se déplace donc qu'horizontalement. Lorsqu'un obstacle surgit, les fourmis tournent en rond, elles ne peuvent pas l'escalader.

KLUGE.- C'est vrais, Alexandre de Humbolt l'avait déjà ... (note de bas de page : Alexandre de Humbolt (1769-1859), naturaliste et explorateur allemand.)

MÜLLER.- Oui, mais il existe une plante nichée sur les arbres, une fleur, qui laisse tomber ses spores sur le sol, la plupart tombent directement sur les fourmis, et ces spores se frayent un chemin dans le corps des fourmis à travers leur carapace, vont jusqu'à leur cerveau et changent leur programme génétique de telle sorte que les fourmis grimpent aux arbres. Lorsqu'elles sont arrivées tout en haut et qu'elles ne peuvent pas aller plus loin, elles s'agrippent très fort, meurent et une fleur sort de leur tête. C'est un exemple d'échange culturel : donc de danger et d'espoir. Le problème, c'est la tendance à une culture de festival. En fin de compte, la culture doit naître et se développer de manière régionale.Mais cela contredit les intérêts de l'économie.

KLUGE.- De l'économie ou de ceux qui...

MÜLLER.- ...qui tirent profit de l'art.
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Pourquoi l'avenir est-il toujours au singulier dans notre langue, Galloudec. Peut-être en va-t-il autrement chez les morts, si la poussière parle. Penses-y, Sasportas, avant de risquer ton cou pour la libération des esclaves dans un abîme qui n'a plus de fond depuis cette nouvelle que je vais à présent m'incorporer afin qu'il ne reste aucune trace de notre tâche. En voulez-vous un morceau. C'était notre mission, elle n'a plus que la saveur du papier. Demain elle aura suivi le chemin de toutes chair, toutes les ascensions ne se font pas dans le même sens. Et peut-être est-elle déjà en route l'étoile qui vient du froid de l'espace, un bloc de glace ou de métal qui fera le trou définitif dans ce terrain des faits où nous replantons toujours nos fragiles espérances. Ou le froid lui-même qui gèlera notre hier et notre demain en un éternel aujourd'hui. Pourquoi ne sommes-nous pas nés arbres, Sasportas, non-concernés par tout ceci. Ou bien préfères-tu être une montagne. Ou un désert. Qu'en dis-tu, Galloudec. Pourquoi écarquillez-vous les yeux comme deux pierres. Pourquoi ne sommes-nous pas simplement là à contempler la guerre des paysages. Que me voulez-vous. Mourez votre mort, si vous n'avez plus goût à la vie. Je ne vous aiderai pas, moi non plus elle ne me plaît pas.
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Kluge.- Tu as dit un jour : " Qu'est-ce qui s'oppose à Auschwitz, dès lors que c'est faisable? "

Müller.- Le problème de notre civilisation est d'élaborer une alternative à Auschwitz et il n'en existe aucune. Il n'existe aucune argumentation contre Auschwitz. Si par exemple tu considères Auschwitz comme la métaphore - oui, métaphore est un mot très barbare - mais aussi comme la réalité de la sélection. Et la sélection est globalement le principe même de la politique. Il n'existe pas encore d'alternative à Auschwitz. On ne peut que faire des variations, atténuer, nuancer ou que sais-je encore.

Kluge.- On peut aussi se promettre que cela n'arrivera plus jamais. De cette façon cela se produira précisément à l'endroit le plus inattendu. Est-ce que tu mets l'accent là-dessus à présent ? Lorsque tu mets en avant la notion de faisabilité qui sous-tend la génétique, Tchernobyl, la politique d'apartheid en Afrique du Sud, dans les courants souterrains qui inventerons sûrement encore autre chose... penses-tu alors que le ventre est encore fécond ?

Müller.- Je veux dire simplement que tout ce qui est pensable est aussi faisable. Et tout ce qui est faisable sera fait. De n'importe quelle façon, n'importe quand, par n'importe qui.
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Des machinistes, à l'insu de l'interprète d'Hamlet, installent un réfrigérateur et trois postes de télévision. Bruit du réfrigérateur. Trois programmes sans le son.
Le décor est un monument. Il représente, agrandi cent fois, un personnage historique. La pétrification d'une espérance. Son nom est interchangeable. L'espérance ne s'est pas réalisée. Le monument gît sur le sol, renversé trois ans après les funérailles nationales de celui qui fut haï et vénéré par ses successeurs au pouvoir. La pierre est habitée. Dans les spacieux orifices du nez et des oreilles plis de la peau et de l'uniforme de la statue démolie s'est nichée la population pauvre de la métropole. A cette chute du monument après un temps convenable succède le soulèvement. Mon drame, s'il avait encore lieu, aurait lieu dans le temps du soulèvement.
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Kluge - Il paraît que Montaigne était si avide et mangeait d'un tel appétit qu'il n'arrêtait pas de se mordre les doigts ou même langue.
Müller - Je ne crois pas qu'appétit soit le mot juste. Il y a là une différence. Prenons un autre exemple. Je viens d'aller à Paris pour la énième fois, car je voulais montrer à ma femme Brigitte les peintres de la modernité exposés dans la collection permanente du musée du Centre Georges Pompidou. Les revoir pour la troisième fois a été terrible pour moi. Toute cette modernité est si ennuyeuse, si morte... Matisse... des motifs de papier peint, c'est parfaitement ennuyeux. Et puis soudain tu arrive dans une salle. C'est la salle Giacometti. Et tu te trouve tout à coup dans un temple. Je ne veux pas dire "sacré" au sens religieux mais soudain c'est de l'art. Tout le reste, tu peut le jeter. Là, on perçoit nettement la véritable coupure. Picasso était le dernier artiste universel ou le dernier artiste de la renaissance, si on peut dire. Et lui avait encore faim. Après lui, chacun eut son propre appétit spécifique. Vue ainsi, la différence entre la faim et l'appétit est très important. Et plus il seras difficile de nourrir la population mondiale, plus la faim dans l'art déclinera de façon très nette. L'art sans la faim, ça ne marche absolument pas. C'est-à-dire que l'art sans l'exigence de tout avaler et de tout posséder ça ne marche pas.
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