- Mettez votre ceinture, ordonna-t-il.
Je souris légèrement, soulagée de changer de sujet.
- Vous vous inquiétez pour ma sécurité ?
- Si vous finissez écrasée contre le pare-brise, la paperasse à remplir sera infernale. Sans parler du nettoyage.
- Vous voyez ? fis-je, satisfaite. Vous n’aimez pas non plus les heures sup.
La douleur n’est pas mon amie. La douleur n’est l’amie de personne. Et si quelqu’un essaie de vous persuader du contraire, faites-lui boire un gin-tonic.
- Un ami à toi ? demandai-je.
- Pas vraiment.
- Déjà, est-ce que t’as des amis ?
- Ivy, soupira Winter.
Il sortit de sa veste un mouchoir en lin, brodé de ses initiales. Je n’étais même pas surprise. Il était si adorablement vieux jeu, parfois. Je le pris avec gratitude et me mouchai avant de le lui rendre. Le fantôme d’un sourire joua sur ses lèvres, et il secoua la tête.
- Tu peux le garder.
Je reniflai.
- Tu veux pas ma morve ?
- Pas spécialement.
- Oh, tu prends ma défense.
Je poussai un grognement.
- Peut-être bien. Tu sais qu’on est en train de devenir le pire couple de la planète, pas vrai ? Je veux dire, on se fait les yeux doux et on défend notre honneur respectif ? C’est le début de la fin. Bientôt, on aura un sticker Winter Loves Wilde sur la voiture et des t-shirts assortis.
Bien sûr que j'avais raison ! J'avais toujours raison. Enfin presque. Près de cinquante pour cent du temps, ce qui, selon mes termes, signifiait "presque toujours".
La mère de Winter avait ouvert les bras.
- Oh, je suis si heureuse de te rencontrer, Ivy. Appelle-moi Sophia. Et voici George.
À ma grande surprise, elle me serra chaleureusement contre elle.
- Raphaël nous a tant parlé de toi, continua-t-elle.
Mon estomac se noua. Qu’est-ce qu’il avait bien pu leur dire ? Que j’étais trop paresseuse pour aller acheter du lait à pied, et que j’avais passé un accord avec un des gosses de l’immeuble pour qu’il aille m’en chercher ? Est-ce qu’il leur avait dit que j’avais tendance à retourner mes petites culottes pour gagner une journée sur mes lessives ? Ou alors, peut-être qu’il avait osé mentionner qu’un jour, j’avais regardé une saison entière d’Inspecteur Derrick parce que j’avais bien trop la flemme de chercher la télécommande ?
Je me forçai à sourire
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« – Ne le laisse pas t’énerver, souffla Winter.
– Je suis si transparente ?
– Quand tu es en colère, le bout de tes oreilles rougit.
Je lui jetai un regard surpris. Il haussa les épaules.
– C’est assez adorable.
Je ne pus m’empêcher de lui lancer un sourire moqueur.
– Je parie que tu n’aurais jamais pensé utiliser ce genre d’adjectif quand tu m’as rencontrée.
– Oh, murmura-t-il, j’ai changé d’avis sur beaucoup de chose en ce qui te concerne, Ivy.
Quelque chose dans la façon dont il prononça mon nom m’emplit de chaleur et de bien-être. A ce rythme, je lui lécherais les pieds et le supplierais de m’emmener à la salle de sport pour frôler la mort à coup d’haltères, dans trois jours. Quelle horrible perspective. »
Être une super-héroïne, c'était cool, mais je ne pouvais rien contre la pluie.
- Bien essayé, Ivy. Mais si tu étais si occupée que ça en ce moment, tu n’aurais pas passé toute la matinée à ouvrir nos calendriers de l’Avent et manger tous les chocolats.