" Dans cette chambre
A pris source
Une parole
Qui tremble
de se perdre un jour"
Les poèmes inédits, réunis dans ce recueil, datent pour la plupart de la période entre 2006 et 2008, au moment où Hélène Cadou commence à souffrir de la maladie d'Alzheimer, elle n'écrira plus ensuite, jusqu'à sa mort en 2014. De nombreux textes témoignent de son angoisse, de son désarroi...
Quoi de plus terrible en effet, pour une femme amoureuse des mots ,que de les voir s'enfuir, se dérober... Et pour celle qui vit beaucoup dans le souvenir de son mari trop tôt disparu, quelle peine de savoir que dans peu de temps, ce souvenir s'estompera...
Les poèmes que l'on découvre ici n'en sont que plus touchants, plus intenses. Comme un dernier élan avant ce qu'elle nomme à plusieurs reprises " l'obscur":
" L'obscur me gagne
J'assiste à la montée sévère
de la nuit"....
Mais ne pensez pas que ce recueil , tout empreint de gravité et d'inquiétude qu'il soit, ne présente que des textes tristes, sombres. Non, chez Hélène Cadou, il y a toujours la lumière, la vie chaleureuse, la douceur de l'instant, le flux vital:
" Verser le ciel
Dans la coupe
Bonheur des prés
Noce d'un arbre
Et d'un nuage
Un oiseau
File
Passe la crête
Soudain l'esprit
Plus neuf
Que le premier matin
Essieu du jour"
N'oublions surtout pas la voix fraîche, aérienne et tendre d'Hélène Cadou, souvent, et c'est dommage, un peu effacée par celle, plus connue, de son mari. Elle mérite qu'on l'écoute...
"
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Merveilleuse, émouvante Hélène, fervente sous son apparence frêle! Hélène trop souvent effacée par le succès de son mari, si tôt disparu. Elle qui n'a jamais cessé de faire perdurer l'oeuvre de l'être aimé, elle mérite aussi d'être entendue. Ecoutez-la!
Une voix ténue mais vibrante, un regard de jais s'émerveillant de la nature, une telle délicatesse , un tel élan dans les mots... A la lecture de ces poèmes, publiés quelques années après la mort de René- Guy Cadou, quelle émotion ! Les yeux s'embuent, le coeur se serre mais s'ouvre aussi, face à l'intensité des vers, à la claire évidence de l'amour, toujours présent malgré la séparation, à la beauté limpide des images, où la source, les bois, le village, les oiseaux sont un baume au coeur, les amis qui consolent également. Où le goût de la vie est plus fort que tout.
Me font toujours frissonner ces vers, véritable ode à l'amour fou:
" Je sais que tu m'a inventée
Que je suis née de ton regard...."
Le recueil entier est empli de grâce et d'étincelles, de douceur et de passion.
" Le jour s'éveille en colombe
Sur la gorge de la lumière
Je ris de voir que tu es là
Et que le monde en vaut la peine
Le ciel respire ce matin
A la mesure du bonheur
Et la route s'ouvre au soleil. "
Hélène, j'écoute ardemment votre chant, j'en aime la lumière au-delà des chagrins et des doutes. Vous êtes mon soleil, mon " bonheur du jour"...
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"Cétait hier et c'est demain
Je n'ai plus que toi de chemin"
...dit le poème d'Aragon. Ce pourrait être le résumé de cet ouvrage autobiographique, où Hélène raconte René-Guy, leur rencontre, leur courte vie commune et la maladie qui emporta trop tôt (à 31 ans) l'un des poètes les plus talentueux de sa génération.
Hélène raconte René-guy, la mémoire étonnamment vive, le regard posé sur les détails du passé comme à livre ouvert. Et ces souvenirs, on le sent dans chaque évocation, sont portés par un amour profond qui survit au-delà de la mort du poète, entretient sa mémoire, mieux, sa présence!
Je termine cet ouvrage en me disant qu'il n'y a pas de plus belle oraison que ce récit, très poétique, dont chaque ligne fait revivre l'homme, le poète, sa passion, leur passion!
Je ne peux que vous conseiller en complément la lecture du recueil Hélène ou le règne végétal (1951) de René-Guy Cadou où le poète adresse à Hélène les plus beaux poèmes d'amour, tel ce dernier quatrain tiré de "Je t'attendais..." :
"Tu venais de si loin derrière ton visage
Que je ne savais plus à chaque battement
Si mon cœur durerait jusqu’au temps de toi-même
Où tu serais en moi plus forte que mon sang"
... et de découvrir les poèmes d'Hélène Cadou, qui resta dans l'ombre de son mari jusqu'à sa disparition, puis s'investit dans la vie culturelle et publia de nombreux ouvrages, marqués par la présence en filigrane de leur amour.
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Ce petit livre, lu dans le cadre du challenge Méli-mélo, nous parle du temps qui passe, de l'été qui revient et de l'amour de la nature.
Ce n'est pas du tout ce que je lis d'habitude mais j'ai apprécié ces moments de calme et d'apaisement !!
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Magnifique recueil poétique d'Hélène Cadou qui démontre une fois de plus la grandeur des poétesses, pourtant toujours laissées au second plan, surtout lorsqu'elles sont les épouses de ...
Maîtrise de la langue, profondeur, délicatesse, gravité, les poèmes d'Hélène Cadou vont droit au coeur et caressent l'âme. Certains vers libres semblent exister de toute éternité, c'est la marque du grand art.
Il faut savoir parcourir des chemins buissonniers et ne pas s'en tenir toujours aux plus grands noms pour découvrir des merveilles.
L'univers poétique féminin me fascine et je suis toujours aussi sidérée qu'on ait eu le front de le laisser sur le bord de la route : c'est comme jeter des diamants dans le puits, nous y perdons tous.
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Des poèmes inédits écrits par Hélène Cadou, très tôt veuve du poète René Guy Cadou.
Superbe préface de Murielle Szac.
Ces textes, ont été écrits lorsqu'elle a appris qu'elle était atteinte de la maladie d'Alzheimer.
Elle évoque sa crainte de la maladie, et surtout d'oublier son mari au fur et à mesure.
Malgré la nostalgie, elle garde espoir.
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Comme le dit Dominique Daguet : Hélène Cadou, une âme de haute lignée.
tendresse, souffrance contenue, louange, adoration.
l'amour, l'émerveillement, la joie, ...
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Dans ce recueil d’une centaine de pages, on découvre avec douceur les poèmes de Hélène Cadou, célèbre poétesse, de 2006 à 2008, lorsqu’elle découvre alors être atteindre de Alzheimer.
Joli recueil, qui nous emporte auprès d’une vieille femme angoissée d’oublier son mari mort il y a de cela de nombreuses années, d’oublier les mots, si chers à ses yeux, mais qui pourtant réussit avec magnificence à nous partager son amour du présent, de la nature, de l’instant.
Je regrette, d’où cette note, le fait que la sélection des poèmes soient peu structurée, un ensemble créant un ressenti assez décousu.
C’était tout de même très sympa à lire sur la plage !
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La nuit d’Hélène Cadou, c’est le décès prématuré de son mari, le poète René-Guy Cadou décédé à 31 ans.
Pour elle, il a écrit des poèmes à ravir.
Pour lui, elle écrira l’amour qu’elle lui porte, la douleur de son absence mais aussi le bonheur de la vie.
Jean-Pierre Siméon insistait sur la confrontation des enfants aux recueils de poèmes (La Vitamine P, Ed. Rue du Monde, p.166) et non pas seulement aux anthologies. Ce recueil illustre ce propos.
Dans l’anthologie Quand on n’a que l’amour chez le même éditeur, le poème est intégré dans une sélection sur l’amour : c’est un instantané, une perception de l’autrice sur sa vie, comme une photographie.
Dans le recueil, le poème est intégré à l’histoire de l’autrice, l’axe temporel y est plus large, comme dans un film.
Si dans les 2 cas on ressent sa douleur de la perte de l’être aimé, le poème dans l’anthologie s’arrête sur le désespoir voire sur l’envie de mourir alors que le poème dans le recueil en fait un passage qui n’empêchent ni l’espérance ni la vie.
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