Guillaume Erner revient sur le Complément d'enquête visant les comportements de Gérard Depardieu auprès des femmes, sur et en dehors des tournages. Comment le cinéma français a-t-il évolué face aux violences sexistes et sexuelles depuis le lancement du mouvement #MeToo en 2017 ?
Guillaume Erner reçoit la journaliste Marine Turchi qui a enquêté pour Mediapart et a recueilli de nombreux témoignages accusant Gérard Depardieu de violences sexuelles.
Ainsi que la romancière et essayiste Hélène Frappat, qui vient de faire paraître un essai intitulé "Le Gaslighting ou l'art de faire taire les femmes", une réflexion en forme d'enquête qui se situe à la croisée du traité féministe, de la critique et de la philosophie politique.
#depardieu #violencessexuelles #femme
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En 2013, sur la scène d’Hollywood- sur-Tibre élargie au plateau des oscars hollywoodiens, La Grande Bellezza résuma en un film les présages que Toni Servillo annonçait depuis plus de vingt ans. Depuis son apparition au cinéma dans Mort d’un mathématicien napolitain de Mario Martone, cet acteur-monstre n’a cessé de réaliser, clandestinement, le « Servillo-film » au sein duquel ses masques et métamorphoses revêtent une unique fonction. Parce que l’infinité de ses rôles renvoie une semblable obsession, Toni Servillo est plus qu’un acteur : un monstre.
Le casino est un mouroir où des vieillardes échangent leur retraite contre des jetons d'écoliers. A travers les fentes des machines, elles balancent des années de travail triste, comme on jette aux ordures des cartons de souvenirs encombrants.
C'est au grenier que les maris bigames des romans gothiques enferment leur femme "folle" (Jane Eyre, Charlotte Brontë). C'est au grenier que l'épouse "parfaitement belle" du "si laid et si terrible" Barbe Bleue ne peut s'empêcher de monter, découvrant le sang caillé, dans lequel se miraient les corps de plusieurs femmes mortes et attachées le long des murs (La Barbe Bleue, Charles Perrault). C'est au grenier que sont dissimulés les bijoux de la femme que son mari bigame rend folle pour la dévaliser (Gaslight, George Cukor)
Ainsi marchons-nous en exil, sur des trottoirs qui ne nous appartiennent pas, accompagnés par une foule indifférente et anonyme, regrettant le lieu où nous ne sommes pas, magnifiant les époques défuntes, à l'affût d'une étincelle de nostalgie qui, en auréolant les promesses non tenues du passé d'une lumière illusoire, plonge le présent qui n'existe déjà plus dans l'ombre. (p.49)
"Comment vivrez-vous quand vous connaîtrez votre avenir? Comment éviterez-vous que votre vie ne devienne un programme? Comment continuerez-vous à aimer? à rêver?"
Le dimanche, en fin d’après-midi, personne n’est sûr d’atteindre la nuit. Des particules de nuit recouvrent lentement votre journée de cendres. La cendre ternit l’éclat des lampes. Vous contemplez votre vie comme un passant observe des inconnus derrière une fenêtre. Votre vie soudain étrangère à vos yeux.
Dans l'ennui, le temps cesse d'être une énigme. Il devient substance molle, informe, que chaque jour, semblablement, on traverse, oublieux du labyrinthe de mystères que les journées offraient à notre imagination d'enfant.
Nous avons fait le voyage en silence. Lorsque le froid m'a tirée d'un sommeil sans rêve, la mer était proche.
Derrière la vitre, au bord de la falaise, tout s'arrête. Le noir, peuplé d'une vie inquiétante, le noir attirant roule ses vagues. Un mot, à Kardec, désigne les noyés volontaires, condamnés à retourner éternellement les grosses pierres au fond de l'océan. Retournants est le nom de ces âmes en peine, en quête d'un dernier refuge, parmi le fracas des récifs hostiles aux vivants et aux morts. Retournante suis-je ce soir, moi qui reviens hanter la maison qui me hante.
Le manque de crédibilité ancestral des femmes a dévalorisé globalement leur compétence, y compris lorsqu'il s'agit de juger de leur propre survie. Il existe une continuité entre l'absence de crédibilité de la femme, dont l'autorité est disqualifiée par l'ordre patriarcal, et le manque de foi accordée à sa parole, dès lors qu'elle dénonce les agressions dont elle a été victime.
Quand peindre est devenu impossible, ça l'a rendu fou. Il arrachait les toiles de leurs cadres, se blessait avec les clous, partait les brûler au fond du jardin. Une nuit, j'ai été réveillée par une odeur étrange. Je me suis précipitée à la fenêtre. Près du muret en pierres, entre les buissons d'hortensias, John arrosait son feu en agitant une bouteille. De loin, on aurait dit la cérémonie déchaînée d'une sorcière. A partir de cette nuit-là, il m'a fait peur. Il avait arrosé les toiles de térébenthine et le jardin, la maison, nous tous, nous aurions pu prendre feu.
Je voudrais demander :
- C'est pour ça qu'il est parti ?
Au lieu de quoi, je demande :
- C'est pour ça que les hortensias bleus n'ont plus jamais fleuri ?
Sans répondre, ma mère caresse mes cheveux.