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Citations de Hélène Frappat (107)


En 2013, sur la scène d’Hollywood- sur-Tibre élargie au plateau des oscars hollywoodiens, La Grande Bellezza résuma en un film les présages que Toni Servillo annonçait depuis plus de vingt ans. Depuis son apparition au cinéma dans Mort d’un mathématicien napolitain de Mario Martone, cet acteur-monstre n’a cessé de réaliser, clandestinement, le « Servillo-film » au sein duquel ses masques et métamorphoses revêtent une unique fonction. Parce que l’infinité de ses rôles renvoie une semblable obsession, Toni Servillo est plus qu’un acteur : un monstre.
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Le casino est un mouroir où des vieillardes échangent leur retraite contre des jetons d'écoliers. A travers les fentes des machines, elles balancent des années de travail triste, comme on jette aux ordures des cartons de souvenirs encombrants.
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C'est au grenier que les maris bigames des romans gothiques enferment leur femme "folle" (Jane Eyre, Charlotte Brontë). C'est au grenier que l'épouse "parfaitement belle" du "si laid et si terrible" Barbe Bleue ne peut s'empêcher de monter, découvrant le sang caillé, dans lequel se miraient les corps de plusieurs femmes mortes et attachées le long des murs (La Barbe Bleue, Charles Perrault). C'est au grenier que sont dissimulés les bijoux de la femme que son mari bigame rend folle pour la dévaliser (Gaslight, George Cukor)
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Ainsi marchons-nous en exil, sur des trottoirs qui ne nous appartiennent pas, accompagnés par une foule indifférente et anonyme, regrettant le lieu où nous ne sommes pas, magnifiant les époques défuntes, à l'affût d'une étincelle de nostalgie qui, en auréolant les promesses non tenues du passé d'une lumière illusoire, plonge le présent qui n'existe déjà plus dans l'ombre. (p.49)
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"Comment vivrez-vous quand vous connaîtrez votre avenir? Comment éviterez-vous que votre vie ne devienne un programme? Comment continuerez-vous à aimer? à rêver?"
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Le dimanche, en fin d’après-midi, personne n’est sûr d’atteindre la nuit. Des particules de nuit recouvrent lentement votre journée de cendres. La cendre ternit l’éclat des lampes. Vous contemplez votre vie comme un passant observe des inconnus derrière une fenêtre. Votre vie soudain étrangère à vos yeux.
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Dans l'ennui, le temps cesse d'être une énigme. Il devient substance molle, informe, que chaque jour, semblablement, on traverse, oublieux du labyrinthe de mystères que les journées offraient à notre imagination d'enfant.
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Le manque de crédibilité ancestral des femmes a dévalorisé globalement leur compétence, y compris lorsqu'il s'agit de juger de leur propre survie. Il existe une continuité entre l'absence de crédibilité de la femme, dont l'autorité est disqualifiée par l'ordre patriarcal, et le manque de foi accordée à sa parole, dès lors qu'elle dénonce les agressions dont elle a été victime.
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Cinq ans, c'est l'anniversaire de Mélanie Griffith, à qui Alfred Hitchcock offre une petite boîte en sapin en forme de cercueil contenant une poupée qui reproduit, dans le moindre détail, coiffure comprise, le corps miniaturisé de sa mère vêtue du tailleur vert amande des Oiseaux.
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Nous avons fait le voyage en silence. Lorsque le froid m'a tirée d'un sommeil sans rêve, la mer était proche.
Derrière la vitre, au bord de la falaise, tout s'arrête. Le noir, peuplé d'une vie inquiétante, le noir attirant roule ses vagues. Un mot, à Kardec, désigne les noyés volontaires, condamnés à retourner éternellement les grosses pierres au fond de l'océan. Retournants est le nom de ces âmes en peine, en quête d'un dernier refuge, parmi le fracas des récifs hostiles aux vivants et aux morts. Retournante suis-je ce soir, moi qui reviens hanter la maison qui me hante.
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Quand peindre est devenu impossible, ça l'a rendu fou. Il arrachait les toiles de leurs cadres, se blessait avec les clous, partait les brûler au fond du jardin. Une nuit, j'ai été réveillée par une odeur étrange. Je me suis précipitée à la fenêtre. Près du muret en pierres, entre les buissons d'hortensias, John arrosait son feu en agitant une bouteille. De loin, on aurait dit la cérémonie déchaînée d'une sorcière. A partir de cette nuit-là, il m'a fait peur. Il avait arrosé les toiles de térébenthine et le jardin, la maison, nous tous, nous aurions pu prendre feu.
Je voudrais demander :
- C'est pour ça qu'il est parti ?
Au lieu de quoi, je demande :
- C'est pour ça que les hortensias bleus n'ont plus jamais fleuri ?
Sans répondre, ma mère caresse mes cheveux.
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À l'âge de quinze ans, A .découvrit l'isolement dans lequel l'enfermait son don obscur.
Ses tentatives pour engager un dialogue entre deux âmes échouèrent.
Son pouvoir lui ouvrait les portes des pensées de son interlocuteur jusqu'à une distance de quelques métres l'autorisant à capter ses voix intérieures derrière un mur, mais jamais la personne dont elle radiographiait le cerveau ne lui répondait en retour.
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L'appartement hautain ignore que la fille aux cheveux de feu vit, depuis sa naissance, sous une malédiction terrifiante. Je n'ai pas peur d'être invisible. Je voudrais me transformer lentement en vieille dame que le regard des hommes négligent. Alors je serai une vieille femme ordinaire, et non le monstre aux mouvements désordonnés, à la démarche chancelante, aux regards égarés, le monstre qui fait peur, pas pitié, que mon père, en se jetant depuis la fenêtre d'un appartement de Cardiff, a refusé d'être.
Je préfère mourir invisible qu'assassinée par la honte.
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L'averse cinglait le fleuve, pénétrait sa peau, modifiait sa couleur sa température, ses courants. L'odeur jaune s'était dissoute dans l'air gris. En surface du fleuve la pluie oblique produisait un halo phosphorescent. Autour d'eux les arbres flous avaient pris la teinte bleutée de végétaux aquatiques dont le vent, en leur imprimant des torsions révelait les tourments.
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-Mon père, la voix de mon père. Je viens de l'entendre. (Elle n' pas dit notre père.)
J'éloigne le combiné lourd de mon oreille. Je parle fort, pour cacher ma peur, apaiser la sienne :
-Ne t'inquiète pas, Elaine. Tu as parlé au fantôme capable de prendre la voix de tous les morts.
Et j'ajoute (à voix haute, ou dans la tête ?) :
- Ensuite, il prendra la voix de mon père.
Dans le rêve, j'oublie que mon père est le sien.
Notre père, mort depuis trop longtemps.
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Quelque chose ne va pas. Dans le grand appartement silencieux, quelque chose manque.
- Votre fils !
Ils me regardent sans comprendre.
- Où est votre fils ?
Comme s'il partageait mon inquiétude, le père referme la fenêtre, chassant le soleil. Le double salon d'apparat perd brusquement tout éclat. Les lames biseautées du parquet, transformées par les rayons lumineux en kaléidoscope, redeviennent une grosse masse sombre.
L'homme court en direction des chambres. Ses pas résonnent trop fort dans les pièces vides.
- Arthur !
Il hurle.
- Arthur !
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Ainsi marchons-nous en exil, sur des trottoirs qui ne nous appartiennent pas, accompagnés par une foule indifférente et anonyme, regrettant le lieu où nous ne sommes pas, magnifiant les époques défuntes, à l’affût d'une étincelle de nostalgie qui, en auréolant les promesses non tenues du passé d'une lumière illusoire, plonge le présent qui n'existe déjà plus dans l'ombre.
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Désormais il faut sortir, céder la place à une nouvelle arrivante sans oser regarder son visage, ne pas se retourner sur le ballet des infirmières, des médecins, des aides-soignantes (dans vos habits civils, il ne vous reconnaissent pas), prendre l’ascenseur, signer un formulaire de sortie, franchir les portes battantes. Puis, lorsqu’on aura repris le cours d’une vie interrompu derrière les murs de l’hôpital, qu’il faudra faire à manger, le ménage, on se souviendra peut-être qu’on a abandonné pour toujours, dans les recoins impersonnels d’une chambre d’hôpital, la trace la plus secrète de soi. (p. 112)
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Ne retourne pas ,ou ils te prendront.
Claire le cache: ses parents vont te tendre un piège.
Ils feront semblant de partir
en voyage, et ils t'attendront, dissimulés dans l'appartement, volets fermés, lumières éteintes, un fusil de chasse à portée de main .
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La proie doit tout savoir du prédateur. Lui peut tout s'ignorer de la proie.
Pour survivre, la proie doit-elle devenir le prédateur qu'elle a fui ?
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