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Critiques de Hélène Grémillon (693)
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Le confident

Je vais me faire lyncher...Non, je n’ai pas aimé « Le confident » ! Oui, j’ose le dire ! Oui, j’assume !



Vite, vite, des arguments pour ne pas me faire dévorer toute crue quand même :

• ¬Je reconnais que l’histoire en elle-même aurait pu être passionnante et c’est bien pour cela que j’avais acheté ce roman, en lisant la 4e de couverture et les critiques sur Babelio. La cruauté d’une femme « stérile » vis-à-vis de celle qui porte l’enfant de son mari, alors que cet état de fait avait été voulu par cette femme, a quelque chose d’excitant. Les secrets de famille, les femmes en mal d’enfants, la grossesse, les histoires d’amour contrariées, la 2e guerre mondiale : tout cela m’attire et m’enthousiasme.

C’est pour cela que j’ai attribué 2 étoiles et pas 1 seule.



• Mais...il y a un mais qui a la taille d’une maison : j’ai eu l’impression, tout au long du roman, de lire le devoir d’un élève qui veut bien faire.

Comme si l’histoire n’était pas déjà assez compliquée, le choix de la narration la rend encore plus difficile à cerner. Et pourtant, j’apprécie habituellement ce genre de choses (le changement de narrateur, d’époque...), comme dans « Le cœur glacé » d’Almudena Grandes, par exemple. Et surtout je me dis : « A quoi sert tout ceci ? » Pourquoi faire compliqué alors que l’auteur, d’autre part, explique trop, justement.



Et ceci est le 2e argument « contre » : la narration me révélait trop. Tout est expliqué, décortiqué, sans laisser la part de mystère qui m’est chère. Après avoir lu un paragraphe, je me disais : « OK, donc il va arriver ceci »...et cela arrivait, immanquablement. Donc, pour le suspens...c’est fichu.



Quant au style, je ne l’ai pas trouvé sublime. Il m’a fait penser au style de Guillaume Musso (désolée pour ses fans), fade ou à certains moments « affecté, étudié ». L’amas de toutes ces petites phrases (bien pensées, je le reconnais) qu’on pourrait mettre dans le dictionnaire des citations m’a donné la nausée : « La mort accepte tous les écarts de politesse », « Pour bouleverser une vie, la mort d’une mère, on peut difficilement mieux faire », « L’ennui est le meilleur terreau de l’imagination, et le meilleur terreau de l’ennui, c’est la messe », « La vie, c’est dépendre des caprices de son corps », « Nous avions tous les deux atteint l’âge du corps, elle de l’arborer, moi d’en rêver » etc. Donc, prises séparément, ces maximes sont frappantes, mais comme il y en a à la pelle (les extraits que j’ai repris sont étalés sur même pas 20 pages...), j’ai eu l’impression que l’auteur voulait montrer qu’elle était capable de bien réfléchir. Et à part de nombreuses répétitions voulues, les figures de style sont inexistantes ; moi qui les adore, je n’ai pas eu de chance.



Et puis le soi-disant contexte historique n’est pas du tout exploité, ou alors à un seul moment, lorsqu’il faut bien éloigner le mari...Et chaque fois qu’un passage sur la guerre est inséré, on dirait que l’auteur a recopié son livre d’histoire... Comme le dit un des Babeliotes : « Cadre historique juste pour faire tapisserie ». Je suis d’accord ! Pour la seconde guerre mondiale, lisez tout sauf ce roman.



Enfin, aucun des personnages ne m’a émue, ne m’a transportée ; aucun ne m’a fait pleurer (et pourtant, j’ai la larme facile), aucun ne m’a fait rire...Pourquoi ? Il me semble que leur psychologie est si peu fouillée (à part celle de la femme stérile, je le reconnais) quand il le faut, et trop commentée quand on n’en a pas besoin, et qu’on a déjà tout compris...



Il vaut mieux que je m’arrête ici, j’ai déjà été si longue pour un roman que je n’aime pas. Mais quand je suis déçue, ma déconvenue fait des vagues et cela me submerge. Il faut dire que je sors d’un roman de Paul Auster qui m’a enflammée...Ceci explique peut-être cela.



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Le confident

Alors bon, Hélène Grémillon et moi visiblement c'est pas ça.



Après La garçonnière, pleine de bonne volonté, je rempile comme prévu avec le confident. Et rebelote. Cette façon qu'a l'auteur de tenir son lecteur par la main pour lui expliquer par A plus B les subtilités de son histoire à tiroirs, genre « si là t'as pas bien compris je te la refais hein, mais vu par un autre personnage cette fois, alors alors t'en penses quoi ? »… ça m'agace. Et de nouveau dame Grémillon me frappe (ouille) par l'inégalité de son style. Parfois recherché, parfois simpliste, ça sonne faux, et qui plus outre le vocabulaire ne colle pas toujours avec l'époque. Quant aux improbables détours et rebondissements de l'intrigue – aaah pothéose de l'épilogue et son ultime révélation-de-la-mort-qui-tue qu'on n'avait pas vue venir – ils me semblent plus proches du roman de gare que de l'habile étude de moeurs façon Maupassant.



Bref, on n'y croit pas. Enfin… je n'y ai pas cru.

Tant pis, il sera dit que la Grémillonomania décidément ce n'est pas pour moi.




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Le confident



Vu le nombre d‘avis favorables ou plus, « Le confident » restera pour moi, un premier roman très moyen.

L’histoire se veut profondément alambiquée et pourtant, chaque rebondissement, chaque pan de l’histoire ne m’a rarement surpris et pire ému. Aucune, vraiment aucune empathie pour ces personnages comme si Hélène Grémillon obnubilée par son histoire en avait oublié l’essentiel nous faire aimer ou détester ces personnages.

Elisabeth, Paul, Annie, Louis et les autres ont s’en moque comme de l’an quarante.

Un vrai gâchis. Et puisque j’en parle pourquoi situer l’histoire pendant la seconde guerre mondiale et utiliser aussi mal cette période.

Un roman qui m’a plus énervé que passionné tant il accumule les mauvais choix.

Encore un roman mis en avant qui est loin de m’avoir enthousiasmé.



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La Garçonnière

Vue par Hélène Grémillon, une garçonnière ça n'est pas ce que vous croyez, et ce n'est qu'à la fin de ce roman que l'on découvre avec un intérêt surpris la réelle signification de son titre, clé de voute de toute l'histoire. Ami lecteur, amie lecteuse, tu comprends donc ce qu'il te reste à faire pour savoir de quoi il retourne. Et ne compte pas sur moi pour cafter.



Au-delà de cet adroit subterfuge sémantique, j'ai envie de dire bof. Plus sombre que véritablement profond, plus pesant qu'authentique, ce thriller politico-sociologico-psychologique et son intrigue à grÔsses ficelles ne m'ont pas emballée, voire auraient pu m'agacer si je n'étais dotée (parfois) d'un caractère éminemment bienveillant (on ne glousse pas là-bas dans le fond).



Pressée par mes enthousiastes copines grémillonophiles (qui risquent fort de me pourrir sur cette critique à contre-courant), je m'en vais quand même tenter « le confident ». Il ne sera pas dit non plus que je suis une fille rancunière.




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Le confident

« N'est-ce pas, Louis, que dans la vie de l'autre, il y a le passé qui compte et celui qui ne compte pas ? » Sur le ton de la confidence, à plusieurs voix, mais toujours à la première personne, Hélène Grémillon m'a prise en otage de son récit. Vous voilà prévenus : difficile de se défaire de ce roman avant d'en connaître la fin !



A Paris, en 1975, Camille, éditrice trentenaire, vient de perdre sa mère. Parmi les lettres de condoléances, se glisse celle d'un inconnu prénommé Louis qui relate ses souvenirs d'avant-guerre, auprès d'une certaine Annie. Croyant d'abord qu'il s'agit d'une erreur, ou d'une ruse d'écrivain, Camille se rend vite compte que cette lettre et toutes les suivantes la concernent. Elle va ainsi découvrir un passé familial qu'elle n'aurait jamais soupçonné.



Camille, Louis, Annie, Paul, Elizabeth... Le Confident est un roman intimiste. Il ne faut pas attendre de longues descriptions de Paris ou de la Champagne, ni d'indications précises sur le physique des personnages. Tout se passe de l'intérieur, dans un registre d'émotions qui prend aux tripes, grâce à une tension psychologique savamment entretenue.



Dans le choix du sujet (un déchirant secret de famille) et de l'époque (la seconde guerre mondiale), on peut reconnaître l'influence d'autres auteurs. La plus évidente touche Philippe Grimbert avec Un Secret, mais aussi La Petite Robe de Paul, fourmillant de non-dits autour du couple, des origines et du désir d'enfant. Tatiana de Rosnay n'est pas loin non plus, car les retours dans le passé, l'Occupation allemande et les situations poignantes évoquent Elle s'appelait Sarah. D'autres références, plus fugitives, parsèment le récit. Ainsi, la mère d'Annie m'a-t-elle fait penser à Hannah dans Le Liseur. Voir aussi l'allusion directe à La part de l'autre, d'Éric-Emmanuel Schmitt (page 43): « Quand je cherche le pourquoi de ce drame, j'en arrive toujours à la même conclusion, si Annie n'avait pas eu le goût de la peinture, rien de tout cela ne serait arrivé. J'ai cette certitude comme d'autres affirment que si Hitler n'avait pas été recalé au concours d'entrée des beaux-arts, le monde n'en aurait été que meilleur. »



Or tout en restant en terrain connu, l'histoire s'avère originale car dès que l'on pense avoir compris, une autre vérité vient bouleverser la donne. Certes, l'auteur y va un peu fort dans sa propension à faire mourir les parents de ses personnages... Mais moins il y a de témoins et plus on peut manipuler le passé, surtout à la faveur d'une période troublée comme celle de la guerre.

La manipulation (des êtres, des consciences, des sentiments, de la vérité...), avec ses conséquences désastreuses, est ainsi le maître mot de ce premier roman au succès bien mérité.
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La Garçonnière

C’est d’abord par son portrait de femme fragile, beauté gracile et éplorée, yeux agrandis de détresse, que l’on entre dans la vie de Lisandra et dans celle de Vittorio Puig, le psychanalyste chez qui elle s’est réfugiée pour fuir les démons intérieurs qui la pourchassent. Après cette unique séance, « le moment le plus foudroyant de sa vie », Vittorio sait qu’il ne pourra plus vivre sans elle.

Lisandra, qui t’a assassinée ?...



C’est par ce nom qu’elle porte, « Lisandra », envoûtant, mystérieux, que déjà elle nous happe dans le dédale de son existence, avec la curiosité grandissante de la découvrir et de l’accompagner dans le tragique pas de deux qu’en danseuse de tango virtuose elle va improviser au gré des lignes.

Lisandra, qui t’a défénestrée ?...



Août 1987, le corps de Lisandra est retrouvé gisant sur le trottoir au pied de son immeuble.

Après sept ans d’un mariage qui commençait à battre de l’aile, son mari, Vittorio Puig, est aussitôt suspecté et incarcéré. Bien que clamant son innocence, les policiers ne semblent pas disposés à écouter ce coupable idéal, ni à chercher ailleurs une vérité qui sied à tous.

Qui sied à tous ?... Non, pas à tous. Eva Maria, elle, ne croit pas en la culpabilité de Vittorio.

L’analyste qui la suit depuis plusieurs mois, grâce à qui, pour la première fois depuis cinq ans, elle a pu étancher sa douleur d’avoir perdu sa fille aînée vraisemblablement éliminée par la junte, cet homme-là, n’a pas pu tuer sa femme, elle en est convaincue, et elle est prête à tout pour tenter de le sauver.

Lisandra, qui est ton meurtrier ?...



Alors Eva Maria enquête. Elle écoute les cassettes des séances d’analyse que Vittorio lui a avoué enregistrer à l’insu de ses patients et qu’il lui a demandé de récupérer dans son appartement.

Le meurtrier est peut-être l’une de ces personnes névrosées entendues en consultation ?

Lisandra, qui t’a fait du mal ?...



Un « cabeceo » subtil, un « abrazo » affirmé, c’est sur un air de tango argentin que nous pénétrons dans le roman d’Hélène Grémillon, évoluant comme au sein d’une milonga dans les méandres des intimités de ses personnages. L’intimité sensuelle et énigmatique de Lisandra, celle équivoque de son mari le psychiatre Vittorio Puig, celle intempérante et tourmentée d’Eva Maria, et enfin, en toile de fond, celle sordide de l’Argentine des années 1980, qui porte ancrée dans sa chair les stigmates de la junte militaire, encore trop fraîche dans les esprits pour oblitérer le souvenir des morts, des disparus, des victimes, charriés dans un lit de souffrances dans les eaux troubles du Río de la Plata.

Lisandra, avec qui as-tu dansé ce tango de la mort ?...



Dans ce jeu de piste des existences, tous deviennent potentiellement coupables: la femme qui a peur de vieillir, le musicien victime de la junte, le militaire et ancien bourreau, le professeur de tango, le serveur de bistrot…

A l’instar des corps qui, dans la proximité de la danse, laissent percevoir les pulsations intimes, le mystère des personnalités peu à peu révélées laissent entrevoir des implications nouvelles, des éventualités, une large part de doutes, de soupçons et d’incertitudes qui font de « La garçonnière » un suspense psychologique intense et addictif en même temps qu’un drame intimiste captivant et émouvant.



La construction même du récit, ingénieuse, originale, en multipliant les systèmes de narration comme autant de figures chorégraphiques, alimentent encore davantage ce sentiment d’improvisation où tout semble possible et réversible à chaque page, ouvrant le champ des possibles, des potentialités, des perspectives.

Des séances d’analyse que l’on écoute avec Eva Maria quand le magnétophone se met en marche, aux entretiens au parloir avec Vittorio, des réflexions intimes aux secrets avoués, de renseignements en révélations, les chemins tortueux de la pensée se déroulent, nous faisant parcourir des directions nouvelles et impromptues, et dévoilant les zones d’ombre d’une jeune femme au caractère complexe, au tempérament ambigu.

Lisandra, qui es-tu ?...



Au gré des changements de rythme et sur un tempo martelé comme le claquement d’un escarpin sur le parquet d’une salle de bal, Lisandra nous entraîne dans les errements d’une histoire où la jalousie, couleur dominante d’une habile chorégraphie, s’esquisse dans les tragiques pas de danse des vies brisées.



A l’image du tango argentin, Hélène Grémillon fait de ce passionnant roman « une pensée triste qui se danse ».



A lire avec Gotan Project en musique de fond…

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Le confident

Qu'ajouter de plus aux critiques dithyrambiques faites à ce livre ?



Premier roman d’ Hélène Grémillon, Le Confident est un roman riche en mystères. Attention, une fois commencé on ne peut plus le lâcher !



Camille, jeune éditrice, vient de perdre sa mère. Parmi les lettres de condoléances qu'elle a reçues, elle en découvre une dont la forme et le contenu ne s'apparentent en rien à la missive de circonstances : pas de date, pas d'interpellation, pas de signature, pas de phrases compatissantes. A la place, un récit dans lequel un certain Louis évoque des bribes de son enfance sur fond de deuxième guerre mondiale. Une erreur de destinataire, songe d'abord la jeune femme. Mais, le mardi suivant, le même expéditeur lui fait parvenir une autre lettre dans laquelle il poursuit son histoire. Sans doute un auteur espérant une publication et utilisant ce stratagème pour attirer son attention, imagine alors Camille, intriguée. Par la suite, chaque semaine, Louis adresse un nouveau courrier. Camille se prend au jeu, attendant le suivant avec impatience, jusqu'au jour où elle comprend que ces messages lui sont bien destinés et qu'on cherche à lui livrer un lourd secret.



Le sujet pourrait sembler assez traditionnel; ne vous y fiez pas ! Jouant du mystère avec talent, Hélène Grémillon jongle brillamment avec le style épistolaire et la narration à la première personne. On succombe à sa plume fluide et claire qui explore avec subtilité les zones d’ombre d’une histoire familiale complexe…



J'ai lu ce livre d'une traite et il m'a tenue en haleine du début à la fin. Ce n'est que dans les dernières pages qu'on découvre le fin mot de l'histoire… Du suspense, des personnages attachants et une belle écriture font de ce premier roman une belle réussite. Une auteure à suivre !

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La Garçonnière



Vittorio Puig psychanalyste, rentre dans son appartement. Il fait froid, il y des verres cassés, du désordre. Il ferme la fenêtre, cherche sa femme Lisandra quand il entend hurler dans la rue : en ouvrant la fenêtre il voit le corps de sa femme écrasé sur le trottoir.

Tout de suite, la police l’accuse du meurtre et il demande à une de ses patientes, Eva-Maria qui vient le voir au parloir, d’enquêter, d’aller chez lui, chercher les cassettes des enregistrements récents de ses entretiens avec ses patients. Nous sommes en Argentine, à Buenos Aires en 1987, le spectre de la dictature n’est pas loin.

Eva-Maria est persuadé qu’il est innocent donc elle accepte d’écouter et retranscrire les entretiens en questions, pour trouver une piste, quelqu’un qui lui en voudrait assez pour tuer Lisandra en guise de rétorsion. Cette femme a perdu la trace de sa fille, qui a disparu lors de la dictature, et elle entretient des relations houleuses avec son fils Esteban.







Ce que j’en pense :



Dans ce roman, Hélène Grémillon aborde plusieurs problèmes. Tout d’abord, celui de la culpabilité : Vittorio a-t-il ou non tué sa femme ? Mais aussi la culpabilité que chaque être peut ressentir par rapport à ses actes ou ses pensées.

Elle aborde également l’état de la police et son fonctionnement après la dictature. Est-ce que la présomption d’innocence existe ? Quand on voit comment sont menés les interrogatoires, la suspicion d’office, on se dit qu’il y a encore des progrès à réaliser.

Que sont devenus les tortionnaires ? Ils n’ont pas vraiment été jugés et se sont infiltrés dans les nouveaux rouages. Il y a une nostalgie de ne plus pouvoir torturer.

Quel rôle ont joué certains psychiatres sous la dictature ? Il est clair que certains ont participé à la mise au point des tortures psychologiques. Les thérapies cognitives et comportementales (TCC) ont été largement utilisées dans les pays sous dictature. On reconditionnait les gens pour qu’ils pensent conformément aux règles du régime, ce qui existe encore. Que sont-ils devenus eux-aussi ces psychiatres? Certains sont installés tranquillement dans leur cabinet en ville, qui va les soupçonner ?

Eve-Maria est traumatisée à vie par la disparition de sa fille, elle a peut-être défilé sur la place de mai le jeudi avec les autres mères qui ont perdu un enfant ou un mari ? Est-ce qu’on peut faire le deuil d’un disparu : il n’y a pas de corps devant lequel se recueillir, donc l’espoir qu’il ne soit pas mort est là, tapi dans l’ombre, même s’il est ténu.

Elle boit pour tenir le coup et passe complètement à côté de la souffrance de son fils Esteban (on ne peut pas lutter contre une disparue qui au fil du temps devient de plus en plus parfaite car idéalisée alors que lui accumule les maladresses et les bêtises pour que sa mère s’intéresse enfin à lui).

Eve-Maria en écoutant les enregistrements comprend que Vittorio a aussi en thérapie des anciens membres de la dictature : Felipe par exemple qui a adopté un enfant (probablement un enfant enlevé à une opposante au régime) donc, sa confiance est ébranlée, comme peut-il être patient et attentif avec un ancien criminel comme il l’est avec elle qui est une victime.

On voit passer aussi Alicia qui n’est préoccupée que par une chose dans sa vie : l’apparition d’une nouvelle ride, sa peau qui flétrit, ses mains qui vieillissent et qui envie les femmes de la place de mai avec leur foulard blanc ridicule car elles au moins elles ont d’autres préoccupations !!!!

Un autre patient, Miguel, pianiste, ami de Vittorio vient raconter ce qu’il a vécu sous la torture et qu’il a mis des années à mettre en mots. Mais à une soirée, il a soudain reconnu une voix, celle d’un de ses bourreaux et tout est devenu clair dans sa tête…

On s’interroge aussi sur la personnalité de Lisandra ; on sait que c’est une jeune femme fragile, qui a un immense besoin d’être aimée, elle ne peut avoir confiance en elle qu’à travers le regard de l’autre. La culpabilité est présente aussi, chez elle. Qu’a-t-elle fait de si terrible pour ne pas mériter l’amour. On s’attache à elle car on sent qu’il y a un lourd secret qui se révélera à la fin du roman (fin qui est d’ailleurs extraordinaire). On l’imagine, aérienne, évoluant sur la piste, si belle et si fragile.

Un très bon roman, qu’on peut qualifier de « polar psychologique » où l’auteur a su aborder tous les thèmes de l’histoire de l’Argentine après la dictature, et les répercussions sur les personnages. La torture est omniprésente, les enfants enlevés à leurs parents et confiés aux dignitaires du régime, l’envie de vengeance aussi, et l’impossibilité du deuil, la fragilisation des protagonistes dans ce milieu où régnait la peur, la crainte d’être dénoncé. Et en parallèle tous les thèmes chers à la psychanalyse : culpabilité, souffrance, manque d’estime de soi…

Et même la danse, que Lisandra pratique avec un professeur, pas n’importe quelle danse bien sûr, le tango argentin avec ses accents dramatiques qui nous émeuvent en profondeur, qui parlent à notre âme comme peuvent le faire le fado ou le flamenco (tiens donc, ici aussi on lie musique et dictature). La danse dans laquelle elle oublie ses peurs et les transcende.

J’ai beaucoup aimé ce livre et Hélène GREMILLON est aussi une auteure que je vais suivre de près. En commençant par « le confident » que je n’ai pas encore lu.

Note : 8/10

pour en savoir plus cf. mon blog
Lien : http://eveyeshe.canalblog.co..
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Le confident

Je ne sais si ce sont les terribles jours qui viennent de nous bouleverser tous, mais le confident n'a pas reçu la moindre écoute empathique de ma part, le pauvre...



Le style m'a paru artificiel, fabriqué, truffé de citations à l'emporte-pièce tellement convenues qu'elles en devenaient gênantes -je vous renvoie à l'excellente critique de Latina qui en épingle quelques-unes- et, quand on quittait le terrain des pages roses, souvent très mal écrit.



J'ai été exaspérée par ces récits-gigognes aux scripteurs différents, présentés -pour les sourds-et-mal-entendants de la lecture- dans des graphies distinctes.



J'ai été lassée par l'intrigue rocambolesque, relancée laborieusement de poncifs en poncifs, jusqu'au dénouement, pesamment expliqué par les narrateurs. La fin m'a littéralement achevée...Trop c'est trop...Ajoutons que "le background historique" m'a fait l'effet d'un devoir de collège sur les Années Noires de l'Occupation. Plaqué, factice, non intégré au récit,d'une grande naïveté...



Le drame de la stérilité et les femmes en mal d'enfant méritaient autre chose que ce mélo malencontreux..
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La Garçonnière

Roman inspiré d'une histoire vraie dont les événements se déroulent à Buenos Aires, en Argentine, pendant l'hiver, en août 1987. Vittorio est psychologue, il habite avec Lisandra au cinquième étage d'un immeuble à appartements. Un soir, revenant d'une soirée au cinéma, l'appartement est vide, la porte et la fenêtre sont ouvertes, les fauteuils renversés, pas de trace de Lisandra jusqu'à ce qu'il entende un cri à l'extérieur et, par la fenêtre ouverte, il aperçoit sa femme sur le sol, le corps disloqué, elle s'est défenestrée. Vittorio, immédiatement soupçonné, est emprisonné. Eva Maria, une de ses patientes, va mener une enquête poussée persuadée que la police a refermé le dossier. Eva Maria est devenue une patiente de Vittorio après que sa fille ait disparu comme beaucoup d'autres, que pleurent toujours les Mères de la Place-de-Mai.

L'écriture que j'ai beaucoup appréciée a contribué à ce que je lise le livre entièrement car, chose qui ne m'arrive jamais, cette lecture a perturbé mes nuits ; peut-être est-ce dû à l'ambiance et à la période tristement célèbre mentionnée dans La garçonnière, je l'ignore, habituellement même des romans de guerre ou assez durs ne m'ont jamais dérangée. Il n'empêche, je recommande sa lecture !

PS : j'avais moyennement apprécié Le confident, j'estime, de façon très personnelle, que l'auteure a évolué très positivement.
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Le confident

Un roman plein d’humanité avec toute sa force, ses faiblesses, ses vices et sa bonté.

Oui, c’est un roman vivant que « Le confident » d’Helene Grémillon (que je découvre !) car comme son titre l’indique, tout en lui est confidences et le lecteur a le sentiment de recevoir une confession.

L’auteure séduit par la forme : des lettres et des brides de vies. Elle nous comble par une histoire de secrets bien gardés. Page après page, on découvre l’histoire d’Annie, de Madame M, de Louis, de Paul. On suit la métamorphose du corps et celle de la pensée. On assiste à un drame qui se joue devant nos yeux.

J’ai été subjuguée par la description faite de la naissance de l’instinct maternel car même nous les femmes on ne connait pas avec exactitude le moment ou on ressent ce lien mystérieux et si fort qui nous lie a notre propre enfant.

Ce roman est raconté par trois voix et le lecteur se perd entre la vérité et le mensonge, le doute plane jusqu’à la fin.

J’ai trop aimé cette histoire malgré les souffrances des uns et des autres. C’est un vrai coup de cœur en cette fin de l’année.

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La Garçonnière

Première rencontre avec l'auteur et rencontre plutôt heureuse. Pas le coup de foudre mais une réelle séduction, incontestablement.



Argentine, 1987 - Epoque post-dictatoriale - Une société fébrile, mal remise de ses souffrances - Un climat délétère où il est difficile de se fier à qui que ce soit, proches ou moins proches, justiciers d'aujourd'hui, bourreaux d'hier. Au coeur de ce contexte, Vittorio et Lisandra, un couple comme tant d'autres, encombré de ses valises de tendres souvenirs, d'illusions amères, de joies fortes et de déceptions qui ne le sont pas moins.



En ouvrant ce roman (que je n'ai pas choisi mais qui m'a été envoyé par l'éditeur), je ne m'attendais à rien de précis. D'Hélène Grémillon, j'ai déjà dit que je n'avais pas lu une ligne, et je nourrissais seulement le vague préjugé que cette jeune auteur n'était qu'une jeune auteur parmi tant d'autres jeunes auteurs à avoir lancé son nouveau roman dans les flots de la rentrée littéraire 2013 comme on jette une bouteille à la mer. Je venais donc à notre rendez-vous sans aucune idée pré-conçue mais la dernière qui me serait venue à l'esprit aurait bel et bien été celle d'un polar, typé social et psychologique. Or, il s'agit bien ici d'une enquête menée suite à un décès que l'on soupçonne d'être un assassinat. Qui plus est, ce récit semble basé sur une histoire vraie. Cette dernière information un peu racoleuse n'a pas pour autant nui à mon plaisir de lecture.



Les personnages sont peu nombreux. Je n'ai trouvé aucun d'eux particulièrement attachant mais tous sont poignants à leur manière. Ce constat qui porte en lui sa part de paradoxe ne m'a pas empêché d'apprécier la finesse de l'intrigue et c'est avec plaisir que je me suis laissée promener par l'auteur au gré de ses retournements de situation, de son suspense, de ses scènes intimistes ou encore de ces autres, plus crues voire cruelles.



Le roman se lit très vite, la plume est belle, sans lourdeur, sans vulgarité. L'auteur semble écrire comme on marche, déterminée, sans trop se regarder écrire, sans trop s'écouter parler, avec une volonté évidente de maintenir un rythme qui va crescendo pour éclater en sprint dans le dénouement qui laisse sur le flanc.



Un bon point supplémentaire pour l'auteur : le traitement psychologique des personnages. Même si l'auteur place un psychologue, Vittorio, au coeur de sa trame, elle ne se prend pas elle-même pour l'émule de Freud. Elle place avec adresse Vittorio au coeur d'une toile d'araignée savamment tissée et le relie par des fils de soie concentriques à tous les autres protagonistes du récit par une analyse psychologique fine, humble et cependant ciselée. Juste ce qu'il faut à mon goût pour maintenir l'intérêt du lecteur sans tomber dans une introspection dysentérique et/ou un intellectualisme pédant qui ont en général une furieuse tendance à me faire tomber les livres des mains.



Un roman que je recommande pour son contexte inhabituel et son intrigue coup-de-poing.



NB : Seul "avertissement" à donner à ceux qui choisiraient de lire ce roman sur le seul argument que son action se situe en Argentine, il ne s'agit ici que d'une couleur donnée par l'auteur à son récit mais, hormis quelques pages dédiées au régime de la junte, il n'est ici qu'assez peu question de l'Argentine ou de son système politique.
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Le confident

J’ai commencé ce roman qui traînait depuis des lustres dans ma PAL, car j’avais besoin d’un livre, pas très lourd, afin de pouvoir le lire en salle d’attente…



Je sais que je vais m'attirer les foudres de certains lecteurs, avec cette critique, mais tant pis, j'assume...



Le procédé est intéressant, l’héroïne présumée vient de perdre sa mère et reçoit, parmi les lettres de condoléances, une grosse enveloppe contenant un texte racontant l’histoire de deux jeunes gens : Annie et Louis qui se sont connus enfants et ont tout découvert la vie ensemble. Elle aimait peindre, et un jour, une femme lui a proposé de venir peindre chez elle. Il s’agit d’Élisabeth, mariée à Paul, un couple aisé dont le drame est la stérilité. Enfin le drame d’Élisabeth !



Ainsi commence une relation glauque entre Annie et cette femme stérile et un marché s’installe : elle portera un enfant à sa place, couchant donc avec le mari, dans des conditions bien spécifiées à l’avance : la durée de l’acte sexuel optimale, le jour particulier…



Je n’ai pas aimé Élisabeth, cette femme manipulatrice, prête à tout pour avoir un enfant à tout prix. Elle organise tout de manière implacable pour que la grossesse arrive à son terme et « empocher » le bébé… il y a des héros de roman horribles qu’on adore détester tel l’abbé Faujas dans « La conquête de Plassans », mais cette femme, j’ai eu envie de l’étrangler tout au long de la lecture. C’est un nazi en jupons ! perverse à un point inimaginable!



Hélène Grémillon alterne donc les récits, entre notre époque et la deuxième guerre mondiale, et elle oppose deux histoires d’amour, celle du couple M et celle, d’un tout autre registre, qui unit Annie et Louis. Ce sont ces moments de pureté qui atténuent l’horreur et permettent au lecteur de respirer.



L’héroïne que l’auteure nous décrit pour l’époque actuelle, Camille, n’est guère sympathique, non plus… De surcroît, on devine très vite le lien entre elle et les autres protagonistes.



Ce roman se passe pendant la deuxième guerre mondiale, la partie la plus intéressante du livre en fait, car on voit le comportement des gens face aux nazis et autres eux.



Je l’ai terminé par pure curiosité, pour voir jusqu’où pouvait aller cette infâme machination, et il me reste un dégoût infini… Je ne comprends pas pourquoi ce roman a reçu autant de prix. J’ai préféré « La garçonnière » de l’auteure, moins glauque, du moins dans mes souvenirs qui sont en fait très limités…



Je vais l’oublier très vite…
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La Garçonnière

En 1987, l’Argentine est un pays encore endolori et engourdi par des années de dictatures.

En rentrant du cinéma, Vittorio, psychiatre, découvre le corps ensanglanté de sa femme Lisandra, défenestrée. Elle était belle Lisandra et elle aimait danser le tango. Il est tombé fou amoureux d’elle lors de la première séance. Ensuite, elle est devenue l’amour de sa vie. Qui a bien pu l’assassiner ? La police arrête Vittorio et sa vie paisible vire au cauchemar car tout l'accuse. Heureusement il peut compter sur Eva Maria, l’une de ses patientes depuis cinq ans, pour élucider le mystère et le sortir de cette terrible situation.

Ça fait cinq ans qu’il l’aide à tenir le coup suite au tragique décès de sa fille Stella, cinq ans qu’il l’empêche de sombrer dans la folie, cinq ans que son fils Estéban la découvre ivre morte chaque soir en rentrant. Coute que coute, elle veut l’aider et elle met toute son énergie dans une enquête troublante. Faisant une belle entorse à la déontologie, Vittorio lui demande de récupérer les bandes d’enregistrements des dernières séances avec ses patients. Petit à petit, elle découvre sa vie intime et celle des autres patients. Il y a un plaisir addictif à suivre les recherches d’Eva Maria. Elle tente de démêler les faux-semblants dans un terrible jeu de cache-cache avec la vérité. Lisandra ne dansera plus jamais mais aujourd’hui qui mène la danse ? Eva Maria danse le tango avec la vérité, elle avance à rythme lent, le tango est une danse d’improvisation qui se danse à deux, mais qui guide ses pas ?

Les photos qu’elle prend le jour de l’enterrement de la jeune femme et les enregistrements qu’elle écoute disent-ils toute la vérité ? Eva Maria découvre les souffrances enfouies de Lisandra. La tension augmente, le mystère s’épaissit.

L’amour et le désir sont au cœur de cette tragédie. Il est question d’amour, de sexe, de soumission, d’oppression, de la mémoire et du mensonge.

Sur un rythme lent à deux temps, on danse avec les mots d’Hélène Grémillon. Son style est fluide, elle tient le lecteur en haleine jusqu’au bout. Elle mène la danse habillement avec ce thriller psychologique efficace.

Une jolie découverte pour un moment agréable de lecture.















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Le confident

La narratrice Camille vient de perdre sa mère. Dans son courrier, elle découvre une lettre non signée qui lui raconte ce qui semble être le début d'un feuilleton, car les lettres continueront d'arriver.

Camille se demande pourquoi ces lettres lui sont adressées . Elles lui racontent Annie et son ami de toujours qui vivent dans un petit village. Un jour, un couple vient s'y installer . La femme qui ne peut pas avoir d'enfant va se rapprocher d'Annie qui adore peindre. Une phrase d'Annie prononcée par compassion, va chambouler quatre vies.



Ce livre, bien écrit, bien construit, tient en haleine du début à la fin.
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La Garçonnière

C'est tout simplement fabuleux de parvenir à tenir le lecteur en haleine de la première à la dernière page du livre avec une histoire vraie, mais écrite comme un roman, et quel roman!!! Tout y est: page d'histoire et description sans complaisance d'un régime qui fait froid dans le dos...Peinture d'un couple qui souffre de la jalousie, des méfaits du temps qui passe. Description des émotions d'une femme qui a perdu un enfant et ne s'en remet pas. Mais surtout témoignages étonnants (sous formes d'enregistrements sur cassettes) recueillis par un médecin psychiatre. A chaque chapitre, le lecteur voit ses soupçons évoluer vers l'un ou l'autre des personnages. De la Grande Littérature!!
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Le confident

Je suis encore sous le choc. Quel roman ébouriffant ! Une construction originale et remarquable. Que ce livre soit un premier roman me laisse pantoise…



C’est un livre sur les secrets de famille, mensonges en tous genres, actes horribles… mais pas un de ces livres sans intérêt qu’on voit tant fleurir sur les étagères des libraires. Non. Pas un petit secret de pacotille. Non plus. Un livre singulier qui nous happe dès ses premières lignes et qui ne nous lâche qu’au dernier mot. Et encore… difficile de s’en détacher…



Un roman dans lequel la grande Histoire côtoie la petite. Et c’est avec subtilité qu’Hélène Grémillon évoque le quotidien des français pendant la seconde guerre mondiale. Elle ne nous assène pas les lieux communs qu’on a l’habitude de lire à ce propos. Au contraire, elle tisse son histoire avec en filigrane la guerre, sans jamais appuyer sur le bouton "attention je parle de la seconde guerre mondiale quand même !", elle le fait tout en finesse, naturellement. L’une s’imbrique dans l’Autre pour nous livrer une histoire hors du commun, un suspense psychologique incroyable.



Tout est réussi dans ce roman : la narration par l’alternance de points de vue à travers des lettres, des propos rapportés d’un personnage puis d’un autre, l’écriture juste et précise, la construction du roman qui est comme un jeu d’emboîtements, l’art du suspense parfaitement maîtrisé…
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Le confident

1975, Paris. À la mort de sa mère, Camille Werner reçoit une étrange lettre parmi les messages de condoléances. Louis, un homme qu’elle ne connaît pas, s’adresse à elle et lui raconte une histoire qui ressemble étrangement à la sienne. Il est question d’Annie, une jeune provinciale, et de ses troubles relations avec le couple M. Lettre ou roman, Camille ne sait que penser, mais toute cette histoire lui fait l’effet d’un aveu. « J’ai toujours pensé que les secrets doivent mourir avec ceux qui les ont portés. Vous vous dites sûrement que je trahis mes propres convictions puisque je vous en parle, mais à vous, je dois tout dire. » (p. 62) À lire les mots de Louis, Camille a la certitude dérangeante que cet aveu la concerne, qu’il s’agit de sa mère, de son enfance et d’une part de son histoire familiale qu’elle ne soupçonnait pas. Et pour cause, pouvait-elle soupçonner que la manipulation et la trahison étaient à l’origine de sa vie ? Mais elle doit se rendre à l’évidence : « L’impensable, ça existe. J’en suis la preuve. » (p. 44) Alors, pour ne plus douter de sa mère et ne plus être une coquille vide dépossédée de ses origines, Camille cherche à découvrir l’identité de Louis et le fin mot de cette troublante histoire.

Les lettres de Louis remontent le temps jusqu’à la veille de la seconde guerre mondiale, puis jusqu’au conflit lui-même. Alors que l’humanité se déchire pour des raisons politiques, les affrontements privés ne sont pas moins cruels. Le récit de Louis montre une réalité sordide et des êtres aux âmes noires. Fou amoureux d’Annie, Louis raconte comment il l’a perdue à cause de Madame M., une femme désespérée. Les choses auraient pu s’arrêter là, sur le récit de Louis. Mais dans un souci de transparence, le vieil homme livre la confession d’Annie et celle de Madame M. Commence alors pour Camille un jeu de pistes brouillées où les indices les plus probants finissent en cul de sac et où toutes les certitudes s’effondrent. La confrontation de tous les récits comble les vides, renverse les situations et redistribue la culpabilité. Comme un tableau que seule achève la signature du peintre, la dernière phrase du roman ponctue et conclut une douloureuse quête familiale sur fond de conflit et de jalousie macabre.

Ce roman est un chant d’amour et de haine pour la maternité. Situation honnie ou désespérément attendue, elle cristallise les émotions et les passions. Le désir d’enfant prend le visage de la monstruosité, mais le monstre peut se cacher partout, même sous les airs les plus purs. N’est plus victime qui veut quand tombent les masques ! Hélène Grémillon interroge la maternité et ses origines. Une femme devient-elle mère parce qu’elle a porté un enfant ou parce qu’elle l’élève ? Parce qu’elle s’est battue pour l’avoir ou parce que la nature a fait son œuvre ? « Mais pour Camille, j’aurais tout fait. Combien de nuits je me suis réveillée, l’amour de cet enfant ancré dans la gorge, si vivant, si tenace, que je ne pouvais plus me rendormir ? » (p. 260) Ainsi s’exprime la mère de Camille. La mère de Camille ? Je vous laisse découvrir son identité…

L’alternance entre les pensées de Camille et les différents récits est marquée par un changement de police, mais surtout par une différence de style. Hélène Grémillon réussit le tour de force de doter chacun de ses personnages d’une plume/voix particulière. Et le récit se déroule à toute allure, ou plutôt sa lecture. Foi de passionnée, il est impossible de ne pas vouloir poursuivre la lecture de ce roman et quand, rattrapée par les contingences de ce monde, j’ai dû poser l’ouvrage pour vaquer à de viles besognes, je ne pensais qu’à lui. Le confident vous fera froid dans le dos, comme tout bon thriller ou roman psychologique. Plus jamais vous n’oserez faire de proposition à la légère, croyez-moi…


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La Garçonnière

« La colère ne nettoie pas. »



Difficile la fin. Je referme ce livre et je suis choquée. Je ne m'attendais pas à cette fin. Buenos Aires, le Tango... plutôt sympa. C'est ce que je me disais quand j'ai choisi ce livre. Une ambiance qui me plaît. J'avais donc ouvert ce livre avec l'attente d'un dépaysement. Puis j'arrive vite aux années sombres de l'Argentine, déjà je montais dans les crans. de nombreux crans car les Mères et les Grands-Mères de la place de Mai reviennent souvent dans mes pensées. Ça se compliquait. Comment survivre à la perte d'un père, d'une cousine, de son enfant ? Non seulement c'est terrible mais quand s'ajoute à cela, le noir, le silence, l'absence du corps, l'absence de savoir -de ce qui a été commis, de ce qui a été enduré… je deviendrais folle. L'avancée dans ce roman devenait de plus en plus compliquée, éprouvante. Et c'est alors que ce livre a touché une part de moi que je ne peux ouvrir sans une souffrance énorme. Celle que je ne peux jamais lire. Et j'ai lu. Jusqu'à la dernière ligne. Une épreuve. J'avoue. Alors que dire de ce roman ? Difficile. Je garde une histoire qui percute le lecteur tant par la manière dont les choses sont déroulées par l'auteur, petit à petit, sous différents angles, qui m'ont fait douter à chaque fois que je tournais une page, partir dans des directions opposées, perdre tout repère. C'est peut-être un peu trop pour moi, mais je reconnais que c'est bien fait. Pour autant, trop de pistes -toutes probables et bien amenées- m'ont cependant empêchée d'être dans une ambiance homogène, de me sentir envoûtée par l'écriture. Mais j'ai dévoré ce livre, pour savoir. Et parce que tout était plausible. Quand un pays vit une histoire démesurée, éprouvante, destructrice, ce roman rend très bien le désarroi qui accompagne ses habitants au jour le jour. Il n'y a plus de point d'ancrage. Et c'est très bien rendu dans ce roman.
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Le confident

Ce livre m'attendait depuis très longtemps. Je pense l'avoir acheté dès sa parution en "poche", attirée sans doute par les critiques élogieuses que j'avais pu lire... Pourquoi ne pas l'avoir ouvert avant? La réponse est simple, j'ai toujours une certaine réticence à lire des auteurs récents très médiatisés. Et ce roman là, cet écrivain là, l'ont été puisqu'ils auront obtenu plusieurs prix littéraires!

Autant le dire tout de suite, je suis satisfaite de cette découverte, séduite par ce livre. Cependant, je reste un peu en retrait quant à l'épilogue de l'histoire, que je ne sens pas vraiment crédible.

Construit au travers de plusieurs récits qui ont pour origine la seconde guerre mondiale, je salue le travail de recherche de l'auteur qui permet au lecteur de bien intégrer cette période de l'Histoire et aussi de comprendre les prémices de l'entrée en guerre.

J'ai aussi apprécié la documentation concernant la mise en eau de la retenue du Der, l'historique des villages disparus et le sauvetage de l'église de Nuisement.

Mêlant récit historique et suspense psychologique, ce livre mérite d'être lu, même si les personnages sont souvent très sombres et n'attirent pas obligatoirement la sympathie.

Un excellent premier roman.
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