AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Hélène Honnorat (20)


Les cocktails ont décuplé mon agitation et ma fatigue. Il ne pleut pas. Je m’échappe du Sabah puis du parc, le temps de prendre un petit bain de sueur, de poussière, dans les rues adjacentes.
Quelques touristes flânent comme moi, objets de curiosité pour les Malaisiens qui les considèrent du fond de leurs carrosses réfrigérés. Sur le trottoir, les gamins vendent des fanions en l’honneur des Jeux et de la Reine, des chewing-gums (ils ne sont pas interdits ici comme ils le sont à Singapour), des magazines, des chiffons, des fruits à la pièce : goyaves, mangoustans, papayes.
Il faut lever la tête pour admirer, ondulant à travers le voile des gaz d’échappement, les échangeurs de béton, labyrinthes célestes ; les feux suspendus, dont le rouge bave, et les barrettes de strass des cours. La police en armes quadrille discrètement le secteur. En clé de voûte s’allume la WASAN 2020, la VISION 2020 de Mahathir Mohamad.
Scène de crime ou scène de crise ? KL est une ville effarée à peine sortie de l’enfance, où les gratte-ciel émergent des marécages comme des lotus, où les fantômes des pionniers flottent, dans leur peau phosphorescente, au-dessus des lacs et des mines d’étain, au-dessus des chantiers à cœur ouvert et des richesses qu’ils ont contribué à créer.
Commenter  J’apprécie          130
Je joue la voiture-balai. J'aperçois Maxime, qui remonte les rangs. Que vois-je ? Il est allé quérir l'un des minibouquets d'orchidées/ fougères préparés sur la table pour des hôtes élus - de vraies orchidées, pas de ces trucs en caoutchouc - et voilà qu'il l'épingle lui-même au -dessus de mon sein gauche, qu'il effleure au passage !
- Laissez-moi fait, belle dame.
Il hausse un sourcil, s'amuse parce que je le remercie avec effusion :
- Je ne savais pas que tu aimais la verdure à ce point.
Je voudrais bien lui dire quelque chose d'aimable, comme :
"Ce n'est pas la verdure que j'aime, pauvre demeuré, c'est toi !"
Je me retrouve simplement assise, exultante et tremblante, sur un nuage qui passait par là.
Commenter  J’apprécie          130
« Mixte », adj. Et N. m. Qui est formé d’éléments hétérogènes (…). Ensemble constitué d’éléments différents, voire opposés.
« Mariage mixte », n’est-ce pas un pléonasme ? ! Tous ne le seraient-ils pas ? Sans doute certains le sont-ils plus que d’autres ! … « Mariage mixte » ; entre personnes d’obédiences religieuses différentes ou de races différentes, précise le dictionnaire Hachette encyclopédique … ; notre itinéraire sur la Carte du Tendre et du Temps en devient-il à ce point éloigné de celui d’un couple « non mixte » ?
Certains jours, j’en doute.
Commenter  J’apprécie          100
- On nous a dit qu’on était noires.
- « On » ? Qui, « On » ? l’instituteur ?
- Non, les élèves.
- Ca se pourrait, et puis après ? Mais en l’occurrence vous n’êtes pas noires, vous êtes dorées.
- Qu’est-ce que ça veut dire, « en l’occurrence » ?
- Ca veut dire qu’en fait, tu es couleur sapotille, comme l’on dirait, je crois, en Martinique où tu es née. Ou bien que tu ressembles à un délectable morceau de sucre candi… ; moi qui suis blanche comme une meringue ou une savonnette, je paierais n’importe quel prix pour obtenir un ton de peau comme la vôtre ! D’ailleurs, il y a des tas de dames qui s’échinent à longueur de temps pour y parvenir … et vous deux ? … Pas eu besoin de lever le petit doigt : c’est Papa qui a fait ça pour vous !
Stupéfaction :
- Et Papa, il ne pouvait pas le faire pour toi ???
- Hé non ! … ça ne se transmet pas dans ce sens-là. La couleur descend du père vers l’enfant mais ne remonte pas vers la mère !
Commenter  J’apprécie          90
Les cris augmentent encore, mais tout le monde sourit ! Ce qui me manque, me dis-je, c’est l’entraînement. Je n’ai jamais participé à la moindre manifestation. Je n’ai aucun point de comparaison. Ca ne ressemble pas aux défilés de la CGT vus à la télévision. Ni aux images d’achires : barricades de mai 68 ou armada nazie pour Nuit de Cristal.

(…) Je saisis ce deux mots, couverts pas les hourras. Il parle au micro, et les manifestants s’crient après lui que Mahathir doit démissionner. Un homme agite un grand drapeau malaisien. Les mains claquent en hauteur.
- Re-for-ma-si ! scande l’ex-héritier.
- Re-for-ma-si ! vocifèrent les manifestants, toujours hilares.
Le mot emprunté aux voisins indonésiens, excédés par plus de trente ans de dictature, vibre et résonne.
Commenter  J’apprécie          80
Mais pour l’instant je m’envole sur les ailes d’Upali, je suis subjuguée par ces trois syllabes rares (pour nombre de Ranjit, d’Asoka, de Nihal, je connaîtrai jamais que deux Upali : celui-ci et celui que j’épouserai !, je rends son sourire au bébé, je lévite, le nez dans les étoiles et les embruns.

L’amour le plus exclusif pour une personne, écrit Proust, est toujours l’amour d’autre chose. L’empire exercé par Upali sur mon instable personne, lorsque nous avons pour la première fois échangée quelques mots, devait sans doute beaucoup à son charme…. Mais sûrement quelque chose aussi à ma passion déjà déclarée pour l’île comme pour ce prénom, celui du prince des aires, des opales et du chocolat.
Commenter  J’apprécie          70
Ni valise ni cercueil, comme ceux à qui l'on a tout pris avant de les convertir en fumée, ou ceux qui coulent à pic en méditerranée.
Commenter  J’apprécie          70
Je raccompagne Boris jusqu’au parking du Sabah. La nuit fraîche me ranime. Je songe à haute voix :
- Mahathir, le visionnaire ou le démiurge fou ? Je ne sais plus trop comment le voir. En tout cas, comparée aux Petronas, la réplique de Colmar en carton-pâte ne m’inspire guère.
- Rien à avoir avec du carton-pâte. De la bonne pierre. Elle vient d’Inde. L’architecte a essayé de s’approvisionner dans les carrières des Vosges, mais c’était vraiment trop cher. Quant aux tuiles, elles sont effectivement achetées en France. Vous savez, Mahathir a un jour demandé à l’Ambassadeur, lors de discussions autour d’un programme de coopération : « Envoyez-moi l’architecte qui a fait Paris. » Voilà à quoi ressemble un pays jeune et sans complexe.
- Vous avez raison, Boris. Après tout, c’est un Français qui a dessiné les plans de Washington, la capitale des Etats-Unis ! Et quand on a, comme « Docteur M », importé Colmar et le château du Haut-Koenigsbourg à une heure de KL, quand on est occupé à faire sortir de la jungle la nouvelle capitale, et, surtout, quand on voit que les jumelles Petronas deviennent l’emblème du pays … pourquoi douterait-on de sa propre puissance ? Encore faudrait-il savoir à quoi on l’emploie, hors projets pharaoniques.
Commenter  J’apprécie          60
"Qui dit bagage, dit nouvelles racines. Je vis avec et dans mon balluchon comme l'enfant dans ses langes. J'emporte, je recrée ma maison, j'habite ce lieu fantôme installé dans ma valise ou mes malles. Chambre, salle de bains, cuisine, bureau, bibliothèque... L'objet qui paraît le plus spécifiquement pensé pour s'en échapper, conçu pour le nomadisme, est encore un reflet du bercail que j'ai quitté."
Commenter  J’apprécie          40
"Ce n'est pas avec "deux harengs frigorifiés" mais avec une autre collation personnelle que se déplace Umberto Eco, tout au long de Comment voyager avec un saumon : malgré le titre didactique, Eco ne maîtrise pas le problème. Il ne cesse de vider des tiroirs de minibars d'hôtels de leur contenu alcoolisé pour tenter d'y caser son saumon fumé en mal de froidure, cependant que le personnel éjecte l'animal et que l'ordinateur lui facture le contenu du minibar. Bilan à l'arrivée : "le saumon est immangeable. Mes enfants m'ont dit que je devrais boire un peu moins"
Commenter  J’apprécie          40
Temps irrémédiablement fondu, évaporé, dissous, des commencements, temps où Nell et Nagui grandissaient dans un pays ô combien étranger qui leur était si familier, qui était à la fois leur cocon et leur horizon, dans ce pays poignant qui les a bercées si tendrement et qui a basculé dans le sang juste après notre départ.
Je me penche sur ces quelques photos, et me point tout à coup une nostalgie si aiguë – alors que les filles sont belles, vivantes, proches encore – que je me demande comment font les parents qui perdent un enfant pour résister à ces images.
Commenter  J’apprécie          30
Immémoriale, la connivence entre l’amour et l’humide. Mais l’humble vie domestique est soumise aux caprices hygrométriques. A la maison, le vieux réfrigérateur fait entendre nuit et jour à intervalles irréguliers un ruissellement, une déglutition, un dégel incohérent, cependant que le chauffe-eau goutte-à-goutte dans un seau, que la mystérieuse bouche métallique encastrée dans le sol carrelé, juste sous le lit, résonne de gargouillis de boue et de billes explosant au gré des tempêtes extérieures et que la pluie xylophone sur les lames des jalousies comme sur celles d’un marimba.
Commenter  J’apprécie          30
Acheté, aussi, une collection de valises plates en peau de porc (c’est surtout l’odeur de ces cuirs qui me plaît). J’ai trop d’articles de voyage. Je vais m’amuser à les jeter, après minuit, de mon balcon dans l’Arno. Barnabooth !
Commenter  J’apprécie          30
"C'était aussi l'époque où, tout au long d'un vol entre les Antilles et Paris, j'entendis glapir et protester un passager clandestin, enfourné par une belle matrone dans le compartiment au-dessus de ma tête : un coq vivant, hérissé de colère. Et l'époque où, au cours d'une semblable traversée, les occupants de l'avion, au sein duquel s'était mise à régner une étrange agitation, furent surpris par la voix pincée de l'hôtesse : "la personne qui voyage avec des crabes vivants est priée de se faire connaître."
Le coq était promis à la rôtisserie, les crabes devaient finir pimentés et farcis... Mais ces derniers s'étaient échappés et, courant dans la cabine, tentaient du même coup de se soustraire à leur destin."
Commenter  J’apprécie          30
Soudain, l'ordonnance du capitaine entre, essoufflé, annonce d'un air mystérieux que tout est bien
et qu’il a trouvé un biberon.
— Vous comptez emmener un nouveau-né ? dis-je.
Pour toute réponse, Hollicott me tend un télégramme. Il est de Desdemona. Je lis : « Lévriers
persans portent malheur. Mais serais heureuse que vous m’apportiez demain un grand thermos et
un petit lion. Love. Desdemona. »
— Un lion aux Indes ? fais-je.
— Oui, cette fille est une amour, mais elle ne sait pas. J’ai remplacé par une tigre d’un mois.
J’aurais trouvé plus facilement à Udaipur, mais je ne peux pas arriver les mains vides.
Commenter  J’apprécie          30
Mercure, le dieu des voyageurs, des filous et de l’éloquence, est assis nu sur un rocher plat de forme bizarre (une enclume ?). En contrebas, deux personnages miniatures, des gamins chevauchant des boucs. L’un d’entre eux, joufflu, souriant, nous fait face.
Commenter  J’apprécie          20
1
L’air s'est enflammé, s’est emparé d’un rang de motos et a tout avalé en un seul coup de langue. Quant au vélo blanc et or : tordu en trois secondes. Je me suis retourné ; le feu avait pris dans mon dos.
La voiture n’a guère résisté plus longtemps. Dans une cacophonie de sifflements, de ronflements, d’éclatements, elle aussi a capitulé. Les fumées enflaient à toute vitesse, emplissant la rue. J’ai distingué un instant le visage du chauffeur, sa casquette, sa livrée aux boutons brillants, ses yeux grands ouverts, ses mains qui n’avaient pas quitté le volant.
— Ada kebakaran ! Il y a le feu !
Tout le pâté de maisons s’était mis à résonner. Des bassines en émail, en fer blanc, des seaux, des tuyaux, des citernes. De l’eau, de l’eau ! Les habitants la jetaient sur le trottoir, à la base des murs, dans la gueule de la porte ouverte, autour de laquelle on s’affairait. Je suffoquais, figé. J’ai aperçu un couple, immobile comme moi. La femme portait une tunique barrée par une large ceinture. Un torrent de fumée est passé entre nous. Puis, plus rien. Sauf les cris, les ordres lancés.
— Va-t’en.
Subitement, Irma s'était retrouvée à mes côtés. Détachée, elle ne s’adressait qu’à moi, au milieu du vacarme et des flammèches. Je n’étais pas sûr d’avoir bien compris.
— Mais pourquoi ? Je peux aider…
Des silhouettes féminines faisaient la chaîne, posaient d’encombrants objets dans le caniveau, les arrosaient, les portaient plus loin. Quelques billets de banque voltigeaient, gros papillons de nuit.
Une façade s’est pliée en deux sans hâte. Ses pilastres craquaient, les contrevents ajourés ondulaient. Son toit s'est couronné d’étincelles. Nous étions pris dans un halo cramoisi. Elle a répété en français :
— Tu as entendu ? Va-t’en !
Commenter  J’apprécie          20
Nous avons tellement l’habitude, la Japonaise et moi, de fendre la ville du sud au nord, vers mon bureau, vers l’ambassade, vers Glodok, et retour, que je m’attends presque à la voir suivre seule le droit fil habituel. Je la dirige vers l’est, et constate qu’elle se soumet.

Dimanche familial à Lubang Buaya, restaurants en plein air sur les trottoirs. On lave la vaisselle métallique dans les rigoles, un vendeur de kérosène emplit ses bidons. Bébés vêtus d’un T-shirt trop grand, cul et pieds nus, jouant au bord des caniveaux – je me suis toujours demandé grâce à quel sortilège les mères évitaient qu’ils se fassent écraser –, marchands ambulants (soupe, porridge au poulet ou au poisson, bassines en plastique, brosses, tongs en caoutchouc jaune fluo), taxis collectifs, cyclistes. Je suis les indications de Basile. À l’arrivée, il nous désigne l’ancien aéroport et le site qui englobe le Musée de la trahison communiste, la Véranda des tortures, le Trou du Crocodile, le monument aux héros.
Commenter  J’apprécie          10
J’avais frémi. J’avais compris qu’on pouvait être foudroyé.
Compris qu’on pouvait se prendre de passion pour l’incompréhensible, le mauvais goût, l’hétéroclite.

Les portes de la maison de la grand-mère Anna étaient argentées, comme les lions, les biches et les griffons qui foulaient l’herbe du jardin sur rue, tout en largeur. J’apercevais à l’arrière un jardin plus profond avec des pavillons. Les lions me semblaient plus romains qu’asiatiques, mais les nains en porcelaine, à peine plus hauts que les plantes, s’étaient à coup sûr échappés de l’empire du Milieu. Pas d’étage, pas de mur pignon avec redents à la batave ni de toit retroussé à la chinoise. Une galerie courait d’un bout à l’autre de la façade, soutenue par des piliers métalliques cannelés de facture européenne. Des anges, un peu partout, sur des sellettes : non pas des chérubins, mais des anges adultes, blancs, argent, un peu écaillés, sans doute métalliques eux aussi.

Je n’avais pas sonné. J’avais couru acheter une boîte de biscuits assortis et des dattes.
— Elle s’appelle Guanyin, vous la connaissez ?

La statuette portait une longue robe blanche, un chignon… Je m’étais lancé.
— La déesse de la miséricorde ?

Anna avait éclaté de rire.
— Oui, mais c’est Guanyin Prolongatrice de Vie : elle se tient derrière un rocher. Vous voyez, elle est très efficace avec moi !

Nouvelle explosion de gaieté. La figurine d'ivoire s’abritait sous un globe qu’Anna avait tapoté affectueusement.
— En effet.

Soixante-dix ans ? Quatre-vingts ? Impossible à dire. La grand-mère d’Irma était vêtue d’une robe gris perle, elle avait planté deux ornements de nacre dans son chignon, elle souriait de toutes ses dents intactes et s’exprimait en anglais d’une voix aiguë. Quand l’une des domestiques (j’en avais déjà aperçu plusieurs autres) m’avait ouvert, Irma avait simplement déclaré que j’étais son professeur de langue française. Désolée, elle ne parlait pas français, seulement hollandais, vieux javanais, indonésien et anglais.
Commenter  J’apprécie          10
Je peux te dire ce que tu aurais vu, du haut de ces cent trente-sept mètres : embrochée sur son axe nord-sud, Jakarta dans tous ses états, telle que je l’ai naguère découverte. À son nord extrême, l’ancien port. Pas celui des cargos, des porte-conteneurs et autres bateaux-citernes clapotant de pétrole jusqu’à la gueule ! Celui des voiliers-espadons qui cabotent d’île en île comme ils le faisaient trois siècles auparavant, bourrés de bétail, d’étoffes, de riz, de sucre, de poivre, de tabac, d’épices, d’indigo, d’écorce de quinquina… et de bois, de bois, de bois ! Montagnes de planches rouges sur les quais. Ici font escale les héritiers des pirates malais et des trafiquants chinois, les vaisseaux-fantômes, les Hollandais volants, naviguant aux étoiles à l’heure des balises Argos – tout au plus a-t-on greffé un moteur, parfois, sur le modèle d’origine. Sous la proue sautille une annexe en forme de pirogue, que l’on appelle sampan. Au bout de la dernière jetée, la Mer de Java, charbonneuse, lente, jonchée de débris.

Entre elle et toi, les quartiers « historiques » : l’ancienne Batavia et sa grand-place, l’ex-Hôtel de Ville et Cour de Justice… Depuis le balcon, les notables hollandais assistaient aux exécutions capitales : il y avait ceux que l’on rouait vifs, ceux que l’on exécutait à la pointe de l’épée, ceux que l’on pendait, ceux que l’on fouettait. Mais ceux qui hurlaient le plus longtemps – plusieurs jours, dit la chronique – avant de succomber étaient ceux soumis au supplice du pal. Cependant quatre-vingt-cinq pour cent des prisonniers mouraient (quelle ingratitude !) alors qu’ils étaient les hôtes des sous-sols inondables du bâtiment.

Tu aurais parcouru des yeux ce qui reste du quadrillage aquatique. L’avantage de la vue aérienne, c’est qu’elle permet d’échapper à la puanteur. Une pensée pour Apollinaire. Voie lactée ô sœur lumineuse des noirs canaux de Batavia… Ils t’auraient menée à Glodok. Tu aurais distingué la passerelle, à cheval sur l’artère principale, et ses escaliers qui furent un jour mécaniques, tapissés d’une moquette de crasse. Aperçu peut-être les cages à oiseaux hissées vers le soleil, oriflammes au sommet de leurs mâts. Tu aurais pu entendre, mélangés à leurs chants et à celui des vendeurs de légumes du marché, les cris autour d'un combat de coqs devant la porte du magasin de photocopies.

Et puis ton regard aurait suivi la rue de la Grande Porte Sud jusqu’au Monas et à l’esplanade, à tes pieds.
Commenter  J’apprécie          10

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Auteurs proches de Hélène Honnorat
Lecteurs de Hélène Honnorat (55)Voir plus

Quiz Voir plus

L'aiguille creuse,après le mystère,les questions !

Qui est l'enquêteur principal de cette mission ?

Nestor Beautrelet
Nestor Baudrelait
Isidor Beautrelet
Castor Beaureflet

5 questions
162 lecteurs ont répondu
Thème : L'Aiguille creuse de Maurice LeblancCréer un quiz sur cet auteur

{* *}