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Citations de Hélène L`Heuillet (21)


La philosophe, qui publie Eloge du retard (Albin Michel) en janvier, souligne que la gêne que provoque la grève peut être aussi jubilatoire.

La retraite est-elle le «dimanche de la vie» dont parlait Hegel ?
Toucher aux retraites, c’est s’attaquer au vœu de plus en plus général, même chez les jeunes, qui s’exprime par quelque chose comme : «Enfin du temps libre» ! La retraite a cessé d’apparaître comme le moment où on se «retire» de la vie. C’est en train de devenir le «plus bel âge de la vie», le bout du tunnel d’une vie marquée par la pression temporelle toujours plus forte. Allonger la durée du temps de travail, c’est effectivement s’en prendre au «dimanche de la vie», alors qu’on ne tient qu’en attendant les vacances. La sagesse, depuis l’Antiquité, est une capacité de se retirer en soi-même, de faire retraite en soi. Mais le «soi» n’est pas un lieu de retraite. Nous sommes si sollicités que l’intériorité même est mise en péril. Il ne nous reste plus qu’à espérer quelques années de retrait par rapport à la pression pour retrouver notre propre sentiment de vivre.
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Prendre son temps, c'est prendre ses responsabilités. Cela n'implique ni de faire attendre ni de supporter qu'on vous fasse attendre. Prendre son temps, ce n'est pas disposer à loisir du temps de l'autre ou laisser l'autre disposer du sien, mais s'accorder ce sas de décompression qui est celui dans lequel le temps de la vie fait éprouver la valeur de la vie.
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La folie du temps perdu s'exprime dans un symptôme : l'insomnie. La société du temps perdu est une société d'insomniaques. On ne sait plus dormir. On ne peut plus dormir. Et pour comble de cruauté, on ne cesse de nous enseigner les vertus du sommeil et de nous tenir comptables de notre manque de sommeil.
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Le paradoxe est qu’alors que l’offre de consommation est toujours plus précoce, les comportements de consommateurs sont de plus en plus tardifs. Faire ses courses de fin d’année le 24 décembre après-midi est du dernier chic. Plus on nous invite à être en avance, plus on est en retard. Les conseillers en marketing devraient connaître le caractère impulsif de la pression psychologique sur les acheteurs. Il y aura bientôt des révoltes contre ce chantage au temps qui consiste à nous promettre d’acheter moins cher à condition que ce soit dans la minute.
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Mais précisément, en créant pour le sujet une sorte de zone vide, la tristesse fait barrage à la pulsion consumériste et à la mélancolie qui toujours l'accompagne. Car la société de consommation sait fort bien utiliser la mélancolie qu'elle engendre. La pulsion d'acquérir des objets est un effet de la mélancolie sociale. Et comme ses objets sont de plus en plus éphémères, ils aggravent la mélancolie et rendent la pulsion d'achat, par exemple, toujours plus frénétique.
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Les voisins d’en haut sont les plus détestés des voisins. Quoi de plus exaspérant que d’entendre quelqu’un marcher au-dessus de sa tête ? Impossible alors de ne pas se figer dans l’écoute du bruit. Ceux d’en haut sont responsables du malheur du monde.
Quand nous nous sentons menacés, c’est toujours par ceux d’en haut.
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Le voisinage est un corps-à-corps, et c’est bien souvent ce qui gêne. Il n’élude pas le corps de l’autre, contrairement à ce qui se produit sur les réseaux sociaux ou dans les divers moyens de communication téléphonique accompagnés de possibilités de se voir. Par webcam, nous amis sont inodores et intouchables. Le corps est réduit au visage. Au contraire, on hume les
odeurs de la cuisine des voisins, on respire le même air qu’eux, on ne les voit pas seulement sur écran, on les entend.
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Le temps est en fait difficile à contrôler. Pour y parvenir, il faut s'assurer de la complicité du sujet qu'on exploite. Le meilleur moyen est de faire en sorte que le sujet soit son propre contrôleur.
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C'est en se mettant en retard qu'on peut cesser de se remettre soi-même à plus tard.
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L'insomniaque passe au crible les événements de la journée. Sa reddition des comptes est plus sévère que l'examen du soir stoïcien. Même quand il avance en pensée son travail du lendemain, l'insomniaque est en retard. C'est même ce retard qui le tient éveillé. L'insomniaque vit sa vie à contretemps. Il tourne et retourne aussi les choses sous tous les aspects. Il revient en arrière, il interroge, ou lance la bonne répartie.
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Le thriller est notre aliénation contemporaine. Il nous dit qui nous sommes, mais prend en otage le temps subjectif. Il est le nouvel imaginaire de la temporalité pour les êtres surpressés que nous sommes. Il est donc normal que pour décompresser, pendant les vacances, on lise des polars. De cette manière, on ne perd pas le rythme tout en étant assuré de passer des nuits blanches.
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Le voisinage est un lien par le lieu.
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De tous les voisins, ceux d’en haut, d’en bas, d’à côté, c’est le voisin d’en face qui fascine le plus. Qu’est-ce que j’épie chez le voisin d’en face ? Est-ce la différence que je guette et surveille ? Qu’est-ce que je crains de celui qui me regarde à la dérobée ?
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La maternité est un grand impensé de nos sociétés. Les sociétés deviennent maternantes et infantilisantes, mais les femmes n’ont plus le temps d’exercer leur fonction maternelle. Les spots publicitaires nous recommandent de boire quand il fait chaud. Vont-ils nous recommander de nous coucher de bonne heure ?
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Hélène L'Heuillet
S'installer dans le temps, dans son propre rapport à la temporalité, c'est accepter de vivre de rien, mais d'un rien qui donne sa valeur à l'essentiel. La pulsion, elle, tourne autour du vide du temps sans nous laisser le temps de respirer.
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"Une vie", c'est un engagement de la subjectivité. Cela ne signifie pas laisser libre cours à ses décharges pulsionnelles, mais bien au contraire ciseler les mouvements psychiques pour y rencontrer l'objet énigmatique qui nous mène, et dont la poursuite seule donne à notre course de vie son parfum inoubliable.
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La cause écologique est un contre-argument de poids à la société accélérée. Ainsi fait-elle réaliser que marcher de l'avant pour marcher de l'avant est absurde et dramatique, et qu'il faut s'arrêter pour regarder à quel point nous sommes en retard sur le soin que nous devons à notre maison commune.
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Contre la montre / Nous sommes rivés sur nos montres, et pourtant, nous sommes sans cesse « sous l’eau ».
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Au sein de toute proximité se crée comme un dépôt d’hostilité, toute intimité « contient un fond de sentiments négatifs et hostiles ». Ce qui est vrai de la conjugalité, de l’amitié, des relations familiales l’est aussi du voisinage.
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On peut certes porter au crédit des éthiques du care de vouloir servir de correctif aux excès de l’individualisme libéral et à sa sourde violence. Mais elles font peu de cas de la pulsion de destruction inconsciente, et s’exposent au risque de paver l’enfer de bonnes intentions. Les dispositions conscientes que nous prenons pour bien nous conduire envers nos proches, voisins ou non, sont couramment annulées par notre agressivité inconsciente.
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