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Critiques de Hélène Machelon (133)
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Envolée (Trois petits tours)

Trois petits tours - Hélène Machelon - Autofiction - Reçu par l'auteure en format PDF, lu ce 12 juillet 2019.

"Avertissements

Des portraits dépeints, seuls les nôtres,

du père et de la mère sont authentiques.

Les enfants-bulle ou bébés-bulle sont de petits patients

dont les défenses immunitaires sont fortement affaiblies,

voire inexistantes, si bien que pour leur survie, ils sont

placés sous une enveloppe de plastique en atmosphère

totalement stérile".



"Pour toi, Jeanne, mon enfant.

Tu n'étais pas née pour cette vie.

Pour Paul, Capucine et Olivia.

Pour Gilles"



Hôpital Necker, hôpital des enfants malades, service d'immunologie.



Rose, Victoire, Adrien...

Enfants dont le destin n'est pas celui de la plupart des enfants.

Ils sont malades, leur système immunitaire est très fragile, voire inexistant.



J'ai vécu le temps de cette lecture dans la chambre de Rose, dans la tête des parents de Rose, de la pédiatre en chef de ce service si particulier, de Margaux Montagne en

Mademoiselle Lilas Sardine, clown assermenté de l’hôpital, de deux infirmières tellement dévouées à ces petits malades, d'Aline, maman d'Adrien, l'amie de la maman de Rose, amitié née dans les couloirs de ce service d'immunologie, de la secrétaire administrative, peau de vache, de l'aumônier qui n'en peut plus, de Jean-François le thanatopracteur qui prépare les enfants avec tant de douceur, de la grand tante de Paul le papa de Rose.

Au travers de chacune de ces tranches de vie, j'ai côtoyé les pensées de chacun(e), j'ai côtoyé la souffrance, physique et morale, j'ai côtoyé la mort de Rose, et je viens de dire adieu à Rose. Sans mélodrame, mais avec son cœur de maman, Hélène Machelon, nous raconte la lente et douloureuse période entre l'entrée à l'hôpital de Rose et son envol vers un ailleurs sans souffrance. C'est beau, c'est doux, c'est triste, c'est poignant, c'est émouvant. Il n'y a pas de plus grande douleur que celle de perdre son enfant.

Comment appeler des parents ayant perdu un enfant ? Il n'y a pas de mot. Le dictionnaire n'en a pas. C'est contre nature.



Rose laisse un message :



"La vue est belle d’ici, elle vaut la peine de prendre de la

hauteur.

Ce vieux couple avait raison lorsqu’il disait le jour de

mon enterrement que « de tout ce chagrin sortirait de la

lumière et des fleurs, que je n’avais pas donné ma vie pour

rien ! ».

"Vous comprenez maintenant.

Vous m’avez bercée. Vous m’avez soignée. Vous m’avez

rendu la vie belle. Vous m’êtes fidèles. Vous m’aimez d’un

amour inconditionnel et éternel. Ne doutez pas, je suis dans

chacun de vos pas.

Séchez vos larmes, je n’étais pas née pour cette vie".



Si le thème ne vous effraie pas, lisez ce petit livre qui nous fait comprendre

qu'il faut vivre chaque instant de sa vie le mieux possible, que rien n'est acquis, que la vie peut être très courte et donc qu'il faut dire sans compter, sans pudeur à ceux qui nous sont proches que nous les aimons.

C'est le message que j'en retire.







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Envolée (Trois petits tours)

« Saviez-vous que les petites filles naissent pour faire tourner leur jupon de princesse jusqu'à s'étourdir, pour massacrer les bâtons de rouge à lèvres en se tordant les chevilles sur les escarpins de leur mère, pour sauter sur les lits et s'admirer dans le grand miroir de l'entrée en récitant des poèmes ? »



Ce passage, premier d’une longue série qui m’aura serré la gorge jusqu’aux larmes témoigne du tableau idyllique que chaque parent peint pour ses enfants, pour sa princesse.

J’ai lu d’une traite ce roman qui m’aura captivée des premières pages jusqu’à la toute dernière. Une vraie claque.



Rose n’aura pas cette chance. Comme si tous les enfants ne naissaient pas tous sous la même étoile protectrice.

Rose n’était pas née pour cette vie. Même si Rose n’était que fécondité.



Un premier roman pour Hélène Machelon que je remercie du fond du cœur pour m’avoir adressé si gentiment son roman. Du fond du cœur oui, car ce roman m’a émue et serrée le cœur comme jamais.



Sur la grande et triste scène de la mort grappillent des gens de l’ombre qui à leur façon raconte leur sollicitude, leur travail, leur malheur pour ceux qui regardent s’envoler les anges au ciel. Une infirmière, une bénévole déguisée en clown, une mère, une employée administrative, un aumônier, une tante, un thanatopracteur, le cœur sec ou bien mouillé, ils ont brodé avec ce qu’ils ont et ce que la vie a fait d’eux les ailes de Rose pour son grand départ. Le malheur bat aux portes des parents sur le mauvais trottoir de la vie. On ne pourra pas t’enrober tes cheveux dans un beau chignon, toi Rose qui les perdais par poignée. Rose dans un petit tiroir de la morgue au milieu d’autres voisins fantômes. Rose dans un minuscule cercueil blanc.



Le malheur frappe à coups de massue quand un enfant lâche ses derniers battements de cœur après des mois de traitement. Même à son pire ennemi, on ne lui souhaite pareil malheur.



L’infirmière fera ce qu’elle peut en ayant conscience qu’elle ne peut avaler toute la misère de ces parents déchus. Prendre de la distance, se blinder. Un constat réaliste quand on sait la réalité harassante qui fouette au quotidien en milieu hospitalier.

Une femme clown qui ne souhaite rien de mieux rien de plus que de rendre le sourire à ces enfants malades. Parce qu’ils sont enfant avant d’être malade.

Une employée qui ne supporte plus le malheur des autres car comme bon nombre, elle se suffit de son lot de malheurs et tourne le dos à celui des autres.



Tout un monde qui gravite autour des parents de Rose nous délivrant des messages forts.



Un roman qui parle au cœur, qui réveille notre humanité endolorie, pas de pathos, pas de pitié, non, l’écriture d’Hélène se boit, se gorge d’émotions, se fond sur le cœur. Pas un mot de trop. Une précision dans la construction et dans la qualité d’écriture qui mérite l’attention du plus grand nombre. Des mots qui entortillent le chagrin et le deuil pour qu’au seuil des lendemains viennent se chiffonner et danser la lumière d’un possible où les souvenirs auront tant à aimer qu’ils ne pourront habiller la vie que d’amour.



Rose, tu n’étais que fécondité et de toi la vie continue à battre là où tu l’as laissée. Tu ne souffres plus. Tu es en paix auprès des colombes qui sèment pour tes parents la promesse de jours meilleurs.



Bravo Hélène ! Pour votre courage, vos espérances, votre dévouement, votre premier roman digne des plus grands.



À vous mes amis, foncez, lisez ce roman, partagez cette histoire, approchez les colombes, écoutez les anges. Un roman auto-édité qui mérite vraiment un succès digne des plus grands. Vous l’aurez compris, c’est un franc coup de cœur.

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Envolée (Trois petits tours)

Difficile de juger ce récit sur ses qualités littéraires, pourtant bien présentes : comment dire l’indicible, de partager l’indécente douleur qui accompagne l’une des plus injustes peines que nous vaut la faculté d’être mère, lorsque Dieu ou diable, ou est-ce la cruelle fatalité de notre destin de mortel, vous ravissent le petit être qui vous a été pour un court moment confié?



C’est avec délicatesse et mesure qu’Helene Machelon donne la parole à tous ceux qui furent les témoins éphémères de ce chemin de croix : la pédiatre qui ouvre le récit, l’infirmière, le clown qui vient chercher les sourires, et même la « punaise » de l’administration, maladroite s’il en fût. Les parents enfin, pris dans un cataclysme qui les dépasse, les broie sans indulgence.



Loin de toute rancoeur, c’est plutôt un hommage rendu à tous ceux qui ont accompagné, écouté, pris soin, soulagé et qui se sont unis pour croire jusqu’à la fin au miracle.



Le temps est loin où, avant de me lancer avec passion dans ces longues années d’études, je me délectais des romans de Soubiran, Journal d’une femme en blanc, vivant comme autant de promesses les cas désespérés qui créaient le pathos de cette série naïve. Quelques décennies plus tard, ce sont des prénoms gravés à jamais qui surgissent au fil des pages, des prénoms d’enfants réels, dont les histoires font parfois douter de soi. C’est pourquoi ce récit me touche beaucoup, plus sans doute que ne pouvait l’imaginer l’auteur en me proposant la lecture de ce récit.



Merci à elle pour la délicatesse et la justesse , et pour ce vibrant hommage à la petite Rose, qui a cessé de souffrir mais qui quelque part perçoit peut-être combien elle a été aimée.
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Envolée (Trois petits tours)

Un très joli texte.

Rose est le fil conducteur, Rose est cependant absente, déjà partie et pourtant tellement présente.

Tout en douceur, tout en délicatesse, ce livre exprime le décès d'une enfant. On ne connait vraiment pas son âge, pas vraiment sa maladie. On découvre quelques personnes dans l'entourage, non pas de l'enfant ou de la mère, mais dans l'entourage de cette mort. Alors, effectivement, la mort est aussi synonyme de tristesse, de perte, d'abandon, de descente aux enfers, mais au-delà, il y a la vie. Chaque personne autour de Rose a sa propre histoire, ses propres réactions, ses pourquoi et comment si personnels.

Et oui... la vie continue... Mais Rose, et chaque personne décédée, font et feront toujours partie de la vie des survivants, dans les souvenirs et par ces souvenirs. Rose est vivante et a transformé la vie des personnes croisées.

Un très bel hommage...
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Envolée (Trois petits tours)

*****



Rose a cessé de lutter... L'hôpital Necker est en deuil aujourd'hui... Rose s'en est allée... Tout le personnel soignant s'accordera à dire que cette petite fille était belle, sage, courageuse. Qu'elle ne méritait pas ça, comme n'importe lequel de ces enfants qui sont ici, au service d'immunologie pédiatrique...



Trois petits tours est un magnifique roman... Et avant d'évoquer son sujet, c'est avant tout pour son auteur et son talentueux travail d'écriture que l'on remarque ce livre.



Hélène Machelon a un ton juste, ni larmoyant ni détaché, avec toute l'émotion que l'on peut mettre sur des mots.

Elle couche sur le papier avec pudeur et poésie, tout l'amour d'une mère, sa tendresse et son désespoir. Mais aussi le sentiment d'impuissance d'un pédiatre, le détachement d'une secrétaire, la culpabilité d'un clown triste ou encore la compassion d'un thanatopracteur...



La maladie et la mort d'un enfant est des sujets sensibles. Mais la construction du récit, alternant les mots des professionnels et de la mère, rendent ce roman humain...



J'ai refermé trois petits tours cette nuit, et c'est en pensant à toutes les belles petites Rose du monde, à leurs parents, que je suis allée embrasser mes enfants, appréciant un peu plus intensément ma chance et mon bonheur...



Merci Hélène de nous rappeler avec talent que nous sommes si petits dans ce monde, que le temps nous est compté et qu'il faut savourer chaque seconde...



Merci à Netgalley et à Librinova pour leur confiance...
Lien : https://lire-et-vous.fr/2019..
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Envolée (Trois petits tours)

Il n’existe aucune recette pour apprendre à gérer la mort d’un enfant.

Chacun fait comme il peut, englué dans une chape de tristesse ou de rage, avec l’ envie de tout détruire, de tout réduire en miettes, de tout faire cramer autour de soi, et en même temps le besoin irrépressible de se rouler en boule et de rester inerte en attendant qu’une vague immense vienne nous submerger et nous anesthésier définitivement de cette douleur sans fond.

Trois petits tours...et puis s’en vont, certains enfants ne font que de brefs passages sur cette terre, leur vie n’en est que plus intense mais celle de leurs proches s’en trouve irrémédiablement changée pour toujours.

J’ai été très émue par cette lecture qui donne la parole à ceux qui s’occupent au quotidien de ces enfants malades, le médecin, l’infirmière, la femme clown, celle qui gère les dossiers administratifs, le thanatopracteur, l’amie qui elle aussi a un enfant malade et bien sûr la maman.

Ces voix se croisent et sont comme les différents morceaux d’un patchwork, ce sont comme d’étranges petits bouts de tissus colorés, aux formes improbables qui, mis bout à bout, forment un motif subtil, un dégradé de nuances qui donne des couleurs et de la texture à la vie.

L’écriture est belle, simple, brutale par moment, empreinte de douceur à d’autres, toujours juste, jamais mièvre.

J’ai lu ce livre d’une traite, presque en apnée, tant le sujet est difficile, mais j’en ressors avec l’envie de serrer très forts ceux que j’aime, d’aller marcher sous la pluie, de sentir le vent balayer mes cheveux, de penser à ceux qui ne sont plus là en me disant « Qu’est-ce que tu me manques, mais putain, ce que c’était bon de t’avoir connu ».

Je remercie mille fois l’auteur qui m’a proposé et envoyé son ouvrage.
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Envolée (Trois petits tours)

Au fur et à mesure de ma lecture, et plus encore depuis que je viens de le terminer, je réalise que la rencontre entre ce livre et moi était des plus improbables.



D'abord, quand son auteure, Hélène Machelon, m'a contactée pour me proposer son texte, rien ne me paraissait de l'ordre du possible : difficultés techniques pour le recevoir, pas de disponibilité sur mon calendrier bien trop rempli et, cerise (amère) sur le gâteau, après quelques renseignements pris, le thème de Trois petits tours m'apparut extrêmement éloigné de mes goûts en général, et plus particulièrement de mes aspirations du moment.



Pourtant quelque chose me dictait d'y aller, coûte que coûte. Comme une alchimie magique et ensorcelante entre un texte et une lectrice. Alors, j'ai foncé, et je crois avoir compris pourquoi.



"Rien n'est plus abject que la mort d'un enfant " raconte cette autofiction, qui est aussi un puzzle polyphonique montrant tour à tour les ressentis et les points de vue des différents protagonistes ayant croisé Rose petite fille (bébé ?) anciennement leucémique traitée à l'hôpital Necker et venant de décéder. Ceux-ci ne sont jamais caricaturaux, mais entre interrogation et chagrin, ils se questionnent et interrogent le monde, leur monde.

Seuls les parents y sont de chair, d'os et surtout de cœur. Les autres personnages croisés au cours de ce terrible événement de vie ont, j'imagine, été dessinés à coup de rencontres, de souvenirs et d'interprétations par une maman qui a écrit.



"Avoir des enfants c'est risqué de les perdre "…



Aucun passage facile, aucun pathos, aucune plainte... la narratrice s'avère droite et digne dans ses aller et retour avec le passé et ses souffrances. Son écriture est douce et raffinée à la fois. Elle nous caresse comme elle a caressé sa fille pendant les mois vécus ensemble.

La forme fictionnelle choisie donne un roman parfaitement abouti, parce qu'il est construit à la fois comme un journal de l'intimité, un témoignage de ce qui se passe aussi parfois pour les jolis enfants tant aimés qui disparaissent, et comme un hommage à une jolie Rose qui a fané à peine sortie de terre malgré l’Amour, tous les soins prodigués et les prières dites.



"Je meurs de toi " lui susurre cette "mère en miettes ", à mi-chemin entre spectre et mort-vivante.



Ce texte tricoté par une femme intelligente et pudique nous dit l'innommable : la leucémie récidiviste et incurable, la souffrance du petit patient, la profondeur abyssale du désespoir des parents, le doute des soignants, la peur d’oublier.



Chère Hélène, c'est votre vie que vous avez déposée dans un herbier qui a séché. Mais aujourd’hui, votre cœur n'est plus sec, car vous y avez, malgré votre tsunami émotionnel, arrosé les graines d'amour qui s’y trouvaient en dormance pendant votre long hiver.

L’écriture est-elle thérapeutique ? Je pense qu’elle apaise, un peu.

Ne pas trop lui en demander non plus.

Votre écriture à la fois sensible et belle montre par contre votre subtile âme.



Trois petits tours est un livre sur un drame et sur l’ "interminable convalescence ", et il m'a, étonnamment, donné de la force et du courage pour admirer chaque jour un peu plus "les louves " qui, comme vous, se saisissent de leur délicate plume pour tracer dans nos cœurs de lectrice/eurs une petite place à leur fleur disparue.

Maintenant, elle y est, car votre récit donne aussi du sens au monde, qui souffre mais qui vit.

Comme vous.



Pas de larmes au cours de cette lecture, moi pourtant équipée d’une sensibilité à fleur de peau, votre projet d'écriture ne va pas dans cette direction.



Ma première émotion une fois le texte lu, juste une envie folle : vous connaître et vous serrer dans mes bras.

Maintenant, volent au-dessus de ma tête votre douceur et celle de votre personnage, Rose, le tout étant accompagné par une petite musique bienveillante et lumineuse. A jamais dans mon cœur.



Je ne peux pas terminer ma critique sans dire que votre livre que j’ai adoré est à l’opposé d’un roman sur le même sujet d’Eric-Emmanuel Schmitt «Oscar et la dame rose » que je n’ai pas apprécié du tout (voir ma/la critique d’anlixelle sur Babelio https://www.babelio.com/livres/Schmitt-Oscar-et-la-dame-rose/2774/critiques/1231540?modifier=1).

Il m'avait profondément choquée et j'en attendais secrètement un autre...maintenant, il existe, c'est celui que vous avez écrit.



Mais j’aurais tant aimé que personne n’ait eu à le rédiger. Sous forme d’autofiction.



"Quand il faut évoquer la mort, nous savons que ... nous ne savons rien.

Quand il nous faut parler des morts de notre vie - qui vivent encore en nous - , habitent notre cœur -, les mots nous manquent.

De cette perte, de la mort même, nous préférons ne pas parler.

Et pourtant, les absents n'en finissent pas d'être présents."

Les morts de votre vie Le Guay / de Tonnac chez Albin Michel



Pour vous, ce ne fut pas le cas, vous avez préféré parler, à votre manière, et c’est bien mieux.

En effet, le monde, parce qu’il est dur, parce qu’il est vaste, a grandement besoin de mots… et notamment pour garder le lien avec ceux qu’on ne pouvait pas retenir.
Lien : http://justelire.fr/trois-pe..
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Envolée (Trois petits tours)

Lorsqu’un auteur me contacte pour la lecture, c’est à la fois de l’honneur que je ressens mais aussi un peu de crainte car il peut arriver qu’un livre ne m’intéresse pas ou que sa lecture ne m’ait pas plu. Or, savoir dire à une personne que nous n’avons pas aimé son livre doit se faire avec diplomatie et objectivité. Quand Hélène Machelon m’a soumis son livre, j’ai eu peur que le sujet ne soit pas dans ma zone de confort, étant très portée sur les romans noirs, thrillers et autres depuis plusieurs mois.



Et bien finalement, j’ai bien fait de l’accepter car ce livre a été pour moi un vrai coup de coeur qui m’a beaucoup touchée ! Écrire sur la perte d’un enfant doit être de loin un exercice très difficile. Pourtant, l’auteure le fait avec beaucoup de brio, sans jamais tomber dans le pathos, d’une plume émouvante et touchante.



Chaque chapitre est subdivisé en deux parties : la première est consacrée à un personnage en particulier et quel peut être son état d’esprit, son historique personnel, ses pensées… Ensuite, Hélène Machelon revient avec son drame personnel, lorsque son mari et elle ont perdu leur fille suite à une maladie génétique, le couple n’étant pas compatible comme souligné par l’auteure.



J’ai trouvé que c’était un magnifique hommage à tous : que ce soit au personnel médical allant du médecin, aux infirmiers mais aussi les autres. C’est ainsi qu’on rencontre le personnel administratif dont on peut parfois oublier les propres drames qui les touchent, le personnel bénévole qui consacre de nombreuses heures pour offrir un brin de soleil dans le milieu hospitalier à ces petits patients, les parents rencontrés entre les murs de l’hôpital et partageant la même douleur de voir son enfant malade, les membres de la famille qui ont peur de prendre de la place dans ce deuil.



Comme écrit au début du livre, c’est donc une auto-fiction puisqu’il y a à la fois l’histoire personnelle de l’auteure et une part de fiction quant aux gens qui ont partagé ce drame à la fois à l’hôpital mais aussi chez les amis et familles.



Ce livre se dévorant très vite, on ne peut qu’éprouver beaucoup de compassion et d’empathie pour Hélène Machelon et son époux frappés par cette tragédie. Autant certains passages peuvent apporter un petit sourire sur les lèvres, autant d’autres laisseront les yeux remplis de larmes… Vous l’aurez donc compris, je trouve que ce livre mérite d’être connu, d’être lu et partagé.



Comme on le dit souvent, il n’y a rien de pire que de perdre un enfant. C’est quelque chose d’indicible et la preuve est qu’aucun mot n’est assez fort pour l’exprimer. Quand on perd un parent, on devient orphelin, quand on perd un époux ou une épouse, on devient veuf/veuve mais aucune expression n’existe pour ce drame ! Hélène Machelon en a fait un magnifique livre et je la remercie pour cet honneur de m’avoir choisie dans la multitude de blogueurs littéraires.


Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Envolée (Trois petits tours)

Trois petits tours c’est ce que représente la courte vie de la petite Rose , de la bulle stérile du service de l’hôpital des enfants jusqu’au service de réanimation où l’espoir rétrécit comme peau de chagrin .

C’est aussi un roman choral avec le ressenti de la pédiatre , de la jeune artiste qui vient égayer le quotidien des enfants malades en faisant ´ le clown ´ , la préposée administrative austère et maladroite , de l’aumonier qui réconforte mais sur qui se déverse la colère légitime des parents quand l’issue est fatale , du thanatopracteur un peu magicien qui essaye de donner une dernière belle vision de l’enfant , cadeau qu’il fait aux parents avec son cœur et son âme .

Il y aussi l’infirmière qui était en charge de Rose et qui était absente quand la petite est morte , j’hésite à écrire ce mot , envie d’écrire partie pour rester dans la douceur du livre .

Il y a la maman d’un adolescent qui fait des séjours réguliers dans le service , maman d’un jeune qui oscille entre rémissions et nouvelles inquiétudes , maman qui connaît tant de choses sur la maladie , les effets de la chimio mais qui a le tact nécessaire pour ne jamais s’imposer , d’ailleurs il y a toujours une grande retenue entre les mamans des enfants malades , le grand malheur ne se partage pas et enfin même si ce n’est pas dans l’ordre , la vieille tante qui elle - même a perdu une fille , histoire que je ne révèle pas ici mais qui m’a fort touchée , cette histoire de pardon .

Mon avis : le sujet est sensible mais il m’a semblé qu’il était traité avec une grande justesse , pas de pathos , de l’émotion mais tellement bien dosée .

Parents meurtris mais pas fermés définitivement à la vie , la perte , le deuil sont terribles mais ils seront surmontés , jamais ils n’oublieront le combat courageux de leur petite fille , ils garderont à vie son souvenir malgré tout la vie reprendra ses droits .

Portrait très juste des soignants qui ne sont pas des héros mais des êtres humains faillibles qui essayent de donner le meilleur d’eux et qui eux aussi une histoire .

Je souhaite le meilleur à l’auteur , très beau premier roman .

Merci à NetGalley.

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Flagrant déni

Petit mais costaud, ce livre est un bijou, un condensé d’émotions fortes, une histoire qui m’aura retourné le cœur. Un pur bijou je vous assure, accouché aux forceps de la nuit.



De Hélène Machelon, j’avais déjà été happée et bouleversée par son premier livre, Envolée/Trois petits tours. C’était hier…



Dans Flagrant déni, l’auteure se penche avec virtuosité sur le déni de grossesse. Juliette, dix-sept ans est prise de violentes crises au ventre. Sa mère pense à l’appendicite. Mais a la clinique, ils sont formels, Juliette va accoucher. Maintenant.

Comment est-ce possible ? Du haut de ses 48 kgs, elle avait toujours ses règles, son ventre était plat, Juliette n’en démord pas, elle n’est pas enceinte.



C’est un livre pas très épais que voilà et pourtant j’ai eu l’impression d’une densité incroyable, de voir chaque seconde s’épaissir devant moi. L’auteure dissèque avec une précision d’orfèvre les minutes qui entourent cette révélation. L’antre de Juliette palpite de tous les diables. L’Autre, ce terroriste, cet alien, ce parasite la remplit d’une haine incommensurable. Jusqu’à hier, Juliette faisait des compétitions de natation et vivait légère. Aujourd’hui quelque chose lui broie l’utérus, annihile son avenir, nourrit sa honte, cet Autre n’est rien et pourtant il vient en une seconde de lui saccager sa jeunesse.



Ça clique, ça claque chaque détail minutieux de ce déni de grossesse. Dans une langue qui cogne qui saigne et qui pleure.

L’accouchement comme un viol. L’après, les ecchymoses imaginaires partout. La suite, le corps en charpie, le cœur en miettes, à dix-sept ans, ça tangue, ça tambourine jour et nuit, la honte, la culpabilité. Juliette supplie « laisse-moi stp, va t’en… »



Il y a la famille de Juliette qui fera de son mieux, les parents, la petite sœur Chloé. Mais la décision, Juliette la prendra seule. Elle aura deux mois avant que son enfant ne soit porté à l’adoption.



Bravo Hélène pour ce roman uppercut digne des plus grands ! Cette autopsie clinique du psyché humain m’aura subjuguée tout du long. J’ai aimé cette histoire de sentiments, de corps ébranlés, de vérité inacceptable inavouable, de cœurs entiers. J’ai aimé ce livre pour tous les creux où se tapit l’amour, pour cette justesse linguistique et émotionnelle tellement palpables. Cette rage qui se vautre dans la mélancolie, les peurs, les désillusions. Parce qu’à dix sept ans on est encore qu’une enfant.



Si vous aimez les romans qui vous hantent longtemps, qui vous picotent les tripes, Flagrant déni est un livre à lire d’urgence dans cette rentrée littéraire.

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Envolée (Trois petits tours)

L’auteure, pour son premier roman, signe une autofiction poignante. Un jeune couple, parents d’une petite fille prénommée Rose, doivent faire face à sa maladie.



Dès le premier chapitre, nous sommes directement plongés dans l’univers du service d’immunologie pédiatrique, lieu que tout le monde respecte mais que tous redoutent et fuient avec effroi. La narratrice, au début du roman, se trouve être le médecin responsable dudit service. Elle tente de soigner Rose. On ressent directement ses émotions, elles nous traversent tout le corps : ses hésitations, ses doutes, son envie dévorante de sauver tous ses petits patients. Et, pourtant, sans tenter de nous cacher ses angoisses et ses craintes, elle nous renvoie rapidement à sa qualité première : celle d’être humain.



Très vite, dès les premières pages du récit, nous apprenons avec douleur que Rose est décédée. Le souffle se coupe. Le cœur bat à mille allures. Des sueurs froides nous traversent. Ainsi, le poids du roman s’écroule déjà sous nos épaules. On sent déjà que ce récit, à la première de couverture frivole et au titre presque enfantin, renferme une douleur indicible et inexprimable.



Les différentes scènes sont détaillées avec soin. Elles semblent réelles : nous sommes sur le canapé avec ce couple à tenter d’assimiler cette funeste nouvelle, derrière l’épaule du médecin qui vacille de douleurs de ne pas avoir pu la sauver, dans la chambre de Rose, dans le cœur de ces infirmières dévouées…



Puis, au fur et à mesure des chapitres, les narrateurs se succèdent. Les portraits des différents acteurs de ce drame, tous aussi bien dressés, s’enchaînent. Les voix s’entremêlent : la mère, l’infirmière, la mère d’un autre patient, l’aumônier, le thanatopracteur, etc. Cette polyphonie leur laisse à tous, chacun à leur tour, un espace considérable pour évoluer, exposer leurs sentiments et nous les partager. Elle permet également d’établir en parallèle les différents points de vue des protagonistes sur une même situation, de révéler leurs non-dits et leurs questionnements intimes.



Ce livre est d’abord un hommage fort au personnel soignant qui donne leurs cœurs et leurs temps à leurs patients et leurs proches. Face à la douleur insurmontable de l’entourage, ils cachent leurs peines et problèmes, travaillent dans l’ombre et tentent au mieux de répandre la joie. Ce message ne saurait être accueilli autrement que dans l’approbation, surtout actuellement, où leur désespoir et fatigue sont tant médiatisés.



C’est ensuite, peut-être, ou du moins ce que j’ai voulu voir, un auto-questionnement sur la place de la religion dans une douleur aussi injuste que celle de la perte d’un enfant. A la lecture de ce roman, il semble impossible de se questionner soi-même et de Le questionner.



C’est enfin, et surtout, un roman très poignant, très bien écrit qui relate avec une sincérité incroyable, ce sujet. Il est vecteur d’un message fort d’espoir et de lumière, qui donne envie de prendre du recul sur les futilités de la vie, de dire bonjour plus souvent à son voisin quelque peu ennuyant et d’emmagasiner toute sa force et son courage pour l’envoyer aux parents de toutes les Rose.
Lien : https://littecritiques.wordp..
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Envolée (Trois petits tours)

Un vrai livre. Ça peut paraître idiot d'écrire cela, mais oui, ça fait du bien de lire une histoire profonde et un moment de vie intense. Pour ceux qui se lassent comme moi des " livres paquets de lessive", lisez celui-ci Je referme le livre en ayant envie d'embrasser la terre entière. C'est beau, c'est puissant, j'ai adoré.

L'écriture est vive mais choisie.



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Envolée (Trois petits tours)

Je suis une lectrice exceptionnellement téméraire, même pas peur de me confronter à une horde de zombies ou aux crimes les plus gore détaillés au micron. Mais voilà, je ne suis pas courageuse, surtout depuis que je suis devenue maman. Je fuis avec une lâcheté assumée tout livre mettant au centre la mort d'un enfant, surtout s'il relève du vécu.

Je suis donc clairement sortie de ma zone de confort avec ce roman classé autofiction qui annonce la mort d'une petite Rose dès le premier chapitre, d'une leucémie, à l'hôpital Necker. J'ai choisi de faire confiance à l'auteure qui m'a proposé cette lecture.



Je pense que si le roman avait été un récit-témoignage type journalistique, je n'aurais pas poursuivi au-delà de quelques pages. Il fallait dépasser le terrible et cela ne pouvait passer que par la forme romanesque, la seule à pouvoir réellement transcender la douleur et raconter la perte inacceptable.



Hélène Machelon y parvient brillamment grâce à une construction intelligente qui apporte souffle et lumière à ce huis clos hospitalier. Huit chapitres. A chaque fois au «  je » de la mère répond en miroir un «  je » d'un autre qui a gravité autour de Rose dans ses dernières semaines de vie puis sa mort : pédiatre, clown, infirmière, gestionnaire administrative des dossiers «  décès », aumônier, thanatopracteur, vieille tante. Très belle idée qui m'a fait plusieurs fois pensé à la sublime choralité de Réparer les vivants de Maylis de Kerangal. On est bien dans de la littérature, la vraie.



Je ne suis pas sûre que l'écriture répare les vivants, ceux qui restent après la mort d'un proche. Mais ce qui est sûr, c'est qu'Hélène Machelon sait dire avec force la révolte, l'indignation, la fatigue, la colère, la sidération, la souffrance abyssale des vivants à travers les voix des différents personnages ( magnifiques, notamment l'aumônier et le thanatopracteur ). Son écriture est incroyablement juste et précise, souvent crue, parfois drôle même. Tellement sincère qu'elle touche à l'universalité. Et avec dignité, sans jamais tomber dans le pathos. C'est très facile de prendre en otage les émotions du lecteur avec la mort d'une enfant. Là, si mes larmes ont coulé, ce n'est pas parce qu'elles ont été racolées mais parce que les mots m'ont prise à certains moments, sans que ce soit les mêmes que pour un autre. Je me suis sentie libre en tant que lectrice.



L'infirmière de Rose : «  Mes tripes parlent et dès que j'entre dans le service, les odeurs me tordent le ventre et me filent la chair de poule. Mais je sais plus encore pourquoi je suis là. Je sais à présent d'où vient l'essence du courage et la bravoure qui se distille dans les veines de chaque mère. Etre mère fortifie les plus faibles, désinhibe les plus réservées, retient les plus libres et anime les plus fades.

Je sais d'où vient la folie des louves. »



Un roman très intense sur un sujet douloureux qui se transforme en ode à la vie.

Je souhaite de tout coeur que cette auteure profonde soit rapidement repérée par une belle maison d'édition. Trois petits tours est publié en auto-édition.
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Envolée (Trois petits tours)

Trois petits tours et puis ...

Un , deux , trois .. des enfants.

Quatre, cinq, six des parents,

sept, huit, neuf des soignants

dix, onze, douze ....

Hélène Machelon sur la pointe des pieds nous raconte Rose, ses parents, ses soignants, l'hôpital, le grand départ, l'injustice. Et tout au bout du tunnel la vie , la vie , la vie .

Merci Madame



Trois petits tours Hélène Machelon Librinova

#TroisPetitsTours #NetGalleyFrance
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Envolée (Trois petits tours)

C'est la première fois que je lâche un livre en ayant honte de ne pas l'avoir terminé... il était pourtant plus d'une heure du matin, j'avais le droit d'être fatiguée, je pouvais le reprendre le lendemain, mais je ne voulais pas le refermer, je voulais continuer le récit et surtout je ne voulais pas abandonner la maman de Rose à sa solitude.

Je l'ai donc terminé le lendemain matin dès mon réveil et à présent j'ai besoin de partager mon avis, de rendre hommage à Hélène Machelon pour le courage de son écriture.

Le thème du livre est LE sujet que je redoute le plus de lire, autant dans une peur d'identification, que d'un trop plein de larmoyant ou de pathos, rien de tout cela ici. J'y ai trouvé un bel hommage à plusieurs niveaux, du courage, de la finesse, beaucoup de compréhension. Y compris dans les descriptions des ressentis du personnel de l'hôpital Necker.

Chaque chapitre nous présente une personne de l'hôpital puis son interaction avec la maman de Rose. Comment réagir face à une maman qui vient à peine de perdre sa fille, même formé, même préparé, même (c'est horrible à écrire) "habitué", ces personnes restent humaines et peuvent commettre le faux-pas, prononcer la phrase insupportable, ne pas être en mesure de dire un seul mot ou noyer les parents sous un flot de banalités qui ne sont réconfortantes que pour celles qui les disent. Dans ces premières heures, les rencontres se succèdent et les sentiments aussi. A travers ces lignes, et notamment via l'épilogue, on ressent le besoin de l'auteure de les remercier (peut-être pas tous...) a posteriori, parce qu'il était impossible de le faire ce jour-là.

L'épilogue justement apporte la lumière, nous permet de revenir lentement à notre quotidien car il n'est pas question de nous culpabiliser, simplement de nous faire partager et de nous éclairer sur des situations dont nous préférons nier la réalité.

L'émotion est montée plusieurs fois lors de la lecture, par forcément quand je m'y serais attendue, un autre signe d'une belle écriture. Merci de m'avoir touchée par vos mots.
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Envolée (Trois petits tours)

Portraits à l’hôpital Necker. Soignants, clown et thanatopracteur, compagne d’infortune et membre de la famille : huit personnes qui, tour à tour, prennent la parole. Parlent de Rose bien sûr, mais aussi – et surtout – de ce que la mort de la fillette fait remonter en elles, en eux. Se peignent alors des figures bouleversantes. Un désir d’enfant jamais comblé, la mort d’un petit frère ou d’une fille, la défaillance de leurs parents, des doutes, des craintes, de la culpabilité… Les tableaux dessinés par ses histoires de vie, ses histoires malheureusement de tous les jours, sont particulièrement réalistes, comme de chair et de sang et non d’encre et de papier (ou de pixels plutôt puisque je l’ai lu sur écran – ce qui n’est définitivement pas ma came).



J’ai tout particulièrement aimé le thanatopracteur, son application et sa compassion qui confère à son métier une vraie beauté ainsi que ce portrait amer d’une femme de l’administration détestée de tous et méprisée pour son apparente insensibilité. Elle est finalement le personnage le plus solitaire du récit, jugée de tous, sa carapace ne dissimulant rien d’autre d’une tristesse dévorante et acide. Finalement, elle est la seule dont le malheur ne semble pas prêt de toucher à sa fin.

Si l’histoire personnelle de l’aumônier m’a touchée au même titre que les autres, c’est malgré tout le chapitre qui m’a le moins parlé. Surtout lorsque la mère s’exprime. Même sa colère envers Dieu, je ne peux la comprendre tout à fait puisque sa foi m’est totalement incompréhensible. La référence aux colombes, aux anges… très peu pour moi. Je n’ai pas besoin de ça pour imaginer la douleur de cette perte. (Ce n’est pas une critique vis-à-vis du récit ; simplement, ce sont des passages qui m’ont laissée de marbre malheureusement.) Après un échange avec l’autrice, mon point de vue sur la question doit toutefois être nuancé. Elle m’a parlé de la forte présence des religions à l’hôpital, des lieux de culte installés sur les sites et de ce dernier espoir (ce fol espoir ?) que représente parfois la religion pour les malades et leurs proches. Donc, si cela ne change rien au fait que ces passages ne me parlent pas et ne m’émeuvent pas, cela semble être un élément intéressant pour une peinture réaliste de ce milieu hospitalier.



Dans chaque chapitre, il y a également la mère qui, par huit fois, se confie. Deux points de vue à chaque fois, deux visions de ses rencontres, de ses occasions manquées parfois de se comprendre, de se parler, de se soutenir. La mère exprime son chagrin, sa mort intérieure, ses souvenirs, les espoirs placés en Rose, le bonheur évaporé… Elle parle autant que le père se tait, muré dans un silence dont il ne sortira pas pour nous.



Il est difficile pour moi de chroniquer un roman dans lequel l’autrice a de toute évidence mis ses tripes et son histoire. Hélène Machelon donne la parole aux vivants dans ce texte grave et dur. La souffrance y est évoquée avec pudeur et dignité. Mais il n’est pas aussi sombre que ce que l’on pourrait croire. Ligne après ligne, ce roman raconte tout l’amour d’une mère pour sa fille. C’est douloureux, certes, indicible même. Pourtant, je n’en suis pas ressortie déprimée. Au contraire, il m’a laissée sur une émotion étonnamment lumineuse. Car, si Rose ne sera jamais oubliée de celles et ceux qui l’ont aimée, les rêves de bonheur ne sont pas exclus dans ce quotidien, cette vie, qui reprend irrésistiblement ses droits.



Un beau roman qui m’a touchée non pas tant par son sujet que par l’écriture délicate et sensible de l’autrice.
Lien : https://oursebibliophile.wor..
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Envolée (Trois petits tours)

Des portraits qui permettent d'amener un sujet douloureux, de le raconter sans larmoiement. Un bel hommage à Rose et à tous les autres. Un remerciement aussi je pense à travers les divers portraits.

La touche finale, légère et pleine de promesses et de vie ajoute pour moi la dernière étoile.

Un joli livre, une histoire poignante racontée sans fioriture, avec simplicité et poésie.
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Flagrant déni

Hélène Machelon est une autrice qui ose les sujets casse-gueules, ceux qui peuvent fuir les lecteurs par leur charge émotionnelle trop lourde à assumer ou par l'incompréhension dérangeante qu'ils peuvent susciter. Précédemment ses Trois petits tours racontait les quelques semaines ayant précédé la mort d'une fillette hospitalisée pour une leucémie. Avec Flagrant déni, double prise de risque puisque le roman est centré à la fois sur la grossesse précoce d'une lycéenne et sur le déni de grossesse qui l'accompagne.



Juliette a dix-sept ans, c'est une jeune fille brillante qui après son bac ira poursuivre ses études dans une prestigieuse prépa lyonnaise. Des douleurs abdominales la conduisent à l'hôpital où sidérée, elle découvre qu'elle est en train d'accoucher malgré ses 48 kilos et son ventre plat.



Comment accouche-t-on lorsqu'on n'est pas enceinte ?



«A l'intérieur de son corps, un mouvement s'opéra. Son ventre incontrôlable se déplia, se déroula et Juliette perdit son centre de gravité. Ses organes descendirent, attiras par la terre, et de ses mains inutiles, elle voulut les retenir. La réalité prenait corps en elle. Traumatisante. Ce ventre se mit à s'animer, à grossir. L'adolescente, même si elle luttait de toutes ses forces, ne pouvait s'opposer à cette poussée qui la déformait. En silence, l'incrusté qui s'était tapi sournoisement pendant neuf mois, enfin débusqué, sortait de sa planque pour apparaître aux yeux du monde. Il n'était plus un passager clandestin. Il exultait. Prise d'assaut, Juliette le sentit bouger en elle. Dans sa chambre d'adolescente, quelques heures plus tôt, Juliette s'était mieux préparée à l'idée de mourrir qu'à celle de donner la vie. A choisir, elle préférait accueillir la mort. »



Les phrases d'Hélène Machelon parvient à décrire très précisément l'onde de choc provoqué par l'arrivée de ce bébé non attendu, sur Juliette mais aussi sur sa famille, durant deux mois, la durée légale pour décider définitivement de garder son bébé ou de le mettre à l'adoption.



L'autrice trouve le ton juste. Les mots, les phrases sont à fleur des personnages et de leur ressenti, au plus près des corps, explorant avec intensité et justesse leur intimité. Les corps sont constamment présents, un fil conducteur même de la narration, apparaissant dans tous les titres des chapitres : «  A son corps défendant », « Haut-le-corps », « Faire corps », véritable cartographie de l'évolution du récit.



Si le roman sonne aussi juste, c'est que jamais il ne verse dans du pathos dramatisant les enjeux malgré leur poids, jamais la sensibilité se mue en sensiblerie. Si l'on est touché par l'histoire qui avance. J'ai beaucoup apprécié que Juliette ne soit pas une adolescente posée comme sympathique. On comprend que son caractère est difficile, bien avant la grossesse, qu'elle est dure, ingrate avec ses parents y compris sa mère pourtant très patiente et dévouée qu'elle semble mépriser pour sa gentillesse à toute épreuve. La sympathie, qu'elle finit par susciter irrésistiblement, est construite évidemment par l'épreuve que constitue ce déni de grossesse et surtout par le cheminement qui va la faire évoluer et essayer de le dépasser.



Pas d'idéalisme béat dans le dénouement. Juliette fait un choix qui n'est ni « bon » ni « mauvais », juste le sien conforté par le soutien inébranlable de sa famille. Je regrette cependant que la bascule psychologique qui y mène Juliette soit trop rapidement amenée pour consolider sa crédibilité. A l'instar de la scène ( très jolie au demeurant ) qui explique le choix de la couverture, on sent trop les intentions de l'autrice, ce qui donne au dernières pages un côté « scolaire ». Disons que j'ai préféré la spontanéité très immédiate des deux premiers tiers du roman avec cette violence contenue et singulière qui sourd derrière le déni saisissant et la colère tranchante de Juliette.



Un récit à la fois sensible, délicat et fort qui montre comment réapprendre à vivre en portant fièrement ses cicatrices.



Lu dans le cadre de la Masse critique Babelio de janvier 2023
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Envolée (Trois petits tours)

Des voix qui susurrent, des voix qui déraillent, des voix qui crient, des voix qui apaisent…

Mille voix pour rendre hommage à Rose, mille voix qui font l'écho de toutes les autres souffrances humaines (la maladie de l'un, la violence de l'autre, l'absence d'amour de celui-là…) qui semblent trouver leur point d'orgue, ici et maintenant, dans cette tragédie : la perte d'une enfant.

travers le regard de chaque personnage, on appréhende la scène sous un autre angle.

En se glissant dans l'intimité de chacun de ces êtres, l'auteur nous donne à entendre bien plus que leurs voix : car qu'est-ce qui relie ce fil tenu si ce n'est Rose elle-même ?



Parents, infirmière, clown triste, prêtre, femme revêche de l'administration… Chacun porte un bout de son histoire et la relie à sa propre destinée. (...)


Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Envolée (Trois petits tours)

Une fois n’est pas coutume, j’ai eu la chance d’être contactée par l’auteure de ce livre sur mon compte babelio pour me proposer cette lecture. Pour être honnête j’étais à la fois très contente de cette perspective de lecture nouvelle et de ce contact direct avec l’auteure et un peu inquiète aussi pour deux raisons : la première, le thème de ce récit particulièrement difficile puisque l’auteure y parle du décès de sa fille et la deuxième, le risque de ne pas aimer et de devoir faire une critique négative… Dès les premières lignes mes craintes se sont évanouies. Oui le thème est très dur et le livre s’ouvre avec le décès de Rose mais tout est vu à travers le point de vue de ceux qui l’entouraient : sa mère bien sûr mais aussi le médecin, l’infirmière, l’aumônier, le thanatopracteur ou même le clown de l’hôpital. Je n’ai pas ressenti de voyeurisme ou de complaisance morbide. L’auteure parle évidemment de la douleur incommensurable de la perte de sa fille mais elle évoque surtout le rapport à la mort à travers les réactions de de tous ceux qui ont connu Rose. Ça donne une toute autre dimension au récit, plus universelle. Elle montre à quel point la mort reste un sujet tabou et elle met l’accent sur l’extrême difficulté pour l’entourage de ceux qui y sont confrontés d’apporter un quelconque soutien. La mort de Rose va avoir des répercussions sur la vie de tous ceux qui la connaissaient d’une manière ou d’une autre. Ça sera compliqué mais chacun va avancer y compris ses parents. C’est un message d’espoir qui prend le dessus mais sans jamais tomber dans quelque chose d’un peu mièvre. On ressort de cette lecture chamboulé, profondément touché et avec un regard différent sur la vie et sa fragilité.
Lien : http://monpetitcarnetdelectu..
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