Il est le versant hostile de la montagne. Pas le chalet chaleureux qu'on s'imagine, ni le chocolat chaud dans sa tasse fumante, ou le sapin qu'on illumine en fin d'année. Il n'y a pas de décorations dans ses branches, pas de plaids en laine autour de lui, mais je veux creuser sous la glace pour voir ce qu'il s'y trouve, persuadée qu'il est bien plus que ça.
Tu es la seule lumière dans mes ténèbres. Et je te promets, Malia Kula, que je me tiendrai prêt à la rallumer, à chaque instant où elle vacillera, chaque fois qu’elle faiblira. Je deviendrai une allumette, un briquet, une pierre, mais je ne te laisserai pas t’éteindre. Parce que toi seul sais éviter le naufrage.
Je ne veux plus pleurer pour cette histoire. Je l’ai déjà trop fait, au point d’inonder un village entier. Je veux devenir un désert.
Aride.
Survivant.
Aussi protecteur que menaçant.
Je ne sais pas réparer.
J’ai l’habitude de foutre le bordel, et de m’enfuir avant que ça me retombe dessus. Je n’ai pas appris à recoller les morceaux.
Il a ce magnétisme qui agit sur moi et qui devrait m’effrayer, mais qui a un goût de maison.
Il ne me laisse pas le temps de répliquer, m’embrassant pour me faire taire. Il est revenu à moi aussi vite qu’il s’est perdu, loin dans ses pensées, et je comprends qu’il a surtout besoin de ma bouche contre la sienne pour lui faire oublier ce qui se passe plus bas. Les mots viendront plus tard. Il descend ses mains sur ma taille, remontant ma chemise de manière à toucher ma peau. Ses mains sont froides, mais les frissons qui me parcourent ne sont pas dus à leur température. Son toucher a quelque chose d’aussi intime que naturel.
Il me rapproche encore plus de lui, appuyant ses doigts contre ma chute de reins comme pour me retenir. Comme s’il voulait que chaque parcelle de ma peau rencontre la sienne. Comme s’il avait peur que je ne sois qu’un mirage et que je m’envole la seconde d’après. J’ai du mal à lui faire comprendre que ce n’est pas un rêve quand on semble si éloignés de la réalité. Le moment n’est pas idéal, le lieu non plus. Je n’aurais jamais imaginé qu’on se tiendrait ainsi l’un contre l’autre sur un toit d’hôpital. Pourtant, il ne s’agit pas de nous. Il s’agit de lui, de le faire remonter à la surface, de l’empêcher de se noyer, d’être son phare en pleine tempête.
Alors quand ça dérape, quand il se laisse tomber tout contre le pilier et qu’il m’entraîne dans sa chute, me gardant contre lui, je ne dis rien.
S’il s’effondre dans tes bras, ne recule pas, serre-le contre toi.
Les nuages sont toujours là, et sans doute que d'autres typhons nous attendent, mais j'ai confiance en sa capacité à se protéger du mauvais temps.
Le monde est beau.
Surprenant.
Epoustouflant.
Dur et doux à la fois.
Elle ne calme pas l'incendie.
Elle est l'oxygène qui l'alimente.
Tu t'braques
A chacune de mes remarques.
Pourtant j'ai l'impression,
Que c'est toi qui m'braques,
Me foutant l'cœur en vrac.
Mais si j'contre-attaque,
Tu m'détraques.