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Citation de LandryBardeau


Tu as de grands yeux noirs, tristes et doux comme des lacs – comme sont aussi les yeux des ânes. Et au fond de ces grands yeux noirs, comme une deuxième paire d’yeux embusquée qui brille d’un éclat farouche.
Pour la famille tu es un enfant facile bien que mystérieux et solitaire. Personne ne paraît remarquer cette flamme qui consume ton regard.
Suis-je la seule, si petite déjà, à Savoir ? Tu te tais la plupart du temps et tu regardes au loin, assis dans ta position favorite, les genoux repliés tenus entre tes mains. Moi c’est toi que j’observe. Tu me permets de te suivre à peu près partout, et je ne me lasse jamais de te dévisager tout en tremblant vaguement de l’intérieur sans comprendre, comme on tremble devant un petit moineau tombé du nid, comme on tremble devant l’or d’été qui se meurt doucement sur les murets ou la vigne vierge de septembre, comme on tremble devant la fragilité inhérente à toute vraie Merveille.
Ton beau visage brun. Les traits francs, presque rudes pour un jeune garçon. Tes cheveux noirs, souples, retombant sur ton front comme des feuillages. Tes lèvres closes. Et puis ce cri des yeux. Ce cri des yeux dans le silence du visage qui dit tant de toi. Ta droiture. Ta singularité. Ton entêtement rageur à ne jamais céder aux convenances. Cet excès d’amour et de pureté qui dévore ton cœur. Le tout larvé à l’intérieur, le tout comme un secret perceptible seulement à cette fêlure des yeux.
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