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Citation de Carosand


Ma mère avait cent deux ans. Elle est née en 1812, et si elle avait vécu en France, elle aurait pu rencontrer Napoléon. Sa propre mère était née dans les années 1780, je ne me souviens pas de la date exacte, mais c'était avant la Révolution française. Quand je touchais la main de ma mère, je me suis souvent dit que je sentais la peau de quelqu'un qui à son tour avait touché la peau et senti l'haleine de personnes nées au dix-huitième siècle. Dans certaines circonstances, le temps rétrécit à n'y plus rien comprendre... Il est difficile d'avoir de la peine pour une personne de cent deux ans. Ces dix dernières années, elle ne m'a plus reconnu. Parfois elle m'a pris pour son défunt mari, mon propre père, donc... L'extrême vieillesse est pour l'âme un champ de bataille plongé dans de profondes ténèbres. Bataille dont l'issue est une défaite inévitable. Face aux heures sombres et à la déchéance du grand âge, les religions n'ont jamais su apporter la moindre consolation ni donner la moindre explication acceptable... Même pour une personne de cent deux ans, la mort peut venir à l'improviste. Etrange peut-être, mais la mort dérange toujours, quelle que soit son heure. Même plongée dans les ténèbres, ma mère avait gardé une farouche volonté de vivre. Elle ne voulait pas mourir, malgré son grand âge.
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