Henri Borlant témoigne de son vécu auprès de lycéens.
" Quand je vais à Auschwitz, je suis très agacé de voir que c'est devenu un lieu de tourisme qui enrichit les Polonais des environs. Tous ces cars alignés dans les parkings. Je le supporte mal. Je suis allé aux toilettes là-bas. On m'a demandé de payer ! Toute ma colère est ressortie et j'ai envoyé promener le personnel avec les quelques mots pas très polis qui me restaient du polonais. Je n'ai pas payé. "
" Parfois, j'ai comme un vertige. Lors d'un voyage à Auschwitz avec des adolescents en 1995, Serge Klarsfeld m'a présenté: " Henri Borlant est le seul survivant des six mille enfants juifs de France de moins de seize ans déportés à Auschwitz en 1942. ". C'est très impressionnant de se dire que sur six mille enfants, on est le seul à pouvoir parler, je n'ai donc pas le droit de me taire. "
Je raconte ce qui s'est passé, ce que le nazisme a fait, ce dont le totalitarisme et le fascisme sont capables, la suppression des droits de l'homme, la fin de la démocratie... Je raconte l'histoire de la déportation, je dis, je répète, notamment aux lycéens, aux collégiens et à leurs enseigants : il faut que vous soyez conscients du fait que ce qui a eu lieu peut recommencer. Il y a des massacres ailleurs dans le monde, des massacres de masse. Ce n'est pas fini. La Shoah n'a pas vacciné le monde.
A l'époque, on disait qu'un pays dont la moitié de la population prenait la défense de Dreyfus, un obscur officier juif, ne pouvait être qu'un pays merveilleux où il fait bon vivre, un pays où un juif pouvait devenir capitaine.
Très vite, on en prend un au hasard, on le tue devant tout le monde pour nous montrer que notre vie n'a aucune valeur.