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Critiques de Henri Grégoire (II) (22)
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Les Troyennes

Les Troyennes qui sont-elles ? La mère, Hécube, femme de Priam, reine déchue par la défaite de Troie face aux Grecs. La fille, Cassandre, considérée comme folle, enlevée contre son gré pour servir à la fois d'esclave et d'épouse à Agamemnon, roi d'Argos (donc un Grec). Enfin la belle fille, Andromaque, épouse du glorieux Hector, tué au combat lors de la prise de la ville, elle aussi réattribuée comme esclave-épouse à un autre notable grec, en l’occurrence Néoptolème, le propre fils d'Achille.

Euripide dresse un tableau sombre du sort réservé aux vaincus et cette pièce sonne comme une franche et vibrante dénonciation de la cruauté des vainqueurs. Une tragédie très engagée, bien loin du canon habituel qui d'ordinaire caresse le pouvoir et les dieux dans le sens du poil.

Ici, le message semble clair et prend l'allure d'une récrimination à l'adresse des Athéniens contemporains d'Euripide qui viennent de faire un coup pas très joli-joli à Milo. Peut-être est-ce la raison secrète pour laquelle la pièce reçut un accueil frisquet lors de sa première représentation ?

Une nouvelle fois, il est un peu compliqué d'entrer facilement dans cette pièce si l'on n'a pas au moins quelques connaissances sur la Guerre de Troie, et c'est mieux encore si l'on a lu l'Iliade d'Homère, car tout ici y fait référence : les personnages, les événements, le style (épopée, récit mythique).

Je serais tentée de dire que les tragédies grecques font sens les unes par rapport aux autres mais qu'il est difficile d'en choisir une et de la comparer sans préalable au restant du patrimoine littéraire mondial. Quand on est bien plongé dedans et dans l'esprit de l'époque, cela passe tout seul. Quand on sort d'une lecture plus contemporaine où les codes ne sont guère différents des nôtres, là, l'exercice est un peu plus périlleux.

En tout cas, quand on la compare à des pièces antiques, elle apparaît comme très savoureuse, du moins c'est mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Les Troyennes

" Je crois qu'il importe peu aux morts d'obtenir les faveurs de riches offrandes. Il n'y a là qu'un vain sujet d'orgueil, pour les vivants." Euripide.

Le poète nous conte le destin des Troyennes, et surtout de la reine Hécube et de ses filles...





Les dieux sont parmi les hommes et contemplent Troie, en flammes, après 10 ans de siège. Le rusé Ulysse a trompé ses ennemis, avec son "Cheval de Troie". Après la chute de l'orgueilleuse cité, les Grecs se partagent les captives, parquées dans la grande tente.





Hécube, la reine de Troie, pleure son mari, son fils, ses amis et son peuple massacrés. Son crâne rasé, en signe de deuil, garde des traces sanglantes de la lame. Ses yeux versent des larmes, car Cassandre...





Cassandre, la vestale du temple de Pallas Athéna, est traînée par les bras hors du sanctuaire, par les Grecs. Elle est vierge, mais va devoir subir le désir du roi Agammenon, qui la veut comme tribut..





Hécube se lamente et implore la pitié des Dieux, quand elle apprend le sort de son autre fille, Polyxène...





Polyxène a été empoignée, tirée par les cheveux, et menée devant la tombe d'Achille. Là, devant tous les Grecs assemblés, on l'a égorgée comme un agneau...





Hécube se frappe la tête, de ses mains. De ses ongles, elle se griffe le visage et en extirpe des larmes de sang...

Cassandre vient enlacer sa mère et lui parler. La vestale lui conte sa vision et prédit la ruine sur les vainqueurs. La mort pour le Roi Agammenon. L'errance pour Ulysse, sur les mers, à la recherche d'Ithaque, son foyer. Et la vestale murmure que "Cassandre reviendra victorieuse des morts, après avoir détruit la maison des Atrides."...





Entendez ces cris, et ces lamentations des femmes Troyennes qui pleurent un mari, un frère, un fils.

Entendez les suppliques d' Hécube, reine, mère et épouse, prosternée dans la poussière et le sang...





La nuit tombe, alors que les vaisseaux des Grecs appareillent, pour le départ.

Le Temps se fige...

Entendez le choeur des femmes..





Les Dieux contemplent Troie, en flammes, après 10 ans de siège. Poséidon est là, c'est lui qui a bâti la puissante cité. Pallas Athéna est furieuse que les Grecs aient pu souiller son temple, en arrachant Cassandre à son service. Ensemble réconciliés, ils vont se venger des Grecs, des vainqueurs de Troie.

C'est une autre tragédie...





" Je t'invite, je suis Grecque

Dans ta vie, je vois des voyages

Des nuages, des orages avec moi

Prends tes armes, tout ton charme

Mets des larmes, à tes yeux secs

Prends le risque, viens vite

Je t'invite, je suis Grecque " Mélina Mercouri.

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Hélène

Cette pièce m’a énervé ; pas son traitement qui est plutôt très bon, mais le mythe à la base.



Une pièce sur Hélène. Je m’attendais à voir le personnage crier son dépit sur les remparts de Troie, ou son enlèvement par Pâris. Que nenni !

Euripide exploite ici une version du mythe déjà mentionné par Hérodote et que j’avais complètement oublié (en même temps il y a tellement de choses dans Hérodote qu’on peut estimer avoir une excellente mémoire si l’on se souvient du dixième de l’Enquête).

Imaginez-vous que Hélène n’a pas été enlevée par Pâris. Non. La facétieuse Héra a substitué à la vraie fille de Tyndare une illusion de fumée faite chair. C’est ce truc qui arrive à Troie, qui provoque la guerre de dix ans, les morts innombrables, la chute des héros, les sacrifices de filles, la chute de la ville, l’esclavage de tous ses habitants, le retour des héros Grecs qui prend des années (Ulysse) ou finit en assassinat (Agamemnon).

La vraie Hélène a été transportée à l’abri en Égypte par Hermès. Elle n’a rien fait de « mal », pas d’adultère. Elle est restée fidèle à Ménélas tout ce temps. Sa réputation est devenue immonde auprès des Grecs… pour un pur fake news.



Non mais vous imaginez ces dieux, confortablement installés sur leur Olympe, en train de se plier de rire devant le drame insensé qu’ils ont provoqué chez les hommes par une simple duperie ? Ça ne vous donne pas envie de raser leurs temples à tous ces salopards ? Ils peuvent punir les hommes dans ce cas ? Franchement qu’est-ce qu’ils peuvent faire de pire que ÇA alors qu’ils sont adorés ! Je savais les dieux Grecs exigeants, mais là ils se foutent du monde ! Je comprends que cette version soit minoritaire.



Pour revenir à la pièce, l’action a lieu en Égypte sept ans après la chute de Troie, alors que le navire de Ménélas – qui erre à la recherche vaine d’un retour à Sparte (sept ans, encore un coup sympa d’un dieu) – y fait naufrage. Ménélas, déguisé en mendiant, y découvre une femme qui ressemble trait pour trait à son Hélène qu’il a ramené de Troie dans son navire. Hélène voit arriver avec surprise cet homme qui ressemble à son mari qu’on lui a dit être mort. Peu après, Ménélas apprend par un de ses soldats que « son » Hélène vient de s’évaporer en fumée dans les airs ! Pouf ! Du coup il comprend que tout le monde, Grecs et Troyens, a été dupé et que sa femme lui est resté fidèle. Joie ! (mais la duperie des dieux ne l’énerve pas du tout, moi j’aurais eu envie de tout cramer). Ils décident de retourner à Sparte, mais ce n’est pas simple à faire car le nouveau roi d’Égypte, Théoclymène, est tombé fou amoureux de la belle et tue tout Grec qui s’approche, au cas où ce serait Ménélas.

Hélène va donc concevoir un plan – subtilement pour faire croire à Ménélas que c’est lui qui a eu l’essentiel de l’idée – pour leurrer Théoclymène. Elle lui monte un bateau incroyable, l’allume, le fait tourner autour de son petit doigt et parvient à se sauver avec Ménélas de la plus belle manière. Si on a droit à des tirades tragiques du genre « que mon sort est ignoble », certaines scènes sont proches du vaudeville et ont dû surprendre le public.



La pièce est donc enlevée et agréable à lire. Mais cette version du mythe est insupportable. Des dieux comme ça, je vous les laisse.

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Les Troyennes

Troie est tombée, il n'en reste que des ruines. Les femmes ne sont plus qu'un butin à se partager, et nombre d'entre elles attendent, prisonnières des Achéens (les Grecs) de connaître le sort qui leur est réservé. Ainsi Hécube, qui fut reine et l'épouse de Priam. Ses enfants sont morts - Hector et Pâris, ainsi que la jeune Polyxène sacrifiée au tombeau d'Achille ; entre autres, car la famille est assez nombreuse. Lui restent sa fille Cassandre, déjà destinée au lit d'Agamemnon et qui perd la raison, sa belle-fille Andromaque et son petit-fils Astyanax. La roue a indubitablement tourné et Hécube n'est plus qu'une pauvre vieille se lamentant sur son sort et sur celui de Troie, se traînant dans la poussière, vêtue de loques (Aristophane s'est d'ailleurs assez moqué d'Euripide, qui n'hésitait pas à régulièrement mettre en scène des personnages loqueteux).



On sait dans quel contexte difficile, la guerre du Péloponnèse, a été écrite cette pièce, et je ne reviendrai pas dessus pour en avoir déjà parlé à propos d'autres tragédies grecques. Ici, nous noterons juste que la funeste prise de Mélos en -416 a probablement inspiré Euripide. Il faut en tout cas reconnaître à Eschyle (oui, même lui, même si ce ne fut pas toujours le cas), Sophocle et Euripide d'avoir fait rupture, chacun à leur manière, avec l'épopée homérienne qui glorifiait les hauts faits des Grecs lors de la guerre de Troie. Et on doit particulièrement à Euripide, notamment avec Les Troyennes, d'avoir pris pour sujet les conséquences désastreuses de la guerre de Troie sur les vaincus.



Avec Les Troyennes, c'est le triomphe du pathétique. Les femmes de Troie, après avoir vu leurs époux et leurs fils mourir au combat, vont devenir esclaves, vont être violées (quand elles ne l'ont pas déjà été). On pourrait penser que, après tout, vu le statut des femmes de l'époque, le viol n'est pas plus pris en compte que ça. Or ce n'est - étonnamment ? - pas le cas, cette forme d'humiliation est dénoncée régulièrement. C'est, tout de même, qu'il s'agit de princesses, de prêtresses, et que les Grecs sont allés un peu loin, même pour Athéna désormais en colère. Hécube occuppe le devant de la scène, mais la réussite de la pièce vient certainement aussi du fait que Cassandre, Andromaque, le chœur des Troyennes, le choryphée, lui font écho constamment et renouvellent constamment le pathétique incarné par la reine déchue, en scandant leurs malheurs actuels et les malheurs à venir. Hécube est cependant la représentante à la fois pitoyable et digne de ces victimes, subissant les coups du sort les uns après les autres, dont le dernier n'est pas le moindre, se relevant une dernière fois pour accuser Hélène de tous les maux subis par Troie (Hélène étant, avec Ulysse, le personnage qui en prend régulièrement plein la tronche dans les tragédies grecques), pour finalement se laisser porter, sans forces, vers les nefs achéeennes.



J'imagine sans mal que le contexte du théâtre grec antique, et notamment le jeu du chœur, magnifiait ce terrible concert de lamentations.







Challenge Théâtre 2018-2019
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Hélène

[Relecture]

"C'est du palais de Protée, en Egypte, que revient Hélène, et elle n'est jamais allée en Phrygie. Zeus, pour susciter la discorde et le carnage parmi les humains, avait envoyé à Ilion un fantôme d'Hélène." (Euripide, Oreste, v. 1278-1283). Telle est la version rare du mythe qu'Euripide a choisi de mettre en scène : non une Hélène adultère, enlevée par Pâris dont elle est la maîtresse, et cause de la guerre de Troie, mais une sorte de dédoublement du personnage. Les dieux donnent à Pâris la jouissance d'un fantôme (eidôlon) d'Hélène qu'il prend pour la vraie, tandis qu'ils transportent la véritable Hélène en Egypte où elle attendra le retour de son mari Ménélas pendant dix ans, après la guerre dont elle n'est pas responsable. Euripide fait de la plus belle femme du monde, mise à prix lors du concours de beauté des déesses, une chaste et patiente Pénélope, non plus une héroïne de l'Iliade, mais un personnage de l'Odyssée, si l'on veut. D'où cet échange dont le poète Seferis s'est souvenu, quand Hélène dit dans la pièce ; "Je ne suis pas allée à Troie. C'était mon ombre..." à quoi répond un Grec : "Comment ! Nous aurions en vain peiné pour un nuage ?"



Cette pièce a quelque chose d'étonnant, car elle propose aux Athéniens de l'an 400 av. J.C. une histoire peu connue, originale, en rupture avec la tradition majoritaire. Si aujourd'hui l'originalité est prisée comme une qualité dans l'art, il n'en allait pas de même dans l'Antiquité, où les oeuvres étaient jugées selon leur respect et leur imitation de la tradition établie. Certes, l'auteur n'innove pas absolument, comme l'excellente préface de Françoise Frazier nous le signale, mais il joue sur la surprise de l'auditoire, ce qui le rapproche de certaines pratiques modernes. D'ailleurs, le lecteur d'Euripide sait déjà qu'il paraît jouer de l'anticonformisme dans ses pièces, ce qui lui valait les moqueries et les parodies d'Aristophane, qui emploie l'adjectif "nouveau" ("une nouvelle Hélène", Thesmophories, v. 850) en un sens péjoratif. On retire de cette lecture une impression de désacralisation, de scepticisme, malgré l'apparition finale des Dei ex machina venus du ciel. Il prévoit d'ailleurs une fin heureuse à sa tragédie, ce qui fit longtemps hésiter les savants à classer cette pièce dans une de leurs cases.



Le lieu scénique est le tombeau du roi égyptien Protée, qui a protégé Hélène pendant tout le temps de la guerre. Euripide tirera de cette présence de la mort tout le parti possible : Hélène croit Ménélas mort, elle est menacée de mort si elle refuse d'épouser le fils de Protée, Ménélas revenu et déguisé organise ses propres fausses funérailles en mer pour s'échapper, et toute l'action où le couple se réunit a pour arrière-plan la Guerre de Troie et tous les morts, Troyens et Achéens, qu'elle a faits. Cette action heureuse prend place dans une ambiance de deuil général. Il faut ajouter qu'au théâtre, la mort est un ressort dramaturgique intéressant, puisqu'elle sépare le corps de l'être humain de son âme, ou de son ombre immatérielle. N'est-ce pas ce qui est arrivé à Hélène elle-même, qui a été physiquement préservée, mais dont le nom et l'ombre étaient à Troie et causaient la guerre ? Si donc on va plus avant dans l'étude de ce thème, on se rendra compte qu'il révèle dans la pièce des profondeurs insoupçonnées. D'autre part, ne sait-on pas que le théâtre est un art du masque, du déguisement, du jeu sur les apparences, auxquels les oeuvres baroques européennes du XVII°s nous ont habitués ? Dématérialisation du corps, apparences trompeuses, déguisements, retrouvailles, tous ces ressorts théâtraux sont en germe dans cette pièce d'Euripide. Il faut ajouter que les textes des choeurs sont d'admirables poèmes, avec leurs hasards de mer, leurs naufrageurs, leur lyrisme exalté.



Cette pièce ferait un beau spectacle si elle était montée par un metteur en scène capable. L'édition bilingue de poche des Belles-Lettres est magnifiquement introduite et commentée, et présente une traduction peut-être un peu vieillie et fleurie.
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Les Troyennes

Tragédie grecque rédigée par Euripide, les Troyennes est un récit n'apparaissant pas dans l'Iliade d''Homère mais laissant la place à des personnages très mal exploités - selon moi- comme Cassandre, Andromaque, la reine Hécube ou même Ménélas. Je ne parlerai pas vraiment de Hélène car elle n'apporte pas grand chose au récit, hormis le fait qu'elle et son prince poule mouillée sont les "responsables" de tout ce carnage humain. On ressent juste une aura de méprise à son égard.

Le récit commence peu après la mise à sac de Troie par les Achéens avec le départ pour le retour en Grèce. Chacune des Troyennes doit échoir à l'un des souverains Grecs comme prise de guerre et esclave. Malgré la situation, Cassandre et sa mère Hécube sont émouvantes et tentent une ultime fois de tenir tête et de s'affirmer face à une situation qu'elles n'ont jamais souhaité. Andromaque est elle aussi poignante et elle restera à tout jamais l'emblème de l'épouse fidèle et dévouée, refusant de se soustraire à l'ennemi, en la personne de Néoptolème, un des fils d'Achille.

Cette pièce, courte à lire, reste un classique de la tragédie et j'en conseille bien-sûr la lecture!
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Les Troyennes

Dans l'ensemble de pièces réunies ici, "Les Troyennes" a connu un grand succès à l'époque moderne, grâce au Festival d'Avignon. C'est une pièce entièrement fondée sur le pathétique, puisque les femmes de Troie vaincue et en ruines, sur scène, attendent les visites de l'émissaire des Grecs qui vient les chercher une à une pour les mener à leur destin : la mort, l'esclavage, l'exil. Cette pièce de lamentations montre donc la guerre du point de vue des victimes, et sans nulle monotonie, elle produit des effets absolument déchirants.
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Les Troyennes

Ca doit bien faire 25 ans que je dois lire les Troyennes, mais sans le savoir. La faute à Berlioz et à Jessye Norman. La Cassandre d'Euripide connaît un sort très différent de celle du grand Hector romantique, mais aucune déception. Quel caractère ! Que d'émotions violentes !



Le lendemain de la prise de Troie. Les Troyennes forment le choeur et se lamentent sur leur sort. Leurs époux morts, leurs enfants captifs, sur le point d'être emmenées en exil comme épouses ou esclaves. Hécube la reine déchue occupe la scène. Le sort de chacune de ses filles, et de sa "bru" Hélèné, vont être présentés successivement, en un crescendo d'horreur poignante, qui s'achève avec l'incendie de la ville.



(tous ces rôles qui étaient joués par des hommes)



Les Grecs sont coupables, ont déjà les dieux sur le dos, et ils n'apparaissent même pas, sauf par le truchement d'un de leurs messagers (qui a honte pour eux), et sauf Ménélas, présenté comme un faible velléitaire. Pièce politique, me dit André Degaine. Dénonciation de la déportation des habitants de Milo l'année précédente.



Par rapport aux tontons Eschyle et Sophocle (et "pacifiste" comme eux), Euripide met dans cette pièce une vraie mise en scène, avec un choeur qui ne commente plus mais pleure, fait partie de l'action, entre et sort



Il y a également des répliques comme simultanées. Jugez-en.



HECUBE

Pauvre patrie !



ANDROMAQUE

Je te quite en pleurant !



HECUBE

Tu vois ici la fin de ton bonheur.



ANDROMAQUE

La maison où naquit mon fils !



Et je l'ai vu au théâtre bernachien, représentation du 28 juin 2016. Rien de tel qu'une déclamation à voix haute pour se dégourdir un texte.
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Hélène

Incroyable ! Qui s'attendrait à trouver du Philip K. Dick dans une pièce d'Euripide ?



Euripide joue avec les mythes ? Est-ce de l'ironie féroce ? Une démonstration de l'absurdité de la guerre ? Est-ce un jeu littéraire ? Un intérêt philosophique, comme cette question deux fois posée ?



HELENE

Vous jugez donc que l'apparence ne vous laisse aucun doute ?



TEUCER

Ce que mes yeux ont vu, mon esprit le confirme.



Une démonstration du caractère illusoire du monde, que les dieux entretiennent ?



C'est en tout cas une belle histoire de doppelgänger. Mais c'est aussi comme si Euripide se libérait du mythe pour pouvoir composer en toute liberté une intrigue de son cru, la plus "moderne" de ce que j'ai lu jusqu'à présent, une histoire d'amour triomphant de l'adversité. Et du coup voici Hélène, qu'Euripide agonissait férocement dans les Troyennes, devenue une femme courageuse et aimante.



On y trouve bien une devineresse et des dieux, mais en une sorte de contre emploi. La catharsis annoncée de la fin est même déjouée par un Deus Ex Machina (mon premier). Sommes-nous vraiment dans une tragédie ?



C'est un peu le post-modernisme de la tragédie d'Eschyle ?
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Hélène

Tout étonne dans cette tragédie baroque d'Euripide. D'abord, il prend appui sur une version audacieuse du mythe troyen qui dit que Pâris n'a emporté qu'un fantôme d'Hélène, la véritable épouse de Ménélas étant transportée par Hermès sur les bords du Nil, auprès du sage roi Protée. Ce drame est aussi loin des canons tragiques. Il n'y a pas vraiment de conflit puisque le couple Hélène-Ménélas est amoureusement uni, le seul danger venant du successeur de Protée, Théoclymène, qui veut se marier avec Hélène. Mais il est tellement crédule et insignifiant que se sortir de ses griffes relève plus du jeu que du sacrifice. Il y a d'ailleurs de beaux passages savoureux où Hélène brille par sa ruse et son ironie, faisant la part belle aux femmes, sages, raisonnables et intelligentes, face à des hommes rustres et patauds.
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Les Troyennes

La guerre de Troie est terminée, les hommes sont tous morts et les femmes pleurent et se lamentent sur la perte de leur mari, père, amant et fils. Hécube était la reine de cette ville tant aimée et il ne lui reste rien sauf son petit-fils mais pas pour longtemps car il subira un sort tragique aux mains des vainqueurs. Hécube n’a plus d’espoir, elle est vieille et courbée. Elle se doute bien du sort qui l’attend, celui d’esclave condamnée à exécuter de viles taches pour un homme grec qu’elle abhorre. Son époux a été assassiné de même qu’une de ses filles et tous ses fils. Les autres femmes sont tout aussi éprouvées et toutes, elles attendent de s’embarquer sur les navires grecs qui les amèneront dans leur nouveau pays. Le malheur s’est abattu sur Troie qui n’est plus que ruines et désolations. Hécube maudit Hélène et la rend entièrement responsable de ce désastre mais celle-ci se défend et tente de rejeter la faute sur Pâris.



Une tragédie grecque très forte, dérangeante, émouvante et surtout, mettant en scène des femmes qui ont tout perdu. Je tenais à lire cette pièce car dans son livre « Le carnet noir », Michel Tremblay y fait référence souvent. J’ai donc lu l’édition de Leméac dont le texte français est rédigé par Marie Cardinal. Elle a aussi rédigé une très belle préface. La pièce fut crée en avril soixante-douze au Théâtre du Nouveau Monde à Montréal. On ne peut dissocier Michel Tremblay du théâtre donc lire cette pièce, c’était plonger encore plus dans son univers si particulier et qui me touche au plus haut point.



J’ai apprécié cette lecture. La pièce est de toute beauté et frappe l’imagination. Une tragédie d’une infinie tristesse. Comment ne pas être émue par le sort de ces femmes accablées de douleur et désormais vouées à servir un peuple qu’elles méprisent ?



« Pourtant, s’ils nous haïssent tant, ils auraient pu nous exterminer tous, qu’il ne reste rien, absolument rien de Troie. Pour eux c’était facile. Alors pourquoi épargner les femmes ? Pourquoi disséminer les Troyennes partout dans l’univers, sachant que nous allons, chacune de notre côté, chanter notre ville, nos héros, nos richesses, notre histoire ? Pourquoi les dieux agissent-ils de telle sorte que notre splendeur soit répandue et reconnue par les générations à venir ?... Je crois qu’il existe entre les dieux et Troie des liens secrets et troubles qui font ressembler leur haine à de l’amour ? »

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Les Troyennes

On pourrait suivre la lecture des Troyennes avec celle d'Andromaque qui en est comme un prolongement. Comme souvent dans les pièces d'Euripide, les femmes sont au premier plan du drame, en toute logique d'une condition franchement tragique! Hécube, reine déchue, voit passer tous les malheurs faisant suite à la défaite. Ces lamentations pourraient lasser sur l'ensemble du drame, mais Euripide parvient à transformer ce tableau victimaire en réquisitoire contre les abus des vainqueurs et leur oubli des règles liturgiques. Même si Euripide avait coutume de dénoncer les campagnes guerrières, c'est la première fois qu'une de ses tragédies dénonce si explicitement la politique athénienne. Situation évocatrice d'une certaine réalité de la démocratie à Athènes.
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Hélène

L'intrigue repose sur un épisode peu présenté dans les récits de la guerre de Troie : Pâris n'aurait enlevé qu'un fantôme, tandis que la véritable Hélène, son corps et son âme, étaient déposés par Junon, déesse du mariage et des liens consacrés, en sûreté sur une terre étrangère, pour qu'elle soit préservée pour son époux. Cet épisode est surprenant, et inhabituel : Hélène incarne la séduction, le désir et la passion, pas le mariage.

Lors de ma lecture, j'ai donc eu envie de vérifier plusieurs fois l'auteur, n'étant plus vraiment sûre de vraiment lire une pièce d'Euripide, de l'Antiquité grecque donc, de la Grèce classique. Cela est dû à la personnalité d'Hélène, à son caractère : pour moi, une femme insistant autant sur sa vertu, sur l'importance de sa vertu qu'elle doit conserver intacte pour son époux, renvoie davantage à une catholique du XVII ème siècle soucieuse du péché et de l'adultère qu'à une Grecque. de plus, Hélène semble si soucieuse de son propre honneur, de sa renommée, de son nom – pensant plus à elle qu'à Ménélas, que je croyais écouter discourir un personnage de Racine.

Mais ce n'est pas non uniquement cela, dans la mesure où j'ai parfois eu l'impression de lire une pièce comique. Je n'irai pas jusqu'à dire du théâtre de boulevard, mais du marivaudage au moins : il y a des travestissements, des manipulations, de feintes... Hélène manipule tout le monde, son époux, son prétendant... à tel point que je me suis demandée si elle aimait vraiment son mari : après tout, elle ne l'a pas vu depuis dix-sept ans, et il apparaît comme une figure plutôt ridicule. Dans l'Odyssée, c'est Pénélope la figure patiente de l'amour conjugal, pas Hélène. Au contraire, celle-ci pourrait se rapprocher d'Ulysse, puisqu'elle utilise la ruse pour parvenir à ses fins, les charmes de sa parole mensongère pour convaincre les autres. La ruse de la barque utilisée pour fuir apparaît ainsi comme un Cheval de Troie inversé.

Si cette pièce a pu séduire le public athénien ravi de retrouver des allusions à l'Iliade et l'Odyssée, avec une lecture plus moderne je lui reproche des personnages plutôt caricaturaux, et un manque de clarté sur le genre de la pièce : faut-il pleurer ou faut-il rire ? J'ai cependant apprécié la force du personnage d'Hélène, qui domine tous les autres.
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Les Troyennes

Avec cette pièce, Euripide, un auteur grec, n'hésite pas à stigmatiser le comportement sauvage des Grecs victorieux. Certes, la pièce se réfère à un lointain passé (la fin de la guerre de Troie).. Mais il se trouve que la représentation des "Troyennes" (en 411 av. J. C.) est intervenue un an après l'agression athénienne contre Milo. de toutes façons, le message d'Euripide est intemporel et universel.

La tragédie évoque ce que nous appelons maintenant des crimes de guerre. Elle vient contredire le mythe d'une civilisation grecque raffinée et "humaniste". En réalité, à la guerre, les vaincus étaient très mal traités: les hommes étaient tués au combat , les femmes devenaient des concubines (pour ne pas dire des esclaves sexuelles) et leurs enfants étaient parfois assassinés.

La tragédie est surtout une longue lamentation des femmes survivantes après la prise de Troie. Elles ont été "adjugées", comme des objets, aux chefs de l'expédition grecque: Hécube, Andromaque (la veuve du héros Hector), Cassandre (la prophétesse vierge qui s'est vouée au dieu Apollon), sans parler de Polyxène égorgée sur la tombe d'Achille... En contrepoint, celle par qui le scandale et la guerre sont arrivés, Hélène, fait une brève apparition.

Mais, au final, la loi du plus fort - celle des soudards victorieux - n'est pas destinée à prévaloir. Au début de la pièce, les dieux Posidon (= Poséidon) et Athéna concluent un accord surprenant. Les Grecs trouveront un sort tragique, pour les punir de leur arrogance et de leur cruauté pendant ou après leur retour dans la patrie. le message éthique délivré par Euripide est clair. Tout en restant dans le cadre de la mythologie antique, l'auteur apparaît étonnement moderne. J'ajoute que le lyrisme caractéristique des tragédies grecques se retrouve dans "Les Troyennes". C'est une pièce qui inspire le respect.



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Les Troyennes

Responsabilité humaine ou responsabilité des dieux, quel choix faire ?



Gagnant, vainqueur ou perdant ? Le poète choisit son camp, le lecteur se laisse plonger dans le mélodrame qu'on lui offre.



Théâtre ou réalité, la tragédie se rappelle à l'un comme à l'autre.



Tragédie à redécouvrir.



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Les Troyennes

Comme dans Hécube, cette tragédie d'Euripide fait le bilan dans le camp troyen de cette guerre qui s'est achevée. On a sacrifié Polyxène, fille d'Hécube et de Priam, aux mânes d'Achille, ce que sa mère ignore encore au début de la pièce. Cassandre, qu'Agamemnon emmène comme captive à Mycènes, entre dans une transe prophétique et une joie vengeresse, qui glace Hécube, en évoquant les nostoi, retours des héros grecs, qui seront la perte de la plupart. On évoque alors les malheurs d'Andromaque, fraîchement veuve et déjà promise à Néoptolème (Pyrrhus, chez Racine) qui voit son fils, Astyanax, précipité du haut des murailles de Troie, avant qu'on l'enflamme. La grand-mère enterre l'enfant sous le bouclier de son père Hector avec des lamentations puis s'apprête à embarquer en gémissant avec les autres Troyennes.



Beaucoup d'analogies entre les pièces, mais moins qu'on aurait pu s'y attendre chez le même auteur. Certes, Hécube est une femme âgée qui se lamente sur le fait qu'elle n'est désormais plus rien après la mort du roi Priam et de sa postérité mâle et sur son chagrin de mère. Mais la flamme vengeresse sera absente de cette pièce, alors qu'elle en flamboyait jusqu'à la folie dans la pièce Hécube, mais parce qu'il était question de venger la trahison de Polymèstor. Ici, la mort de Polydore n'est pas la question centrale, Euripide décide d'évoquer les malheurs de deux autres femmes, Cassandre et Andromaque, ainsi que l'autre postérité royale possible, celle d'Astyanax, étouffée par un pur et lâche assassinat.



Euripide fait ici œuvre de critique de son Histoire contemporaine et non pas de rhapsode de vieilles légendes. Les Athéniens viennent de massacrer tous les mâles de la colonie de Milo en 416 et ont vendu les femmes et les enfants, et Alcibiade, nouvel Agamemnon, avait même pris sa captive milienne... La tragédie n'a pas gagné la compétition cette année 415, ce qui veut peut-être dire que les Athéniens ont bien compris la leçon qu'elle contenait.
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Hélène

On vous a toujours menti : Pâris n'a jamais enlevé Hélène de Sparte à Ménélas pour l'emmener comme compagne à Troie, déclenchant ainsi une des plus tragiques guerres que jamais légende ait rapportée. En réalité, Héra, furieuse de la réussite du stratagème d'Aphrodite et s'improvisant donneuse de leçons (elle avait essayé elle-même de corrompre Pâris...), enleva la vraie Hélène et la "déposa" en Égypte, au royaume du roi Protée. C'est une sorte d'ombre, de fantôme, de simulacre que Pâris emmena et pour laquelle l'armée grecque tout entière partit au combat, et, pour beaucoup, à la mort. Or Protée meurt, laissant son royaume à son fils Théoclymène, bien moins bienfaisant, puisqu'on comprend qu'il presse Hélène de l'épouser d'une manière si peu digne d'un hôte et d'un gentleman (j'adore employer des mots en parfait anachronisme, passez-moi ce petit plaisir), que celle-ci a élu domicile sur le tombeau de Protée, ce qui la préserve et de l'outrage, et du mariage. Là, elle se lamente de la perte de sa bonne réputation, du fait d'être un objet de malédiction de la part de tous les Grecs.



Or Ménélas arrive en Égypte. Les deux époux se retrouvent face à face et, détrompé, Ménélas ravi d'apprendre que ce n'est pas une femme souillée d'adultère qu'il récupère, mais la même, aussi amoureuse et fidèle qu'autrefois, va imaginer un stratagème pour l'emmener vers leur foyer à Sparte, finir leur vie ensemble...



Voilà encore une tragédie d'Euripide avec laquelle j'ai rendez-vous depuis bien longtemps, mais dont j'ignorais l'argument. Euripide ne manque, dans aucune pièce liée à la guerre de Troie, de maudire Hélène. La voilà curieusement épargnée, mais accablée, en même temps : qui voudra jamais croire à la pureté d'Hélène, qu'une histoire si rocambolesque atteste ? N'est-ce pas une façon de d'ironiser sur la seule excuse pour se réjouir du rabibochage de ce couple royal, à savoir si Hélène n'avait rien à se reprocher ? Nos sensibilités modernes pourront trouver très politiquement incorrecte cette façon de jeter l'opprobre sur cette femme, qui, dans un cas et dans d'autres pièces ou épopées, s'est fait enlever contre son gré par Pâris, et dans cette pièce en particulier, risque viol et mariage par Théoclymène qui ne l'intéresse pas ; la femme violentée est toujours peu ou prou soupçonnée d'être consentante. Une remarque de Ménélas lui ferait mériter ce qu'il craint : "La contrainte est pour toi un prétexte [pour céder]!"



Pour haut que ces considérations anachroniques et vaudevillesques, la thèse que les hommes se battent pour des simulacres, des chimères, et, des yeux de la postérité, sont morts pour des fantômes, est défendue sous la forme d'une très belle allégorie.



J'ai beaucoup aimé dans cette pièce le dialogue amoureux entre le mari et la femme, notamment lors du troisième stasimon.
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Les Troyennes

- LES TROYENNES -



La première tragédie qui représente les femmes comme des héroïnes. Elle montre un combats entre les femmes et les hommes. Et elle montre aussi les conséquence de la guerre. Je vous fait un résumée:



Cela se passe après la guerre de Troie et nous retrouvons la reine Hécube et sa fille Cassandre et sa belle-fille Andromaque. A travers cette tragédie, nous allons découvrir leur tragique destinée.



Je n'ai pas aimé que Hécube repose toute la faute de la guerre sur Hélène car pour moi qui a lu et étudier l'Iliade de Homère, je trouve cela injuste que Hécube jette tout la faute sur Hélène mais je sais aussi que ce débat représente le mythe contre la rationalité. Si une personne n'est pas d'accord avec mon point de vue, je serai ravie de débattre avec vous par message. Et, sinon, j'ai aimée le coté tragique de la pièce qui montre les conséquence de la guerre.



Carlaine
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Hélène

Pas ma pièce préférée d'Euripide. Peut-être parce que pour moi l'idée qu'Hélène avait été remplacée par un simulacre est inimaginable. Je préfère largement la Hélène d'Homère rongée par le doute et la culpabilité ou celle des "Troyennes" sûre de sa beauté et ne regrettant rien. Mais cette Hélène entièrement innocente ne me touche pas. Après c'est une réaction personnelle. Lisez pour vous faire votre propre avis.
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Les Troyennes

Peut-être la plus belle pièce d'Euripide. Pathétique et superbe. Devant les ruines de Troie les captives se lamentent. Devant Hécube, Cassandre, Andromaque et Hélène défilent tour à tour. Personnages tragiques et mythiques grandies par la langue d'Euripide.
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