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4/5 (sur 2 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Paris , 1933
Biographie :

Issu d'une lignée d'aliénistes, Henri Grivois, psychiatre et psychanalyste né à Paris en 1933, dirigea les urgences psychiatriques de l'Hôtel-Dieu durant près de vingt ans. Il y reçut toutes sortes de patients, des doux dingues aux schizophrènes les plus sévères, sans compter tout ce que la France a compté de tueurs en série. Enseignant et expert auprès des tribunaux, il a publié deux cents articles scientifiques et est également l'auteur d'une dizaine d'ouvrages, dont La Psychiatrie des urgences (Robert Laffont, 1978), Le Fou et le Mouvement du monde (Grasset, 1995), Parler avec les fous (Les empêcheurs de tourner en rond, 2007).

Source : http://www.laffont.fr
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Bibliographie de Henri Grivois   (5)Voir plus

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Citations et extraits (68) Voir plus Ajouter une citation
L’entrée en psychose est […] une manifestation publique, elle ne s’adresse à personne et elle s’adresse à tous ou, à travers une personne, à tout le monde.
[…] Le sujet psychotique naissant atteint toujours ce point noué à partir d’une relation avec la totalité des hommes.
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Ses contemporains s’occupent de lui, écrit-il [Jean-Jacques Rousseau], et lui, en retour, se préoccupe d’eux. Il ne peut garder secrète cette réciprocité qu’il perçoit chez tous les hommes. L’absence d’intention ne l’amène pas à y être indifférent ou à se révolter. C’est l’amorce en revanche d’une volonté qui le transcende, que les hommes méconnaissent mais qui ne l’engage donc pas lui seul. En d’autres termes, ce qu’il a, lui, la faculté de ressentir auprès de chacun, il en fait une volonté générale. Laquelle ? Il l’ignore, ce n’est pas à lui mais aux hommes d’en décider. Cela exige d’eux une action politique. Rousseau confie cette volonté à la démocratie. S’il avait cru en saisir le point de départ en lui ou dans les autres, il aurait déliré.
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Quand il est possible de reprendre avec le patient la courte trajectoire qui précède la psychose naissante, nous l’intégrons, avec lui, dans une continuité qu’il revendique d’ailleurs, celle de son histoire de sujet.
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Après des années de solitude, découvrant l’empreinte d’un pied humain dans le sable, Robinson entre en concernement psychotique.
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L’homme qui devient psychotique a le sentiment que les gens sont concernés par lui. Attention, ce n’est encore là qu’indice banal. Le concernement relève de la psychose lorsque cet homme le vit partout, de façon durable et hors de toute présence humaine. […]
Préoccupé par chacun, cet homme est débordé par l’attention qu’il porte aux autres ; ce n’est plus lui seulement qui les concerne mais eux qui le concernent. Et ce n’est pas tout. Alors qu’autour de lui chacun vaque à ses occupations, il est impliqué dans les mouvements de chacun. Les autres l’incitent à agir et à penser tout autant qu’il est lui aussi évoqué et agi par chacun d’eux.
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Les chamans à leur façon respectent le silence des patients. Ils quittent le village et partent avec eux dans la montagne. Cette passivité asiatique, ce respect du silence conviennent-ils mieux aux psychotiques que notre activisme industriel et médicalisé ?
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[un témoignage]

Le 7 janvier 1975, m’étant mis à marcher automatiquement de la gare du Nord à la place de l’Etoile, je me suis senti porté à la tête d’une Humanité nouvelle. La police m’a intercepté alors que j’essayais de traverser la place pour me rendre sous l’Arc de Triomphe où je pensais qu’on attendait mon avis sur les décisions à prendre pour ce Monde en transition. J’ai été hospitalisé et cette perception du Monde nouveau a été aussitôt étouffée par des neuroleptiques (que je prends toujours). A chaque nouvel accès, on dirait que c’est cette perception initiale qui revient percer la couverture chimique pour enfin s’accomplir définitivement. C’est un Monde neuf qui est là, un Monde en partance.
La réalité est si forte que ce Monde-là est insupportable. Pour ne pas le voir, j’avance dans les rues tête baissée, devenant sensible à tout ce qui est blanc par terre. Je me dirige en jetant de brefs coups d’œil. Des gens qui ont l’air de débarquer semblent étonnés de se retrouver là, comme intrigués par ce Monde qu’ils découvrent. Je sens que certaines personnes me suivent, comme si je connaissais l’endroit où chacun devait se rendre. D’autres semblent hésiter sur la direction à prendre.
Ce Monde qui revient se présenter à moi semble me réclamer des comptes : peut-être veut-il me reprocher d’avoir commencé à prendre la tête de l’Humanité à Paris en 1975 pour aussitôt l’abandonner en m’étant laissé arrêter sans résister. Tout m’accuse, mais personne ne m’accuse. Je sens qu’au moindre faux pas, je pourrais être arrêté.
Ce Monde-là est impossible, il ne peut exister, je n’y adhère pas. Suis-je responsable de ce bouleversement ? Faut-il que je me sacrifie ? Personne ne me rassure.
Moi je veux que tout se passe bien pour tout le Monde. Je ne voudrais pas que ma famille soit inquiétée à cause de moi. Si j’ai commis une faute, je veux comparaître devant le tribunal de l’Humanité.
Il faut que je m’isole et que je m’allonge dans le noir (que je ne trouve jamais assez profond). J’essaie alors de trouver une vraisemblance à tout ce que j’entends. Je lutte dans la détresse et la souffrance pour que le Monde reprenne sa marche habituelle. Je me « reprogramme » en tremblant et en ressentant de petites secousses oculaires.
Lors de ces rechutes, je me sens poursuivi, il faut que je finisse par payer : je dois être châtié. Cependant personne ne m’accuse alors que tout m’accuse. Je lutte seul dans la souffrance et la détresse. Et puis, comme toujours, tout cesse. Esprit, Monde et Humanité sont redevenus très exactement les mêmes qu’avant. Une fois de plus, je m’en suis bien tiré.

Il est évident que déclarer que : l’ « Humanité se renouvelait sur mon trajet de la gare du Nord à la place de l’Etoile » peut paraître délirant. Je suis hyper-rationnel, de formation scientifique, je sais qu’un tel événement est impossible. Mais il est incontestable que c’est que j’ai vécu. Hospitalisé à la clinique Dupré, je me suis précipité dès que j’ai pu sur la presse et j’ai bien vu qu’il ne s’était rien passé d’extraordinaire les jours précédents. Je l’ai vite admis et je me suis tu. Il m’a fallu trente et un ans pour arriver à rendre compte de tout cela.
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Devant l’instabilité des significations et des sentiments, on peut certes postuler un désordre mais pourquoi le prescrire indescriptible, impénétrable et définitivement opaque ? […] Pourquoi ne pas tenter de les lire d’emblée comme le patient, c’est-à-dire déployés à partir de la polarisation centrale, et tenter d’en rendre compte ?
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[…] ils étaient silencieux parce qu’ils n’étaient pas confus. Leur silence n’était pas paradoxal. Ils n’étaient pas en contradiction avec eux-mêmes mais l’étaient avec nous et notre façon de les aborder en les questionnant.
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Elle a fait plusieurs épisodes aigus de culpabilité. Elle donnait sens alors à son concernement : une faute qu’elle ignorait mais dont elle portait la charge sans partage devant toute l’espèce humaine.
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