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Citation de enkidu_


Une opinion fort répandue, en milieu sunnite, à l'époque abbasside, est donnée par Baghdâdî : Mu'âwiya et ses partisans, en engageant les hostilités contre 'Alî, doivent être considérés comme des rebelles (bughât) à l'autorité établie, dont le statut a été défini par la Loi, mais ils ne sauraient, en aucun cas, être considérés comme des infidèles. C'est ainsi que le Prophète dit à 'Ammâr b. Yâsir, un des plus fervents partisans de 'Alî, et qui fut tué à Siffîn : « Le parti rebelle te tuera ». 'Alî, de son côté, passe pour avoir dit à un autre de ses partisans : « Nos frères se sont révoltés contre nous ; il est interdit de poursuivre les fuyards et d'achever les blessés » — ce qui n'eût pas manqué d'être permis s'il s'était agi de combattre des infidèles.

Mu'âwiya cependant, tout au long de l'histoire, non seulement en Syrie mais même en Irak et en terre iranienne, a trouvé des défenseurs et des partisans. Sa foi, fait-on remarquer, ne saurait être mise en doute, ni sa qualité de « secrétaire de la révélation ». Son honorabilité ne peut être contestée : 'Umar, qui le nomma gouverneur de Syrie, ne le releva jamais de ses fonctions. Plusieurs hadîths, tenus pour authentiques, montrent que Mu'âwiya fut un homme d'État parfaitement musulman et qu'il fit beaucoup pour répandre la connaissance du Coran. Mu'âwiya, conclut-on, réunit toutes les qualités exigées du calife : le lignage quraishite, la religion, la science, le courage, la bonne conduite envers les Musulmans. D'aucuns vont même jusqu'à soutenir que le califat de Mu'âwiya se justifie, moins par les qualités personnelles de l'homme, que par l'efficacité plus grande de son action en faveur de l'Islam.

On ne saurait certes nier, fait-on encore valoir, que Mu'âwiya soit à ranger parmi les Mekkois — au nombre de deux mille — qui se convertirent l'année de la conquête et parmi ceux dont le Prophète s'efforça de « gagner les cœurs ». Mais beaucoup d'entre eux, ajoute-t-on, devinrent des Musulmans irréprochables et Mu'âwiya fut précisément l'un des meilleurs. Excellent gouverneur de Syrie, il sut gagner l'affection de ses administrés et il ne porte pas seul la responsabilité des troubles qui éclatèrent alors. 'Alî avait sans doute plus de droit au califat, mais il eut le tort de ne pas poursuivre les meurtriers de 'Uthmân et commit ensuite la faute de destituer Mu'âwiya et de ne pas chercher à régler pacifiquement le conflit qui l'opposait à lui. Par son impuissance à contenir l'ardeur belliqueuse de ses partisans les plus exaltés, 'Alî porte une lourde responsabilité dans la déclenchement de la crise. En engageant la lutte contre les rebelles qui ne s'étaient pas encore dressés contre lui les armes à la main, il eut moins pour but de faire triompher la religion que d'imposer son propre émirat. 'Alî, en arrive-t-on ainsi à conclure, est certes chronologiquement le dernier des Râshidûn, mais c'est aussi le moins bon. Mu'âwiya est sans doute le premier des rois, mais c'est le meilleur d'entre eux. (pp. 20-22)
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