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Citations de Henri Meschonnic (147)


Mon départ mon retour …
  
  
  
  
Mon départ mon retour sont fragiles
nous échangeons nos places
de chaque côté des questions que nous ne posons pas
puis de l’heure sort une année
quand les yeux se ferment d’autres s’ouvrent dans la peau
alors je te vois tu me recommences.
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Ma lampe n’a pas deux maisons …
  
  
  
  
Ma lampe n’a pas deux maisons
je n’enveloppe pas mes rêves dans des livres
autant garder du feu dans du papier
je n’ai pas entendu ce que tu n’as pas dit
nous en perdons la trace
quand je me réveille de mes moments sourds
le pont enlève ses planches avant que je passe
à deux pas je suis déjà loin
je ne connais pas ma main.
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Ce que nous savons …
  
  
  
  
Ce que nous savons parle toutes les langues
nous communiquons par la chaleur avant de penser
tu me montres mes souvenirs je te donne des oublis.
Je marchais en pleurant
puis j’ai couru nu dans les rues
pour te chercher.
J’avance en me heurtant à mon avance
depuis mes années de toi.
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Henri Meschonnic
je ne cours pas après la vie c’est elle
qui me croise et me recroise
à chaque regard chaque rencontre
j’en ai dans toutes mes mains
je la crie de tous mes yeux
et elle s’endort dans mes bras
j’en perds le compte du monde
je ne fais plus de différence
entre la mémoire et
l’oubli
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Henri Meschonnic
je marche mon exode
il n’y a plus de chants
je ne demande plus rien
je suis la plaie où les mensonges brûlent
c’est sous ma peau que remue le monde
la peur tremble embourbée
on avance
je marche derrière ma vie
comme un esclave
je ne supporte pas
le spectacle de mon visage
je vis pour démentir les oracles
on sait de quoi on parle
quand on peut se taire ensemble
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Henri Meschonnic
quoi
de moi
dis
quoi de toi
le temps nous roule
dans son eau
nous sommes
deux galets
qui s’aiment
oui une marche
une parole un
pas
mais qui devant qui derrière
ni les pieds
ni les mots ne
connaissent le chemin qui sort
de nous comme un fil qui se
tisse avec nos yeux nos mains
un fil de toi un fil de moiquoi
de moi
dis
quoi de toi
le temps nous roule
dans son eau
nous sommes
deux galets
qui s’aiment
oui une marche
une parole un
pas
mais qui devant qui derrière
ni les pieds
ni les mots ne
connaissent le chemin qui sort
de nous comme un fil qui se
tisse avec nos yeux nos mains
un fil de toi un fil de moi
une voix faite de deux voix
c’est par elle que je vois
jour ou nuit j’offre un rêve je
veille à deux dans un sommeil
une voix faite de deux voix
c’est par elle que je vois
jour ou nuit j’offre un rêve je
veille à deux dans un sommeil
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Henri Meschonnic
je marche une ville dans la ville
comme l’absence
avec
les yeux qu’elle a pour la vie
pas de hâte pas de lenteur
je longe des maisons vides
elles donnent sur des rêves de rues
on y serre des mains de pierre
les visages portent des ruines
fuir
avant les murs

peut-être on commence à dire
ce qui passe de corps en corps
quand on arrive à entendre
les voix qui parlent seulement
dans les silences de notre voix
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Henri Meschonnic
Plus je vais, plus je comprends que la poésie, ce que j’appelle poésie, à moins de dire, ce qui va ailleurs, vers de l’imprévisible, d’où le plaisir, non plus poésie, mais poème, et plutôt encore le poème de la pensée, alors un poème est de circonstance quand il est au maximum poème, quand il est le maximum de la relation entre la vie et le langage, entre une vie et un langage. Ce qui fait que cette vie est transformée par son langage, et que le langage est transformé par cette vie. Et par toutes les petites vies qu’il y a dans une vie. Il ne s’agit donc pas d’un « lien », l’expression est insuffisante, entre la vie et la poésie, puisqu’il s’agit d’une transformation réciproque.

6Et si le poème est cette transformation, cette transformation même est ce que j’appelle le sujet du poème, c’est-à-dire la subjectivation maximale d’un système de discours. Je dis subjectivation, pas subjectivisation, qui ramènerait le poème à la psychologie, donc à l’énoncé, et au signe, à son double discontinu, le discontinu interne du signe, le discontinu interne du rythme, à eux deux produisant toute la chaine du discontinu entre les catégories de la raison, qui séparent et pseudoautonomisent le langage, le poème, l’éthique et le politique.

7Non, la subjectivation d’un langage par une vie oblige à penser le poème comme un acte éthique, et comme un acte éthique suppose qu’est sujet ce qui fait du sujet, qu’est sujet celui par qui un autre est sujet, le poème est maximalement un acte éthique. Donc il mène à penser et pratiquer une politique des sujets, et non plus une politique de l’opposition propre au signe entre individu et société. En ce sens un poème est aussi un acte politique.

8Dire que c’est un universel, c’est dire que partout et toujours c’est ce que fait un poème. Ce qui implicitement permet et oblige même à rechercher dans cette exigence, dans cet implicite, le critère de ce qui fait qu’un poème est un poème, pour pouvoir faire la différence entre un poème et ce qui fait tout pour ressembler à la poésie. Comme on est poussé nécessairement à reconnaitre cette différence, comme il faut apprendre à reconnaitre le vrai du faux. En art. Ce qui aussitôt fait de la pensée aussi un art. Et une éthique. Et une politique.

9Quant à la circonstance, qu’est-ce que c’est ? Ce n’est pas une situation exceptionnelle. Chaque moment, chaque rencontre, avec les autres, avec soi-même, est de cet ordre. Mais on ne sait pas, en tout cas on ne sait pas d’avance, ce qui détermine le déclenchement d’un poème. De ce point de vue, on découvre la force de l’infime. Ce qui ne signifie naturellement pas que des bouleversements majeurs, qui nous remuent, qui nous retournent soient diminués. Mais l’important est que l’émotion passe du sujet qui pense, du sujet qui sait, qui veut, qui a des émotions, au sujet du poème.

10Sinon, il n’y a que de l’énoncé, de la description, tout ce que Mallarmé appelle le nommer, où je vois le critère de ce qui n’est pas du poème, mais la confusion traditionnelle entre le signe et le poème. Et c’est contre cette vieille association des idées que penser ce qui arrive dans un poème, ce que fait un poème, produit de la dissociation d’idées – cette trouvaille de Rémy de Gourmont. Le poème casse le signe, il casse du signe, il casse des associations d’idées, c’est-à-dire des consensus qu’on prend pour des vérités. Il y a du terrorisme dans le poème, par rapport à l’établissement du signe. Il en a toujours été ainsi. Rien de nouveau ici. Dans ce que fait le poème. Mais le nouveau est de le reconnaitre. De bousculer nos habitudes, notre mauvaise éducation, deux mille cinq cents ans de dualisme et de discontinu, pour reconnaitre tout ce qu’on ne sait pas qu’on entend, tout ce qu’on ne sait pas qu’on dit, tout ce qu’on ne sait pas qu’on fait, dans le langage.
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Henri Meschonnic
Vers, proses. Shelley, dans sa Défense de la poésie, écrivait que c’était une erreur grossière d’opposer les écrivains en vers aux écrivains en prose. C’est la confusion canonique entre les vers et la poésie. Et ce n’est pas pour rien que Hugo écrivait : « Je n’aime pas les vers, j’aime la poésie. » Alors, non, je n’écris pas en vers. Mais j’use de la ligne. Ce qui n’est pas du tout la même chose. Pour faire coïncider diction et typographie, ou plutôt oralité et visualité du rythme. Et s’il faut penser aux rapports avec ce que Mallarmé appelait le « vers national », je suis si hanté par ce « mystère des lettres » qu’est en français le rythme pair que je soigne mes impairs. C’est physiquement en termes de syncope que j’entends l’interruption de la fin de ligne, le poème étant l’unité, unité qui n’est elle-même qu’un passage, qu’un moment qui s’interrompt dans le long poème qu’on n’arrête pas d’écrire, et où on ne peut que s’interrompre. Et comme disait encore Hugo, la vie est « une phrase inachevée ». Nous sommes dans l’inachevable. Des moments, des petits fragments d’infini. Quant à la prose, je préfère, ce serait même la seule chose que je retiendrais de Hegel, entendre dans cette notion non pas la sottise éternelle du maitre de philosophie de Monsieur Jourdain, que nous ne cessons pas de subir, mais celle de « prose du monde » – le combat indéfini des contraires, le désordre opposé au « bon infini ». C’est alors seulement, paradoxalement, qu’on pourrait (j’ai l’air de me contredire) réunir ces deux chèvres sur le pont que sont le vers et la prose. Parce que c’est alors seulement qu’apparaitrait non seulement la pluralité interne des proses, comme on dit en italien, mais la multiplicité interne des rythmes, dont la régulation métrique n’est qu’un moment, et un aspect, qui non seulement cache tout ce qu’il y a de prose dans les vers, et de métriques de prose, mais, au-delà des oppositions formelles, le vrai problème poétique qui est celui d’un rythme-sujet. Sans oublier l’inconnu du rythme qui est le grand régisseur des parades du langage, l’aventure. À côté de quoi les petits binarismes du formalisme et du calculisme, y compris dans le ludisme, ne me paraissent que comme du formisme, je veux dire une des formes du bêtisme.
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Henri Meschonnic
quand le ciel et moi
nous sommes
si libres que nous allons ensemble
on ne peut plus voir
si je suis dans la lumière
ou la lumière est en moi
car je la garde pour toi
je ferme les yeux j’ai les
mains en fête
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Henri Meschonnic
les mains sur les yeux je me
détourne de moi je cherche
mon visage dans tous les autres
et chaque fois je le trouve
c’est pourquoi je me cache les
yeux pour ne pas me
reconnaître
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Henri Meschonnic
j’ai des yeux mais par ma bouche
je te connais mieux
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Henri Meschonnic
c’est pour ne plus crier que
mes mains ont pris la place de
mes yeux
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Henri Meschonnic
un tour de vie
ce que prend
un regard c’est ce que nous
savons toi de moi si vite
que nous en sommes immobiles
comme la lumière
quand elle vient au monde
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Henri Meschonnic
Le sommeil du langage est mon sommeil
il dort pendant que beaucoup parlent
qui croient dire mais ils sont désassemblés
des îles en l’air c’est pourquoi je ne les trouve pas
là où je nous cherche parce que je ne tiens
qu’éveillé rassemblant nos nouvelles
et je tombe n’entendant plus
notre recherche mais des horloges
qui marquent chacune la vérité.
Les spécialistes du sommeil
prennent leur livre de mots pour un langage
mais celui qui isole un mot est isolé par ce mot.
Notre langage n’est pas les mots
mais ce qui nous assemble et qui nous renouvelle dans les mots
notre éveil nous fait nous défait
et la grammaire de notre éveil est notre alliance.


(Dans nos recommencements, Gallimard, 1976, p. 54)
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Henri Meschonnic

les intervalles entre les coups du cœur
ne sont pas vides
les intervalles entre les mots ne sont pas blancs
ce sont des presque mots des
presque gestes
du plus que se taire
et du moins que dire
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Henri Meschonnic
à l’intérieur des lettres
d’autres lettres
à l’intérieur du corps
nos autres corps
comme une langue
à chaque moment différente
que nous sommes toujours au commencement d’apprendre
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Henri Meschonnic
peut-être on commence à dire
ce qui passe de corps en corps
quand on arrive à entendre
les voix qui parlent seulement
dans les silences de notre voix
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Henri Meschonnic
« je ne cours pas après la vie c’est elle / qui me croise et me recroise / à chaque regard chaque rencontre / j’en ai dans toutes mes mains / je la crie de tous mes yeux / et elle s’endort dans mes bras / j’en perds le compte du monde / je ne fais plus de différence / entre la mémoire et / l’oubli ».

« chaque moment je recommence / le désert / je marche chaque douleur un pas / et j’avance / de monde en monde ». « et nous roulons dans le monde / comme des galets dans la mer / comme on rêve / d’oublier / que chaque instant est du sang / que d’autres d’autres / coulent de nous ». Écrire, encore, à perdre haleine.
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Henri Meschonnic
et toutes les vies
que je vois
en chemin forment
des parts de
ce qui marche en moi
en toi
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