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Critiques de Henri Raczymow (26)
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A la recherche du Paris de Marcel Proust

Des portraits de famille, de « Maman », du père illustre professeur de médecine,fils de petits commerçants d’Illiers-Combray, et du frère Robert tant aimé et tant aimant et pourtant grand absent de la Recherche. Et des oncles et tantes et de la grand-mère adorée. Des tableaux de Béraud ( la sortie du Lycée Condorcet ) de Tissot ( Le cercle de la rue Royale avec Charles Haas—Swann) de Blanche (fameux portrait aux Catleyas) ou de Caillebote (les célèbres parapluies sur la place pavée de Paris). Des cartes postales de Paris, des photos de toutes les figures de la grande bourgeoisie à la vraie-ou pas-aristocratie. Des salons, des mondaines ou des demi-mondaines, des vraies esquisses d’Odette de Crécy des Guermantes ou des Verdurin, des Charlus ou des Jupien. Et tout cela très très rive droite à Paris. De petits textes très pointus et très précis riches en info et de surcroît bilingue anglais-français. Une très très belle iconographie avec de grandes et belles reproductions. Pour ceux qui aiment Marcel!
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Le Paris littéraire et intime de Marcel Proust

Je suis en train de relire La Recherche. J'ai découvert le livre sur le Paris Littéraire et Intime de Marcel Proust. Excellent afin de mieux cerner la personnalité de Marcel, pénétrer dans son univers où se mélange la fiction et la réalité. Je marche dans ses pas, c'est une impression étrange et romantique, je revisite Paris sous un angle différent, me pose des questions sur ce Paris : ce questionnement me permet d'élargir mes connaissances, je surfe sur internet et cherche à mieux me représenter ce Paris. Très agréable lecture, Henri Raczymow en fin connaisseur de Marcel et de Paris nous propose une jolie promenade. Je le recommande vivement aux lecteurs de la Recherche. Modeste lectrice de Marcel Proust, cette lecture m'a été extrêmement jubilatoire.

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«Notre cher Marcel est mort ce soir»

Derniers instants de la vie de Marcel Proust où il est tiraillé entre sa maladie et son angoisse de ne pouvoir mettre "fin" à la clôture de son oeuvre. Il refuse de se soigner, et sait que ces difficultés à se faire éditer seront résolus lorsqu'il sera mort. Céleste qui est à la fois sa domestique et son aide littéraire, le suit jusqu'à sa fin. Ce livre qui est une biographie se lit comme un roman et l'écriture nous plonge dans la vie de Proust avec délice.
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L'arrière-saison des lucioles

« Nos yeux reçoivent la lumière d’étoiles mortes. » André Schwarz-Bart



Journée sombre sur Douarnenez .Les goélands, excités, ne s’arrêtent pas de bouger. Le vent gifle de la pluie sur les quais. Je termine ce livre,…. à l’abri.



Vous souvenez-vous de Claude Santelli, du théâtre de la jeunesse, du jeudi après-midi chez un copain qui avait la TV ? Des interviews de Pierre Dumayet et Pierre Desgraupes ?

Toute une ambiance qui n’existe plus.



Hanté par la « mémoire trouée » des photos et des survivants des « camps », Henri Raczymow a aussi ses lucioles « proches ou moins proches – qui ont aujourd’hui disparu et dont seul le nom subsiste en nous : elles sont devenues « un ver luisant, une luciole, une toute petite lumière qui s’éteindra avec vous. A moins que vous n’inscriviez ce nom sur la page d’un livre que vous écrirez »

D’abord celui d’Étienne, son père, militant communiste, combattant de la FTP-MOI qui avait échappé aux rafles de 1942.

Belleville et ses ruelles, Tout un monde dont il ne reste rien, pas même les rues où habitèrent aussi les parents de Georges Perec, avant d’être assassinés à Auschwitz.

La « judéité » et ses débats animés par les conflits idéologiques de Russie ou d’ailleurs. L’imaginaire juif ou le juif imaginaire !

Mai 1968 et l’après : Henri Weber (né à Leninabad, Tadjikistan, URSS) qu’il compare à Swann, il le voit plus séduisant que ses compagnons de la JCR et autres Cohn-Bendit, Krivine et Geismar. L’histoire dérisoire de Thomas Stern, militant, qui voulait éduquer un groupe de travailleurs immigrés.

Il se souvient des déjeuners chez Georges Lambrichs, au début des années 70.

Il évoque Francis Ponge, Roland Barthes, François Weyergans, Jean-Noël Vuarnet, Mathieu Lindon, Pierre-Jean Remy, etc.

Nécessité de témoigner sur un monde littéraire, sur un « bruit de fond ».

Une évocation de M. *** son professeur de philosophie est l’occasion de belles pages sur le fantasme si présent dans les illusions de jeunesse.

Il se rappelle les cinémas du samedi soir, le passage de l’ouvreuse dans les rangées, avant que le film ne commence.

Et tant d’autres lucioles de sa vie et de la nôtre.

Le ton, entre nostalgie, regrets et autodérision devient grave, voire sombre lorsque le livre se clôt sur « Quelques tombes de mon petit cimetière » .

Cette promenade littéraire se veut souvent légère, mais peut devenir sérieuse, voire sombre.

Claude Santelli est mort le 14 décembre 2001, trois mois après un accident survenu sous le chapiteau du cirque Alexis Grüss. En dirigeant « La Flûte enchantée » de Mozart, il avait été soulevé par une éléphante et gravement blessé en retombant

En novembre 1954, Pierre Dumayet et Pierre Desgraupes interviewent Monsieur Fricotot, contemporain d'Arthur Rimbaud. Sa femme vient les rejoindre. L'homme ne connaissait pas Rimbaud, ne lui a jamais parlé, ni lu ses livres. Il le voyait passer en cabriolet à cheval. L'interview se déroule dans le champ boueux de l'interviewé, que les journalistes rejoignent bottes de caoutchouc aux pieds.



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«Notre cher Marcel est mort ce soir»

je viens de lire un bien intéressant petit essai de Henri Raczymow, déjà auteur de deux autres ouvrages sur Proust: «Le cygne de Proust», et «Le Paris retrouvé de Marcel Proust»

Cette fois l’auteur se propose d’évoquer ce que l’on peut savoir des derniers moments de celui qui a reçu le prix Goncourt, en novembre 1919, alors même qu’il vient de s’installer depuis un mois, à sa dernière adresse, au 44, rue Hamelin. Il a 48 ans et il ne lui reste que trois ans à vivre. C’est Gallimard en personne qui vient lui annoncer la bonne nouvelle, accompagné entre autres de Jacques Rivière mais Proust ne les reçoit pas: il s’en excuse mais il est fatigué. Gallimard insiste par l’intermédiaire de Céleste et la rencontre a finalement lieu mais c’est pour refuser à l’éditeur le grand banquet qu’il veut donner pour célébrer l’événement. Après son départ, Proust ordonne à Céleste de ne plus laisser entrer personne et de ne plus répondre à aucune question du moindre visiteur :… «rien, motus. Il dessine une croix contre ses lèvres.»

Proust, le mondain, ne veut plus voir de monde. Il a bien mieux à faire. Sa seule préoccupation désormais est d'améliorer, de perfectionner son roman, qu'il connaît par cœur et qu'il ne cesse de transformer. D'ailleurs sa santé se dégrade. "Ses crises d'asthme sont de plus en plus fréquentes. le docteur lui fait des piqûres de morphine. Cela l'abrutit."

Lucien Daudet lui reproche d'être devenu: "Un professionnel de la littérature" et Reynaldo Hahn se plaint que le Marcel illustre soit moins attachant que le Marcel d'avant le succès.

C'est lui pourtant qui envoie des pneumatiques à tous leurs amis le jour fatidique:

"Notre cher Marcel est mort ce soir, après un mois de maladie pendant lequel il a obstinément refusé de se laisser soigner."

Défile alors un long cortège:

"Le premier à venir le dimanche 19, c'est Léon Daudet, qui pleure. Puis la comtesse de Noailles qui prend Céleste dans ses bras en sanglotant. Puis Paul Morand, Fernand Gregh, la princesse Lucien Murat, Robert Dreyfus qui n'a pas le cœur d'entrer dans la chambre et repart aussitôt, Lucien Daudet, le frère cadet de l'autre, Georges de Lauris, Robert de Billy, Edmond Jaloux qui remarque son masque creux et maigri, les ombres verdâtres sur son visage, portrait d'un grand peintre espagnol, puis Jean cocteau, Gabriel Astruc, Marthe et Suzy Proust, Jacques Porel qui passe au doigt de Marcel un camée offert naguère par Anatole France à sa mère Réjane, après la première du Lys rouge, en 1899. Le peintre Helleu, Dunoyer de Segonzac, Man Ray sollicité par Cocteau...

Tel est le sujet et le style du livre : très vivant ! .
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L'arrière-saison des lucioles

L'ultime déambulation littéraire. « L'arrière-saison des lucioles », les heures en quintessence. Un ballet de la vie flamboyant, le grand vainqueur du temps.

Un livre-mémoire fondamental.

La littérature ouvre subrepticement l'armoire du monde.

« Nos yeux reçoivent la lumière d'étoiles mortes ».

André Schwarz-Bart « Le Dernier des Justes ».

Henri Raczymow marche dans les ruelles dont il connaît le moindre recoin. Empreintes de ses jours, de ses approches sur le monde. La rémanence des appartenances à la religion, juive en l'occurrence. Ses convictions politiques et bien au-delà les majestueuses saveurs des écrits d'hommes et de femmes de lettres, les poètes, les exilés et les condamnés. On ressent les interpellations qui forment sur son visage, les sourires les plus habités, les regrets les plus enfouis, et les prières allouées au vaste regard de l'horizon qui palpite encore, rien que pour nous. Tout nous dévoiler en douceur et en retenue. Laissez s'échapper les confidences chuchotantes, pour mieux les déguster.

La lumière du plein jour octroie les résurgences. Henri Raczymow est comble de mots. Plus de quarante ouvrages écrits, les genres alliés, il est un socle, une référence.

Les entrelacs sont des pans mémoriels aussi. Entre les rappels pavloviens, les anecdotes aériennes ou graves, cruciales et personnelles souvent, le sceau des littératures marquantes pour André Raczymow. Les images pavloviennes, une généalogie d'orfèvre, comme du linge frais claquant au vent. Carillon en haute montagne, le sablier s'écoule aussi. Tout retenir. La mappemonde des tracés, la nostalgie est regain. « Oui, j'étais communiste, oui, j'étais juif ».

Ce pourrait être un livre en noir et blanc , mais les lucioles veillent. Le passé montre du doigt ce qu'il advient d'un homme debout qui s'épanche. Les effluves sont des enchantements intellectuels.

« Le monde était langage. Il fallait quelques clés pour le lire ».

« ...La rature qui viendra barrer tout ce que nous aurons écrit pour précisément de pas oublier, pour dresser des phrases contre l'oubli, comme autant de digues contre les assauts de la mer, en pure perte. Car la rature elle-même sera effacée, la rature autre nom de la mort :

Que vous servira d'avoir tant écrit dans ce livre, d'en avoir rempli toutes les pages de beaux caractères, puisque enfin une seule rature doit tout effacer ? Encore une rature laisserait-elle quelques traces du moins d'elle-même ; au lieu que ce dernier moment, qui effacera d'un seul trait toute votre vie, s'ira perdre lui-même, avec tout le reste...Oh que c'est beau, oh que c'est triste. La rature de la rature. Qui dit mieux ? Ça fend le coeur, mais quand c'est si bien dit, dans le même temps ça le ravit, le coeur ».

Ce texte est un journal dont le marque-page imprime l'arrière-saison. L'arrêt sur image. L'existence déployée, comme une étole. Les palpitations de l'identité, luciole ô luciole !

« Mettons en commun camarades, nos plans, nos travaux, nos soucis ».

« Pour survivre sur une fine couche de glace, il faut patiner vite ».

Et ce magnifique poème en pages finales de Mordechai Gebirtig, «  un poète yiddish assassiné par les nazis dans le ghetto de Varsovie en 1942 :

Enfants, réjouissez-vous, amusez-vous

Car du printemps à l'hiver

Il y a le saut d'un chat ».

Ce kaléidoscope est une rencontre précieuse avec Henri Raczymow. Les chemins de traverse sont des arcs-en-ciel, des aurores-boréales, ce qui persiste et assigne à la vraie beauté du verbe. Ici, tout est connivence et renaissance.

Publié par les majeures Éditions de l'Antilope.
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Mélancolie d'Emmanuel Berl

"...nous ne voudrions pas accabler indûment la mémoire de Berl.

Simplement y voir un peu clair, ce qui est peu commode, il faut bien l'avouer."



"Il joue avec les idées comme on joue à la balle et avec les mots comme on fait du cerceau. Il les pousse devant lui, espérant qu'ils vont rouler le plus longtemps possible sans tomber", écrivait Pascal Jardin. Emmanuel Berl ne sera jamais un «grand», de très belles pages mais pas une œuvre, ni un Malraux ni un Proust, parce qu'il porte en lui la conviction de "n'être rien ou peu s'en faut", de n'avoir pas à accomplir la destinée de poète ou professeur célèbre que souhaitait sa mère, éplorée par deux brillantes carrières familiales fauchées tôt par la maladie. Emmanuel fuira cette "mortifère obligation d'excellence".



Henri Raczymow situe son approche dès la fin du premier chapitre : "J'ai l'air d'écrire sur quelqu'un que je n'aime guère". Et de rappeler Sartre écrivant quatre mille pages sur Flaubert qu'il détestait et le Swann de Proust aimant des années une femme qui n'était pas son genre.



Car s'il apprécie l'écrivain, celui de "Rachel et autres grâces" ou de "Sylvia", il voit une première objection dans les contradictions du penseur : "... comme il dit une chose et son contraire, s'agissant précisément de ses idées, on a peine à le suivre, à le croire dans un sens ou dans un autre; de fins connaisseurs le tiennent davantage pour une girouette que pour un poteau indicateur. Clairement, il n'est ni Sartre, ni Raymond Aaron, tant s'en faut." Un tel esprit ne pouvait se rassembler en ce que l'on appelle une œuvre.



Une seconde objection réside dans la molle complaisance pour les idées de son ami Drieu de la Rochelle : "Cette bouillie de l'idéologie, c'est justement ça, le fascisme : [...]. Je ne sais jusqu'à quel point Berl s'est laissé faire." Il semblait plus difficile à Berl d'être délaissé par l'ami que d'acquiescer à ses thèses pernicieuses. Henri Raczymow s'attarde aussi sur l'attitude conciliante de Berl et son épouse Mireille (la troisième) durant le régime de Vichy ("comme des coqs en pâte").



Les grâces, celles que Berl voit comme une "parfaite justesse qu'il a peur de troubler", touchent beaucoup Raczymow.

Berl distingue ainsi l'amitié de fait (Henri Durand) d'une autre qui resta potentielle (un certain Anceau). Cette dernière, qui ne fructifia pas, demeure à jamais une grâce, supériorité de l'inaccompli sur une amitié qui intégra sa vie : "Nous sommes là dans la littérature, alors qu'avec Henri Durand nous ne sommes que dans le souvenir, émouvant peut-être mais commun. [...] ... la grâce berlienne jouxte la littérature, voire se confond avec elle, il n'y a qu'elle qui puisse en rendre compte, la donner à voir."

L'essayiste nous gratifie ensuite de beaux passages sur la grâce berlienne, bonheur entrevu et inabouti : "En somme la grâce est un «hors-texte», ou encore une «ouverture» dans le tableau, une brèche où vient se deviner tout un autre monde, mais deviner seulement, sans assurance aucune, sans certitude...".



Patrick Modiano et Jean d'Ormesson ont eu de larges entretiens (publiés) avec le vieil écrivain mondain, auxquels se réfère largement "Mélancolie d'Emmanuel Berl" : "C'est parce que Berl aura connu tout le monde, que tout le monde voudra, plus tard, le connaître, le rencontrer".



Il y eut aussi l'effarant ballet de séparations et réconciliations avec Suzanne Muzard, "LA rencontre", rivalité avec Jean Breton, imbroglio qui peut faire douter du sérieux d'hommes d'esprit aux prises avec des passions folles, à l'image de ces années-là.



En guise de conclusion, je trouve celle de Loïc Di Stefano dans le salon littéraire de Linternaute très appropriée : "C'est cela, sans doute, dont Raczymow a la mélancolie, d'un homme qui avance sans ligne de carrière, qui tâtonne sa vie au fil des ans, dont la fragilité humaine touche. Et c'est ce qu'il parvient à faire, donner au lecteur le portrait d'un homme complexe et simple à la fois, dans une langue délicieuse et toujours vive. Gageons qu'il parviendra à rendre un peu de lumière à Berl, qui ne mérite pas d'être oublié."



Un excellent essai biographique, d'une prose délicieuse, en effet.





"Car il n'aspire nullement à agir, à jouir d'un quelconque pouvoir sur les choses et les hommes.

Ce n'est pas sa tasse de thé. Qui est de réfléchir sur les choses et les hommes.

Comme et quand il l'entend."


Lien : https://christianwery.blogsp..
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Le Paris retrouvé de Marcel Proust

Raczymow Henri – Le Paris retrouvé de Marcel Proust – Parigramme, 2005 (ISBN 2-84096-416-3) – format 21x17cm – 199p.



Autant le préciser d’emblée, ce modeste ouvrage n’apportera pas grand-chose à un «proustien» chevronné.

L’auteur s’est attaché à inventorier les lieux parisiens évoqués dans la «Recherche» et/ou évoquant la vie de Marcel Proust. Il les présente dans un ordre géographique (et non chronologique), tentant par ce biais de dégager en quelque sorte les cercles familiaux ou sociaux dont l’œuvre proustienne est peuplée.

Malencontreusement, l’auteur ne dégage pas l’une ou l’autre caractéristique des lieux (Noms de pays – le Nom…) mais se lance dans une longue énumération des personnages rattachés à tel ou tel endroit, le tout devenant rapidement indigeste, et inexploitable puisque l’ouvrage est dépourvu de tout index.

L’iconographie est abondante, bien choisie, incluant quasiment tous les «classiques» iconographiques bien connus sur le sujet, mais le format limité ne permet que des reproductions de qualité fort modeste.



La conclusion rappelle le constat de Roland Barthes : les lieux proustiens ne se laissent pas réduire à de «simples» lieux réels, ils condensent, fondent plusieurs strates disparates. Il eut été intéressant de tenter de rendre compte de ce phénomène, à l’heure où l’on se targue de «réalité augmentée»…



Dernière précision : sans que l’éditeur ne le précise le moins du monde, ce livre publié en 2005, n’est qu’un médiocre re-habillage de l’ouvrage «Le Paris littéraire et intime de Marcel Proust» qui avait été publié en 1997 : le texte est inchangé, seule l’iconographie a été plus ou moins modifiée (autre disposition, quelques illustrations ajoutées ou retirées) et sa restitution à l’impression malheureusement nettement dégradée : ce procédé est à la limite de la malhonnêteté…







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Elle chantait Ramona

Je viens de terminer ce merveilleux petit livre et j'en suis encore toute retournée.

Tout ce petit peuple juif immigré, dur au travail, simple, à la fois attaché à son histoire et désirant être plus Français que les Français a bien disparu.

Cette phrase que prononce souvent Anna "Est-ce que c'est bon pour nous ?", exprime bien cette sourde inquiétude de devoir un jour ou l'autre reprendre son balluchon et repartir encore...

Le quartier de Belleville qu'il évoque, je le connais, j'habite à proximité. Quel gâchis architectural et humain... Je sais que certains immeubles étaient de véritables masures (il faut "lire" le livre de photographies "Je me souviens du 20e arrondissement" de Clément Lépidis), mais nombreux sont ceux qui auraient pu être conservés, d'autant que les nouvelles constructions sont d'une rare laideur.

A se demander si le thème des concours architecturaux étaient : entasser le plus de gens possible dans des HLM tellement hideuses qu'elles en deviennent avilissantes ? (le modèle absolu étant la Place des Fêtes).

A noter qu'une grande portion de la rue Denoyez est en train d'être détruite pour un futur de supermarché Carrefour et (encore) des logements sociaux.

J'ai pratiquement l'âge de l'auteur et tout son roman (?), d'une profonde mélancolie me touche profondément.

Cette sensation de n'avoir plus personne avec qui parler du passé familial, d'être en tête de la chaîne familiale, je ne l'avais jamais ressentie avec autant d'acuité qu'en lisant les dernières pages de "Elle chantait Ramona".

Ah ! J'oubliais ! L'humour discret de ce texte, un vrai plaisir !
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«Notre cher Marcel est mort ce soir»

Très récemment j'ai lu un texte de David Bosc qui explique "qu'il y a sans doute un peu de ruse à choisir un grand personnage, une figure de l'Histoire, pour ne parler en définitive que de ce nous aimons chez le premier venu". C'est un peu ce qui se passe avec ce livre d'Henri Raczymow dont je découvre ainsi les écrits pour la première fois. Notre cher Marcel est mort ce soir relève de ce que l'on appelle une fiction biographique, qui décrit avec soin et de nombreux détails - et un certain humour -, les derniers mois de Proust, comme l'avaient fait avant lui Jean Echenoz et son excellent Ravel, ou David Bosc et sa Claire Fontaine, nous éclairant lui sur les dernières années de Courbet en Suisse Romande. C'est donc un Proust souffrant que l'auteur nous dépeint, un écrivain fatigué, hanté par son œuvre, maniaque aussi, qui fustige son éditeur, Gaston Gallimard, car on ne trouve pas son livre en devanture des librairies, jalouse les ventes supérieures d'autres auteurs de la NFR, entretient un jeune amant insupportable, et, surtout, un Proust qui a une peur désarmante de ne pas pouvoir finir son grand livre à temps... alors oui, ça sent la poussière et la sueur de l'homme malade, ça tousse et ça râle dans ce petit livre, Henri Raczymow ne choisit pas de rendre Proust plus proche de nous bien qu'il nous fasse pénétrer dans l'intimité de sa chambre et la cathédrale de son esprit, non, il nous le rend comme il est : une véritable icône littéraire, et c'est bien.
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Mélancolie d'Emmanuel Berl

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Sachs

On peut dire que c'est le livre idéal pour découvrir ce personnage énigmatique. En effet ce cahier de L'Herne nous permet d'avoir une meilleure connaissance de la personnalité de Maurice Sachs, par de nombreux témoignages, lettres, et autres documents. Même si par moment cela peut-être un peu lassant de lire et relire cette vie mouvementée, il y a toujours une nouveauté ou une autre vision qui enrichissent la lecture.



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Mélancolie d'Emmanuel Berl

« Mélancolie d’Emmanuel Berl » donne à découvrir un intellectuel particulièrement controversé. Cette biographie remarquée d’Henri Raczymow tente une approche assez déconcertante de l’indiscernable Emmanuel Berl. Est-il de gauche ou de droite ? Est-il surréaliste ou pétainiste ? Est-il un dilettante par la force des choses ou un dandy pleinement assumé ? Aime-t-il ou bien joue-t-il avec les femmes, les trois Suzanne, en particulier celle qu’on retrouve dans son roman « Sylvia » ?

Il fréquente les milieux littéraires et mondains de l’époque, rend visite à Marcel Proust et entretient des échanges avec Breton, Aragon, Malraux, Drieu la Rochelle, et d’autres. Qui est cet homme aux multiples facettes ? Il reste pour moi indiscernable même si cette biographie a bousculé ma curiosité; je lirai donc Berl sans hésitation et avec moins de préjugés.
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Sachs

Quelle étude !!!! Pour qui veut découvrir cet écrivain, sa vie, c’est l’ouvrage incontournable !! Une somme conséquente de témoignages, d’études, de correspondances, d’analyses croisées, c’est véritablement un cahier complet et extrêmement bien documenté. Peut-on n’avoir aucun sens moral tout en étant attachant ? Il semblerait que oui. Un écrivain pas assez reconnu pour son œuvre littéraire. Grand chroniqueur de l’entre deux guerres qui, a travers la présentation de sa vie propre -et vraiment corrompue- décrit les milieux intellectuels, artistiques puis collaborationnistes de ces années, folles puis noires.
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Sachs

Voilà une livraison de L’Herne courageuse, originale et indispensable à tout amateur de littérature surtout s’il s’intéresse à la période de l’entre-deux-guerres.



De quoi s’agit-il, ou plutôt de qui s’agit-il ? D’un ouvrage sur un écrivain maudit, sulfureux par ses ouvrages et surtout par sa vie contractée sur moins de quarante ans de 1906 à 1945 ,vie marquée par des trahisons multiples ,une existence de dandy rêvant de vivre dans le luxe ce qui n’était possible qu’au prix de vols ,(de manuscrits et de tableaux),de marché noir ,de combines de tous ordres. Encore fallait-il, qu’il fut intégré dans le milieu artistique et parisien comme il le fut dès l’âge de 18 ans , après une jeunesse difficile (départ du père alors qu’il avait six ans, mère non aimante rapidement remariée),et compliquée par une homosexualité affichée, une judéité dure à porter ,une certaine paresse…Cette vie hors du commun, romanesque qui tient de la légende ne fut possible que grâce à un pouvoir de séduction incroyable qui l’a amené à rencontrer Jean Cocteau (dont il fut le secrétaire à défaut d’être un nouveau Radiguet),Jacques et Raïssa Maritain (qui le convertirent au catholicisme au point qu’il rentra au séminaire à l’âge de vingt ans mais n’y resta pas…), André Gide dont il fit le portrait et qui le fit rentrer chez Gallimard avec l’aide de Jean Paulhan pour diriger une collection (catholique !!) ,Max Jacob (qui tint le double rôle de père et d’ « Aimé ») ,le couple Castaing qui l’introduisit à l’art moderne ,le psychiatre René Allendy qui débuta pour lui une psychanalyse ,et Violette Leduc avec laquelle il vécut ,non sans avoir eu de nombreux amants et s’être marié à la fille d’un pasteur presbytérien…,en même temps qu’il trahissait tous ceux qui l’avaient aidé ,et volaient les uns et les autres .Les choses se sont bien sûr aggravés pendant la guerre, avec départ en Allemagne, trafics multiples, dénonciations, collaboration directe avec la Gestapo et finalement emprisonnement à Hambourg et mort dans des conditions dramatiques (abattu par un SS).



Un personnage sulfureux donc et dont l’intérêt que lui portent ces cahiers tient au fait qu’il fut un écrivain de talent : chaque phrase est un coup de révolver (une dizaine d’ouvrages dont beaucoup posthumes :Alias, Chasse à courre, Sabbat ,Abracadabra…)et surtout un témoin privilégié des Années Folles (Au temps du bœuf sur le toit ,Tableau des mœurs de ce temps) .

La coordination de l’ouvrage collectif est du à celui qui a écrit il y a quelques années sa biographie : Henri Raczymow, et qui nous donne envie de mieux connaitre les écrits de Sachs avec l’absence de jugement sur l’homme, et en multipliant les points de vue par le choix des collaborateurs ou des articles ou extraits de livres de ses contemporains comme Roger Nimier, Roger Stéphane, Jacques Brenner, Claude Mauriac. , avec des textes de Sachs ou des lettres inédites. Parmi les textes on lira avec intérêt un texte de Patrick Modiano dont les romans (Place de l’Etoile en particulier) reproduisent l’atmosphère trouble de l’Occupation, avec des allusions directes à Maurice Sachs.



Au total, presqu’une cinquantaine de contributeurs, parfaitement coordonnés, répartis en douze chapitres pour faire sortir de l’ombre avec le recul d’un éclairage sans parti pris ,une œuvre, méconnue, autant qu’une époque qu’elle illustre et dont on aurait voulu que l’auteur ne fut que personnage de roman, tellement sa vie fut scandaleuse.



C’est pour ces raisons que ces Cahiers de l’Herne , consacrés à Maurice Sachs nous proposent bien une nouvelle livraison courageuse, originale et indispensable à tout amateur de littérature.
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Ulysse ou Colomb : Notes sur l'amour de la ..

"Tout écrivain est d'abord un lecteur. Henri Raczymow ne déroge pas à cette règle. Comment exister, trouver sa place dans le catalogue de ces noms auréolés de gloire qui vous on fait rêver depuis l'enfance ? Où va-t-on quand on commence à écrire ? Est-ce qu'on le sait, comme Ulysse, dont le but du voyage -rejoindre Ithaque- est avoué depuis le départ ? Ou est-ce que, comme Colomb, on croit le savoir même si le lieu on on arrive n'est pas celui qu'on avait prévu de rejoindre ? Et d'ailleurs, pourquoi écrit-on ?" (4ème de couverture)



En voilà des question qu'elles sont bonnes. Et Henri Raczymow de s'y coller avec finesse, intelligence, modestie et un peu d'humour. Il en appelle aux plus grands noms : Sénèque, Proust, Chateaubriand, Dieu -qui n'est pas écrivain, mais bon, il est important quand même dans la littérature-, Kafka, son ami Nadaud -ah, quel beau livre que Le passage du col-, Freud, Sartre, Barthes...



S'il est un intellectuel qui réfléchit, qui a beaucoup lu les classiques, qui a une grande culture, il ne l'étale point ce qui est bien agréable pour le lecteur que je suis qui, jamais ne se sent perdu ou méprisé. Son livre est d'un abord simple et j'ai pu entrer dans les doutes, les interrogations de l'écrivain, parfois dans les arcanes du monde du livre et de l'édition, à coup de petite anecdote. Henri Raczymow, sans illusion ni récrimination n'est pas très élogieux sur celui-ci ni sur les écrivains obligés de se prêter au jeu de l'interviouve : "Imagine-t'on Montaigne, Racine, Voltaire, à qui l'on demanderait ce qu'ils pensent respectivement de l'amitié, de la passion, de la tolérance ? -Mais lisez-moi si vous voulez vraiment le savoir !" (p.75)



Il y a de rares livres qu'on aime à citer abondamment, qu'on conseille de lire et que je me plairais à citer quasiment en entier tant ils m'ont plu, sont intelligents et fins et apportent quelque chose : un peu de culture, de matière à réfléchir, de manière de voir l'écrivain différemment, ce qui pour un lecteur curieux est intéressant. Lorsqu'en plus l'écriture est élégante, de cette élégance discrète et permanente qui est, sans forcer, sans effets, le livre devient l'un de ceux que l'on garde pour le relire. Ulysse ou Colomb est l'un de ceux-ci.
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Le Paris littéraire et intime de Marcel Proust

Raczymow Henri – Le Paris littéraire et intime de Marcel Proust – Parigramme, 1997 (ISBN 2-84096-065-6) – format 24x23cm – 120p.



Autant le préciser d’emblée, ce modeste ouvrage n’apportera pas grand-chose à un «proustien» chevronné.

L’auteur s’est attaché à inventorier les lieux parisiens évoqués dans la «Recherche» et/ou évoquant la vie de Marcel Proust. Il les présente dans un ordre géographique (et non chronologique), tentant par ce biais de dégager en quelque sorte les cercles familiaux ou sociaux dont l’œuvre proustienne est peuplée.



Malencontreusement, l’auteur ne dégage pas l’une ou l’autre caractéristique des lieux mais se lance dans une longue énumération des personnages rattachés à tel ou tel endroit, le tout devenant rapidement indigeste, et inexploitable puisque l’ouvrage est dépourvu de tout index.

L’iconographie est abondante, bien choisie, incluant quasiment tous les «classiques» iconographiques bien connus sur le sujet : l’impression est de bonne qualité.



La conclusion rappelle le constat de Roland Barthes : les lieux proustiens ne se laissent pas réduire «simples» lieux réels, ils condensent, fondent plusieurs strates disparates. Il eut été intéressant de tenter de rendre compte de ce phénomène, à l’heure où l’on se targue de «réalité augmentée»…



Dernière précision : ce livre a été re-publié en 2005 dans une version dégradée sous le titre «Le Paris retrouvé de Marcel Proust» : le texte est inchangé, seule l’iconographie a été plus ou moins modifiée (autre disposition, quelques illustrations ajoutées ou retirées) et nettement moins bien reproduite…

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Eretz

Eretz contient deux histoires: celle du frère parti vivre en Israël, dans un kibboutz, de 1967 à 1972, et cele d'Henri, l'auteur, qui part en Israël, à Tel Aviv, pour deux ou trois mois, en 2009, pour écrire son livre Eretz.

Et là on peut dire que j'ai voyagé avec eux. Bon le mien de voyage c'était dans les années 90, mais il décrit bien Tel Aviv tel que je l'ai vu (plage, Jaffa, décontraction, dynamisme...)

Les passages sur le frère persuadé d'avoir fait le bon choix en étant parti vivre en Israël sont passionnantes, puis ses doutes sur le bien fondé de certaines actions envers des villages palestiniens en tant que soldat, puis son retour en France et son changement radical de position envers Israël....Wouah!

Il y a tout un tas de réflexions de l'auteur sur Israël, ses Juifs ultra-orthodoxes, Jérusalem...

C'était un bon voyage!
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Dix jours

Un livre que j'ai emprunté par hasard, il m'intéressait car il était sur la Pologne. Mais le lire a été affligeant : l'écrivain passe son temps à se plaindre et à gémir.

Il sort des absurdités et faussetés aberrantes (par exemple : "Varsovie, en cette fin de juillet, était une vile minérale. Tout avait la texture d'une ville saharienne. Aucune grâce latine, le catholicisme n'y fait rien" - Je précise que je ne prends position pour aucune de ces deux religions judéo-chrétiennes mentionnées dans le livre) .

C'est insupportable et sans intérêt !! Comme le sujet de son livre, d'ailleurs, qui n'est pas la Pologne, mais ce qui s'y est produit.

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Une saison avec Luce

« Un charabia comme je n’en avais pas lu depuis longtemps. » (page 118) À force de lire, par hasard et non nécessité, des textes dont je ne sais pas à quelle sous-classe de la « littérature » ils appartiennent, l’impression d’avoir lu Proust sans l’avoir lu m’envahit ; Proust restant l’auteur-étalon pour une multitude d’auteur.rice.s ; Proust dont on peut parler, évoquer le style, les phrases à tiroirs ou ellipsoïdes, en connaissant seulement l’incipit d’un de ses textes comme on connaît le nom du plus haut sommet du Monde, ce qui nous permet de gloser sur l’Himalaya sans avoir dépassé le bout de la rue du village perché où l’on n’habite pas. Henri Raczymow a probablement lu Proust, cela ne l’empêche de nous servir un brouet amoureux en enfilant tranquillement tous les clichés du genre dont le premier sur les seins ronds et fermes de Luce - heureusement que Christian Oster ou Marie-Hélène Lafon existent pour nous parler autrement et subtilement de cet attribut féminin qui obsède tant les mecs, pas les hommes, les mecs. Henri Raczymow est loin de nous écrire « une histoire d’amour incarnée et bouleversante », il nous afflige d’un texte pathétique et ronronnant comme seuls les mecs sont capables d’en produire – des textes qui occuperont le millième du quart de la moitié du tiers d’un nano-strapontin dans l’amphithéâtre de la littérature à moins que le pilon ne s’occupe d’eux avant. Peut-être qu’Henri Raczymow a trop écouté, fredonné, Michèle Torr, grandissime autrice-compositrice-interprète dont on espère ardemment la panthéonisation.
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Songe à la douceur

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