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Citation de enjie77


Page 152 - Ebauche de l'Assommoir


Rentré à Paris le 4 octobre 1875, Zola écrit à Paul Alexis : "Dès le lendemain de mon arrivée, j'ai dû me mettre en campagne pour mon roman, chercher un quartier, visiter des ouvriers". Certes, il a connu lui-même des coins pauvres de la capitale, mais les logis minables où il a vécu dans sa jeunesse sont ceux de la bohème estudiantine, non ceux de la population ouvrière, livrée à l'ignorance, à la fatigue et à l'ivrognerie. Déjà, dans Germinie Lacerteux, les Goncourt se sont demandés si "le peuple doit rester sous le coup de l'interdit littéraire". Décidé à relever le gant, Zola parcourt, un carnet à la main, le secteur de la rue de la Goutte-d'Or et de la rue des Poissonniers (bd Barbès). Bourgeois des Batignolles égaré chez les sauvages, il prend des croquis, décrit avec minutie l'aspect des maisons, des boutiques, remarque au passage une femme en cheveux qui boitille, une ceinture rouge autour des reins d'un ouvrier, une envolée de blanchisseuses hors d'un atelier à la vitrine garnie de bonnets de dentelle pendus sur des fils de laiton. Dévoré de curiosité, il entre chez un mastroquet, observe les consommateurs avachis, l'œil terne, la lippe baveuse, hume l'odeur de la vinasse et ressort avec la sensation d'avoir passé toute son existence dans ce lieu de perdition et de veulerie. Il lui faut plus de courage, sans doute, pour s'aventurer dans un lavoir, peuplé de femmes dépoitraillées et suantes qui s'interpellent grossièrement et battent le linge dans un nuage de vapeur. Mais, là aussi, il note tout : les réservoirs de zinc, les baquets d'eau chaude, les barres à égoutter, le prix de l'eau de javel (deux sous le litre) et celui de l'eau de lessive (un sou le seau). Quand il regagne son coquet pavillon des Batignolles, après ces randonnées hallucinantes au pays de la mouise, il se replonge avec un regain d'intérêt dans Le Sublime de Denis Poulot, ouvrage où l'auteur, analysant le sort des travailleurs, préconise la création de syndicats pour s'opposer aux patrons.



Page 157 - En réponse à ses détracteurs :


Pourtant si vous désirez connaître la leçon qui, d'elle-même, sortira de l'Assommoir, je la formulerai à peu près en ces termes : instruisez l'ouvrier pour le moraliser, dégagez le de la misère où il vit, combattez l'entassement et la promiscuité des faubourgs où l'air s'épaissit et s'empeste, surtout empêchez l'ivrognerie qui décime le peuple en tuant l'intelligence et le corps".
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