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Citation de Isabelio


Certes, ce n'est que quelques années plus tard que je devais découvrir ce paradoxe bien celte, énoncé par mon frère celte Bernard Shaw : Les gens intelligents s'adaptent à la nature, les imbéciles cherchent à adapter à eux la nature, c'est pourquoi ce qu'.on appelle le progrès est l'oeuvre des imbéciles.
Je ne voudrais pas exagérer mes mérites d'adolescent mystique et imaginatif, mais vrai, tout naïf que j'étais, je vis avec une grande netteté se dessiner le monde de l'avenir, celui qui, tout compte fait, j'allais hélas être obligé de me farcir Oui da ! dans ma petite tête de potache, petit-fils de pedzouille et pedzouille moi-même, j'ai pensé : " Si on continue à donner aux rigoureux minus, aux laborieux tripatouilleurs de formules, aux prétentieux négociateurs d'intégrales, le pas sur les humanistes, les artistes, les dilettantes, les zélateurs du bon vouloir et du cousu main, la vie des hommes va devenir impossible ! "
Et je ne croyais pas si bien dire ! Mais, qui, à l'époque, ne m'eût pas considéré comme un plaisantin ?
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Le professeur bâillait bleu, blet d'admiration. Moi, je trouvais çà affreux et bougrement inquiétant.
Il était là, devant le tableau, et vous torturait les X et les Y, vous les mélangeait, vous les pressurait, vous les triturait, vous les superposait, vous les intervertissait, et selon qu'il leur donnait une valeur égale, supérieure ou inférieur à zéro, la courbe qu'il dessinait, je ne sais trop pourquoi, montait ou descendant sur l'échelle des abscisses. C'était effroyable !
Ce vide prétentieux, ce néant stérile et compliqué a duré vingt minutes et j'ai alors pensé : " Si on laisse ce gars-l en liberté dans la nature, eh bien, la nature est foutue, et nous avec ! "
Je ne croyais pas si bien dire ; il est devenu ingénieur bien entendu et il s'est mis dans le crâne de concevoir de dangereuse âneries, comme ces barrages qui ont noyé je ne sais combien de villages, de maisons, de jardins, de vergers où avaient vécu cent générations de paisibles sous-développés. Sa dernière trouvaille a été l'installation sur la mer de plates-formes flottantes pour perforer le fond de l'océan et y faire gicler le pétrole. Eh bien, pour gicler, on peut dire qu'il a giclé, son pétrole. Il y a maintenant au moment où je raconte, une grande tâche grasse sur la mer du Nord et jusque sur les côtes de la Norvège et je ne sais pas trop où ; c'est à pleine benne qu'on y ramasse les maquereaux et les dorades crevées, le ventre en l'air ! Et ce n'est que le commencement !
Vrai, on a fusillé et guillotiné des charretées de gens qui n'en avaient pas tant fait !
Je vous le demande, n'eût-il pas mieux valu raisonnablement neutraliser, en temps voulu, les futurs inventeurs de la mitrailleuse, comme le suggérait ma bonne grand-mère, et à plus forte raison les artisans de la fission de l'atome ou même du moteur à explosion ? Quelle économie d'atrocités aurait-on faite !...
.../...
Non, vraiment, l'on ne peut pas dire que nous n'étions pas prévenus !
Mai où diable vont m'entraîner ma haine des mathématiques et mon goût pour billebauder ?
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