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Citation de enkidu_


La « mort de Dieu » devait avoir son contrecoup fatal. Nous assistons à ce que Nicolas Berdiaev, doué lui aussi d’un don « prophétique » mais accompagné en outre d’un diagnostic exact, a nommé justement « l’autodestruction de l’humanisme ». Nous sommes en train de vérifier expérimentalement que « là où il n’y a pas de Dieu, il n’y a point d’homme non plus ».

Que sont en effet devenues les hautes ambitions de cet humanisme, non seulement dans les faits, mais dans la pensée même de ses adeptes ? Qu’est devenu l’homme de cet humanisme athée ? Un être que l’on ose à peine encore appeler « être ». Une chose qui n’a plus de dedans, une celle toute entière immergée dans une masse en devenir. « Homme social-et-historique », dont il ne reste rien qu’une pure abstraction en dehors des rapports sociaux et de la situation dans la durée par quoi il se définit. Il n'y a donc plus en lui ni fixité ni profondeur. Qu’on n’y cherche donc pas quelque retraite inviolable, qu’on n’y prétende pas découvrir quelque valeur imposant à tous le respect. Rien n’empêche de l’utiliser comme un matériel ou comme un outil, que ce soit en vue de préparer quelque société future, ou d’assurer dans le présent même la domination d’un groupe privilégié. Rien n’empêche même de le rejeter comme inutilisable. Il se laisse concevoir d’ailleurs sur des types forts différents, voire opposés, selon que prédomine par exemple un système d’explication biologique ou économique, ou selon que l’on croit ou non à un sens et à une fin de l’histoire humaine.

Mais sous ses diversités l’on retrouve toujours le même caractère fondamental, ou plutôt l’on constate la même absence. Cet homme est, à la lettre, dissous. Que ce soit au nom du mythe ou au nom de la dialectique, perdant la vérité, il se perd lui-même. En réalité, il n’y a plus d’homme, parce qu’il n’y a plus rien qui dépasse l’homme. (pp. 50-51)
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