Citations de Henriette Major (19)
À quoi ça sert un poème ?
À quoi ça sert un poème ?
Ça sert à jouer des mots
Comme on joue de la guitare,
De la flute ou du piano.
Ça sert à faire savoir
Qu'on est gai ou qu'on est triste,
Ou bien d'humeur fantaisiste.
Ça remplace quelques larmes,
Ça fait rire ou ça désarme
Ça sert à parler de soi,
Ou bien de n'importe quoi.
C'est un voyage intérieur,
Un moyen d'ouvrir son cœur.
À quoi ça sert, un poème ?
Au fond, ça ne sert à rien,
Mais ça rend la vie plus belle,
Comme un tour de magicien,
Un sourire, un arc-en-ciel.
À quoi ça sert un poème ?
Ça sert à dire « je t'aime ».
A quoi ça sert un poème? Au fond, ça ne sert à rien, mais ça rend la vie plus belle, comme un tour de magicien, un sourire, un arc-en-ciel.
Dans la lune
Ce qu'on est bien
quand on est dans la lune !
Les autres peuvent bien crier,
on ne les entend pas.
Il peut bien pleuvoir ou neiger,
on ne le saura pas.
On est ailleurs
où personne ne nous voit.
On est ailleurs
dans son ailleurs à soi.
Le pays des mots
C’est le pays des mots.
On y trouve des mots doux
comme nounours et toutou,
et aussi des mots brillants
comme vers luisants,
et des mots mouillés
comme rivière ou rosée,
et des mots en couleur
comme arc-en-ciel et bonheur,
et des mots en or comme bijou et trésor.
On y trouve tant de mots,
une vraie forêt de mots
qui permettent de nommer
tout ce qu’on trouve sur la terre.
Ce pays, c’est le dictionnaire.
Le monde intérieur
Il existe un pays
dont toi seul as la clé.
C’est ton monde intérieur,
ton monde secret.
Tu peux y entrer
ou en sortir
à ton gré.
Tu peux aussi y inviter
quelqu’un
quelquefois.
Quand vient la nuit, c'est l'heure douce où sur la mousse les fleurs se font un lit.
Chaque soir, ragent des tempêtes dans la grande mer de mon bain. Pendant que je fais la trempette, je rêve que je suis marin. Du bateau, je saute et je nage parmi les bulles de savon. Je ramasse des coquillages à cheval sur un grand poisson. Plein de méduses et de baleines viennent se mêler à mes jeux. Les grosses vagues nous entraînent vers les grands fonds silencieux. Soudain, arrivent des pirates ; Ils me lancent des pièces d'or. Ils m'embarquent sur leur frégate et m'amènent à l'île au trésor. Mais j'entends la voix de ma mère : "Vas-tu sortir de la baignoire?" J'éponge toute l'eau par terre et puis j'enfile mon peignoir.
Le pays des enfants rois
Dans ce pays,
tous les enfants sont rois
ou reines.
Ils portent tous une couronne
et des habits dorés,
et les grandes personnes
courent de-ci de-là,
pour combler leurs moindres désirs,
Le grand problème :
il y a trop de rois
et de reines
et pas assez de serviteurs.
Quand je dis "bleu" j'entends un violoncelle et je sens une odeur de pluie.
Ça sent la colle, et le papier, et la poussière de craie. Ça sent l'école.
Ça sent la laine mouillée, les pommes à moitié croquées et les biscuits sucrés. Ça sent l'école.
Ça sent la gomme à mâcher et le shampoing pour bébés, et la boue sur les souliers. Ça sent l'école.
Et ces odeurs emmêlées ont le don de me pousser à rire ou à pleurer.
Dans la lune
Ce qu’on est bien
quand on est dans la lune!
Les autre peuvent bien crier,
on ne les entend pas.
Il peut bien pleuvoir ou neiger,
on ne le saura pas.
On est ailleurs
où personne ne nous voit.
On est ailleurs
dans son monde à soi.
Le pays de l’arc-en-ciel
En grimpant à un arc-en-ciel,
j’ai changé sept fois de couleur.
Du violet à l’indigo,
du bleu au vert,
du jaune au rouge,
et du rouge à l’orangé,
j’en ai vu
de toutes les couleurs
au pays de l’arc-en-ciel.
Le pays des lettres
Au pays des lettres,
le e était muet,
mais il n’allait pas le rester,
car on allait lui ajouter
un accent grave ou aigu
ou circonflexe.
Ma Normandie
Quand tout renaît à l'espérance,
Et que l'hiver fuit loin de nous,
Sous le beau ciel de notre France,
Quand le soleil revient plus doux,
Quand la nature est reverdie,
Quand l'hirondelle est de retour,
J'aime à revoir ma Normandie !
C'est le pays qui m'a donné le jour.
J'ai vu les champs de l'Helvétie,
Et ses chalets et ses glaciers ;
J'ai vu le ciel de l'Italie,
Et Venise et ses gondoliers.
En saluant chaque patrie,
Je me disais : aucun séjour
N'est plus beau que ma Normandie !
C'est le pays qui m'a donné le jour.
Il est un âge dans la vie,
Où chaque rêve doit finir,
Un âge où l'âme recueillie
A besoin de se souvenir.
Lorsque ma muse refroidie
Aura fini ses chants d'amour,
J'irai revoir ma Normandie !
C'est le pays qui m'a donné le jour.
Voyages
Je veux aller à Tombouctou,
à Inukjuak ou à Moscou.
Pourquoi pas à Chibougamau
ou bien à Zihuatanejo?
J’aime les villes exotiques
et les endroits pas touristiques.
Je suis une touriste
plutôt fantaisiste.
Le pays du rêve
C’est un pays
où l’on croit être
alors qu’on n’y est pas.
Dans ce pays,
tout peut arriver :
on peut flotter,
on peut voler,
on peut rencontrer
des anges et des monstres.
C’est le pays du rêve
qui disparaît quand on s’éveille.
Les îles
Il y en a tant et tant
parsemées sur les océans!
Elles sont Vierges
ou Sous-le-Vent
ou Marquises
ou au trésor.
Mais une île,
on en a vite fait le tour.
Je préfère les continents,
ces îles de géants.
J'ai une peine au bord du coeur, une peine grise comme un nuage de pluie, une peine amère comme un citron vert, une peine qui sent les feuilles mortes. Elle est glacée à me donner des frissons. Et, quand elle soupire, je crois entendre la sirène d'un bateau dans la brume.
Le monde à l’envers
Et si le ciel était la mer
et les nuages des poissons?
Il pleuvrait des coquillages,
il neigerait des galets
et les parapluies
seraient en acier.