Henry Chancellor

Tom ferma la porte, bouillant de colère.
-Vous auriez dû le sauver! explosa-t-il. Pourquoi n'avez-vous rien fait?
-Je ne pouvais pas, Tom.
-Ce n'est pas vrai! Vous le savez très bien!
Auguste lui jeta un regard noir.
-As-tu pensé à ce qui arriverait si tout le monde était au courant? répliqua-t-il d'un ton sec. La mort, le hasard et le destin font partie de la vie. On ne peut pas changer les lois de la nature.
-Vous utilisez bien votre potion sur les spécimens du musée! Où est la différence?
-C'est pour créer un bel effet, pour le plaisir des yeux! Ils ne sont pas vivants, puisque c'est moi qui les fabrique. Ce sont des fils métalliques, du bois et du papier journal. Des pantins, Tom. Ils ne vivent pas, ils ne sont pas réels!
-Le chiot était réel, lui, et les anguilles aussi!
-D'accord, d'accord, s'impatienta Auguste, qui semblait avoir oublié ce qui c'était passé quelques heures plus tôt. Mais ce sont...de petits animaux. Et ils sont peut-être morts àl'heure qu'il est, qu'est-ce qu'on en sait?
-Je suis sûr qu'ils vivent encore, protesta Tom, indigné.
IL avait de bonnes raisons de le croire. Mais, malgré toute sa colère, il n'arrivait pas à se décider à lui raconter ce qu'il savait.
-En outre, reprit Auguste d'une voix fatiguée, comment savoir si ma potion agit sur un être humain? Imagine que l'expérience tourne mal?
-Si vous n'essayez pas, vous ne le saurez jamais...