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4.38/5 (sur 121 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Paris , le 14/04/1903
Mort(e) à : Paris , le 07/10/1978
Biographie :

Henry Corbin est un philosophe, traducteur et orientaliste français.

Attaché à l'Institut français d'Istanbul (1939 à 1945), il est chargé de fonder le département d'iranologie à l'Institut français de Téhéran. Il y fonde la "Bibliothèque iranienne" où seront publiés les classiques de cette tradition oubliée.

En 1954, il est nommé directeur d'études "Islamisme et religions de l'Arabie" à l'École pratique des hautes études. En 1974, il fonde un Centre international de recherche spirituelle comparée à l'Université Saint-Jean de Jérusalem où se rencontrent des spécialistes des trois religions abrahamiques.

De 1949 à 1976 il participe aux rencontres annuelles du cercle d'Eranos où il présentera 24 conférences. C'est à l'occasion de ces rencontres annuelles qu'il élaborait sa philosophie.

Franc-maçon, initié dans le Rite écossais rectifié, il était membre d'une loge de la Grande Loge nationale française à Saint-Germain-en-Laye.

Il est l'un des rares philosophes à traiter de l'islam iranien en général et de la gnose chiite en particulier.

Corbin a traduit, interprété et édité quelques-uns des classiques de cette tradition, dont les grands noms tels que Sohrawardi, Molla Sadra Shirazi, Rûzbehân Baqlî Shîrâzî et aussi le soufi Ibn Arabi et son disciple chiite Haydar Amoli, élargissent peu à peu un horizon philosophique lui aussi en voie de mondialisation.

En 1933, il épouse Stella Leenhardt (1910-2003) "qui devient la compagne et collaboratrice inséparable de toute son œuvre".
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Qu'Est-ce que le chiisme, par Henry Corbin.


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Une telle conception, qui remonte sans doute au passé le plus lointain de l'Iran, n'est pas aussi étrangère qu'on pourrait le croire à notre tradition spirituelle.Corbin fait remarquer qu'on en retrouve les traces dans un courant souterrain qui parcourt notre histoire, des Cathares néo-manichéens à Novalis, en passant par Jacob Boehme.Qu'est-ce que l'"Ange" en effet, sinon le monde vrai de l'homme, sa Nature Parfaite qui l'attend, mais dont la permanence céleste, acquise déjà, continûment le porte et soutient au temps de son exil?L'"Ange" est, au fond, son essence accomplie.
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Dans la doctrine sohravardienne de l'Ishrâq, l'"Ange" est le double céleste de la Psyché terrestre.Etre de Lumière qui la fonde dans sa réalité d'âme, l'"Ange" est le Principe transcendant de son individualité.Il la transcende certes, mais d'une manière qui, loin de mettre en péril cette individualité, pour ainsi dire se consomme en elle.Le destin de l'homme est unique et voué à l'Unique.Mais à un unique qui n'est bien tel que pour chacun.Du même coup, à la formule pour nous traditionnelle de: l'homme et son âme, il convient, nous dit Corbin, de substituer celle plus riche et ontologique, de: l'homme et son Ange.
Elle affirme, au niveau du destin, non la juxtaposition de deux réalités distinctes ou la résorption éventuelle de l'une dans l'autre au sein de l'union mystique ou dans la mort, mais bien le mystère ontologique de Deux, qui restent pourtant Deux, en un Unique.
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"Tout n'est que cendre et poussière, tout, sauf le Temple à l'intérieur de nous.Il est à nous, avec nous dans les siècles des siècles."
Vladimir Maximov
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L'âme humaine est venue d'ailleurs.Bien des traditions l'enseignent, depuis Platon.Mais alors que, pour le platonisme, l'âme s'est en quelque sorte enlisée dans l'exil de la chair, "il y a, nous rappelle Corbin, un type de descente de l'âme, disons gnostico-iranien, tel que cette descente résulte du dédoublement, de la déchirure d'un Tout primordial".En s'engageant dans la chair, elle s'est pour un temps seulement séparée de son "Ange".Part intégrante, comme âme, d'un "Tout dyadique" qui la commande au plus intime, elle est, dès ici-bas, en réference constante à son Double céleste.C'est lui qu'elle doit rejoindre à la mort.Mais qu'elle peut aussi perdre à jamais si, durant sa vie terrestre, elle a été infidèle à ce compagnonnage permanent avec cette autre moitié d'elle-même, qui seule peut lui rendre un jour son unité perdue.
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Le tawhîd théologique pose et présuppose Dieu comme étant d'ores et déjà un étant, Ens supremum. Or, le mot tawhîd est un causatif ; il signifie faire-un, faire devenir un, unifier. Il va de soi que pour le monothéisme abstrait qui consiste à s'exprimer sur le concept de Dieu, l'unité de celui-ci ne peut être envisagée comme résultant ontologiquement du tawhîd de l'homme.

Celui-ci est une attestation de l'Unité, non pas l'acte de l'Unifique se faisant soi-même Un dans chaque Un. Cette « unificience » entre en oeuvre avec et par le tawhîd ontologique : il n'y a dans l'être (dans l'Acte-être) que Dieu (laysa fî'l-wojûd siwâ Allâh). Ce qui ne veut pas du tout dire qu'il n'y a pas comme étant (mawjûd) que Dieu.

Cette confusion déjà dénoncée ici est si funeste que Haydar Âmolî n'hésite pas à dire en termes lapidaires : le tawhîd c'est affirmer l'être (wojûd, l'Acte-être), et c'est nier l'étant. Ce n'est pas nier que l'étant soit l'étant. C'est nier que le tawhîd professe l'Unité d'un étant, car il professe l'unité de l'être, de l'Acte-être.
(...)
Dès lors nous comprenons toute la portée de déclarations lapidaires comme celles de Haydar Âmolî : Celui-là qui contemple le Divin (al-Haqq) en même temps que le Créaturel (al-Khalq), c'est-à-dire l'Un en même temps que le Multiple, et réciproquement, sans qu'aucun des deux ne lui voile l'autre, celui-là, oui, est un unitarien, un théomoniste authentique, au sens vrai (mowahhid haqîqî).

En revanche, quiconque contemple le Divin sans contempler le créaturel, l'Unique sans le Multiple, celui-là atteste peut-être l'unité de l'Essence sans plus, mais n'est pas quelqu'un qui intègre la totalité, quelqu'un en qui s'accomplit en acte cette intégration. (p. 20 & 22)
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Le symbole n'est pas un signe artificiellement construit; il éclôt spontanément dans l'âme pour annoncer quelque chose qui ne peut pas être exprimé autrement; il est l'unique expression du symbolisé comme d'une réalité qui devient ainsi transparente à l'âme, mais qui en elle-même transcende toute expression. L'allégorie est une figuration plus ou moins artificielle de généralités ou d'abstractions qui sont parfaitement connaissables ou exprimables par d'autres voies.Pénétrer le sens d'un symbole n'équivaut nullement à le rendre superflu ni à l'abolir, car il reste toujours la seule expression du signifié avec lequel il symbolise. On ne peut jamais prétendre l'avoir dépassé une fois pour toutes, à moins précisément de le dégrader en allégorie, d'en fournir des équivalences rationnelles, générales et abstraites.
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Frères de la Vérité ! Dépouillez-vous de votre peau comme se désquame le serpent. Cheminez comme chemine la fourmi, sans que personne n’entende le bruit de ses pas. Soyez comme le scorpion qui porte toujours son arme au bout de sa queue, car c’est par-derrière que le démon cherche à surprendre l’homme. Absorbez du poison, afin de vous maintenir en vie. Aimez la mort, afin de rester des vivants. Soyez toujours en vol ; ne vous choisissez pas de nid déterminé, car c’est au nid que l’on capture tous les oiseaux. Si vous n’avez pas d’ailes, dérobez, procurez-vous des ailes par ruse, s’il le faut, car le meilleur des éclaireurs c’est ce qui a la force de prendre de l’envol. Soyez comme l’autruche qui avale des pierres brûlantes. Soyez comme les vautours qui engloutissent les os les plus durs. Soyez comme la salamandre qui se laisse envelopper par le feu avec aisance et confiance. Soyez comme les chauves-souris qui ne sortent jamais pendant le jour ; oui, la chauve-souris est le meilleur des oiseaux.

Frères de la Vérité ! le plus vaillant c’est celui qui ose affronter son lendemain ; le plus lâche, c’est celui qui reste en retard sur sa propre perfection. (citation d'Avicenne, p. 233)
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Il nous faut revenir ici à la distinction, pour nous fondamentale, entre allégorie et symbole: la première est une opération rationnelle, n'impliquant de passage ni à un nouveau plan de l'être, ni à une nouvelle profondeur de conscience, de ce qui peut être déjà fort bien connu d'une autre manière. Le symbole annonce un autre plan de conscience que l'évidence rationnelle; il est le "chiffre" d'un mystère, le seul moyen de dire ce qui ne peut être appréhendé autrement; il n'est jamais "expliqué" une fois pour toutes, mais toujours à déchiffrer de nouveau, de même qu'une partition musicale n'est jamais déchiffrée une fois pour toutes, mais appelle une exécution toujours nouvelle;"
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Le ta'wîl des textes suppose le ta'wîl de l'âme: l'âme ne peut ramener, faire revenir le texte à sa vérité, que si elle revient elle-même à sa vérité (haqîqat), ce qui implique pour elle une sortie hors des évidences imposées, hors du monde des apparences et des métaphores, de l'exil et de l'"Occident".
Réciproquement l'âme prend le départ, accomplit le ta'wîl de son être vrai, en prenant appui sur un texte -texte d'un d'un livre ou texte cosmique- que son effort va conduire à une transmutation, promouvoir au rang d'Evénement réel, mais intérieur et psychique.
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Ce que l'on a voulu pricipalement montrer ici, c'est une aptitude caractéristique de ce que certains désigneront comme le génie iranien, d'autres comme la vocation imprescriptible de l'âme iranienne : une aptitude éminemment à édifier un système philosophique du monde, sans que soit jamais perdue de vue la réalisation spirituelle personnelle en laquelle doit fructifier la méditation philsophique, et faute de laquelle la philosophie n'est qu'un jeu stérile de l'esprit. Aptitude, par conséquent, à conjoindre la recherche philosophique et l'expérience mystique ; le refus de les dissocier donne à l'une et à l'autre un caractère si spécifique, qu'il faut déplorer que cette philosophie iranienne, irano-islamique, ait été jusqu'ici absente de nos histoires de la philosophie. Cette absence a appauvri, amputé, notre connaissance de l'homme. Depuis plus d'un millénaire, notamment encore et surtout au cours des quatre derniers siècles, la production des philosophes et spirituels de l'Iran a été considérable. Leurs problèmes recroisent ceux de nos philosophes, mais en y apportant, le plus souvent, des points de vue et des réponses que les vicissitudes des polémiques ont fait tenir à l'écart en Occident. Et pourtant cette voix iranienne est à peine parvenue à se faire entendre hors des frontières de l'Iran, si bien qu'aujourd'hui les Iraniens n'ont pas toujours conscience que leur culture traditionnelle peut recéler un message pour l'humanité actuelle, et voient encore moins comment "actualiser" ce message.
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