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Citation de enkidu_


Cette précellence du Féminin-créateur comme épiphanie de la Beauté divine va s’exprimer en paradoxes admirables : elle sera perçue au plan métaphysique de la naissance éternelle des êtres, comme au plan de la seconde naissance, celle qui modelant l’être du mystique selon cette Image précellente, fait éclore en lui le suprême secret de sa vie spirituelle. Il arrive qu’Ibn ‘Arabî s’empare de simples faits lexicologiques ou grammaticaux, qui ne sont point pour lui d’inoffensives questions de langage, mais décèle une réalité métaphysique supérieure, pour les mettre en œuvre avec les ressources d’une philologie qui est très personnelle, déroutante peut-être pour le philologue, mais d’autant plus apte à percevoir les symboles. Il observe, par exemple, que dans un hadîth rapporté du Prophète, le conformisme grammatical subit une grave atteinte : contrairement à une règle d’accord fondamentale, le féminin, dans la phrase, l’emporte sur le masculin. Cela devient le point de départ de remarques qui seront encore amplifiées par les commentateurs. Ibn ‘Arabî relève qu’en arabe tous les termes qui marquent l’origine et la cause sont du féminin. On peut donc admettre que si la phrase, telle qu’elle est attribuée au Prophète, est grammaticalement incorrecte, c’est qu’en revanche le Prophète a voulu suggérer que le Féminin est l’origine de toutes choses. Aussi bien tout ce qui est origine et source d’une chose, est-il désigné en arabe par le nom Omm, « mère ». Et c’est là, par excellence, le cas où un fait de lexique dévoile une réalité métaphysique supérieure.
(…)
Ce que visent ces considérations spéculatives, Ibn ‘Arabî le condense ainsi : « Quelle que soit la doctrine philosophique à laquelle on adhère, on constate, dès que l’on spécule sur l’origine et la cause, l’antériorité et la préséance du Féminin. Le Masculin est placé entre deux Féminins : Adam est placé entre l’Essence divine (dhât al-Haqq) dont il procède, et Eve qui procède de lui. » (pp. 182-184)
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