Je ne me souviens pas du laps de temps ni des années durant lesquels je suis resté à la mission de Notre-Dame-de-la-Miséricorde, mais à un certain moment de la dernière année de mon séjour, on m'a conduit plusieurs fois chez le médecin pour des examens. À la deuxième visite, il m'a dit que mon cœur n'était pas au bon endroit.
Où aurait-il dû se trouver ? Dans mon ventre ? Et cependant je n'ai alors reçu aucun médicament, aucun traitement, quel qu'il soit. Et pourtant son cabinet puait affreusement le médicament.
Je l'ignorais à l'époque mais je comprends aujourd'hui qu'on m'amenait chez le médecin pour savoir si j'étais vraiment faible d'esprit ou fou.
1er janvier 1971. J'ai passé un très pauvre Noël de rien. Jamais eu un bon Noël de toute ma vie, ni un bon nouvel-an... Je suis très amer mais heureusement pas plein de rancune, ce que je devrait ressentir vu comme je suis...
(Dernière entrée de son journal, 25 mois avant sa mort.)