AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Henry Fielding (22)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Histoire de Tom Jones

Aussi roboratif qu'un Steak and kidney pie, le très volumineux roman de Fielding nous conte les affres désordonnées des amours d'un bâtard et de la fille d'un riche propriétaire terrien.



Sous la croûte dorée de la tourte -style irréprochable et narration magistrale- se dissimule un feuilleton picaresque englué trop souvent dans la sauce épaisse de parabases bavardes et de digressions philosophiques excessives. Autant la verdeur compacte de Joseph Andrews m'avait conquis, autant la plantureuse geste de Tom Jones m'est fréquemment tombée des mains. Heureusement la viande fade de ce récit, somme toute attendu avec ses coups de théâtres prévisibles et ses péripéties classiques, est relevée par la rognonnade d'un humour délicieusement licencieux.



Construit en trois parties symétriques, ce roman d'apprentissage nous conte l'ascension, la chute et la rédemption d'un Apollon rustique, honnête homme et candide fouteur, qui, victime de médisances et de cruels coups du sort, ne devra son salut qu'à l'imprescriptible happy end des récits moraux du XVIIIe siècle. Violemment épris de la délicieuse Sophie Western, Tom Jones se voit soumis, avant de pouvoir l'épouser, à de terribles épreuves : bannissement, emprisonnement, misère et maltraitance... Il se perd souvent dans les sentiers d'une fatalité tenace mais grâce à sa jolie gueule et à des arguments plus équivoques ce gigolo par ingénuité parvient à retrouver son chemin. Trousseur de rustiques jupons ou dénicheur d'élégants corsages, le tumescent éphèbe ne s'encombre d'aucun préjugé et accueille avec bonhomie les hommages des plus fraîches comme des plus mûres.



Souvent cocasse, toujours goguenard, Fielding -un Diderot à la mint sauce- met en scène une ribambelle de personnages (le squire rustaud, le philosophe libre penseur, le détestable cagot, l'hypocrite fielleux, l'aristocrate débauchée, la domestique versatile ou la fripouille invétérée) avec alacrité mais ses créatures demeurent des types et ne parviennent que rarement à exister. Tom Jones, lui-même, est figé dans une limpidité décevante ; ses actes et ses discours ne cherchent jamais à abuser le lecteur et ses faux pas n'entament en rien sa mièvrerie. Quant à la prude et assommante Sophie, on la rêverait en Justine !



Engoncé dans les contraintes de l'époque, l'auteur "dépoivre" son écriture au risque d'adopter un ton de prédicant -ce qu'il n'évite pas toujours- et s'il amuse, il exaspère également par sa dilection pour le convenable et la morale. C'est le pendant littéraire d'Hogarth : le rire se dilue dans l'édifiant.



Heureusement, le regard malicieux que Fielding pose sur son œuvre en train de se faire avec ses apostrophes au lecteur, le réalisme ironique de ses portraits et la théâtralisation revendiquée de son intrigue constitue ce qui a le mieux vieilli dans ce classique de la littérature anglaise et parvient à réjouir encore. On y subodore déjà le génie à venir d'un Dickens...



Appétissant donc mais indigeste !
Lien : https://lavieerrante.over-bl..
Commenter  J’apprécie          111
Histoire de Tom Jones

Ce roman a été publié pour la première fois en 1749; mon exemplaire (en anglais) compte 801 pages (avant les notes). Il suit la vie et les aventures de Tom Jones à partir du moment où il se retrouve dans le lit du Squire Allworthy lequel est aussi choqué que n'importe lequel d'entre nous qui se trouverair dans la même situation.

Mais Allworthy est généreux, il l'adopte et Tom (c'est le nom qu'il lui a donné) grandit aux côtés du neveu d'Allworthy, Maître Blifil. Tom est généreux, altruiste, très beau et insouciant. Il est plutôt naïf et très impulsif, poussé par ses passions, à tel point qu' Allworthy le bannit. S'n suivent alors des péripéties aussi variées que drôles, je ne vais oas refaire le livre ici...

Fielding est un tel connaisseur de la nature humaine, qu' à travers ses personnages – bien qu'ils aient vécu il y a près de trois siècles – nous nous rendons compte que la nature fondamentale des hommes est toujours la même, et cela apparait d'autant plus clairement que tout est traité avec un humour exceptionnellement fin.



(Re)plongez dans ces pages;

elles vous feront pardonner à la littérature ce que auteurs et éditeurs nous proposent trop souvent...
Lien : http://holophernes.over-blog..
Commenter  J’apprécie          113
Histoire de Tom Jones

Monsieur Allworthy, gentilhomme, va recueillir Tom Jones qu'il trouve un jour abandonné sur son lit.

Nous voila parti pour plus de 1000 pages à suivre Tom Jones. Il est très beau, va tomber amoureux de Sophie, ne s'entendra pas avec son cousin, sera imprudent, aura grand cœur. C'est insolent, sarcastique et Fielding a un regard satirique sur son époque.

Alors, pourquoi avoir abandonné à la 200 ème pages, me direz vous ? Parce que c'est long trop long et malgré les sourires, le procédé est toujours le même. On voit, on nous emmène l'auteur.

Je suis, bien sûr, allé lire les dernières pages et ne fut pas étonnée de la chute

Je ne conteste pas que c'est un roman intéressant, révélateur d'une époque et avec une plume acérée mais je n'aime pas m'ennuyer.
Commenter  J’apprécie          92
Histoire de Tom Jones

Combien de lecteurs, s'ils sont honnêtes, ont découvert certains des plus grands romans à travers le cinéma ou la télévision ? Gatsby ? Orgueil et préjugés ? Le patient anglais ? Dr Jivago ? Le film tiré de ce roman est remarquable.

Tom Jones aurait pu être fait pour l'écran. Peu importe ses nombreux chapitres et son casting grouillant d'inadaptés et de scélérats, le personnage central est un jeune homme séduisant et débridé, au tempérament féroce et à la sexualité débridée, qui poursuit le véritable amour à travers la Grande-Bretagne contemporaine dans une séquence d'aventures scandaleuses et hilarantes. Publié au milieu du XVIIIe siècle, Tom Jones est un roman anglais classique qui reflète l'esprit de son époque et dont les personnages célèbres - Squire Western, l'aumônier Thwackum, l'intrigante Blifil, la séduisante Molly Seagrim et Sophia, le véritable amour de Tom - sont venus représenter la société augustéenne dans toute sa variété loquace, turbulente, comique.

Le secret de Tom Jones était d'être intimement lié à son public contemporain. Dans les années 1740, le roman anglais attirait de nouveaux types de lecteurs et, à leur tour, de nouveaux types d'écrivains. Non seulement il y a eu une explosion de la presse écrite et un public de la classe moyenne en plein essor, mais il y avait des romanciers innovants pour qui ce nouveau genre populaire offrait la perspective d'une vie décente.

Henry Fielding était typique de cette nouvelle génération. Né en 1707, c'était un homme tout à fait du XVIIIe siècle. Avec une éducation classique à Eton, des relations familiales et une belle carrière dans le droit (on lui attribue la pose des fondations de la police métropolitaine), mais il s'est tourné vers la fiction pour financer un style de vie extravagant.

Avec le recul, le roman anglais est un nouveau champ d'imagination évident pour son imaginaire, mais c'est la rivalité littéraire qui le pousse, à l'âge mûr, sur la voie de la fiction. En 1740, Pamela de Samuel Richardson, l'histoire d'une jeune femme qui devient une grande dame et trouve le vrai bonheur en défendant sa chasteté, était la sensation londonienne de la saison, un des premiers best-sellers. La réponse de Fielding à Pamela était compliquée. Il en admira le succès, méprisa sa moralisation sentencieuse et l'attaqua dans une parodie anonyme, Shamela (1741). Profitant de la compétition avec Richardson, Fielding a ensuite terminé son premier roman, Joseph Andrews (1742), qui a commencé comme une autre parodie de Pamela avant de trouver sa propre voix narrative. Après ces débuts, Fielding a commencé à travailler sur son chef-d'œuvre, L'histoire de Tom Jones, un enfant trouvé.

Pour Coleridge, ce long roman était, avec Oedipe Roi, l'une des intrigues les plus parfaites jamais planifiées. C'était aussi très original et profondément comique. Fielding a rompu avec la technique épistolaire de Richardson. Ce conte picaresque engageant sur les aventures de Tom, un bâtard plein d'entrain, fougueux à travers l'Angleterre, a été un succès instantané, se vendant à quelque 10 000 exemplaires à une époque où la population de Londres n'était que d'environ 700 000.

Un critique conservateur a dénoncé Tom Jones comme "une histoire hétéroclite de bâtardisme, de fornication et d'adultère", ce qui n'a pas pu nuire aux ventes. Samuel Johnson, plus mesuré, pensait que de tels romans étaient une distraction dangereuse "pour les jeunes, les ignorants et les oisifs…", offrant simplement "le divertissement des esprits démunis d'idées". Cependant, pour le meilleur ou pour le pire, ce public de masse représentait l'avenir du genre et a inspiré le credo d'ouverture de Fielding, qui était de fournir "un divertissement" à la consommation publique. "L'auteur", écrit-il dans son premier chapitre, doit fournir "un divertissement mental", où "toutes les personnes sont les bienvenues pour leur argent".

Vous avez vu le film?

Vous l'avez aimé...

(re)lisez le livre...
Lien : http://holophernes.over-blog..
Commenter  J’apprécie          80
Histoire de Tom Jones

"Tom Jones possède tous les éléments que j'essaie de réunir dans mes propres livres. C'est à la fois drôle, chaleureux, satirique voire même parfois expérimental, bien que l'intrigue & les personnages sont si forts qu'on ne s'en rend pas compte. Tom Jones reste pour moi un roman idéal, une perfection qu' il me reste encore à atteindre."

Jonathan Coe
Commenter  J’apprécie          81
Histoire de Tom Jones

J'ai voulu lire "Tom Jones" (1749) parce que c'est un grand classique anglais. Je ne me doutais pas que j'allais un peu peiner. Après de longues semaines passées sur ce roman, plusieurs arrêts en cours de lecture, quelques moments où j'ai hésité à poursuivre, des tâtonnements dans ma manière de lire pour essayer tout de même d'aller jusqu'au bout… j'ai enfin terminé, et je me dis que j'ai bien fait de persévérer.



Certes, mille pages, c'est long quand le narrateur prend ses aises et avances à pas de tortue; certes, l'humour a changé en deux siècles, de même que les moeurs, et il faut un certain intérêt historique et littéraire pour apprécier aujourd'hui bien des traits, bien des réflexions que propose ce roman. Mais comme je suis un lecteur débonnaire (en particulier face à tout livre qui a vaillamment passé les siècles sans tomber aux oubliettes comme la plupart de ses camarades), je m'efforce toujours d'accepter les règles internes à une oeuvre dans l'espoir d'en goûter le plus possible la saveur. S'agissant de "Tom Jones", une fois les règles comprises et acceptées, le plaisir a été grand: plaisir, d'abord, face à un narrateur omniprésent, qui, comme d'autres à son époque, joue avec son propre rôle pour interroger les liens entre fiction et réalité, instance narrative et événements racontés. Mais ce n'est pas le plus important. Le grand plaisir est venu du souffle de liberté morale que respirent ces pages: Fielding crée un héros jeune et beau entraîné vers les femmes par la force de son désir. Sa liberté sexuelle souffre peu d'entraves, mais la pureté de son amour pour la seule femme qui occupe son coeur n'est jamais remise en cause. Au contraire d'autres héros de romans de la même époque, notamment français, il joue avec son corps mais ne joue pas avec son coeur, et en cela, ne peut être taxé de libertinage, ce que ne manquent pourtant pas de faire – on s'en doute – son entourage et le monde, faussement prudes. C'est là, il me semble, le propos essentiel de "Tom Jones": la vertu n'est pas là où l'on pense, le vice n'est pas ce que le monde en dit; cela – c'est important – y compris dans la vie sexuelle: notamment, on peut rester fidèle à l'être aimé tout en laissant une certaine marge à son désir pour d'autres. La question n'est toujours pas réglée, parlez-en avec vos amis! Bien sûr, on lit un roman du XVIIIe siècle: Fielding n'outrepasse pas certaines limites. Mais ses réflexions placées en tête de chacun des livres qui constituent le roman ou au fil de l'histoire disent clairement sa posture morale dégagée des convenances, sa morale de précurseur, et son affection pour son ardent héros ressort à chaque page du livre.



Ainsi, la liberté de ton réjouissante (accompagnée parfois d'une certaine verdeur du langage), la sympathie qu'on éprouve pour Tom et Sophie, sa dulcinée, la drôlerie de certaines scènes et dialogues, des personnages hauts en couleurs (Partridge, Lady Bellaston), ont fini par l'emporter sur les longueurs. Et puis, dès que l'action se transporte à Londres, tout va plus vite, tout s'enchaîne, et l'on avance vers la fin avec de plus en plus de curiosité.



Un mot encore sur la traduction de Francis Ledoux, décriée dans une des rares critiques portant sur ce livre, sur Babelio: on y trouve en effet des phrases étrangement tournées, voire non terminées. Mais il me semble que la critique en question va bien trop loin. Je suis très exigeant sur la langue, un style négligé peut m'horripiler: rien de tout cela dans cette traduction, agréable, et lue, de surcroît, sur le beau papier crème d'une Pléiade imprimée dans les années soixante.
Commenter  J’apprécie          63
Joseph Andrews

Dans Joseph Andrews, Fielding a joué le personnage principal en tant que frère de Pamela Andrews, l'héroïne du roman de Richardson. Décrit sur la page de titre comme « Écrit à l'imitation de Cervantes, auteur de Don Quichotte », Joseph Andrews commence comme une parodie de Pamela, mais cette intention du roman devient vite secondaire et se transforme en un chef-d'œuvre d'ironie et de critique sociale. Au centre se trouve Parson Adams, l'une des grandes figures comiques de la littérature. Joseph et le pasteur vivent une série d'aventures dans lesquelles ils parviennent à dénoncer l'hypocrisie et l'affectation des autres à travers leur propre innocence.
Commenter  J’apprécie          50
Histoire de Tom Jones

Tom Jones, comme son prédécesseur, Joseph Andrews, est construit autour d'une intrigue romantique. Squire Allworthy soupçonne que l'enfant qu'il adopte et nomme Tom Jones est l'enfant illégitime de sa servante Jenny Jones. Quand Tom est un jeune homme, il tombe amoureux de Sophia Western, sa belle et vertueuse voisine. Pour gagner la main de Sophia, de nombreux obstacles doivent être surmontés et, au cours de l'action, les différents personnages se poursuivent d'une partie du pays à l'autre, donnant à Fielding l'occasion de dresser un tableau incomparablement vivant de l'Angleterre. au milieu du XVIIIe siècle.



Tom Jones est avant tout un roman sur la morale. Cela montre comment les gens qui agissent selon de bons principes, en particulier ceux issus de la religion ou de la philosophie, se révèlent souvent être des hypocrites égoïstes. Ceux qui agissent sous de bonnes impulsions – en particulier Tom, Allworthy et Sophia – commettent souvent des erreurs et assument plus que leur part de responsabilité, mais sont en réalité leurs meilleurs sur le plan moral.



De plus, les choses ne sont souvent pas ce qu'elles paraissent dans Tom Jones, et les personnages sont régulièrement confondus avec d'autres personnes ou comme appartenant à des classes sociales différentes. Tom, dans un double rebondissement, apparaît gentleman tout au long du roman bien qu'il soit illégitime.
Commenter  J’apprécie          40
Joseph Andrews

"Ma patience est à bout, s'écria la dame ; a-t-on jamais entendu parler de la vertu d'un homme ?"



J'ai fort goûté ce roman pétillant où l'on suit les péripéties d'un Adonis encore puceau et de son directeur de conscience, un pasteur bien écervelé.



Fuyant Londres et ses périls (sa maîtresse, la bouillante Lady Booby, n'ayant pu le déniaiser, l'a chassé comme un malpropre), Joseph Andrews chemine -pedibus cum jambis ou en hitchhiking- vers sa paroisse natale accompagné de son encombrant compère. Son unique objectif étant de retrouver la mignonnette Fanny, une jeune laitière dont il est épris.



Prélude léger au Jacques le Fataliste de Diderot et à la Justine de Sade (au genre inversé, ici), ce bouillon de dentelle chaste et moraliste dissimule -avec une réjouissante hypocrisie, car pas plus Fielding que son lecteur ne sauraient être dupes- des échancrures galantes et d'amoureux appâts qui échauffent le désir...



Dans ce retour au bercail d'un jouvenceau au sang vif, les mésaventures se multiplient, les digressions s'affolent et le romancier anglais tortillonne le hasard plus qu'il n'est de raison. Saupoudrant son style de litotes, d'antiphrases et de frivoles polissonneries, Fielding nous enchante tout du long de ce cocasse périple. Son pasteur Adams patauge candidement dans la boue d'un monde cruel et dévoyé mais sa grandeur d'âme et sa foi inaltérables le préservent de toute souillure. De même la passion ingénue de ses deux tourtereaux sera plus forte que toutes les concupiscences que leur beauté suscitera.



Ce récit édifiant, mentholé d'ironie, offre le plus beau rôle à deux méchantes débauchées : une veuve enragée, l'impayable Lady Booby, que le désir taraude et qui balance entre ardeurs assouvies et réputation inaltérée et une dame de compagnie nymphomane, la réjouissante Mrs Slipslop. Leur conduite comme leurs propos sont des régals de méchanceté satisfaite.



Une excellente ale anglaise : gouleyante et sans amertume ! Cheers !
Lien : http://lavieerrante.over-blo..
Commenter  J’apprécie          40
Histoire de Tom Jones

OMG quel abominable régal que ce bouquin ! pourquoi "abominable", parce que maintenant à 75 ans, ça me fait un mal de chien de tenir un pavé de plus de 1000 pages dans mes mains ...mais je viens de voir qu'il existe en 2 tomes et je viens de le commander ...

et sinon, pourquoi "régal" ? parce que c'est véritablement un régal, un chef d'oeuvre d'humour, de philosophie, de bon sens ... je ne peux même pas dire à quel point j'admire cet auteur et je regrette vraiment de ne pas l'avoir connu plus tôt ! tous ceux qui aiment et admirent Jane Austen, Herman Melville, Henry James, etc. doivent se précipiter pour le lire ... de préférence en 2 tomes ! chef d'oeuvre absolu !

Commenter  J’apprécie          30
Jonathan Wild Le Grand

"(...) ces grands arts que le vulgaire nomme perfidie, dissimulation, fausses promesses, mensonge, fausseté, etc., mais que les grands hommes résument sous le nom collectif de politiques ou de Politique (...)"



En retraçant, en 1743, de façon humoristique la vie du grand malandrin Jonathan Wild (pendu quelques vingt ans auparavant), Fielding s'attaquait en fait à Sir Robert Walpole,1er Ministre du parti Whig, qu'il abhorrait. A moins d'être féru d'histoire anglaise, ce pamphlet résonne aujourd'hui avec moins d'ardeur que souhaitée.



Entièrement construit par antiphrases, le roman se révèle rapidement redondant et l'ironie mordicante de l'auteur fait long feu. Certes l'on sourit souvent à l'évocation de ce grand escogriffe de Wild, de ces amours putassières et de ses grossières entourloupes, mais à force d'allonger la sauce, Fielding nous sert un brouet quelque peu indigeste.



Heureusement sous la satire poignent de touchantes évocations du petit peuple de Londres (je pense à la famille Heartfree) qui sauvent l'ensemble de l'ennui.



Gentiment superflu.
Lien : http://lavieerrante.over-blo..
Commenter  J’apprécie          30
Histoire de Tom Jones

Grand classique de la littérature anglaise, ''Tome Jones'' est un récit d'apprentissage narrant l'histoire de ce jeune homme trouvé et élevé chez un riche et généreux gentilhomme de la campagne londonienne. Les péripéties sont nombreuses, mais en gros l'histoire va se diviser en trois parties: la première se passant à la campagne bourgeoise où Tom Jones grandit, la deuxième sur la route de Londres après le bannissement de Tom par son père adoptif et la troisième se passe à Londres. En dépit de toutes les aventures qui se passent dans ce livre, le fil rouge reste l'histoire d'amour impossible de Tom, jeune bâtard sans origine, et Sophie, fille d'un riche voisin et parée de toutes les vertus aussi bien intérieurs qu'extérieurs.



Fielding ne se contente pas de narrer l'histoire, mais il va à chaque début de livre (il y en a 18) écrire un chapitre d'introduction sur ses réflexions personnelles sur diverses thèmes, un peu à l'instar de Tolstoï ou Hugo. Mais ces chapitres sont courts et ne gênent donc pas vraiment, même si je m'en serais bien passé. Ceci mis à part, l'histoire se lit bien, l'intrigue sans être passionnante est tout de même intéressante et la plupart des personnages sont attrayants. Je dis la plupart car le personnage de Tom, donc le personnage central m'a semblé assez fade, et en dépit de tout l'amour qu'il inspire aux gens qu'il croise, j'avais parfois envie de le secouer.



A noter pour finir que comme c'est régulièrement le cas chez les éditions Folio, la préface m'a spoilé le plus gros de l'intrigue et des révélations finales, ce que je trouve assez déplorable, d'autant que les derniers chapitres sont riches en rebondissement qui pourraient être très agréables à découvrir si on ne lit donc pas la préface.
Commenter  J’apprécie          31
Histoire de Tom Jones

Les 8 février et 8 mars 1750, un an après la parution de Tom Jones, Londres fut touché par des tremblements de terre. Ces deux secousses, bien que de très faible magnitude, inquiétèrent fort une partie de la population. Certains habitants allèrent jusqu'à quitter la ville pour se réfugier à Slough, à une trentaine de kilomètres à l'ouest. La panique fut à son comble lorsque l'on apprit qu'un ange avait rendu visite à un cordonnier de Carnaby Market pour lui annoncer que le phénomène se reproduirait le 8 avril et que ce serait alors la fin du monde. Il fallait sans plus tarder trouver qui ou quoi avait bien pu provoquer la colère de Dieu. Un dimanche, Thomas Sherlock, évêque de Londres, monta en chaire à la Cathédrale Saint-Paul et, la voix emplie d'un courroux qui fit trembler vitraux et fidèles, il désigna le coupable :

« Dieu est en colère contre nous ! Vous êtes tous dépravés et il essaie de vous frapper pour avoir péché et lu ce livre que ce Henry Fielding a écrit et qui s'appelle Tom Jones ! »



J'en resterai là. Tom Jones, cet incontestable chef d'oeuvre qui changea à tout jamais la face de la littérature anglaise, n'a pas besoin de meilleure recommandation que celle de Monseigneur Thomas Sherlock.
Commenter  J’apprécie          31
Histoire de Tom Jones

Tom Jones est un très long roman - et, semble-t-il, un monument de la littérature anglaise - qui raconte les déboires d'un petit bâtard abandonné par sa mère dans le lit d'un gentilhomme bon, vertueux, généreux et tout ce qu'on peut imaginer comme qualités. En grandissant, Tom montre lui aussi de belles qualités mais personne ne semble les remarquer. Par contre, sa légèreté de moeurs fait grand bruit et, jointe à sa naissance infamante, elle semble lui interdire pour toujours de rêver d'une union avec la belle et sage Sophie Weston. Victime de manigances, Tom est chassé de la maison du gentilhomme, son père adoptif. Après bien des péripéties, il arrive à Londres où sa moralité et son amour vont être mis à rude épreuve.



L'histoire de Tom Jones elle-même n'est sans doute pas très originale mais elle est le prétexte à une étude de la nature humaine particulièrement complète et intéressante. Les personnages ne paraissent pas très réalistes mais dans leurs excès même - de bonté, de vertu, de perfidie ou de bassesse - ils montrent bien les différentes tendances de la nature humaine.

Par ailleurs, le style dégagé qu'emploie Fielding avec son lecteur est plutôt amusant : dès le début du roman, il le prévient qu'il entend faire autant de digressions qu'il voudra et, souvent, il refuse de raconter un épisode en prétendant qu'il ne sait pas ce qui s'est passé, ou passe sous silence une conversation qu'il suppose devoir être sans intérêt pour le lecteur, ou le prévient que les événements qu'il va raconter sont assez conséquents pour mériter de changer de chapitre. Fielding s'amuse et nous amuse tout en proposant une oeuvre pleine de bon sens et de réflexion, morale sans être trop moraliste.
Commenter  J’apprécie          30
Histoire de Tom Jones

Tom Jones est un roman picaresque (aujourd'hui on dirait un "road movie") truculent et jubilatoire, plein d'enseignements, écrit dans une langues riche et recherchée : on perçoit très bien que ce roman a pu inspirer Voltaire pour son Candide ou encore Scarron pour son "Roman Comique". Le héros, attachant malgré ses défauts, apprend sur lui et les autres, au fur et à mesure de son voyage initiatique et de ses rencontres
Commenter  J’apprécie          31
Histoire de Tom Jones

Fluide, mais... long, long, et long. Mais surtout incroyablement lent. Pourquoi raconter une scène en une phrase efficace, quand on peut en écrire vingt insignifiantes ? Quel farceur soporifique ce Fielding...
Commenter  J’apprécie          30
Histoire de Tom Jones

Nous parlons là d'un roman anglais, publié en 1749: à cette époque, le roman, en tant que genre littéraire, se cherchait encore, et Tom Jones fut une pierre décisive à cette construction. Sur près de 1000 pages (ce qui est toujours trop pour un livre), Fielding nous amène dans l'Angleterre des rois de la maison de Hanovre (Georges I, Georges II), l'Angleterre campagnarde et celle des villes, celle des paysans bornés et celle des citadins hypocrites. Ce texte est un enchantement: plein d'esprit, plaisant, riche, vivant. Le sympathique Tom, mal né (bébé trouvé par un respectable notable dans son lit....), devient un adolescent vif et sympathique, et un jeune homme aimable et courtisé .... malgré sa tare originelle. A cette époque, les pères décidaient du sort de leurs filles. Bien entendu, Tom n'avait pas le profil de la belle qu'il adorait, et qui pourtant le lui rendait bien. D'où des aventures à n'en plus finir, une véritable poursuite entre l'un et l'autre, les frasques du garçon qui ne sait résister aux plaisirs faciles rencontrés en route, et la rigueur intransigeante de la pure jeune fille qui ne peut pardonner. Tom, gentil mais imprudent et maladroit, paiera très cher sa légèreté. On le trouvera même en prison pour meurtre..... 50 pages avant la fin, on ne sait toujours pas si l'auteur nous fera le plaisir d'un happy end. Quelle histoire! Quel roman! Sa lecture est absolument indispensable à tous ceux qui aiment le genre, non pas, bien entendu, pour les histoires racontées, mais pour la façon dont on les raconte.
Commenter  J’apprécie          30
Histoire de Tom Jones

Un roman picaresque qui partage des similitudes avec d'autres oeuvres célèbres telles que "Gil Blas" et même "Don Quichotte de la Manche", du côté humour surtout. le style peut parfois sembler un peu pompeux et les digressions interminables, mais tout est équilibré par le ton satirique de l'auteur. Fielding s'adresse au lecteur tout en parsemant le récit d'allusions philosophiques et de dissertations sur des questions morales et religieuses.

L'intrigue de "Tom Jones" se tient solidement, prise dans son époque où le genre romanesque était encore en développement, avec de nombreux personnages de tous bords, chacun au profil bien net, mais il faut dire que la fin est un peu conventionnelle, tenant plus du conte, avec une diminution de l'humour dans les derniers chapitres, ce qui contraste avec le ton enjoué du récit."
Commenter  J’apprécie          20
Histoire de Tom Jones

Il me faudrait marquer d’une pierre blanche les lectures qui m’en ont appris un peu plus sur mes goûts en littérature, même si ceux-là ne font pas forcément partis de mes préférés. Tom Jones ? Si, c’est très bon, j’ai même adoré. On peut cependant remarquer que si Fielding fait à l’instar de Laurence Sterne des coupures dans son récit. Le premier semble le faire pour ménager des effets sur son lecteur, qui peuvent, par moments, paraître un peu faciles. Un peu comme un effet « cliffhanger » avant le nom. D’autres fois il se fiche assez facétieusement de son lecteur, comme dans le chapitre intitulé « Morceau de style liminaire » (Chapitre 1er, Livre XVII) qui m’a laissé abasourdis. Fielding est assez connu pour avoir intégré dans son roman des éléments de considérations générales sur la littérature. Il conçoit un mépris assez vif pour certains critiques de son époque (pour ne pas dire la plupart).



"Lecteur, nous sommes dans l’incapacité de savoir quel genre de personne tu es, car s’il est possible que tu sois aussi grand connaisseur de la nature humaine que Shakespeare lui-même, il l’est tout autant que tu sois aussi dépourvu de sagesse que certains de ses éditeurs. Pour le second cas, donc, nous croyons utile, avant d’aller plus loin ensemble, de te donner quelques avis salutaires, afin que tu ne nous interprètes pas de travers et que tu ne nous présentes pas sous un jour grossièrement faux, comme certains desdits éditeurs ont fait pour leur auteur.

Nous t’avertissons d’abord de ne condamner avec trop de hâte aucun des incidents de notre histoire, comme impertinent et étranger à notre but principal, du fait que tu ne conçois pas immédiatement de quelle façon pareil incident peut mener au but. On peut, en effet, considérer cet ouvrage comme une grande création faite par nous ; et qu’un petit reptile de critique se permette de trouver à redire à aucune des parties sans savoir comme le tout est relié et avant d’être arrivé à la catastrophe finale, est d’une présomption des plus absurdes. L’allusion et la métaphore dont nous venons d’user sont, il faut le reconnaître, infiniment trop puissantes pour la circonstance ; mais il n’en est, en vérité, pas d’autre qui permette d’exprimer la différence entre un auteur du premier rang et un critique du dernier."

(Chapitre 1er, Livre X)



Ce que l’on pourrait prendre pour du mépris – et qui n’en est pas réellement – s’étend aussi à l’ensemble de ses contemporains, toutes classes sociales confondues. Là, Fielding déploie son meilleur talent : l’ironie, un grotesque hilarant parcours les presque mille pages de son récit. Surtout au moment du périple de Tom Jones, accompagné de Partridge. Un grotesque qui semble tenir de Cervantès, et qui se manifeste de façon plus abondante chez Fielding. Fielding a également été une grande source d’inspiration pour rien de moins que Dickens et Thackeray, et l’on comprend pourquoi. L’ironie est parfois assez cruelle. L’un des chapitres (dont il y aurait beaucoup à dire aussi) a pour titre : « Recette pour regagner l’affection perdue d’une épouse, recette que l’on n’a jamais vu échouer, même dans les cas les plus désespérés. » Quand on pense que la recette en question consiste précisément à la mort de l’époux… ! Oui certes, parfois il est assez caricatural. Et le contraste frappe d’autant plus que les deux personnages principaux, Tom Jones et Sophie Western, sont des exemples de vertus que l’on aurait peine à croire possibles. Encore que Tom Jones… mais Sophie. Ce n’est peut-être pas étonnant quand on sait que le modèle de Sophie était Charlotte Craddock, l’épouse de Fielding, morte avant l’écriture de Tom Jones. L’amour de Tom Jones pour Sophie ressemble parfois à une dévotion très pure.



Mais ce qui m’a plu le plus, c’est d’avoir cette multitude de personnages qui semblent avoir leur vie propre. Comme autant de jouets aux petits mécanismes finement articulés par l’auteur, une comédie humaine aussi drôle que grave. Fielding verse dans la caricature, ces personnages en deviennent franchement adorables, il serait vite dit que Fielding méprise réellement ses contemporains. L’époque, par contre, c’est beaucoup moins évident : certains agissements, sont de l’ordre de la contrainte – vis-à-vis des femmes notamment – la plus violente, mais c’est assez choquant et assez triste de constater que cette image reflète encore la réalité d’aujourd’hui.



"Il se trouva (ce qui n’est pas très rare) que le guide qui s’était chargé de le conduire ne connaissait malheureusement pas la route ; aussi, ayant manqué le bon chemin en ayant honte de demander des renseignements, il fit et refit plusieurs fois la route jusqu’à ce que la nuit vînt et qu’il commençât à faire sombre. Jones, soupçonnant ce qui était arrivé, fit part de ses craintes au guide ; mais l’autre affirma qu’ils étaient sur la bonne route, ajoutant qu’il serait bien étrange qu’il ne connût pas la route de Bristol ; quoique, en réalité, il eût été beaucoup plus étrange qu’il la connût, n’y ayant jamais passé de sa vie."
Commenter  J’apprécie          20
Histoire de Tom Jones

Un roman foisonnant où nul n'est jamais ce que l'on croit qu'il est. Un chef d'oeuvre de la littérature anglaise.
Commenter  J’apprécie          20




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Henry Fielding (169)Voir plus

Quiz Voir plus

Monstres de la mythologie grecque

Je suis une créature hybride, mi-homme mi-cheval.

Le Minotaure
Le Centaure
La Cavale
La Manticore

12 questions
3420 lecteurs ont répondu
Thèmes : monstre , mythologie grecque , créatures mythologiques , mythologie , mythesCréer un quiz sur cet auteur

{* *}