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4.1/5 (sur 164 notes)

Nationalité : Autriche
Né(e) à : Vienne , le 01/11/1886
Mort(e) à : New Haven (Connecticut) , le 30/05/1951
Biographie :

Hermann Broch était un romancier, dramaturge et essayiste autrichien.

Hermann Broch naît dans une famille de la riche bourgeoisie juive industrielle de Vienne où son père possède une usine de textile. Hermann suit des études d'ingénieur textile qu'il finit en 1907. Il prend peu après la succession de son père à la tête de l'usine jusqu'en 1927.

Sans qu'il soit possible d'expliquer ses raisons, Broch abandonne la direction de l'usine familiale et suit à partir de 1928 des études de mathématiques, de philosophie et de psychologie.

En 1931, Broch se dirige vers le métier d'écrivain (il publie des textes dans des revues depuis les années 1910).

À l'âge de quarante-cinq ans, en 1931, Broch publie son premier roman, la trilogie "Les Somnambules". Il y développe une nouvelle forme de narration sur le thème prémonitoire du délabrement des valeurs de la société contemporaine à travers un tableau de l'Empire allemand durant le règne de Guillaume II de 1888 à 1918.

Broch s'intéresse aussi aux questions de philosophie liées à la culture, à l'apprentissage, aux savoirs et à la psychologie des masses, marqué par la montée en puissance des fascismes en Europe. Il est proche à cet égard de l'autre grand romancier viennois de l'époque, Robert Musil.

Les nazis annexent l'Autriche en 1938 et Broch est arrêté et emprisonné. Avec l'aide de son ami le romancier irlandais James Joyce (Broch est aussi un ami d'Aldous Huxley), il réussit à se faire libérer rapidement et à émigrer aux États-Unis. Son œuvre majeure, "La Mort de Virgile" fut publiée en premier aux États-Unis en 1945, dans une traduction anglaise, avant d'être publiée en allemand après la guerre.

Après avoir reçu un prix de la Fondation Rockefeller pour ses études sur la psychologie des masses, il obtient un poste de professeur honoraire à l'Université Yale en 1950 avant de mourir un an plus tard sans avoir achevé son travail sur "Le Tentateur".
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Citations et extraits (98) Voir plus Ajouter une citation
Cette époque, cette vie, qui se désagrègent, possèdent-elles encore une réalité ? Ma passivité augmente de jour en jour, non pas que je m'use au contact d'une réalité qui serait plus forte que moi, mais parce que partout je me heurte à l'irréel. J'ai absolument conscience que c'est seulement dans l'action que je dois rechercher le sens et l'éthique de ma vie, mais je devine que ce temps n'a plus de temps à consacrer à la seule activité véritable, à l'activité contemplative du philosophe. J'essaye de philosopher, mais où trouver la dignité de la connaissance ? Ne s'est-elle pas depuis longtemps éteinte, face à face avec l'évidence de la désagrégation de son objet ? La philosophie elle-même ne s'est-elle pas dégradée elle-même en vaines paroles ? Ce monde sans essence, monde sans stabilité, monde qui ne peut plus trouver ni conserver son équilibre que dans une vitesse accrue, a fait de son allure forcenée une pseudo-activité pour l'homme, afin de projeter celui-ci dans le néant ; — oh ! existe-t-il plus profonde résignation que celle d'une époque qui n'est plus capable de philosopher ? La méditation philosophique elle-même s'est transformée en un jeu esthétique, un jeu qui n'existe plus, elle s'est fourvoyée dans la rotation stérile des engrenages du mal, c'est une occupation pour bourgeois qui trompent l'ennui de leurs soirées : rien ne nous reste plus que le nombre, rien ne nous reste plus que la loi !

Chapitre LXXII.
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Dans cette anxiété souveraine qui s'empare de chaque homme au sortir de l'enfance, à l'heure où le pressentiment l'envahit qu'il faudra marcher seul, tous ponts coupés, au rendez-vous de sa mort sans modèle, dans cette extraordinaire anxiété qu'il faut bien déjà nommer un effroi divin, l'homme cherche un compagnon afin de s'avancer avec lui, la main dans la main, vers le porche obscur, et pour peu que l'expérience lui ait appris quel délice il y a sans conteste à coucher auprès de son semblable, le voici persuadé que cette très intime union des épidermes pourra durer jusqu'au cercueil. Aussi, quelque rebutantes que soient certaines apparences, car l'on opère entre deux draps de toile grossière et mal aérés ou parce que l'on peut croire qu'une fille ne considère peut-être dans l'homme que le moyen d'assurer ses vieux jours, qu'on veuille bien ne jamais oublier que tout membre de l'humanité, même s'il a le teint jaunâtre, même s'il est anguleux et petit et marqué en haut à gauche d'un défaut de dentition appelle de ses cris cet amour qui doit pour l'éternité le ravir à la mort, à une peur de la mort qui redescend chaque soir avec la nuit sur la créature dormant dans la solitude.
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Donnez-moi n'importe quel autre genre de saoulerie, une saoulerie nouvelle : peu importe que ce soit la morphine ou le patriotisme, ou le Communisme, ou n'importe quoi d'autre qui vous saoule complètement... donnez-moi quelque chose qui nous rende à tous notre sentiment de solidarité, et j'abandonnerai la boisson... du jour au lendemain.
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Voici la grande question : comment l'individu (...) peut-il concevoir l'idéologie et la réalité de la mort et s'y conformer ? On peut répondre que cela en tout cas n'est pas vrai pour la grande masse, et qu'elle y a seulement été contrainte : c'est peut-être exact en ce moment, où il existe une lassitude de la guerre, mais il y a eu et il y a, même encore aujourd'hui, un véritable enthousiasme pour la guerre et pour les armes à feu. On peut répondre que l'homme moyen dont la vie s'écoule entre la mangeoire et le lit ne possède en général aucune idéologie et qu'il était donc possible de le gagner sans difficulté pour l'idéologie de la haine.
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La prévalence du style architectural parmi les caractéristiques d'une époque est un des sujets les plus étranges. Après tout, quelle situation privilégiée tout à fait remarquable, les arts plastiques ont-ils reçue à l'intérieur de l'histoire ! Ils ne sont certainement qu'un très mince échantillon dans la foule des activités humaines dont une époque est remplie et, certainement même pas un échantillon très intellectuel, et cependant ils surpassent tous les domaines intellectuels en puissance caractéristique, ils surpassent la poésie, surpassent même la science, même la religion. Ce qui dure à travers les millénaires, c'est l'œuvre d'art plastique, elle reste l'indice de l'époque et de son style.
Cela ne peut pas tenir seulement à la durabilité des matériaux. Parmi les choses qui proviennent de ces derniers siècles, on a conservé du papier écrit, en masse, et cependant, toute statue gothique est plus " moyenâgeuse " que toute la littérature du Moyen Âge. Non, ce serait une très misérable explication ; si une explication est possible, il faut la trouver dans l'essence du concept même de " style ".
Car le style n'est certainement pas une chose qui se limite à la construction ou à l'art plastique : le style c'est quelque chose qui traverse de la même manière toutes les expressions vitales d'une époque. Il serait absurde de parler de l'artiste comme d'un être d'exception, de quelqu'un qui mène une existence particulière à l'intérieur du style et qui produit celui-ci, alors que les autres en sont exclus.
Non, s'il existe un style, toutes les expressions vitales en sont pénétrées. Le style d'une période est tout aussi présent dans sa pensée que dans toute action qui est implantée par les hommes de cette période. Et c'est seulement cette donnée, nécessairement telle, parce qu'il ne peut en être autrement, qui permet d'expliquer un fait surprenant : pourquoi ce sont précisément les actions qui se manifestent dans l'espace qui ont pris une signification si extraordinaire, une signification évidente, au vrai sens du mot.
Peut-être serait-il oiseux d'y réfléchir, si derrière ne se cachait pas le problème qui seul légitime toute philosophie : l'angoisse du néant, l'angoisse du temps qui conduit à la mort. Et peut-être toute cette inquiétude inspirée par la mauvaise architecture et qui fait que je me recroqueville dans mon logement, peut-être toute cette inquiétude n'est-elle rien d'autre que cette angoisse. Car, quoi que l'homme fasse, il le fait pour anéantir le temps, pour le supprimer, et cette suppression s'appelle l'espace. Même la musique, qui est uniquement dans le temps et qui remplit l'espace, transmue le temps en espace, et la théorie qui possède la plus grande vraisemblance, c'est que toute pensée s'accomplit dans l'espace, et que le processus de pensée représente un amalgame d'espaces logiques à multiples dimensions, indiciblement compliqués. Mais s'il en est ainsi, on peut également admettre que toutes ces manifestations qui se rapportent immédiatement à l'espace reçoivent en apanage une signification et une évidence sensible, qui n'appartiennent à aucune autre activité humaine. C'est ce qui éclaire également la signification particulière et symptomatique de l'ornement. Car l'ornement détaché de toute forme utilitaire, bien que celle-ci soit à l'origine de son développement, devient l'expression abstraite, la " formule " de toute la pensée spatiale, devient la formule du style lui-même, et, par là, la formule de toute l'époque et de sa vie.
Et c'est en cela que me semble résider cette signification, que je serais tenté de qualifier de magique, c'est par là, qu'il devient significatif qu'une époque complètement dévolue au trépas et à l'Enfer doive nécessairement vivre dans un style qui n'est plus capable de produire d'ornement.

Troisième partie : 1918, HUGUENAU OU LE RÉALISME : Chapitre XXIV, Dégradation des valeurs (3).
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Comme il approchait de Mannheim, l'idée le visita qu'Erna couchait très certainement avec le chaste Joseph. À vrai dire, c'était hors de doute, tellement évident que tout examen devenait superflu, non moins évident que le nez au milieu du visage ou les pieds avec lesquels on marche. Rien ni personne n'aurait pu l'en faire démordre : que voulez-vous qu'ils fassent ensemble, ces deux-là ? Or, il se trompait. En effet, quoique dans ce livre de la vie la table des matières soit assez vite parcourue et qu'il suffise de peu pour mettre d'accord deux personnes de sexes différents, il y existe pourtant un certain nombre de choses moins évidentes qu'on serait tenté de le croire.
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L'obscurité s'épaissit, les visages se firent plus imprécis, les rives pâlirent, le navire se fit plus imprécis, la voix seule subsista; elle devint plus claire, plus impérieuse comme si elle voulait conduire le navire et la cadence de ses rames, la voix conductrice d'un jeune esclave; mais déjà pourtant une voix dont on avait oublié l'origine, parce que ce n'était plus elle, mais la chanson qui reposant en elle-même était devenue un guide: car seul ce qui repose en soi-même est ouvert sur l'éternité et capable d'être un guide, car seul l'instant unique, tiré ou plutôt sauvé de l'écoulement des choses, s'ouvre sur l'infini, seul ce que l'ont tient vraiment, ne fût-ce qu'un instant unique dans l'océan des millions d'années, devient durée intemporelle, devient un chant qui oriente.
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Pour le marchand du Moyen Âge, le principe " les affaires sont les affaires " était sans valeur, la concurrence était pour lui quelque chose de prohibé, l'artiste du Moyen Âge ne connaissait pas " l'art pour l'art ", mais seulement le service de la foi, la guerre du Moyen Âge ne réclamait la dignité d'une cause absolue que lorsqu'elle était faite au service de la seule valeur absolue : au service de la foi. C'était un système total du monde reposant dans la foi, un système monde relevant de l'ordre des fins et non pas des causes, un monde entièrement fondé dans l'être et non dans le devenir, et sa structure sociale, son art, ses liens sociaux, bref toute sa charpente de valeurs étaient soumises à la valeur vitale de la foi, qui les comprenait toutes ; la foi était le point de plausibilité constituant l'aboutissement de toute chaîne de questions ; c'était elle qui, imprégnant la logique, lui conférait cette nuance spécifique et cette force de stylisation qui s'exprime sans cesse, tant que la foi demeure vivante, dans le style de l'époque et non seulement dans le style de la pensée.
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incipit :
"Bleu d'acier et légères, agitées par un imperceptible vent debout, les vagues de l'Adriatique avaient déferlé à la rencontre de l'escadre impériale lorsque celle-ci, ayant à sa gauche les collines aplaties de la côte de Calabre qui se rapprochaient peu à peu, cinglait vers le port de Brundisium, et maintenant que la solitude ensoleillée et pourtant si funèbre de la mer faisait place à la joie pacifique de l'activité humaine, maintenant que les flots doucement transfigurés par l'approche de la présence et de la demeure humaine la peuplaient de nombreux bateaux, - de ceux qui faisaient route également vers le port et de ceux qui venaient d'appareiller, - maintenant que les barques de pêche aux voiles brunes venaient de quitter, pour leur expédition nocturne, les petites jetées des nombreux villages et hameaux étendus le long des blanches plages, la mer était devenue presque aussi lisse qu'un miroir."
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«Es-tu venue, Plotia, pour réentendre le poème ?» Alors Plotia sourit, elle sourit très lentement : le sourire commença dans les yeux, glissa vers la peau des tempes, brillant d’un doux éclat, comme si les veines délicates qui se dessinaient sous la peau devaient aussi participer à ce sourire ; tout à fait imperceptiblement, le sourire s’étendit aux lèvres qui palpitaient comme sous un baiser, avant de s’ouvrir à lui, et de découvrir la frange des dents, la frange du squelette, la frange rocheuse et ivoirine de la mortalité dans l’existence humaine. Ainsi, le sourire persista et demeura sur son visage, sourire sur les rives de la mortalité, sourire sur les rives de l’éternité, et c’était le scintillement argenté et infini de la mer ensoleillée, qui devenait parole dans un sourire : «Je veux toujours rester près de toi ; sans fin».
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