L'Histoire, dans son principe même, parce qu'elle se fonde sur un récit, ne peut être que mensongère, au moins en partie, et source d'illusions.
D'un côté les faits, dont nous ne savons pas grand chose, dont beaucoup ont été oubliés ou même Jamais été connus, et de l'autre le récit que nous en faisons.
Mille milliards d'individus, peut-être, morts dans l'anonymat malgré la trace qu'ils auraient mérité de laisser, et quelques gens célèbres, sans davantage de mérite pour autant.
« De tant de milliasses de vaillants hommes qui sont morts depuis quinze cents ans en France les armes à la main, il n'y en a pas cent qui soient venus à notre connaissance » (II, 16)
Dira-t-on que l'imagination ne trompe que les esprits peu instruits et trop crédules ?
Ceux qui projettent sur le monde leurs désirs et leurs peurs ?
Il est vrai qu'il suffit, par exemple, à certains esprits puérils, d'entendre une voix dans un lieu supposé désert, pour qu'ils se persuadent d'avoir côtoyé un fantôme. Les préjugés sont d'autant plus forts que nous ne disposons pas des moyens de les corriger. Les croyances les moins rationnelles ne peuvent donc être combattues sans formation d'un jugement critique.
Il est vraisemblable que le principal crédit des miracles, des visions, des enchantements et de tels effets extraordinaires vienne de la puissance de l'imagination agissant principalement contre les âmes du vulgaire, plus molles.
L'histoire collective éclaire, d'une lumière sinistre, l'intolérance de l'être humain, sa cruauté, sa violence latente capable d'exploser au grand jour quelle que soit son éducation.
Dès lors que, refusant le dialogue, l'appel à la raison, il préfère s'enfermer dans un système aveugle de croyances religieuses ou de convictions politiques.